Ici, au Liban, comme dans les pays arabes voisins, on éprouve une fierté et un plaisir à s’exprimer au quotidien dans une langue étrangère, celle de l’ancien colonisateur en l’occurrence. Un jeune Oriental s’exprime fièrement en anglais ou en français, il affiche sans vergogne sa faible maîtrise de la langue arabe littéraire. Un complexe d’infériorité que ni l’histoire glorieuse, riche de savants et érudits arabes, ni plus d’un demi-siècle d’indépendance n’ont réussi à estomper. Au Liban, sanctuaire de liberté dans le bourbier des dictatures arabes, on a toujours le privilège de choisir et d’accéder à un iota de démocratie.
Ce n’est pas une tare d’être pauvre, mais ces gens-là étaient envieux. Quand on leur donnait à manger ou qu’on leur offrait des vêtements, ils n’étaient jamais reconnaissants et répétaient en guise de remerciements : « S’ils ne possédaient pas autant de biens, ils n’auraient pas la possibilité d’en offrir. » Ces gens acceptaient l’aumône mais ils vous l’arrachaient des mains avec une avidité consternante, une ingratitude désespérante. Ils étaient toujours demandeurs, jamais satisfaits et se sentaient dans leur plein droit.
Il est vrai qu’en Orient « le vrai moteur des relations, c’est le facteur sentimental et émotionnel. Tout est passionnel et tout est sujet à passion ». Les politiciens l’ont bien compris et savent jouer de cette émotivité pour gagner de nouveaux « fidèles » à leur cause. Le pragmatisme et la raison sont laissés aux Occidentaux.