Des pyrénéens en Argentine : Asile ou exil ?

Migrants , immigrants , migration , immigration , émigration , . On n'en finirait pas de décliner les sens de ces mots tombés du même camion et qui pourtant pèsent leur poids de représentations tous azimutsselon qu'on les envisage du côté des confortable spectateurs ou des lisérables acteurs .
Une question actuellement très douloureuse et politiquement clivante qui ne doit pas cacher que , de tous temps , les hommes ont quitté leur maison pour aller voir ailleurs si l'herbe était plus verte , si l'aventure en vallait la chandelle , et comment vivaient leurs voisins . Pour ne prendre que le continent africain , le droit au déplacement est inscrit dans les gênes de ses habitants . Un seul exemple s'il en est : les peuls qui suivent leur troupeau en ignorant les frontières .

le passionant récit de Jean-Michel Agasse , des pyrénéens en Argentine , vient à point nous rappeler que ce phénomène de la migration , finalement vieux comme les chemins ( et peut-être même avant , puisque les chemins , par définition , ce sont les migrants qui les créent ) n'a pas toujours été synonime de longues files d'attente , de souffrances , d'abandon , de solitude et de rejet aux frontières .
Notre auteur n'en est pas à son premier ouvrage . Maître de conférences à l'université de Pau , il a passé une grand partie de sa vie à déchiffrer des textes vieux de quatre à cinq siècles ce qui en l'a pas empêché d'écrire un polar .
Et c'est avec appétit qu'il a dévoré les sept cents pages des cahiers que sa grand-tante Francette Rives-Azun avait écrites à sa demande en 1975 , sur l'épopée familialle des Azun , natifs d'Anères dans les Hautes Pyrénées , à partir de 18885 et pendant les décennies suivantes . Un travail de détective en somme .
Ces bigourdans entreprenants , passérent du statut de cultivateurs à celui de marchands de tricots avant de s'établir plus sérieusement à force de travailet d'imaginer exporter leur savoir faire à Buenos Aire .
de la lecture des récits de Francette-la-Rieuse ( comme elle se qualifiait elle-même ) notre auteur a tiré une biografition, à savoir qu'il a rajouté de la chair au récit , la fiction ne l'emportant jamais sur les faits et dates .
Comme d'autre chantent les familles siciliennes devenues célèbres aux USA , il raconte la saga des Azun , clan surchargé de fils ,issus des bords de cette Neste qui détruit régulièrement leurs usines pour aller proposer aux voisins éloignés des affaires bien honnêtes . pas de cadvres ici , ni de réglements de comptes , mais des idées simples . Vous nous vendez votre laine mérinos , on vous vend notre savoir faire , nos tricots et bonnets
Et ça marche , aux innocents les mains pleines ? Non , aux aventuriers , la chance , aux travailleurs la reconnaissance , aux honnêtes gens , les projets , aux nouveaux venus , la solidarité familialle et surtout la confiance en soi , qu'ils semblent avoir reçue en cadeau . Traviller avec les autres , en les respectant , partager , aimer , profiter de la vie , regarder devant , prendre un bateau comme on saute dans une carriole sans en faire toute une histoire . Un récit qui vous requinque .
Au passage on aura noté que certains jeunes hommes auront ainsi échappé à leurs obligations militaires à l'époque ou cette plaisanterie pouvait vous coûter 7 à 5 ans de votre vie .Que les premiers arrivés en appelèrent d'autres , que la solidarité familialle fit merveille si bien qu'ils réussirent entre eux , exportant un bout de Bigorre et ne revenant chez eux que pour se marier avec une payse .
Que Buenos Aire était bien l'endroit rêvé pour débarquer avec de bonnes intentions et qu'ils furent bombreux venus d'Europe pendant plus d'un siècle à venir s'installer le long du Rio de la Plata .
Hommage personnel à tous les portenos , ceux arrivés du bateau , c'està dire tout le monde , et particulièrement au 60% d'italiens qui en s'installant ont poussé les murs , changé de langue et fait du pays ce qu'il est .

J'ai publié ici ce texte en lieu et place de sa rédactrice qui n'a pu l'écrire elle même sur ce site .