PHLOX DANS LA NUIT DE BERLIN
[à g.a]
et si c’était de mon esprit
que tombait sans qu’il y paraisse toute ma vigueur !
quand dans le halo de faiblesse de ma dite « âme »
crient-et-chantent des villages-brouillards
où de soleils, comme s’ils étaient vivants,
s’attristent – énormes– lointains ! –
parmi leur traînes
(ainsi – le buisson : comme à l’écart de la Patrie :
je ne saurais la dire « mienne »
tremble )
1992
/traduction du russe par Clara Calvet et Christian Lafont.
GRONDEMENTS – À LA SUITE
partout – le malheur gronde !
comment – l’endurer ? –
que tu croies ou que tu ne croies pas – qu’il en soit ainsi ou
qu’il en soit autrement
que la volonté de Dieu soit (ou celle de ta propre fatigue) –
qui ou quoi que nous soyons – que nous sombrions ou pas
dans les gouffres ! – qu’il nous soit donné
trouver refuge dans les interstices –
par ce qui nous est propre et nous apaise ! ... –
que tu tressailles encore – toujours plus détruit –
(et ce dès aujourd’hui...– sans répit).
/traduction du russe par Clara Calvet et Christian Lafont.
UN RÊVE – LES FORMES DE ARP *
elle a tressailli
la blancheur du sommeil – par le réveil
de ces forces sans formes sans noms –
– et ce fut comme si pomme soleil colombe
quelque part apparaissaient et faisaient tapage –
puis un matin interminable
dans un champ sans villes sans forêts
se consuma de ses paysages intérieurs –
1985
* Poème écrit à la demande de la société des amis de Jean Arp (1887-1966), pour son 100è anniversaire.
/traduction du russe par Clara Calvet et Christian Lafont.