Critique postée à l'occasion du 8 mars, journée des droits des femmes.
Défi non fiction 2024
De
Nina Simone je ne connaissais pas grand chose, sinon la voix grave et le timbre chaud, dans l'air classique "feeling good". Je savais qu'Eunice Waymon se destinait à une carrière en musique classique mais que la pauvreté et le racisme eurent raison de son ambition. Cette biographie m'a donc intéressée et j'ai choisi de la lire afin de la critiquer le 8 mars.
Nina Simone est pianiste, chanteuse, compositrice et militante des droits civiques, des aspects qui apparaissent tour à tour. Car Simone (dont le nom de scène vient de
Simone Signoret) est contemporaine de massacres dans un contexte raciste, elle donne notamment un concert à la mort de Luther King, dont elle ne partage pas les positions non-violentes. Simone est révoltée (attention cependant au biais consistant à attribuer de la colère aux femmes noires : https://fr.wikipedia.org/wiki/Femme_noire_agressive, j'ai trouvé qu'il était un peu présent dans le livre).
Pourquoi cette note ? Honnêtement, je l'ai lu vite, mais c'est un livre un peu indigeste. Je sais, c'est injuste de ma part, car les défauts que j'impute au livre sont dus à son genre, la biographie. Je m'explique : je lis beaucoup de non fiction, mais peu de biographie. Je n'aime pas particulièrement les portraits de grands personnages, avec moult détails. Or, moult détails se justifie ici, c'est le moins qu'on puisse dire. à chaque concert de sa vie, on sait qui est en première partie, comment elle est vêtue, ce qu'elle chante... Et c'est certes bienvenu dans une biographie, mais cela m'a ennuyée.
Beaucoup de name dropping, je connaissais peu de noms cités, même si je connaissais
Langston Hughes (dont j'ai étudié certains de ses poèmes en Terminale), Thelonious Monk (un pianiste dont j'adore "Children's song"), Bernstein (dont j'ignorais qu'il avait pris position contre l'apartheid)... En lisant, je comprends pourquoi je lis peu de biographie. (Non vraiment, quand je parle de détails, on sait par exemple qu'au début de sa vie, alors qu'elle n'avait pas (encore) de troubles psychiatriques, elle consultait son psychiatre tous les jeudis. J'ironiserais bien : et l'heure alors, on la connait ?
Le style est journalistique (l'auteur est journaliste), factuel, la plupart du temps sans partis pris (sur les commentaires et analyses, ils n'émanent pas de l'auteur mais des critiques de l'époques, citées entre guillemets). Exception : au début, lorsqu'Eunice est refusée dans une école classique après son audition de piano, elle attribue son échec au racisme institutionnel. L'auteur, même en nuançant d'un "probablement" lui donne tort, citant à titre d'argument quelques personnes noires qui ont été prises. Je trouve l'argument assez faible, mais de toute façon, en cours de politiques publiques on nous a dit que démontrer la discrimination ou la non discrimination était très difficile.
Le milieu et la fin, je les ai lus plus vite, voire survolés. Je reconnais avoir sauté quelques pages. J'ai apprécié le caractère factuel (pas de grandes interprétations, l'auteur est "à l'écoute" de son sujet) et bien sûr le personnage de Simone, artiste et militante, je ne suis pas sûre de relire des biographies et mets une note de 3,5 étoiles.