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Citations de Vincent Bardet (39)


Mieux vaut le vin que la vue

Le vin qui trop cher m’est vendu,
M’a la force des yeux ravie,
Pour autant qu’il m’est défendu,
Dont tous les jours m’en croît l’envie.
Mais puisque lui seul est ma vie,
Malgré les fortunes senestres,
Les yeux ne seront point les maistres
Sur tout le corps, car, par raison,
J’aime mieux perdre les fenestres
Que perdre toute la maison.

Clément Marot
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[…] nous maintenons ici que non pas rire, mais boire est le propre de l’homme, je ne dis pas boire simplement et absolument, car aussi bien les bêtes boivent, je dis boire du vin bon et frais. Notez, amis, que de vin on devient divin, il n’y a point d’argument si sûr, ni un art de divination moins fallace.

-Pantagruel, Rabelais-
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« «Ô sage gardien de nos lois, dit-il, je t’ai fait envoyer chercher, car il me tarde de connaître la meilleure manière de pisser. Convient-il de s’accroupir et de relever soigneusement la robe, ainsi que le prescrit notre religion ? Convient-il de rester debout comme ont coutume de le faire les méchants impurs ? Ou convient-il de se dévêtir complètement et de pisser sur ses propres amis comme ont coutume de le faire deux mangeurs de hachisch de ma connaissance ? » »

Les mille et une nuits
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Souvenez-vous que tout ce qui peut être obtenu chimiquement peut l’être autrement. Vous n’avez pas besoin de la drogue pour partir mais les drogues peuvent servir de raccourcis utiles à certains stades de l’entraînement.

-William S. Burroughs, The Job-
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« Frères, vous pullulez, vous vous entroupez, vous vous encroûtez. Bientôt les caves seront à sec et que deviendrons-nous ? Les uns crèveront lamentablement, les autres se mettront à boire d’infâmes potions chimiques. On verra des hommes s’entretuer pour une goutte de teinture d’iode. On verra des femmes se prostituer pour une bouteille d’eau de Javel. On verra des mères distiller leurs enfants pour en extraire des liqueurs innommables. Cela durera sept années. Pendant les sept années suivantes, on boira du sang. D’abord le sang des cadavres pendant un an. Puis le sang des malades, pendant deux ans. Puis chacun boira son propre sang, pendant quatre ans. Pendant les sept années suivantes, on ne boira que des larmes et les enfants inventeront des machines à faire pleurer leurs parents pour se désaltérer. Alors il n’y aura plus rien à boire et chacun criera à son dieu : « rends-moi mes vignes ! » et chaque dieu répondra : « rends-moi mon soleil ! », mais il n’y aura plus de soleils, ni de vignes, et plus moyen de s’entendre.

-René Daumal, La grande beuverie-
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Ceux qui prennent des drogues, c’est qu’ils ont en eux un manque, génital et prédestiné, -ou que poètes de leur moi en vie, ils ont senti avant les autres hommes ce qui manque depuis toujours à la vie.

-Antonin Artaud, Lettres de Rodes-
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Tremblements du corps ou de l’âme, il n’existe pas de sismographe humain qui permette à qui me regarde d’arriver à une évaluation de ma douleur plus précise, que celle, foudroyante, de mon esprit !

-Antonin Artaud, Ombilic des limbes-
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« Cette clarté venait par degré et de même cédait par degré ; mais, tandis que l’ascension glorieuse et confortante procédait de marche en marche, la descente me portait de palier en palier, et je retrouvais au bas de chaque chute le poids dont j’avais été dégagé, je le retrouvais plus accablant de ce que je l’avais bafoué de si haut. »

Luc Dietrich, L’apprentissage de la ville
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L’herbe du diable n’est qu’un chemin parmi des millions d’autres. N’importe quoi peut servir de chemin. C’est pourquoi il ne faut jamais oublier qu’un chemin est seulement un chemin ; si tu sens que tu ne dois pas le suivre, alors sous aucun prétexte ne continue d’y avancer. Pour obtenir une telle lucidité d’esprit il faut discipliner sa vie. Alors, seulement, tu pourras comprendre que tout chemin n’est chemin auquel tu peux renoncer si ton cœur le désire sans faire affront à personne, ni à toi ni aux autres. Mais ta décision de poursuivre sur un chemin ou de l’abandonner doit être libre de peur ou d’ambition. Je te préviens, considère chaque chemin en toute liberté et avec une grande attention. […] Puis pose-toi, et à toi seul, une question : une question que seul un vieil homme peut se poser. […] « ce chemin a-t-il un cœur ? » Tous les chemins sont les mêmes, ils ne conduisent nulle part. il y a des chemins qui traversent la forêt, d’autres qui vont dans la forêt. […] Ce chemin a-t-il un cœur ? Si oui, le chemin est bon, sinon il est inutile. Ces deux chemins ne conduisent nulle part, mais l’un d’entre eux a un cœur et l’autre n’en a pas. L’un est propice à un merveilleux voyage ; aussi longtemps que tu le suis, tu ne fais qu’un avec lui. L’autre te fera maudire ta vie. L’un te rend fort, l’autre t’affaiblit.

-Carlos Castaneda, L’herbe du diable et la petite fumée-
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A quoi bon s’agiter ? Nous sommes comme ces enfants qui traînent laborieusement un chariot jusqu’au sommet d’une côte, pour éprouver ensuite le stupide plaisir de la descente. Tu dis, Kalatan, que je suis au stade joyeux de l’empoisonnement. Tu crois que je ris. Mais je l’ai déjà dépassé, ce stade. Je suis toujours triste. Je ne crois plus à l’azur du rêve. As-tu entendu parler de cette infirmité de la vue qu’on appelle l’acyanoblepsie ? C’est l’impuissance de distinguer une certaine couleur : la couleur bleue. Je suis atteint d’une sorte d’acyanoblepsie spirituelle. Je ne vois plus le bleu dans la vie !

-Cocaïne, Pitigrilli-
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Durant un instant, je suis habité si entièrement par ce désir qu’il ne me vient pas à l’esprit que fumant et songeant à fumer comme si je ne le faisais pas, mon désir a pour objet la chose que je n’ai pas à désirer puisque, présentement, je la réalise et que, d’ailleurs, ce désir est absurde à un autre titre encore, sa persistance montrant l’inutilité de cette chose incapable de la combler, malgré le vague petit plaisir qu’elle peut donner.

-Michel Leiris, Le ruban au cou d’Olympia-
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Un étranger s’étonnera sans doute que l’on puisse faire à ce propos tant de bruit pour rien. « Quelle tempête dans une tasse de thé ! » dira-t-il. Mais si l’on considère combien petite est, après tout, la coupe de la joie humaine, combien vite elle déborde de larmes, combien facilement, dans notre soif inextinguible d’infini, nous la vidons jusqu’à la lie, l’on ne nous blâmera pas de faire tant de cas d’une tasse de thé. L’humanité a fait pis. Nous avons sacrifié trop librement au culte de Bacchus ; nous avons même transfiguré l’image ensanglantée de Mars. Pourquoi ne nous consacrerions-nous pas à la Reine des Camélias et ne nous abandonnerions-nous pas au chaud courant de sympathie qui descend de ses autels ? Dans le liquide ambré qui emplit la tasse de porcelaine ivoirine, l’initié peut goûter l’exquise réserve de Confucius, le piquant de Laotsé, et l’arôme éthéré de Cakyamouni lui-même.

-Okura Kakuzo, Le livre du thé-
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« Je ne me soucie plus d’aucune chose ; je n’ai plus de métier, je n’ai plus d’amis ; -je fume. L’opium, chaque jour, m’enfonce plus profond dans moi-même. Et j’y découvre de quoi m’intéresser assez pour oublier le dehors. »

Claude Farrère, Fumée d’opium
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« - […] Catherine Ivanovna travaille depuis le matin jusqu’à la nuit, elle récure, elle fait la lessive, elle lave les enfants, car elle est habituée à la propreté depuis son jeune âge, et tout cela avec la poitrine faible et prédisposée à la phtisie, je le sens bien. Croyez-vous que je ne le sente pas ? Plus je bois, plus je le sens. Et je bois justement parce que dans cette boisson je cherche le sentiment de la compassion. Ce n’est pas le plaisir que je cherche, mais uniquement la douleur… Je bois parce que je veux souffrir doublement ! »
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Je me sentais plus jeune, plus léger, plus heureux de corps ; c’était en moi un effrénément capiteux, un flot désordonné d’images sensuelles traversant mon imagination comme un ru de moulin, un détachement des obligations du devoir, une liberté de l’âme inconnue mais non pas innocente. Je me sentis, dès le premier souffle de ma vie nouvelle, plus méchant, dix fois plus méchant, livré en esclavage à mes mauvais instincts originels ; et cette idée, sur le moment, m’excita et me délecta comme un vin.

-Dr Jekyll et M. Hyde, Robert-Louis Stevenson-
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Le vent existant venait se poser sur l’arbre comme une grosse mouche ; et l’arbre frissonnait. Mais le frisson n’était pas une qualité naissante, un passage de la puissance à l’acte ; c’était une chose ; une chose-frisson se coulait dans l’arbre, s’en emparait, le secouait, et soudain l’abandonnait, s’en allait plus loin tourner sur elle-même. Tout était plein, tout était acte, il n’y avait pas de temps faible, tout, même le plus imperceptible sursaut, était fait avec de l’existence. Et tous ces existants qui s’affairaient autour de l’arbre ne venaient de nulle part et n’allaient nulle part.

-La nausée, Sartre-
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Si je suis ivre, tu es fou. Qui nous ramènera chez nous ?
Pourtant je t’ai dit cent fois : Bois deux ou trois coupes de moins !
Je n’aperçois dans la cité pas un seul être de sang-froid :
Chacun d’eux est pire que l’autre, plus troublé et plus insensé.

-Djalâl al-Dîn Al Rûmi-
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La cigarette

Oui, ce monde est bien plat ; quant à l’autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.

Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes.
Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord
Me plonge en une extase infinie et m’endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.

Et j’entre au paradis, fleuri de rêves clairs
Où l’on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des chœurs de moustiques.

Et puis, quand je m’éveille en songeant à mes vers,
Je contemple, le cœur plein d’une douce joie,
Mon cher pouce rôti comme une cuisse d’oie.

-Jules Laforgue-
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L’ivresse taciturne, c’est-à-dire celle qui ne donne pas de vivacité dans les relations sociales et dans l’échange des pensées, a en soi quelque chose de honteux : ainsi par exemple l’ivresse de l’opium ou de l’eau-de-vie. Le vin et la bière, dont le premier est seulement excitant, la seconde plus nourrissante et capable de rassasier comme un aliment, servent à se griser en compagnie ; il y a pourtant une différence : les beuveries à la bière s’ouvrent plus facilement sur le rêve, et sont de manières plus libres ; les beuveries au vin sont joyeuses, bruyantes, bavardes et spirituelles.

-Emmanuel Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique-
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L’esprit dégrisé dit non, analyse, rapetisse ; l’ivresse dit oui, synthétise, agrandit. […] Ce n’est pas seulement par dépravation que les hommes la recherchent. Elle tient lieu aux pauvres, aux illettrés, de musique et de littérature. C’est un des troublants mystères de la vie que, pour beaucoup d’entre nous, les seuls moments où nous aspirons quelques bouffées d’infini soient les premières phases de l’abrutissement.

-William James, L’expérience religieuse-
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