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Critiques de Sarah Jollien-Fardel (244)
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Sa préférée

Ce livre est dans la catégorie "coup de massue". Il fait mal au ventre, au coeur, au corps même....

Si les récits mettant en scène femmes battues/enfants martyrisés ne sont pas pour vous, là clairement, passez votre tour.

Ici on a un père qui cogne, qui humilie, qui viole. Sa femme. ses deux filles.

Ce récit est celui de la fille cadette, de ses 8 ans à ses 38 ans. Le récit de la compréhension de l'anormalité de la situation par l'enfant. Mais aussi celui où elle prend conscience que tout le monde sait mais ne dit/fait rien.

Et puis la fuite vers les études, la reconstruction difficile, douloureuse.... possible ?

On est dans le franchement noir, un récit servi aussi par un style coupant, heurtant. En toute franchise, en dépit de sa brièveté (200 pages environ), je n'ai pas pu lire ce récit d'une traite. Trop dur, trop douloureux.... Pas vraiment un "livre de Noël" car on est ici sans espoir, l'héroïne est trop marquée....

Un cri, douloureux, violent......

Comme l'héroïne on finit par baisser la tête, rentrer les épaules, retenir son souffle en espérant que ça passe vite.....
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Sa préférée

On se passerait bien d'être la "préférée" quand les faveurs sont violences et viols. C'est presque une chance de ne l'être pas. Mais voilà, ce n'est pas une chance non plus, parce que cette colère du père, toute la famille la partage. La mère semble faible, désabusée pour sauver ses filles ? La mère garde la tête hors de l'eau pour rester digne, et elle a ses secrets. Il paraît, en plus, que le silence des uns et des autres était d'époque. La fille va se construire (enfin va tenter !) contre cette enfance, sa sexualité, ses vies de couple. Elle a la rage, surtout quand elle lui ressemble : la toxicité du père rejaillit, fonde le mal-être. Ça donne une autre vie échouée parce "mauvaise terre, mauvaise graine" ; mauvaise graine qui donnerait un mauvais fruit pourri ? Si le sujet est largement écumé, le style ciselé, colérique, en fait un livre personnel qui évite les pleurnicheries. D'où, peut-être, tous ces prix littéraires obtenus, ce roman ayant eu de nombreuses... préférences.
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Sa préférée

Dès les premières lignes le lecteur est happé par le récit de Jeanne. Nous sommes au coeur de la violence familiale. L’écriture est percutante, elle va droit à l’essentiel, le style est direct et sans ambage. Les petits riens qui apportent à l’enfant une lueur d’espoir et de tendresse lui insufflent l’énergie pour fuir cette atmosphère violente jusqu’à la terreur, mais aussi, étouffante. Les mots sonnent juste, collent à la psychologie du personnage de Jeanne. Le moment où le père n’est plus qu’un vieillard pathétique est aussi très réussi. Les personnages secondaires sont tous croquées d’une belle façon. La région du Valais, elle aussi, est bien peinte, quoique indirectement, en intégrant par petites touches le vocabulaire local, les habitudes, les paysages, sans avoir besoin de longues descriptions.

Mais … je reste sur ma faim, car, il n’y a pas d’histoire, pas d’intrigue. Pourtant dans ce type d’histoire, même si aucune fin réelle n’existe ou n’est définitive, il y a des moments qui sont les bons pour stopper le récit (quitte à y revenir dans un autre ouvrage) de façon à ce qu’il fasse sens. La fin est un peu ouverte mais n’incite guère à croire à une suite très positive. Jeanne s’en est sorti par la force de son caractère et sa volonté, mais jamais elle n’a rencontré, enfant, le moindre adulte qui l’aide vraiment à se construire dans la résilience. Personnellement ça ne me gêne pas que Jeanne n’arrive pas à pardonner, parfois les faits sont impardonnables, mais, à défaut de pardonner, on peut essayer de comprendre, et Jeanne essaye, mais le livre s’achève sans que son père ne soit autre chose qu’une énigme, encore plus grande, puisqu’en plus, à la mort de sa femme, on réalise qu’il devait bien l’aimer ou tout au moins qu’il y avait en lui, très enfoui, une étincelle minuscule. La seule réconciliation de Jeanne, c’est avec sa vallée d’origine, mais c’est plus la découverte, comme elle le dit, de tout ce que ses parents auraient dû lui transmettre. Pour faire un roman il aurait fallu que Jeanne ait découvert quelques traces de l’histoire familiale de son père, mais là, rien. Et sa mère aussi reste une énigme. Du coup c’est assez décevant malgré une écriture très remarquable et très fine.
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Sa préférée

Ayant fini dans la soirée ce premier roman ressenti comme un hématome au coeur, j'ai eu du mal à m'endormir...



Jeanne, la narratrice, a quitté très tôt son Valais natal, pour échapper à l'enfer du père violent, injuriant, battant sa femme et Emma, la soeur aînée de Jeanne, finissant par la cogner, elle aussi ,qui essayait jusque là d'éviter les coups, les faisant toutes trois participer à des scènes d'une cruauté inouïe . Quand on pense qu'il répond à Jeanne qui a enfin lâché en mots toute sa colère et sa haine, bien des années plus tard:" C'était comme ça, à l'époque", on a envie d'hurler avec elle...Et ce silence des voisins, ces regards détournés. Chacun ses ennuis, ne nous en mêlons pas...



L'auteure décrypte bien, en phrases précises et coupantes, cette vie qui n'arrive pas à se construire, malgré l'éloignement pas vraiment salutaire parce que Jeanne se sent coupable d'abandonner sa mère, et ce besoin si contradictoire de revenir aux sources.



Quel ravage dans le corps et le coeur de ces enfants à jamais meurtris! La fin ne surprend pas vraiment. Elle clôt irrémédiablement un destin foudroyé. Un livre sombre et intense .
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Sa préférée



La violence des pères : 2romans lus à la suite sur ce sujet douloureux . Lu d ‘abord « Vers la violence « de Blandine Rikel pour lequel j’ai eu un vrai coup de coeur, puis celui ci , qui est le premier roman d’une suissesse d’une cinquantaine d’années ; cela est important car la lecture donne une impression d’urgence, d’une douleur à purger tout de suite pour une jeune femme.

Dans ce petit village du Valais, tout se sait , mais silence, même le médecin se tait, et Jeanne, la narratrice raconte le calvaire vécu par sa mère, sa sœur (la préférée) qui finira par se suicider, le père n’étant plus qu’un bourreau qui frappe sans retenue. Jeanne , aimée, aidée par sa mère et un professeur part près du Léman pendant 5 ans , y fait des études, et surtout essaie de se construire ,de s’aimer, c’est compliqué, elle doit même construire sa sexualité.

Il y a une petite part plus romancée dans ce texte qui n’en atténue pas le final certes, mais ajouté comme pour en adoucir un peu toute la noirceur. Pourquoi pas.

Dans chaque roman, le pardon est impossible.

Ce roman a reçu le Prix FNAC 2022 et est pour l’instant sur la liste des goncourables.
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Sa préférée

Un court roman qui aborde sans fard la violence conjugale et ses conséquences dévastatrices.

Dans un petit village du Valais, Jeanne grandit auprès d'un père alcoolique et violent. Son enfance auprès d'une mère aimante mais impuissante et d'une sœur fragile se déroulera dans la peur et sous les coups. Une peur dont elle n'arrivera jamais à se débarrasser, même une fois loin des hurlements, des insultes et de la brutalité paternelle.

Adulte cabossée et toute en tension, elle raconte au fur et à mesure du récit, les scènes marquantes de son enfance, la destruction de sa sœur et son incompréhension face au choix de sa mère de rester avec cet homme. En toile de fond, une galerie de portraits de montagnards taiseux mais aussi de ce médecin, celui qu'elle appellera le lâche, qui a préféré détourner les yeux plutôt que tendre la main.

Nous traversons ces épisodes de violence en même temps que la lente reconstruction de Jeanne devenue adulte, ses rencontres, ses tentatives de s'insérer dans la société et d'exister malgré tout.

Mais comment construire sans fondation ?

Un récit loin d'être optimiste qui marque autant par le constant appel au pardon qu'à celui de ne pas oublier.
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Sa préférée

Un premier roman percutant. J'ai été rassurée de savoir qu'il s'agissait bien d'une fiction pas de l'autobiographie de Sarah Jollien-Farel.

Jeanne et sa soeur Emma vivent dans la montagne suisse avec leur mère et un père alcoolique et violent. Il ne se passe pas une journée sans qu'il ne frappe sa femme ou ses filles sans raison et avec une violence croissante. Dans ce petit village, les voisins savent, le médecin de famille aussi mais on se tait. Grâce à sa mère, Jeanne est envoyée très vite en pension à 100 km de la maison et hors de portée du père. Elle fera de bonnes études et au contact des autres étudiants, apprendra à se connaître et se reconstruire. Elle nagera beaucoup dans le lac Léman pour se purifier, se libérer Elle tentera toute sa vie de guérir de ses blessures physiques et morales et de ne plus être en colère. Elle aussi aura des accès de violence avec les autres.

Ce roman parle d'une enfance brisée, du mal que peut causer un père violent, de l'impossibilité de pardonner. J'ai apprécié aussi qu'il n'y ait pas de misérabilisme, pas trop de scènes dures. On comprend qu'elle ne raconte pas tout.

Un roman très dur. Il mérite bien le prix Fnac , une auteure à suivre.
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Sa préférée

Une lecture qui ne nous abandonne pas de sitôt ! Remarquable ce premier roman de Sarah Jollien-Fardel, Sa préférée, signé aux éditions Sabine.Wespieser.

Dans le Valais, une histoire terrible de famille, trois femmes sous l'emprise de la violence d'un seul homme : le père.

La narratrice qui nous raconte l'horreur, parvient malgré tout à quitter ce lieu maudit, et poursuivre ses études, connaître l'amour, la tendresse, l'attention de l'autre.

Alors que tout pourrait aller mieux sous les apparences qu'elles offrent à son amie, ses connaissances, au fond, une âme est blessée, torturée.

Peut-on parvenir à vivre sans pardonner à celui qui a meurtri à tout jamais les siens et soi même ? Et est-il possible de pardonner à ce monstre ? La narratrice nous livre avec violence dans ses mots ce qu'elle peut encore ressentir quand ce monstre, son père l'appelle une dernière fois.


Lien : https://www.facebook.com/lec..
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Sa préférée

Coup de cœur !

Ce livre donne une vraie claque aux lecteurs. Jeanne a vécu avec un père violant. Dès qu’elle a pu elle, a fuit mais elle ressent de la culpabilité d’avoir laissé sa mère et sa sœur. On la voit essayer de se construire une vie malgré les blessures du passé qui sont à vifs

Il s’agit du premier roman de l’auteure et celui-ci a reçu le prix du roman fnac 2022. Auteure à surveiller pour voir si elle confirme son succès.

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Sa préférée

Un père alcoolique, violent pourrit la vie de Jeanne, de sa sœur et de sa mère.

Dès qu'elle le peut, elle quitte ce foyer toxique et part faire des études à Lausanne.

Mais sa vie est pourrie par cette enfance destructrice.

En elle, une colère permanente qu'elle n'arrive pas à dompter, qui l'empoisonne et détermine ses choix.

Ce n'est pas vraiment un sujet gai et léger, loin de là.

Et pourtant, la finesse de l'écriture permet de lire cette tragique histoire.

Le ton est juste, sans trop ni trop peu.

Jeanne est la seule à être sortie de cet enfer.

Mais à quel prix !

Son enfance broyée lui a laissé quelques forces pour déployer ses ailes, mais ces ailes sont bien fragiles et ne permettent pas un envol définitif.

« Il a confisqué toutes nos allégresses.

Il a massacré toutes nos jouissances. »

C'est un désespérant mais magnifique premier roman.

Une auteure d'un grand talent.

Je ne savais pas qu'il existait un « Prix des détenus ».

C'est une excellente initiative et je ne suis vraiment pas étonnée que Sarah Jollien-Fardel ait obtenu ce prix qui a certainement fait écho chez de nombreux détenus.
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Sa préférée

Ecouté sur la plateforme netgalleyfrance, que je remercie !



Dans un village suisse au coeur du Valais, Jeanne, sa grande-soeur et sa mère vivent auprès d'un père et mari alcoolique d'une extrême violence. Dès la première scène, le ton est donné et l'horreur saisit aussitôt. Les coups, les insultes et la cruauté ne nous sont pas épargnés et l'on prend une claque à la lecture de ce roman.



Les gens autour savent très bien ce qu'il se passe - les coups laissant des traces - mais ne parlent pas. Même ce gentil médecin en qui Jeanne avait confiance se tait.



La narratrice revient sur cette enfance misérable et meurtrie, loin de toute innocence. Les souvenirs sont précis, dépeints avec des mots simples qui ciblent le coeur. Dès les premières pages, j'ai eu envie de prendre Jeanne dans mes bras et de la consoler. Impossible de ne pas ressentir de l'empathie.



Comment vivre sa vie d'adulte après une telle enfance ? Comment faire confiance et aimer ? Ce superbe roman, à travers l'expérience de Jeanne, apporte quelques éléments de réponse.



Bien sûr, Jeanne est en colère contre son père, une haine pure bien justifiée. Elle l'est aussi un peu contre sa mère, qui a laissé faire et n'est jamais partie, « Pour aller où ? ». La peur, la honte et plus tard la culpabilité d'abandonner sa mère à cet homme abusif collent à la peau de Jeanne, qui malgré sa nouvelle vie, entourée de gens aimants, ne peut se défaire de ce passé poisseux.



Je lis beaucoup de romans sur les pères toxiques en ce moment. Celui-ci, avec le percutant « vers la violence » de Blandine Rinkel, restent mes préférés. Ils apportent une réflexion aux émotions fortes.



Un texte éprouvant, très juste, à couper le souffle, que Lola Naymark incarne à merveille et qui a plus que mérité le prix Fnac. Coup de coeur total !
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Sa préférée

Le sujet – surtout pour un premier roman – n’est pas original : une enfance meurtrie, un austère village de montagne, un père abusif, une plaie qui jamais ne cicatrise. Pourtant, Sarah Jollien-Fardel nous livre son histoire avec justesse, élégance et pudeur.

Jeanne ne peut se débarrasser de la menace du père (« Il a confisqué toutes nos allégresses. Il a massacré toutes nos jouissances »). Il a imprégné son quotidien au point de rendre insupportables les gestes les plus anodins (« J’étais verrouillée, sans accès aux plaisirs, sauf celui de nager que j’avais découvert loin de mon père. Tout le reste confluait vers lui »). Le médecin de famille, lâche, a gardé le silence. Sa mère s’esquive et réussit, in extremis, à l’envoyer en pension, à distance raisonnable de ce foyer toxique.

C’est le début d’une renaissance, entre les bras de Charlotte la privilégiée (page jouissive p69) auprès de laquelle elle ressent la différence de classe (« On avait beau lutter. Charlotte disait toujours « zut » et moi toujours « putain ») et puis Marine, tendre et disponible par nature. La compagnie des femmes l’apaise et la rassure (« mon Homosexualité était un choix de douleur, celui du rejet affectif de ceux dont j’aurais voulu simplement être aimée »).

Le vieillissement du père coïncide avec la découverte de Paul, qui l’initie à l’amour d’un homme (magnifiques pages 120 et 145).

En côtoyant ces êtres, elle mesure ses manques et ses absences : « (…) Mes parents auraient dû me donner une identité. La mienne, je l’ai créée, pleine de haine et de pourriture »).

« Sa préférée » (quel beau titre !) est un premier roman très réussi.

Bilan : 🌹🌹

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Sa préférée

Jeanne a grandi dans la violence, celle du père qui profère des insultes jour après jour. Envers sa mère, qui subit et se tait. Envers sa sœur aînée, Emma, qui ne se défend pas davantage.

Lorsqu’il s’en prend à elle, du haut de ses huit ans, Jeanne ose l’impensable, elle se rebiffe faisant de sa colère le moteur de sa vie.

Sarah Jollien-Fardel a écrit un magnifique premier roman d’une force étourdissante. Il y est question d’émancipation. Une lutte menée pour vivre, malgré une enfance souillée et un présent difficile à supporter. Car comment avancer lorsque le passé ne cesse de faire surface ? Chaque évènement, chaque rencontre, tout se négocie avec naïveté et incertitude, avec colère et puissance. L’autrice écrit cette histoire, qui pourrait être celle de n’importe qui, avec une plume précise, qui happe dès les premières pages.

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Sa préférée

Magnifique roman sur la violence familiale induite par un père cruel, brutal, maltraitant physiquement et psychiquement, toxique au plus haut degré, qui fait sombrer sa femme et ses deux filles.



Jeanne, la narratrice, est la plus jeune fille de ce monstre. Tout au long de ce récit poignant, elle raconte son cheminement et celui de cette famille fracassée vivant dans un village des montagnes valaisannes en Suisse.



C'est magnifiquement bien écrit. L'histoire est percutante, émouvante, bouleversante, tragique. Comment vivre après avoir subi des violences de la part de personnes qui devraient vous protéger, vous sécuriser, vous donner confiance en vous et en l'avenir ? Comment se construire dans le chaos ?



Le sujet n'est pas original mais il est raconté de telle façon qu'on ne peut qu'être en empathie avec les victimes.



C'est un premier roman qui a reçu le prix du roman FNAC 2022 amplement mérité. Un roman court mais dense, incisif, qui se lit d'une traite, en apnée. Un roman qui ne peut pas laisser indifférent.



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Sa préférée

Jeanne a vécu dans la violence de son père dans sa jeunesse. Comme sa mère et sa soeur, Emma. Elles ont supporté les accès de colère, de coups pour tout ou rien. Elles ne se sont pas rebellées. De nos jours, Jeanne vit avec Marine mais la douleur des souvenirs est toujours présente.

Un roman très percutant sur les violences conjugales et familiales, Jeanne parle de son traumatisme, sa vie actuelle difficile, sa famille détruite par son père. Ses relations affectives ne sont pas simples, elle peine à construire sa vie. Un roman marquant mais on se demande pourquoi cette violence ? Est-ce que Sarah Jollien-Fardel laisse volontairement cette question sans réponse pour représenter toutes ces femmes battues sans réelle raison ou pour toutes sortes de motif ? Est-ce qu'on peut tout pardonner ?

J'ai aimé la lecture de Lola Neymark, elle s'implique dans son rôle de Jeanne au passé douloureux et au présent compliqué mais il m'a manqué un petit quelque chose qui me rapproche plus de cette Jeanne torturée.

Un récit très touchant, il y a de la violence, certes mais l'amour, la tendresse derrière qui restent vainqueurs.
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Sa préférée

Si Jeanne est parvenue, grâce aux études, à fuir le domicile familial et à s'extraire de l'emprise d'un père violent, pervers et manipulateur, sa mère et sa soeur Emma, elles, n'ont pas eu cette chance… Mais peut-on réellement échapper à ses origines et à l'héritage que nous laisse le passé?



Sarah Jollien-Fardel nous raconte l'histoire dramatique de trois femmes, soumises à la violence d'un homme, véritable bourreau au quotidien. Comment se construit-t-on quand la peur, la haine et le dégoût sont si profondément ancrés dans notre chair? Les meurtrissures dont on a souffert peuvent-elles cicatriser un jour? Est-on encore capable de donner de l'amour quand on en a soi-même tant manqué? A travers le personnage de Jeanne, l'auteure ne cesse d'interroger sur ces questions essentielles, sur ce qui nous construit et nous constitue, parfois malgré nous, malgré la conscience et le rejet de ce qui nous accable...



Voilà un texte dur, âpre et bouleversant, qui se lit sous tension mais qui parvient à ménager quelques moments lumineux et plein de grâce malgré tout. Les personnages, principalement féminins, sont bien incarnés, le ton est incroyablement juste, quant à l'écriture, que dire, si ce n'est qu'elle est sublime et étonnamment maîtrisée pour un premier roman! Bref, je me suis pris une sacrée claque avec ce roman qui risque de résonner encore longtemps en moi et c'est sans conteste l'un de mes gros coups de coeur de la rentrée littéraire! Nul doute que cette auteure suisse va faire parler d'elle et merci aux éditions Sabine Wespieser pour la publication de cette jolie pépite!



Lecture qui rentre dans le cadre du challenge Jeux en foli…ttéraire XII organisé par SabiSab28 et CallieTourneLesPages.

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Sa préférée

Jeanne a grandi dans la peur. La peur de son père, homme violent et irascible, dont un rien déclenchait la colère, les hurlements, les coups qui s'abattaient tantôt sur sa femme, tantôt sur une de ses deux filles. Dans son petit village des montagnes valaisannes, tout le monde savait mais personne ne disait rien et la petite fille s'est sentie irrémédiablement trahie par le monde des adultes. Les études l'ont aidée à fuir et à Lausanne, au bord du lac Léman si éloigné de ses montagnes natales, elle tente de se reconstruire.



Ce roman attendait dans ma PAL depuis longtemps, repéré lors de la rentrée littéraire 2022 et resté là sagement, peut-être à cause de son thème difficile, peut-être parce que j'en avais lu des critiques enthousiastes et que je m'attendais à un gros coup de cœur. Finalement comme souvent avec les romans trop attendus, cela n'aura pas été le coup de cœur annoncé mais une belle lecture quand même, dans le genre coup de poing qui vous met ko sans prévenir. Déjà, entre Sa préférée et moi, il y a eu un malentendu : je m'attendais à un récit choc sur l'enfance de Jeanne, sur la manière dont la fillette et sa soeur résistaient aux violences du père, tentaient de se construire dans un environnement familial aussi hostile. En fait, cette partie là de l'histoire est expédiée en quelques chapitres, très bien écrits et sans pathos inutile, l'auteure va droit au but et nous plonge la tête la première dans des scènes particulièrement dures sans jamais un mot de trop et sans détours ou fioritures inutiles. Le sujet de Sa préférée n'est pas l'enfance de Jeanne mais bien la manière dont celle-ci semble l'avoir détruite, dont elle a laissé une empreinte indélébile sur toute la vie future de la jeune femme.



Une fois compris que ce roman ne serait pas celui que je m'étais attendu à lire (!), il m'a été plus facile de rentrer dans l'histoire qui jusqu'ici m'avait un peu résisté. Le style de Sarah Jollien-Fardel est limpide, aussi pur que les eaux du lac qui semblent sauver Jeanne quand tout va mal, aussi dépouillé que les hameaux accrochés au fin fond des montagnes du Valais. Cela donne un livre qui se lit vite, presque trop, et que j'ai trouvé d'une grande douceur malgré la dureté des thèmes évoqués. Car Sa préférée est l'histoire d'une reconstruction qui ne se fera jamais, on pense Jeanne sauvée, elle qui a survécu à cette enfance massacrée, a réussi à s'enfuir, à faire des études, à s'extraire de son milieu, a tenté de couper les ponts avec ses père et mère, elle qui a découvert qu'on pouvait tomber amoureuse, qu'il existait autre chose que le combat à mener pour tenir le coup jour après jour. Et puis ce sont les événements et les coups durs distillés chapitre après chapitre qui nous font mieux comprendre l'histoire de cette jeune femme à qui on s'attache peu à peu, le passé qui ressurgit toujours, la sœur de Jeanne elle aussi irrémédiablement souillée par leur enfance, la mère disparue trop vite avant d'avoir pu s'extraire de son environnement sordide, le pardon impossible du père. Certains passages sont juste bouleversants, la manière dont Jeanne lutte pour juste essayer d'être heureuse, la manière dont la violence qui fuse parfois en elle lui fait craindre d'être finalement comme lui, ce père haï et détesté.



Sa préférée est un très beau roman, dense, tendre et bouleversant que j'aurais envie de relire pour mieux en profiter maintenant que je connais la fin de l'histoire. Un regard que j'ai trouvé très original dans sa manière de nous faire voir de l'intérieur et du point de vue d'une enfant ce que peuvent signifier les violences conjugales poussées à l'extrême. C'est aussi un hommage au Valais, canton natal de l'auteure qui malgré tous les mauvais souvenirs qu'il inspire à Jeanne reste son refuge, ses racines impossibles à arracher. Une belle découverte et une auteure à suivre, étonnant qu'un premier roman soit déjà si abouti et si riche !
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Sa préférée

Je referme ce premier roman est la première réflexion qui me vient est celle de frissonner ; oui, alors qu’il fait 30°C, car ce roman est glacial. Et ce n’est pas parce que l’essentiel de l’intrigue se situe dans les Alpes valaisannes. C’est cette langue âpre, ce malaise qui tourne autour de ce que raconte la narratrice, ce manque d’amour, cette haine qu’elle voue à sa famille mais surtout à elle- même. C’est encore ce silence des montagnards taiseux qui condamnent mais jamais ne tendent la main. Une histoire qui fait froid dans le dos et serrer les dents.



« Derrière les mots, la haine, la misère, la honte. Et la peur. Les mots étaient importants. Je devais les écouter tous. Et leur intonation aussi. » Selon Annie Ernaux, « la littérature n’est pas neutre » et les mots permettent de dire une réalité ; celle du commun des mortels, celle de celui qui décide de se confier, ou de raconter. Lorsque Jeanne, la narratrice, se rend compte de la puissance du mot, elle s’en empare comme d’un bouclier. En décidant de devenir institutrice, c’est sa peau qu’elle essaie de sauver.



« - Je sais que c'est mal. Mais j'étais sa préférée.

L'abject et l'obscénité m'étouffent. J'ai mal pour elle, je le hais, lui. Plus encore. Et ma mère, muette, sourde et aveugle, la sainteté dont je la parais et que je vénérais, ma famille plus miséreuse que ce que je pensais. Je voudrais la consoler de sa peine. J'en suis incapable.

Sa préférée. » Emma, la sœur aînée de Jeanne ne possède pas les mêmes capacités intellectuelles. Et c’est comme si cette simplicité d’esprit justifiait qu’on la traite mal depuis l’enfance et que cela continue à l’âge adulte. Un misérabilisme social qui se sert de la naïveté pour excuser les déviances des hommes.



« Je ne me suis jamais habituée à la violence. Pire, ne plus la subir me plonge dans un désespoir caverneux. C'est comme de l'huile bouillante déversées sur mes blessures jamais cicatrisées. Durant des jours, je suis mutique, hébétée, le moral ravagé. » Jeanne tente de se reconstruire ; mais comment oublier toutes ces années, tous ces jours où la violence, souvent inouïe, éclate pour une excuse futile, un objet posé de travers, un regard… Comment pardonner à ceux qui savaient mais non jamais rien dit, jamais aidé ?



Au final, un premier roman rédigé avec un grand talent, des mots et des formulent qui percutent, des passages qui laissent pantois. C’est un récit dur, mais que je recommande vivement.

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Sa préférée

Jeanne a grandi dans la peur de la violence de son père : celle qui insulte, celle qui tabasse, celle qui pourrait tuer.

À l'ombre d'une mère qui subi autant qu'elle souffre de voir ses filles maltraitées sans pouvoir y remédier, Jeanne se lance dans de longues études qui l'éloigneront du bourreau qui lui tient lieu de père.

Elle raconte les horreurs vécues, la peur qui habite le corps et l'esprit pour longtemps, la lâcheté de l'entourage. Elle raconte aussi le long apprentissage de la compagnie des autres, la découverte du corps à travers le sport mais aussi la sexualité.

Ce texte n'est pas un catalogue de souffrance, non, il est le récit d'émotions, de pensées, de mécaniques du corps et de l'esprit pour s'affranchir de ce que l'on peut appeler un stress post-traumatique.

La psychologie du personnage de Jeanne est tout en nuances, reflet de ses conflits intérieurs.

Le style de l'autrice est magnifique, il épouse les pensées de Jeanne, il se garde de tout pathos sans pour autant minimiser les dégâts de la maltraitance sur la construction d'une personnalité complexe. Il rend avec sensibilité mais sans atténuation les conflits intérieurs de Jeanne et nous fait partager la souffrance émotionnelle qui s'invite à chaque moment de sa vie.

Très beau récit.

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Sa préférée

Décidément, la littérature suisse s’invite de plus en plus souvent

dans mes lectures. Voici une nouvelle auteure que je découvre sur un sujet bien rude et lourd : comment devenir, après avoir subi des violences familiales ? Si vous cherchez un feel good, je vous préviens il n’est pas ici. En revanche le roman est assez marquant. L’auteure parvient à s’immiscer dans les meandres de l’esprit de son héroïne. Ses réflexions et ses réactions sont tellement intimes et réalistes qu’on a l’impression que sa personnalité a été créée d’après des entretiens avec un psychologue. C’est dense et marquant de réaliser la blessure qu’elle se trimballe, qu’elle tente tour à tour de cacher, oublier, apprivoiser, sans jamais y parvenir vraiment. Toute sa vie est modelée par cela. Sa relation a sa famille, aux autres et ses relations amoureuses. La fêlure est immense. Va-t-elle réussir à la réparer avec l’amour des autres ? Comme le Kinstugi, cet art japonais qui transforme les fissures en veines précieuses? C’est tout je sujet du roman.

J’ai vraiment apprécié la justesse, la finesse, la rudesse et la détresse aussi.

Même si je n’ai complètement engagé mon empathie pourtant plutôt au-dessus de la moyenne. Pourquoi ? Aucune idée. C’est juste comme ça. Mais je salue la performance et serais ravie de lire un prochain ouvrage de cette auteure.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Et si vous voulez d’autres suggestions de littérature suisse, je vous recommande aussi l’excellent Joseph Incardona avec Les corps solides et La Soustraction des possibles.
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