Bande-annonce Les Passeurs d'ombres
Puis, il y eut un été où les étoiles se mirent à briller en plein jour. Des étoiles à bicyclette, des étoiles à pied, des étoiles dans les bus, dans les cafés et les magasins, des étoiles partout dans les rues inondées de soleil. Et quand Paris se mit à regorger d’étoiles filantes, on les rassembla. Des trains d’étoiles partirent se consumer très loin, à l’abri des regards, au fond des forêts obscures. Il n’y eut plus d’étoiles à midi. La nuit recouvrait ses droits.
La peste a libéré les moeurs. Incertains du lendemain, beaucoup ont laissé s'exalter leurs passions en cherchant un dérivatif dans les plaisirs. C'est la peste qui a débarrassé Violante du carcan des conventions. La jeune femme aime la vie, être aimée, faire l'amour. Ne dit-on pas que la peste a toujours été l'alliée des voleurs, des assassins et des amants ?
Tandis que Laure Duvernoi filait sur l’autoroute avec, encore loin devant elle, la chaîne des Pyrénées en point de mire, le capitaine Sophie Blandy poireautait depuis plus d’une demi-heure dans l’antichambre sombre du bureau du procureur
Six hommes traversèrent en file indienne l’esplanade où stationnait le petit train transportant chaque été les touristes sur le site. Assis dans des wagonnets tractés par une locomotive qui, en dépit du travail de transformation, ressemblait toujours à un tracteur, les campeurs s’épargnaient ainsi une laborieuse ascension en plein soleil. Car tout devenait très difficile après les merguez barbecue du midi arrosés de rosé de l’Aude et précédées d’inévitables tournées de pastis acheté en détaxe au Pas de la Case.
Juan remontait le boulevard Beaumarchais quand l’aube enflamma les fenêtres des immeubles haussmanniens. Le ciel s’était illuminé de rouge vermillon. Volant en escadrille, des oiseaux semblaient en étaler la couleur avec leurs ailes, aussi caressantes et précises que des pinceaux.
Mon fusil à moi, c’est une machine à écrire ! Il y a urgence ! J’en ai besoin d’une nouvelle.
Son père répétait à l’envi que les problèmes de la société moderne, particulièrement le chômage, étaient les conséquences directes du travail des femmes. Alors que leurs maris partaient chaque matin travailler, suivant ainsi l’exemple des dynasties hirsutes et gonflées de testostérone qui avaient jadis chassé le mammouth, elles avaient délibérément choisi de bosser, de conquérir leur indépendance, de forger leur identité féminine au détriment de l’équilibre de la société et de l’éducation des enfants. Il oubliait au passage de préciser que les femmes avaient été enrôlées dans les usines afin de pallier l’absence des hommes que d’autres hommes, puissants et ô combien courageux, avaient autrefois envoyé se faire trouer la peau à leur place dans des conflits toujours plus meurtriers.
Le foie gras d’oie est cuit dans la courge. C’est humide, la peau épaisse isole et garde enfermés tous les fumets comme à l’intérieur d’un tajine. D’abord, tu coupe la courge en deux, et tu évides avec une cuiller. Puis tu en tapisses l’intérieur avec un mélange d’herbes, de sel et de poivre. Après l’avoir dénervé et ébouillanté, tu introduis le foie dans les deux parties de la courge que tu refermes ensuite. Tu enveloppes tout ça dans un papier sulfurisé beurré, tu ficelles à la manière d’un rosbif, et tu enfournes pour braiser à feu doux pendant une demi-heure en prenant soin de mouiller régulièrement avec du madiran. Quand c’est cuit, tu laisses refroidir, puis tu mets la courge au frigo. Le lendemain tu dégustes.
Un roman historique plein de rebondissements. On est plongé dans la cité de Toulouse du 17 ème siècle, entre la peste et les tensions encore vives qui opposent catholiques et protestants. Violante surgit de ce chaos. Elle séduit d’emblée le lecteur comme elle a séduit ses quatre amants auparavant. Un mari tyrannique et violent, une femme trop libre pour son époque, une justice implacable qui broie ceux et celles qui tombent entre ses griffes, le destin de Violante vacille entre espoir de liberté et tragédie. On sort de cette lecture étourdi et il faut un peu de temps pour renouer avec la réalité. Un très bon bouquin.
« Elle prend peur en voyant le feu noir qui étincelle au fond de ses prunelles comme à chaque fois qu'il perd le contrôle de lui-même. Cela peut durer quelques secondes à peine ou bien des heures, seul le monstre en décide. »