Lorsque Babelio m'a proposé de découvrir le second livre de Stefan Ahnhem, je n'ai pas hésité une seconde tant le résumé m'intriguait, et particulièrement cette petite phrase "jusqu'où peut-on aller par amour ?" qui semblait totalement détonner à la fin de ce sanglant constat. Je remercie donc Babelio et les éditions Albin Michel pour ce polar suédois qui, bien qu'ayant l'aspect d'une brique, se dévore.
Globalement j'ai beaucoup aimé ma lecture, les chapitres très courts, qui s'enchainent, donnent un rythme trépidant au récit et ce, malgré la galerie de personnages impressionnante aux noms compliqués que nous découvrons. Pourtant, j'ai comme un goût d'inachevé en tournant la dernière page; l'impression que tout est allé trop vite sur la fin et que certains liens n'ont pas été faits.
Le récit débute par une mystérieuse lettre perdue, qui resurgit plusieurs années plus tard et sera, on nous l'annonce, à l'origine de tout de qui suit. Pourtant, il ne sera pas évident pour le lecteur de faire le lien, et l'essentiel ne nous sera révélé que bien plus loin dans le récit.
L'ambiance du roman est à l'image de la météo, glaciale; cette atmosphère est admirablement entretenue et les descriptions météorologiques se prêtent bien à la monstruosité des faits. Nous suivons tour à tour les enquêteurs, sur deux état : Danemark et Suède, certaines victimes, et également les tueurs. Tout est très bien orchestré, réfléchi et fait froid dans le dos. On espère, on y croit et Stefan Ahnhem nous surprend par un nouveau rebondissement. L'écriture est incisive, directe et Stefan crée une sorte d'attente à chaque fin de chapitre.
La neuvième tombe est vraiment très bien pensé et agencé de manière à entretenir le suspens tout du long, on ne pourra que louer la vivacité d'esprit des enquêteurs ! Au delà des enquêtes pures, nous côtoyons trois policiers dans leur intimité: Fabian Risk (le héro qui a déjà une enquête à son actif et pour lequel l'auteur est en train d'écrire un nouveau livre), sa co-équipière, Malin, et le contact danois de cette dernière : Dunja. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont bien perturbés ! L'auteur ne les ménage pas dans leur quotidien et l'enquête qui les occupe ne va pas arranger les choses (on se demande même comment Fabian va s'en sortir à l'issue de cette traque); leurs failles et leurs doutes ressortent, ce qui les rends d'autant plus humains.
Si l'auteur sait exactement où il veut nous mener, j'ai eu un peu de mal à trouver rationnels certains actes des personnages [SPOILER] Comme cette victime qui a une peur quasi-phobique du noir et qui, lorsqu'elle découvre le sol de son entrée couvert de plastique, va aller voir ce qu'il se passe dans sa chambre à coucher plutôt que de s'enfuir; et qui, voyant son lit couvert du même plastique, va rentrer dans la chambre [/SPOILER]. J'ai également trouvé certains faits un peu gros, mais ne dit-on pas que plus c'est gros mieux ça passe ?
Je regretterai également de ne pas en avoir appris un peu plus sur Aicha, la jeune-femme à qui est adressée la lettre à l'origine du tout; et cette fin un peu floue qui ne nous apporte pas vraiment la réponse à nos questions.
J'ai dévoré les presque 700 pages de ce polar dont les ramifications et les origines dépassent l'entendement, à côtoyer des hommes courageux (ou inconscients) et d'autres complétement malades (ça fait froid dans le dos quand on y pense). L'auteur a pris des décisions radicales sur la résolution des crimes, qui font de La neuvième tombe un roman vraiment perturbant. Quant à la question de l'amour, je vous répondrai probablement que vous ne pourrez pas comprendre si vous n'avez pas aimé assez.
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