J'aime l'Inde.
Je la connais un peu.
Elle m'a habitée. J'ai habité sur ses terres de beaux mois.
J'aime ses couleurs, ses envies, ses désirs profonds, ses traditions, ses odeurs, ses épices, ses textes sacrés, ses divinités, sa folie !
Pourtant ses poèmes m'ont laissée sur le bord du chemin cette fois-ci. Je n'étais certainement pas assez disponible, calme, méditante, à l'écoute pour laisser raisonner ces textes d'amour et de fin d'amour pourtant si beaux et forts.
Je m'y replongerai certainement une autre fois, lorsque mon état intérieur sera plus disponible à la contemplation.
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L'amant est venu dans le lit,
La boucle s'est déliée d'elle-même à l'instant;
La robe, retenue par un cordon défait,
N'a plus que recouvert légèrement les reins.
Voilà tout, mon amie, ce que je me rappelle
Du moment où mon corps était uni au sien;
Mais qui il était, qui j'étais,
Ce que fut le plaisir,
Il ne m'en reste pas le moindre souvenir.
(la jeune femme, à une amie)
Il s’est adressé à moi : « Je dois te parler. »
En un lieu écarté, auprès de lui je me suis assise,
Attentive en raison de mon cœur innocent.
Il m’a confié alors quelque chose à l’oreille,
Il a baisé ma bouche, a saisi mes cheveux,
Et a bu, mon amie, le nectar de ma lèvre
Quand j'entends le nom de mon bien-aimé,
Je suis tout entière en proie aux frissons;
Quand je vois la lune de son visage,
Mon corps se conduit comme pierre de lune;
Quand il vient tout près pour prendre mon cou,
Le Seigneur de ma vie,
Toute idée de colère se trouve dissipée
De mon coeur dur comme diamant.
On mord la fleur de sa lèvre,
Elle agite ses doigts tremblants :
"Non, non, laisse-moi, cruel!"
Dans sa colère,
Elle fait danser la liane de ses sourcils;
Elle gémit, les yeux mi-clos :
Ceux qui, tout frissonnants,
Etreignent une belle insoumise
Obtiennent l'ambroisie;
Bien sots furent les dieux,
Qui s'épuisèrent à baratter l'océan!
La nuit, effrayé du tonnerre des nuages
Alanguis de leur charge d'eau,
Tout en larmes un voyageur
Chante la douleur de la séparation,
Avec tant de regret
Que l'on coupe court aux conversations
Sur le grand départ emportant la vie :
A la dispute même
On s'empresse d'offrir de l'eau pour les trépassés !