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EAN : 9782246759218
496 pages
Grasset (19/01/2011)
3.79/5   98 notes
Résumé :

Et si Françoise Giroud était encore plus grande que sa légende ? Plus riche, plus complexe, plus intéressante que l'image d'Epinal de la jeune femme talentueuse qui devint la première journaliste de son temps ? La trajectoire, on la connaît : engagée par Hélène Lazareff à la création de Elle puis cofondatrice de L'Express, et enfin chroniqueuse au Nouvel Observateur, l'ex script-girl de Jean Renoir avait le sens des phrases assassines : la griffe sous le s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Françoise Giroud, femme de tous les combats qui a redéfini le métier de journaliste, a su s'imposer et tracer le sillon pour ouvrir la voie aux femmes et améliorer leur condition dans la société.

Avec L'Express, Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan Schreiber créent un journal pour soutenir leur ami Pierre Mendès-France qui veut mettre fin à la guerre d'Algérie. Ensemble ils soutiennent le FLN et deviennent la cible de l'OAS. Ils sont unis par une passion amoureuse, politique et journalistique, mais après une belle réussite éditoriale, ils se fourvoient, oscillent politiquement et finalement se séparent. Françoise Giroud soutiendra malgré tout Jean-Jacques Servan Schreiber, même quand celui-ci aura des ambitions politiques démesurées.

Laure Adler, journaliste qui voit en Françoise Giroud une figure tutélaire, maîtrise parfaitement son sujet sur lequel elle a travaillé sept ans. C'est avec beaucoup d'intelligence qu'elle fait le portrait de ce personnage complexe et plein de contradictions : celui d'une travailleuse acharnée qui a commencé sa vie professionnelle à quatorze ans pour subvenir aux besoins de sa famille ruinée, d'une séductrice qui aime les hommes et le pouvoir, mais aussi d'une femme secrète qui cachera longtemps sa judéité et changera de nom.

Une vie utile, une vie bien remplie pour Françoise Giroud qui, même si elle ne suscite pas la sympathie, force l'admiration par la volonté indéfectible qu'elle avait de faire avancer les choses.
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J'avais lu la biographie de Marguerite Duras pour mieux comprendre ses oeuvres. J'ai lu celle de Françoise Giroud pour mieux comprendre une époque et un métier : le journalisme. le fabuleux travail d'investigation de Laure Adler, qui a planché 7 ans sur cette biographie, a de nouveau comblé mes attentes.

Françoise Giroud, en soi, ne m'attirait pas spécialement. Trop jeune pour l'avoir connue dans sa splendeur, j'avais en mémoire une vieille femme acérée aux cheveux courts, ancienne compagne de Jean-Jacques Servan-Schreiber, liée au magazine l'Express et au mouvement féministe. J'en sais maintenant beaucoup plus sur cette battante, née en 1916 d'émigrés turcs et qui, à partir d'un simple diplôme de sténographe, s'est forgé un destin exceptionnel dans un monde autrefois (?) réservé aux hommes : le cinéma, le journalisme et la politique, puis sur la fin de sa vie l'humanitaire et la littérature. Mais apprendre à la connaitre ne me l'a pas rendue plus sympathique et c'est là une des forces de Laure Adler : mettre en avant les faits et non son jugement, ne pas occulter par complaisance les contradictions et les côtés sombres de son sujet - et "Françoise" en recèle un certain nombre.

Sans doute influencée par le souvenir de son père qui aurait tant souhaité un garçon, l'originalité de Françoise Giroud fut de gérer sa vie personnelle et sa carrière avec la même indépendance qu'un homme. Ses deux enfants étant gardés par sa mère, elle pouvait se consacrer entièrement à son travail, tout en apportant ce "petit plus" féminin qui fit son succès : faire entendre le point de vue des femmes dans la presse (en particulier lors de sa collaboration au magazine Elle), ancrer les sujets politiques dans la vie quotidienne (c'est l'orientation qu'elle donna à l'Express), décrypter les tendances avant tout le monde (on dit qu'elle créa la Nouvelle Vague)...

Dans son sillage, c'est aussi toute une époque qui est passée au crible. L'Occupation allemande, la guerre d'Algérie, la fin de la IVe République, Mai 68, le gouvernement Giscard puis celui de Mitterrand, les mouvements humanitaires et féministes…. Tout y est, relaté par ceux qui ont vécu l'actualité. Et le verbe « vivre » est important. Car au temps du plein emploi et de libéralisation des moeurs, où l'espérance de vie était plus courte que maintenant, les gens prenaient très tôt des risques pour bâtir leurs propres expériences, quitte à changer de voie par la suite. Par exemple, en 1962, Françoise Giroud a autorisé sa fille Catherine Eliacheff, quatorze ans et demi, à partir vivre avec Robert Hossein et à l'épouser. Impensable à l'heure actuelle ! Cela n'a pas empêché la jeune femme d'entreprendre ensuite les brillantes études de médecine que l'on connaît.

Bravo, donc, à Laure Adler pour la somme incroyable de documents collectés et d'entretiens tenus pour nous faire vivre au jour le jour toutes ces années. Et une mention spéciale pour son prologue, synthèse intelligente et sensible qui témoigne du respect avec lequel elle a mené ce projet.
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Françoise Giroud n'était pas destinée à devenir ce qu'elle est devenue : directrice de presse, journaliste politique, secrétaire d'Etat, amie des plus grands. Une vie de travail acharné (jusqu'à la toute fin) et d'épreuves (mort de son père toute petite, pauvreté, mort de son fils, tentative de suicide). Elle n'a jamais cessé de combattre, pour l'amélioration de la condition féminine notamment. Ouverte et curieuse, elle aimait découvrir et faire découvrir (musique, art, talents). Jusqu'au bout elle sera cette femme, malgré la vieillesse, contre elle.
Une très belle, quoique dure vie de femme, insoumise et battante, présentée par Laure Adler. Elle a connu Françoise GIroud, a pu consulter ses archives après son décès et nous livre là 7 années de recherches et de travail. Elle ne cache pas son admiration, montre les failles et les contradictions de celle qui a fondé L'Express et participé au début de l'aventure Elle. le tout porté par l'écriture claire, limpide et lumineuse de Laure Adler, que j'ai pu découvrir et aimé dans sa biographie de la philosophe Simone Weil.
Un ouvrage passionnant.
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Excellente biographie de Laure Adler qui nous offre un portrait remarquablement documenté d'un femme engagée, qui sut se battre dans un monde masculin et imposer d'une main de fer ces convictions. Mais Adler dévoile aussi les pans d'une vie marquée par son amour fusionnel avec JJSS, et les drames de sa vie. Avec empathie forcément mais sans complaisance, le livre d'Adler évoque aussi les contradictions de la légende de "L'Express". Une belle manière de découvrir une grande journaliste et une grande femme tout simplement qui la veille de sa mort à 86 ans travaillait sur un nouvel ouvrage. Passionnant et fascinant.
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Sur Françoise Giroud, c'est comme si tout avait déjà été dit. Femme de fer et d'influence, brillante journaliste, première femme à diriger un grand journal hebdomadaire qu'elle contribua à fonder, secrétaire d'état à la condition féminine, romancière moins habile que la journaliste, plume aussi acérée qu'admirative, toujours en éveil même quand la vieillesse fut là. de la femme, la vie était plus ou moins connue : des amours flamboyantes avec JJSS surtout et le jeune Georges Kiejman, entre autres ; des amitiés durables ou malmenées avec Mendès et Mitterrand ; une fille brillante, Caroline Eliacheff, un fils disparu…
La biographie de Laure Adler demeure respectueuse des zones d'ombre de son sujet et c'est une qualité. Elle les évoque, sans entrer plus avant dans les détails, simplement pour donner quelques clés à la compréhension d'une femme terriblement secrète. Elle dit les mensonges et les actes peu glorieux communs à toute vie mais qui, dans le cas de Françoise Giroud, humanise cette femme parfois transformée en statue du commandeur. Sa vie est passionnante, ses choix privés et publics encore plus car ils révèlent une femme libre. Comment imaginer aujourd'hui qu'elle laissa sa fille de 14 ans épouser Robert Hossein qui en avait plus du double ? Qu'elle accepta d'être ministre de Giscard, elle si proche de Mendès ? A ces questions et à toutes celles que l'on se pose au cours du récit, Laure Adler apporte des réponses précises, n'élude rien.
Mais le plus passionnant est ailleurs. Dans l'histoire extraordinaire du journal l'Express que l'on suit comme un polar intellectuel et haletant, de sa création à sa vente par JJSS, et même au-delà. Les débuts difficiles pour soutenir Mendès, les premiers procès, l'arrivée de Mauriac qui quitte Le Figaro pour enchanter ses nouveaux lecteurs de sa plume spirituelle « Je suis une vieille locomotive mais qui marche encore, qui traîne des wagons, qui peut siffler, et il m'arrive de temps en temps, d'écraser quelqu'un. L'honneur de la vieillesse, c'est de ne plus servir à rien. » On suit l'arrivée des journalistes Jean Daniel, Jean Cau, le bouillonnant, Claude Imbert qui en prendra la direction, Jacques Duquesnes, Georges Suffert, et de toutes ses plumes féminines Michèle Cotta, Christiane Collange, Catherine Nay… L'évolution du magazine, de sa ligne éditoriale, de sa maquette fascine et on ne peut qu'être admiratif devant le flair de Françoise Giroud, toujours à l'écoute, ne perdant rien de l'évolution de son époque, créant des rubriques consacrées à l'air du temps, à la mode, au style de vie. Car tout l'intéresse : les livres, le cinéma, le théâtre, l'opéra, la mode. Avec les années 70, Françoise entre dans une zone de turbulences. Elle devient la patronne du journal soit celle d'environ 400 salariés dont une centaine de journalistes… du jamais vu ! En 1975, elle engage le journal dans une campagne contre la peine de mort. A cette époque, elle est déjà entrée de plein pied dans la vie politique. Mais même pour une femme en acier comme elle, la condition de secrétaire d'état est rude. Elle sait probablement que son poste est fragile aussi se met elle immédiatement au travail à la manière Giroud : en faisant tout ! Sa priorité : l'emploi des femmes pour lequel elle proposera très vite toute une série de mesures.
Le reste de sa vie, sa pugnacité ne faiblira pas tant dans ses engagements humanitaires que dans son rôle de chroniqueuse au Nouvel Obs (joli souvenir que ses articles) ou au JDD (dont elle sera virée pour avoir dit ce qu'elle pensait d'une photo de Mitterrand publiée par Paris-Match).
Une biographie captivante et pudique pour un destin incroyable. La fin est très belle. Jean-Jacques Servan-Schreiber, souffrant de la maladie d'Alzheimer, assiste aux obsèques de Françoise Giroud et demande à son épouse : « Qui enterre-t-on ? Est-ce mon plus grand amour ? ». Il répétait ces mots de plus en plus fort. Discrètement, ses fils et Sabine l'ont éloigné. Ce fut sa dernière apparition publique…

Lien : http://manoes.canalblog.com
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Elle [Françoise Giroud] me citait souvent le proverbe arabe : " Ce que tu n'as pas dit t'appartient. Ce que tu as dit appartient à tes ennemis ".
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Ma meilleure qualification, mon seul titre est d'être, si je puis dire, agrégée ès vie, c'est-à-dire d'avoir appris, et parfois durement, ce que signifie être une femme - et vouloir le demeurer - dans un monde d'hommes.
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Le grand ébranlement de Mai 68, j'ai le sentiment de l'avoir ressenti presque dans mes os. Non son aspect politique, menaçant et confus, que je ne déchiffrais pas mieux qu'une autre, mais son aspect libertaire. Casser l'autorité, briser les dominations, respirer, oh, comment ne pas ressentir quel puissant courant il y avait là, surtout dans le camp des femmes.
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concernant la mort de son fils page 340
"elle intériorise cette mort et ne comprend pas pourquoi c'est elle qui est encore envie. Elle à perdu à tout jamais l'insouciance et un voile noir vient obscurcir son rapport au monde
"la vie est la plus forte. La douleur qui demeure devient comme une bête apprivoisée aux griffes rongées mais aujourd'hui encore, j'ai du mal à dire mon fils sans que ma gorge se noue
page451 sur la dépression :
Rien du coup de cafard. C'est la fracture de l'âme La maladie La grande...
Cette douleur, en vérité, est indicible, inexprimable,toutes les métaphores, celle deStyron et les autres - fosse aux serpents, tempête des ténèbres, rafales dévastatrices - sont impuissantes à décrire la prison de souffrnce où enferme la dépression
page 457 sur l'âge
implacable, elle observe les dérives de l'âge et note la distance qui sépare ce qu'elle veut faire de ce que maintenant lui est possible
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Pour être opérationnelles et pratiques, nous les femmes de la rédaction, nous portions, pendant ce joli moi de mai, des pantalons pour aller manifester. C'était la première fois que nous en portions pour aller travailler...
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Tribunes de la presse - Rencontre avec Laure Adler
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