Citations de Woody Allen (335)
![](/couv/cvt_Soit-dit-en-passant_241.jpg)
A peu près à la même époque, une lettre arriva au courrier et je me dis que c'était peut-être cette proposition de Bob Hope qui ne s'était jamais concrétisée... En fait, j'étais appelé sous les drapeaux. Vous pouvez sans mal imaginer ma surprise et mon enthousiasme. Enfin une chance de vivre dans une caserne remplie d'hommes, de me doucher avec une vingtaine d'inconnus, de partager des latrines avec des types qu'on appellerait Alabama et Texas, alors que moi, on me surnommerait Brooklyn. Le réveil en sursaut à 5 heures 30, manoeuvres toute la journée, obéir aux ordres d'un homme de Neandertal à la tête rasée et au cerveau de plancton. Et la tambouille ! Enfin libéré du régime new-yorkais de l'aloyau, du homard, des hamburgers du Twenty-One, et de mon sandwich grillé favori, le Reuben. Fini le poulet du général Tso, remplacé par celui du général McArthur... Naturellement, j'étais impatient de voir le théâtre des combats. D'être recroquevillé et terrassé par le mal de mer, quand ma péniche accosterait et que je toucherais le rivage sous les rafales des mitrailleuses ennemies. Les blessures, l'hôpital, Harold Russell en personne. Enfin une chance de devenir un héros, qu'on me décerne une médaille. La fierté de servir mon pays.
La souris est tombée malade. C'était une urgence et Soon-Yi et moi avons été forcés d'emmener l'animal (de notre fille) aux services vétérinaires d'urgence à minuit. Les gens s'y bousculaient avec des chiens et des chats blessés et moi, je me suis retrouvé là avec une souris asthmatique. Soon-Yi m'a soutenu, mais sachez que vous ne connaissez rien à la vie si vous n'avez pas fait l'expérience de poireauter dans une salle d'attente avec un rongeur à 2 heures du matin à côté d'un homme dont le perroquet éternue sans arrêt.
![](/couv/cvt_Soit-dit-en-passant_241.jpg)
J'ai donc environ quinze ans, de multiples rêves dans la tête, je suis en échec scolaire, et comme mes hormones atteignent une masse critique, j'entame ma vie amoureuse, ou bien, comme on aurait pu songer à l'appeler, je me lance dans le Théâtre de l'Absurde.
Balloté par un océan de testostérone, je suis à la recherche d'une expérience sexuelle, mais plus précisément je voudrais rencontrer une fille qui allie la sensualité de Rita Hayworth, le dévouement sans faille de June Allyson et la verve sarcastique d'Eve Arden. Difficile de trouver pareille combinaison sur Terre et, sans doute plus qu'ailleurs encore, parmi les beautés locales de quinze ans pour qui un rendez-vous galant signifiait aller au cinéma, boire un soda, sortir leur clé de leur sac six rues avant d'arriver chez elles pour être sûres qu'elles seraient prêtes à ouvrir la porte et disparaître dans l'appartement avant que vous ayez eu la moindre chance de les embrasser.
... à onze ans, j'avais pris l'habitude de me rendre en métro dans ma ville adorée de l'autre côté du fleuve, et de dépenser tout mon argent de poche à m'offrir des excursions d'une journée à Manhattan.... Je ne parvenais jamais à obtenir d'une fille qu'elle se joigne à moi, mais mon ami Andrew m'accompagnait parfois... nos deux rêveurs en culottes courtes débarquaient périodiquement à Times Square, se baladaient dans le quartier, se choisissaient un film, mangeaient chez Roth ou chez McGinnis et faisaient la tournée de la ville jusqu'à épuisement de leurs réserves d'argent. J'adorais me promener sur Park Avenue et sur la Cinquième Avenue et déambuler dans Central Park. C'était le Manhattan des films de Hollywood dans lequel je m'échappais tout au long de mon adolescence.
Si mon adolescence s'était caractérisée par une absence de foi, j'en étais récemment venu à croire en l'existence d'un Être suprême, après avoir feuilleté le catalogue de lingerie féminine Victoria's secret.
La cohérence à tout prix est la marotte des petits esprits.
Pour qui aime, la personne aimée est toujours la plus belle de toutes, même si un étranger ne peut pas la distinguer d’un banc de sardines.
"Mon père tient de sa tante May. Elle rejetait la Bible parce que le personnage central était invraisemblable."
Non seulement la vie est horrible,
Mais en plus elle est courte.
Quand j'écoute trop Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne.
Nous ne sommes que des êtres humains, après tout, et il n’y a pas de honte à éprouver lorsque, entre le dernier livre de Spinoza et la nouvelle pièce de Marguerite Duras, nous nous plongeons, pour lire enfin quelque chose d’intéressant, dans un roman policier.
Un bon roman policier, s’entend, car il y a de bons romans policiers et de mauvais romans policiers, comme il y a de bons Marguerite Duras et…non, cet exemple ne vaut rien.
Les héros des romans policiers nous sont si familiers qu’on a l’impression de les avoir toujours connus. Hercule Poirot, Phil Marlowe, Sherlock Holmes, Arsène Lupin. Et puis il y a aussi Arsène Lupin et Phil Marlowe… et encore Hercule Poirot, et bien d’autres… Hercule Poirot, et aussi…enfin, abrégeons une liste qui risque de devenir interminable.
"Le nazisme n'avait été pour lui qu'une simple réaction contre la philosophie académique, une position paradoxale adoptée principalement pour enquiquiner ses amis. Après quoi, il leur chatouillait le visage avec une feinte excitation et s'écriait "ah ! ah ! Poisson d'avril !"
Je ne me mets pas en colère, c'est vrai. Je veux dire, j'ai tendance à intérioriser. (...) Je préfère développer une tumeur.
Il y a une femme à qui j'ai demandé de m'épouser, elle s'appelle Soon-Yi, et par bonheur, elle a accepté, mais cette histoire-là viendra plus tard et elle en recèle une autre. Soit dit entre parenthèse, j'espère que ce n'est pas la raison pour laquelle vous avez acheté ce livre.
Bergman m'invita sur son île deux ou trois fois, mais je m'arrangeai toujours pour éviter d'y aller. Je vénérais l'homme en tant qu'artiste, mais qui a envie de prendre un petit avion pour rejoindre une île possédée par les Russes, déserte à l'exception de moutons, et se faire servir un yaourt pour tout déjeuner ? Ma ferveur ne va pas jusque là.
![](/couv/cvt_Soit-dit-en-passant_241.jpg)
Oui, cette voiture était, comme le craignent toutes les mères de toutes les filles, une chambre d'hôtel sur roues, mais chaque fois que je commençais à peloter ma victime, une torche électrique apparaissait au carreau et un agent me faisait signe de poursuivre mon chemin. De nombreux conducteurs me criaient dessus, et quand un jour je heurtai de plein fouet une voiture sur Atlantic Avenue, un monstre en furie qui travaillait comme garde du corps et chauffeur d'un patron de la Mafia se rua sur ma portière et j'eus soudain des visions de moi-même couché dans mon cercueil lors d'une veillée funèbre à la lueur de bougies.... Si une foule n'était pas intervenue, j'aurais sans doute fini en petits morceaux dans trente-sept bocaux à conserves. Et pourtant je continuais à conduire parce que tous les gens que je connaissais semblaient capables de se débrouiller avec une voiture, alors pourquoi pas moi ? En fait je n'en fus jamais capable... et j'y ai renoncé pour le restant de mes jours.
Quand je revendis la Plymouth, j'eus l'impression qu'on venait de me retirer une tumeur.
![](/couv/cvt_Soit-dit-en-passant_241.jpg)
"C'est quoi cette musique ? demandai-je.
_ Un concert en France.
_ Et ça ?
_ Sidney Bechet.
_ Et ça ?
_ Un saxophoniste soprano à La Nouvelle-Orléans."
C'était la première fois que j'entendais du jazz de La Nouvelle-Orléans. Pourquoi cela produisit en moi un tel déclic, je ne le saurai jamais. Moi, un Juif de Brooklyn, jamais sorti de New York, avec des goûts plutôt cosmopolites, qui appréciait particulièrement Gershwin, Porter, Kern, les compositeurs populaires les plus sophistiqués, et eux, des Afro-Américains du Sud profond, avec lesquels je n'avais rien de commun et qui devinrent rapidement pour moi une véritable passion : en un rien de temps, en plus d'être un comique en herbe, un magicien en herbe, un joueur de baseball en herbe, je devins un musicien de jazz afro-américain en herbe, je m'achetai un saxophone soprano et j'appris à en jouer, je m'achetai une clarinette et j'appris à en jouer. J'engrangeai des disques, des livres sur la naissance du jazz et la vie de Louis Armstrong...
Ma mère me battait chaque jour au moins une fois. Les châtiments corporels étaient de rigueur à l'époque, bien que mon père n'y ait eu recours qu'une seule fois, le jour où je lui dis d'aller se faire foutre et où il marqua son mécontentement en m'envoyant une douce claque qui me donna une vue imprenable sur l'aurore boréale. Ma mère, elle, me tapait dessus tous les jours, suivant la vieille blague de Sam Levenson : "Je ne sais peut-être pas ce que tu as fait pour mériter ça, mais toi tu le sais."
La dernière fois que j'ai pénétré une femme, c'était en visitant la statue de la Liberté.
J'ai pris un cours de lecture rapide et j'ai pu lire “Guerre et Paix” en vingt minutes. Ça parle de la Russie.