J'aime beaucoup le principe de cette collection des éditions du seuil qui est de « Raconter la vie ». Datant de 2014, le récit «
Moi, Anthony, ouvrier d'aujourd'hui » est toujours d'actualité.
Anthony est ce qu'on appelle un "décrocheur" c'est à dire qu'il a quitté le lycée avant d'avoir obtenu un diplôme. Il raconte ses galères pour avoir un emploi et surtout pour trouver sa voix. Car comme beaucoup de jeunes il ne sait pas quel métier exercer et il ne supporte pas ce qu'on pourrait appeler "le système scolaire", les méthodes utilisées (en France) pour apprendre. Et sans jeter la pierre aux professeurs, on comprend que la recherche de la performance sans objectif ne le motive pas. Il faut dire que lorsque quelqu'un ne rentre pas dans le moule, il est très difficile de s'accrocher.
Pourtant Anthony à de l'énergie. Il va se lever très tôt pour faire des petits boulots mal payés. Il trouvera un métier, celui de cariste, après avoir passé un Cases (Certificat d'Aptitudes à la Conduite d'Engins de Sécurité). La logistique est un secteur qui offre des possibilités d'insertion professionnelle pour les jeunes mais Anthony est lucide et se rend compte que les entreprises sont très différentes et les conditions de travail difficiles. Entre 16 ans et 27 ans il n'aura connu que l'instabilité et une activité en pointillés. Après une tentative manquée de préparer un baccalauréat professionnel Logistique en alternance, il va tenter de nouveau une formation pour obtenir un équivalent du bac et reprendre une formation sans qu'on le considère comme un adolescent. Car la considération est indispensable à l'épanouissement.
J'ai beaucoup aimé ce témoignage car il est juste et reste optimiste sans être manichéen. On voit bien que le décrochage scolaire ne touche pas que les jeunes des cités car Anthony est issu d'une famille de classe moyenne attentionnée (ce n'est pas un « kassos » comme il dit). Il montre bien ce qu'est le monde du travail pour un jeune sans diplôme, la condition ouvrière aujourd'hui et prouve que la formation professionnelle doit être valorisée.