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EAN : 9791092723649
133 pages
Editions Louise Bottu (01/10/2023)
4.17/5   9 notes
Résumé :
Une professeure, des élèves, des épisodes innocents, touchants, amusants, troublants, entrecoupés de réflexions, d’articles de presse, de règlements, sur l’état et l’avenir du lycée professionnel. Un livre qui conjugue intelligence, émotion, humour et poésie.
« Oui, la rébellion, chers élèves, passera chez nous par la quête de l’élégance, de la sprezzatura, du raffinement et de la courtoisie, par la recherche du mot juste, de la tournure syntaxique racée et d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cela ressemble à une chronique de vie d'un professeur de français dans une classe de CAP maçonnerie : « 12 élèves : dont certains veulent devenir maçons, Ou bien être : mécanicien, boulanger, vendeur, footballeur, conducteur de grue, d'autres veulent sauver leur peau. Les autres ne savent pas ce qu'ils font là. »
Cela pourrait être un livre- témoignage supplémentaire d'un enseignant, sur le délitement de l'enseignement et plus spécifiquement de l'enseignement professionnel.
Mais ici pas de militantisme, souvent désespérant.
Pas de combat, pas de message mais le témoignage d'un humain, enseignant qui ne ferme pas les portes.
Une ‘'Hussard de la République'', certes, parfois fatiguée, mais qui donne envie de continuer.
« Cela fait des années que je ne peux plus passer devant un chantier sans foncer vers les algécos :'' Vous prenez des élèves en stage ? »
Qui apprend le sens et la valeur des mots et non le bla-bla: » « Nadir ne dit pas ‘'agent d'entretien communal'' parce que la périphrase lui semble plus lourde et moins noble que le mot « cantonnier »
Une enseignante qui prône la subversion par l'aspiration à l'élégance : « Oui, la rébellion, chers élèves, passera chez nous par la quête de l'élégance,…du raffinement et de la courtoisie, par la recherche du mot juste, de la tournure syntaxique racée et de la pensée subtile.
Devenez les Marcello Mastroianni de ce lycée professionnel, déambulez dans les couloirs avec panache et désinvolture. Souriez aux jaloux. Préparez-vous aux embuscades ; répondez en dandys.
– Ça plaira aux filles ?
Seulement à certaines. Mais vous n'avez pas envie de plaire à n'importe qui, Brahim ? »
Et, ce qui gâche rien, un véritable écrivain. Son texte utilise témoignages, poésie, réflexion, ébauche d'essai, textes courts, conversations etc…
« Les fragments lus indépendamment les uns des autres, quoi qu'écrits, pourraient paraître anecdotiques. Ils font oeuvre parce qu'ils sont pris dans un ensemble pensé pour créer une tonalité spécifique. …, Je joue avec les angles de vue » dit-elle.
Et c'est vrai.
Je n'ai jamais fait partie de cette armée mais Bravo.
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Rien d'exceptionnel dans ce livre parce qu'on pressent que chaque prof de lycée pourrait livrer ces extraits de vie en pagaille.
De la vie en pagaille à l'état brut, même dans les mots estampillés poétiques.
Justement, pas d'estampille mais tant de force qui émeut et donne envie d'écouter plus, d'écouter mieux, et d'encourager tous ceux qui résistent à la sourde et aveugle machine à broyer les jeunes pousses.
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C'est à un moment de grâce auquel je vous invite. La poétesse Judith Wiart est professeure de français. Ces années-là, elle travaille dans un Lycée professionnel lyonnais. Elle combat pied à pied l'ignorance, elle se débat contre l'obscurité qui recouvre toute poésie quand ses élèves ont connu parfois la torture, le viol, la mort des amis sur le chemin de leur migration, elle montre à chacun, à chacune, autant qu'elle peut dans les conditions de l'enseignement qu'on lui accorde, avec la boussole tremblante du programme scolaire, que la poésie est aussi écrite pour eux, pour elles.
La composition de ce petit livre est magique, Judith Wiart alterne les textes de son cru, témoignages gracieux (encore ce mot) de sa relation avec les adolescents ("ses" menuisiers, "ses" maçons...), avec des poèmes, superbes, écrits par les élèves, et des propos plus cliniques qui évoquent l'actualité des réformes de l'Éducation Nationale.
Quant à moi je regrette presque ce tout petit paragraphe qui explique qu'elle pourrait raconter des histoires terribles, avec le lyrisme idoine, mais qu'elle en perdrait peut-être son âme. Jusqu'alors, elle avait si bien réussi à tout nous donner, si généreusement, avec cette subtilité de la composition et de la poésie... Ah quand-même, quelle belle lecture !
Avec elle, pendant ses cours, Pas d'équerre, rien de droit, pas d'angle ni de règle. Merci Madame Wiart !
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La vie dans un lycée pro, dans ses désordres et déficit, manque de moyen et désespoir, contre l'évidente volonté politique de le détruire, mais surtout dans la poésie que son autrice, au quotidien, parvient à transmettre, faire écrire et ressentir. Au-delà de l'indispensable indignation face à cette casse orchestrée, face à ces gosses méprisés et rejetés, Pas d'équerre emporte le lecteur précisément par les fragiles dépassements, les bribes banales où soudain ça parle, les instantanés d'une vie inentamés et irréductibles. Si un peu trop on cédait à la formule facile, nous dirions que Judith Wiart suscite la poésie, son ouverture, dans un quotidien dont elle touche teneur et difficulté, effleure les enthousiasmes comme les lassitudes.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
«Ces personnes qui ont fait des études pas ensemble,
ont des maisons pas ensemble,
ont des vacances pas ensemble,
se déplacent pas ensemble
hors du grand ensemble,
exigent que les autres
tous les autres
apprennent
c’est leur obsession
à vivre
ENSEMBLE
………………………………

« Dans mon pays, madame, les filles n’ont pas le droit de se mettre en maillot de bain sur la plage.
--ah bon ?sinon que se passe-t-il ?
--elles iront en enfer !
-- ah ? Vous voulez dire que l’enfer est peuplé de filles en maillot de bain ? Ça a l’air sympa.
--bah »
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Je ne vois jamais les oiseaux manger le pain et boire l'eau que je laisse sur le rebord de la fenêtre de ma cuisine.

De même, qui sait à quel moment mes élèves se saisissent de ce que je laisse au bord, pour eux ?

À quel endroit précis a lieu l'ingestion, l'assimilation ? Sans doute quand nous sommes hors de portée les uns des autres, séparés depuis longtemps. Quand nous sommes devenus des disparus.

P. 18
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– Madame, c'est quoi vos critères pour dire
qu'un texte est bon ? Je sais pas, un poème, un
livre, par exemple.
– "Bon" pour moi ?
– Oui.
– Il n'y en a qu'un : cest quand il arrive jusqu'à moi.
– C'est tout ?
– C'est tout.
– Et si cest pas le cas ?
– C'est pas grave. Ça veut juste dire qu'il s'est arrêté en chemin, qu'il a fait demi-tour avant de m'atteindre. Ce n'est ni sa faute ni la mienne, c'est juste qu'on n'était pas faits pour se rencontrer. Ou que ça n'était pas le moment.

p. 64.
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