J'ai enfin lu la fameuse adaptation de Zorro par le non moins fameux
Sean Murphy, et je suis malheureusement restée sur ma faim.
Ce one-shot est une lecture sympathique mais j'ai trouvé que l'auteur avait tout pour aller plus loin, pour faire un récit plus poussé. C'est presque comme s'il avait voulu être trop ambitieux pour le nombre de pages final (112 pour la version noir et blanc et 128 pour la version en couleurs).
Je trouve que certains thèmes ont été seulement survolés et auraient mérité/pu être exploités plus : le lien des habitants de la ville avec Zorro, la révolte des villageois, les guérilleros avec le super personnage de Thomas qui est finalement laissé de côté, l'impact du traumatisme chez Diego et Rosa, la différence psychologique (psychiatrique ?) entre le frère et la soeur, ou même Trejo dont on aurait pu creuser l'histoire etc
Bref, vous avez compris, l'ensemble reste plaisant à lire car on est entre les mains expertes de
Sean Murphy, mais le tout aurait pu être une vraie bombe !
Cela dit, j'ai quand même apprécié plusieurs choses. D'abord, j'ai beaucoup aimé que Murphy utilise un duo frère-soeur pour porter son récit : on n'a donc pas d'enjeu romantique et personnellement, ça fait du bien ! Preuve en est qu'on a pas forcément besoin de problématique sentimentale ou sexuelle au premier plan d'une bonne intrigue.
Rosa et Dieg ont chacun leurs forces et leurs faiblesses, leur duo fonctionne bien même si j'aurais aimé qu'ils interagissent plus ensemble (mais j'imagine qu'ils le font après la fin du récit). Rosa incarne le présent alors que Diego est un être "spécial", sorte de Don Quichotte qui devra se perdre dans le passé ou accepter le présent pour avancer.
Cet aspect fait partie d'un choix global de Murphy d'ancrer son histoire à notre époque, et cette modernité est bienvenue. Son pari est tout de même réussi car son Zorro est dynamique et se lit d'une traite, comme on regarderait un bon film d'action (d'ailleurs, ça s'adapterait bien en film).
Les personnages secondaires sont attachants et bien écrits (j'aurais aimé en voir plus d'eux, comme mentionné plus haut), notamment Thomas et Trejo. Je n'ai pas regardé s'il existait une anecdote ou une raison pour laquelle Murphy s'est fait plaisir à utiliser le nom et le physique de
Danny Trejo pour le personnage éponyme, mais ça m'a fait sourire et Trejo a un bel arc narratif.
Graphiquement, on retrouve la patte particulière de Murphy et on sent qu'il a pris son pied avec cet album ! On a droit à quelques trouvailles visuelles très chouettes qui envoient du lourd, en plus de découpages propres à fort impact, notamment durant les scènes d'action.