C'est à un moment de grâce auquel je vous invite. La poétesse
Judith Wiart est professeure de français. Ces années-là, elle travaille dans un Lycée professionnel lyonnais. Elle combat pied à pied l'ignorance, elle se débat contre l'obscurité qui recouvre toute poésie quand ses élèves ont connu parfois la torture, le viol, la mort des amis sur le chemin de leur migration, elle montre à chacun, à chacune, autant qu'elle peut dans les conditions de l'enseignement qu'on lui accorde, avec la boussole tremblante du programme scolaire, que la poésie est aussi écrite pour eux, pour elles.
La composition de ce petit livre est magique,
Judith Wiart alterne les textes de son cru, témoignages gracieux (encore ce mot) de sa relation avec les adolescents ("ses" menuisiers, "ses" maçons...), avec des poèmes, superbes, écrits par les élèves, et des propos plus cliniques qui évoquent l'actualité des réformes de l'Éducation Nationale.
Quant à moi je regrette presque ce tout petit paragraphe qui explique qu'elle pourrait raconter des histoires terribles, avec le lyrisme idoine, mais qu'elle en perdrait peut-être son âme. Jusqu'alors, elle avait si bien réussi à tout nous donner, si généreusement, avec cette subtilité de la composition et de la poésie... Ah quand-même, quelle belle lecture !
Avec elle, pendant ses cours,
Pas d'équerre, rien de droit, pas d'angle ni de règle. Merci Madame Wiart !