Il se décrit comme "un homme d'affaires raté" et a quelques mots sévères pour Motown, qualifiée d'usine à fric". Emporté dans ses pensées, il prophétise : "J'espère qu'un jour les artistes pourront diffuser leur musique sans passer par les maisons de disques. J'attends le jour où un nouveau média redonnera aux artistes leur liberté".
Ce même jour, elle rencontre pour la première fois Martin Luther King, à qui elle déclare d'emblée : "je ne suis pas non-violente !" Un peu surpris par cette approche directe, le pasteur se contente de lui répondre doucement : pas de problème, ma sœur...
Dans son interprétation, elle corrige la grammaire défaillante du texte d'origine, censé reproduire le parler afro-américain, et supprime le s impropre dans la phrase titulaire.
[Nina Simone en début de carrière interprète un air de Porgy et Bess]
Dans Le Monde, Lucien Malson consacre de longs développements à sa prestation. Après avoir évoqué les critiques de ceux qui ont trouvé sa prestation décousue et trop bavarde, il explique: "Nina Simone, à Montreux, a inauguré un genre nouveau: le concert impréparé où la salle, mise dans la confidence, écoute une femme qui trouve naturellement le ton du prêcheur, du griot, pour donner des nouvelles d'elle-même et qui, sans savoir d'une minute à l'autre ce qu'elle allait faire, la mélodie où elle s'engagerait, les mots du poême continu qu'elle s'était promis de prononcer. Et Nina Simone, c'est la classe à l'état pur. Aucune autre chanteuse de jazz, actuellement, n'a cette sombre et douce puissance, cette passion calme, ce magnétisme subjuguant. Un petit vent de folie a soufflé sur le festival. "
Depuis le début du siècle, [Atlantic City], située à une centaine de kilomètres de Philadelphie, est considérée comme une des principales destinations pour les vacanciers en recherche de divertissements. L'attitude laxiste des autorités locales, largement corrompues, face à la Prohibition a permis le développement d'une importante activité nocturne, et les salles de spectacles sont très nombreuses.
Au bout du compte
C'est la faute aux chiffres, ça, uniquement la faute à ces maudits chiffres qui me poursuivent depuis toujours. Dans mes pires cauchemars, j'entends la mélodie obsédante des tables de multiplication... Je les entends rire de moi, les chiffres ! Ils m'ont bien eu ! Ils m'ont fait croire qu'ils pouvaient se rendre invisibles, glisser entre les lignes comptables, gonfler des comptes fictifs. Et moi, j'y ai cru, à mon Paradis, à la mer à deux pas, au soleil. À une vie sans eux : à une vie sans compter...