Moins 18° se déroule à la frontière entre le Danemark et la Suède, au détroit d’Øresund.
D’un côté en Suède, Fabian Risk devra enquêter sur la mort de Peter Brise, comment a t’il pu être vu récemment alors que son corps a été retrouvé congelé à moins 18° au volant d’une BMW qui a fini sa course dans les eaux de Helsingborg ? Au Danemark, dans les rues d’Helsingør une femme couverte de sang déambule, elle a été témoin d’une agression, elle répondra simplement se souvenir de ricanement, elle n’a rien pu faire, ils étaient trop nombreux, « jaunes et joyeux« . Comme dans tout polar scandinave qui se respecte, ceux que je préfère en tout cas, l’auteur s’appuie sur la société et ses dérives actuelles, et bien qu’il soit de facture classique Moins 18° n’est pas le gentil thriller scandinave doudou, Stefan Ahnhem est une nuance différente, ose le mélange des thématiques, les esprits sont retors et malveillants, il y a cette noirceur en toile de fond qui ne ressemble pas à l’ambiance glaciale des sombres décors scandinaves, mais à la froideur des violences infligées aux victimes qui nous stupéfie.
C’est un beau pavé de 560 pages qu’on ne voit pas défiler grâce à une excellente mise en tension, une atmosphère étouffante qui nous mènent vers un jeu de piste complexe, le rythme fait s’envoler toutes les idées et aspects préconçus sur les thrillers scandinaves, le style moderne d’Ahnhem évite les longues descriptions contemplatives habituelles souvent reprochées au genre en cédant la place au développement de deux enquêtes redoutables et solides.
Évidemment, commencer une saga en cours de route c’est prendre le risque de passer à coté de certains éléments, parce qu’en parallèle, c’est la découverte de personnages travaillés depuis Hors cadre ; j’ai terriblement adhéré à Fabian Risk, je ne vais pas m’épancher sur sa personnalité, fragilisée et en perte de repère, on sent bien que sa situation familiale a de l’importance et qu’elle n’a pas été épargnée précédemment, il y a un réel attachement envers sa famille particulièrement mise en avant dans Moins 18° ce qui donne envie d’en savoir davantage.
Je plaide coupable du seul bémol, celui de ne pas avoir lu Stefan Ahnhem plus tôt, Moins 18° peut se lire indépendamment, et s’adresse à tous les lecteurs qui aiment se faire manipuler dans les polars fouillés et maîtrisés !
En attendant de retrouver Fabian Risk, je vais me plonger dans la série Le jeune Wallander (tirée des romans de Henning Mankell) dont Stefan Ahnhem est scénariste et peut-être le futur successeur de ce monstre de littérature suédoise qu’est Mankell ? Affaire à suivre…
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