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Critiques de Roger Zelazny (645)
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L'enfant de nulle part

Les réminiscences de "Dilvish le Damné" sont tellement fortes qu’on pourrait situer Franc-Sorcier dans l’univers de ce dernier (petit microcosme des magiciens divisés entre Blancs et Noirs, Naturels et Erudits), à moins qu’il n’annonce les thèmes abordée dans le "Cycle de Merlin" puis "Lord Démon" ?



"Franc-Sorcier" est très différent de "L’Enfant de Nulle part" : sur le fond, sur la forme, dans le rythme, dans les personnages. Nora disparaît, et on pourrait qualifier Gant-de-Souris et Oiseau-de-Lune de cinquièmes roues du carrosse rondovalien. Changement de cap car après une fresque science-fantasy, on retrouve une intrigue 100% fantasy de la plus belle eau.



Tout commence avec une tentative d’assassinat sur la personne de Pol alors que celui-ci tentait de percer les secrets de ses statuettes. Pol le sorcier autodidacte comprend alors qu’il est temps d’aller se confronter à ses pairs pour aller de l’avant. Disons pour faire simple que 2 camps se disputent les pouvoirs de Pol et qu’à l’image du "Songe d’une Nuit d’Octobre" on ne découvre la véritable identité des protagonistes et leurs réelles intentions que peu de temps avant le dénouement.



Voilà pour le fond. Pour la forme, c’est bien mieux écrit et construit que "L’Enfant de Nulle Part"… et le changement de traducteur est loin de tout expliquer ! En effet ce court roman baigne dans une ambiance New Age totalement assumée : les monologues du mystérieux narrateur à la première personne qui accède à la conscience au fur et à mesure de ses réflexions métaphysiques, les visions du monde antédiluvien d’au-delà du Portail, les hallucinations de la cérémonie de l’initiation, le duel shamanique à la fin du roman… : on retrouve là certaines de ses expérimentation littéraires antérieures.

Mais si l’ensemble est fluide et avance bien, il ne se passe pas grand-chose jusqu’aux confrontations directes entre magiciens, qui elles tirent un peu en longueur. Il y a des discontinuités avec le 1er opus qu’on pourrait regretter, mais surtout cette horripilante manière de faire entrer et sortir des personnages de l’intrigue un peu n’importe comment. Ainsi je n’ai pas vraiment compris les tenants et les aboutissants de l’histoire de Taisa la fille maudite de Ryle (hasard, réminiscence ou clin d’œil ? les rivalités Spiel / Ryle / Det ressemblent fort à celles des mages de "La Première Loi" de Joe Abercrombie).

On retrouve néanmoins dans le final tout le charme du Dallas Fantasy épique et cela appelait clairement à une suite…
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L'enfant de nulle part

Autant le dire tour de suite. Ce n’est pas du grand Zelazny, mais cela reste du Zelazny, c.a.d une imagination débordante et l’envie immense de la partager avec ses lecteurs (mêmes si c’est parfois inabouti et/ou maladroit). Après une introduction dans la plus grande tradition du Dallas Fantasy épique cher à l’auteur, l’intrigue avance à grand coup d’ellipses jusqu’à la déclaration de guerre entre Pol le magicien et Mark le scientifique.



Le style plutôt passe-partout est accessoire (traduction moyenne ?). Cela nous évite certes les horripilantes lenteurs calculées, mais en alternant les points de vue des 2 principaux protagonistes on précipite les événements en allant systématiquement de l’avant sans s’appesantir sur les personnages et leur évolution, : les âmes tourmentées des frères ennemis Pol et Mark, la belle et indécise Nora, le sémillant voleur Gant de Souris, les vaillants dragons Oiseau-de-Lune et Fume-les-Cieux, la fière centauresse Stel, les Sept Gardiens du Clan Det, la Grande Machine à Enseigner…

Forte est quand même l’impression d’avancer dans cet univers au pas de course alors que Rondoval et le Mont-Enclume avaient bien des secrets à livrer. On retrouve ainsi un des défauts majeurs de l’auteur qui se laisse parfois déborder par son imagination, laissant ses lecteurs décontenancés par les changements de direction et l’hétérogénéité de la narration.



On retrouve aussi une écriture d’une autre époque dans la quête du Triangle d’Int où chaque lieu extraordinaire, chaque gardien édifiant, chaque morceau de la baguette de Det ne sont que des péripéties menant vers l’affrontement final. L’auteur s’en excuserait presque quand Nora déclare qu’elle est un pion dans l’affrontement entre Pol et Mark de la même manière que ces derniers ne sont que des pions dans main d’une puissance supérieure (en l’occurrence l’auteur lui-même). Ce parti pris du droit au but n’empêche pas Zelazny de nous offrir une pratique de la magie assez élégante.



L’œuvre est également bien datée : située entre les 2 cycles des "Princes d’Ambre", elle puise dans le cycle de "Corwin" et annonce celui de "Merlin". Et puis on sent aussi qu’on est situé entre 2 époques de la Fantasy : entre l’heroïc-fantasy vintage des années 70 et la science-fantasy audiovisuelle des décennies suivantes. En 1980 Pol affronte Mark avec ses sortilèges, ses dragons, ses ogres, ses harpies, ses centaures… 2 ans plus tard Peter Dikinson affrontera Ommaddon en invoquant algèbre, anatomie, astronomie, biologie, chimie… (respectivement héros et vilain du très fantasy et très poétique film animation "Flight of Dragons"). Bref, toute une époque de la Fantasy aujourd’hui révolue (pour le meilleur et pour le pire selon les goûts de chacun).
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Le Cycle des Princes d'Ambre tome 1 : Les n..

Ça faisait un moment déjà (au moins 2 ans) qu'on m'avait conseillé ce cycle, mais étant ce que je suis, je voulais acheter le cycle complet en 2 coffrets.

J'avais un peu laissé tomber car le premier coffret était indisponible, et je ne le trouvais pas en occasion; Et là, miracle, je l'ai trouvé, j'ai donc attaqué ce premier tome hier soir, à peine le colis reçu... et je l'ai fini dans la journée.

J'ai vraiment apprécié cet opus, à l'introduction des plus surprenante : on rentre directement dans de l'action, mais pas tellement fantasy/SF de base, non, plutôt action/espion dans NOTRE monde tel qu'on le connait; C'est assez inhabituel et surprenant, les mondes Fantasy étant plutôt coutumier du style médiéval :)

Mais qu'importe, cette intrigue construite autour d'un amnésique qui fonce au bluff pour redécouvrir qui il est est prenante, tout comme lui, on veut savoir.

Point important : jusque là, on ne peut pas dire que l'auteur laisse choir notre héros dans la facilité.

J'ai aimé le jeu mené par notre auteur : notre héros bluffe la plupart du temps en gardant le silence face aux questions dont il ne connait pas les réponses, mais en face on craint tellement sa ruse qu'on le soupçonne continuellement d'être en train de mener le jeu :)

J'espère que la suite restera aussi bonne ! :)
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Le Cycle des Princes d'Ambre tome 1 : Les n..

Premier tome de la saga des neuf princes d'Ambre, ce volume semble presque utilitaire: il s'agit d'une mise en place des personnages et de l'univers au travers d'un procédé classique, celui de l'amnésique qui, retrouvant la mémoire, informe le lecteur au fur et à mesure de sa reconstruction. Cette exposition ne manque pas de péripéties, mais elles sont souvent expédiées rapidement (la litanie des pertes des fantassins de Bleys, par exemple) et même si l'univers et son système de magie sont originaux et prometteurs, je suis un peu resté sur ma faim. J'espère donc une montée en puissance par la suite...



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Le Cycle des Princes d'Ambre, tome 3 : Le s..

Cette relecture continue de se passer extrêmement bien. Je n'arrive pas à réaliser que l'auteur a écrit cela dans les années 70 et non de nos jours tant sa plume n'a presque pas vieillie. Il propose des aventures toujours aussi entraînante avec cette fois un petit air d'Agatha Christie avec cette lutte à huis clos pour la couronne du royaume d'Ambre.



Les deux premiers tomes formaient un tout, la suite semble aussi dessiner un nouvel arc. Corwin est désormais sur le trône mais tout n'est pas fini loin de là. Son père est toujours disparu, il ne sait toujours pas qui a tenté de l'assassiner et ce que peuvent bien tramer ses frères et soeurs. Il va donc se lancer sur leurs traces et enquêter.



Les premiers chapitres m'ont semblé un peu mollasson mais une fois l'intrigue bien lancée, nous sommes face à une intrigue stressante qui rebondit sans cesse et nous emmène sur tout un tas de pistes dans des lieux et temps différents, nous permettant de faire enfin la connaissance d'autres frères et soeurs du héros.



Dans cette vaste famille, nombreux sont les alliés et les ennemis de Corwin. Ce fut donc riche d'assister aux discussions qui ont lieu entre tout ce petit monde dans une ambiance à huis clos assez étouffante et inquiétante où on sait que tout peut arriver. J'ai beaucoup aimé découvrir les uns et les autres, même si un petit schéma n'aurait pas été de trop pour retenir qui est qui, qui est où dans l'ordre de succession et qui descend de quelle union, tant c'est riche et complexe. Mais l'auteur semble également sur cela pour créer le flou en nous comme il le crée dans son héros qui passe d'un intuition à l'autre pour comprendre qui risque de le trahir.



Pas de développement majeur de l'univers cependant cette fois. On parle seulement à nouveau des Atouts et de la Marelle et de leurs possibilités, mais cela avait déjà été fait alors même si certains mouvements sont nouveaux, il n'y a pas de vraies surprises en ce qui me concerne. Les surprises viennent plutôt des frères et soeurs extrêmement retords de Corwin. On ne sait absolument pas sur lequel compter, lequel ment ou dit la vérité, lequel va le soutenir ou le trahir et cette incertitude donne tout son sel à la lecture de ce tome. Grâce à cela, on revient sur le passé du roi et on découvre qui avait programmé son accident et ce qui lui est arrivé à ce moment-là. Très bien vu !



Le final a également une saveur toute particulière, relançant l'intrigue dans une nouvelle direction après avoir passé l'ensemble du tome, ou presque, enfermé entre quatre murs à chercher des réponses. Là, on est propulsé dans un endroit inattendu qui va pousser le héros à changer de braqué dans le prochain volume. C'est très attirant.



Toujours écrit avec plein d'entrain, Les Princes d'Ambre renouvellent bien leur intrigue d'un tome à l'autre malgré un fil rouge bien bien présent autour de cette querelle de succession pour le trône. C'est diablement bien écrit, on se croirait dans une pièce historique dramatique ou dans les Rois Maudits de Druon tant tout ce monde est retord et leurs plans tortueux. J'adore !
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Le Cycle des Princes d'Ambre, tome 2 : Les ..

En débutant cette relecture, je savais que je m'engageais dans une sacrée épopée, mais j'avais oublié combien Zelazny pouvait être une auteur efficace et ingénieux.



A nouveau, en l'espace d'à peine plus de 300 pages, il m'a fait vivre une grande aventure. Avec une inspiration aux consonances arthuriennes, j'ai adoré retrouver son anti-héros Corwin qui tente de se venger de son frère Eric pour lui reprendre le trône d'Ambre. Pour cela, il va devoir tout reprendre à zéro ou presque et il va trouver sur son chemin des personnes inattendues.



Le premier tome consistait en une vaste mise en place. Le deuxième, lui, comme les suivant, nous permet de découvrir l'une des facettes de cette lutte de pouvoir fratricide. Nous allons ainsi à la rencontre de certains des membres de la famille que nous n'avions pas encore vu tandis que nous suivons la nouvelle ascension de Corwin.



J'ai beaucoup aimé la première partie du texte encore plus directement inspiré par les récits chevaleresques que les autres. C'était amusant de retrouver Corwin dans un royaume dirigé par un ancien soutien devenu ennemis : Ganelon, à qui l'auteur a donné le nom de celui qui a trahi Roland dans la chanson. On sent qu'il y a un joli sous-texte ici. De la même façon que j'ai aimé voir notre héros retrouver son frère Benedict et faire la connaissance de la mystérieuse Dara, qui est directement inspirée de ces personnages trompeurs comme Morgane. Les personnages sont vraiment très bien écrits.



L'aventure est également très bien écrites car de bout en bout de ce tome, il n'y a pas de temps mort. On passe d'un héros qui tente de se refaire et de retrouver son chemin, à un héros qui a trouvé un allié et va chercher à se procurer l'avantage tactique qui lui manque. J'ai adoré voir Corwin louvoyer entre les différents lieux où il se trouve et les différents personnages qu'il croise pour au final toujours retomber sur ses pieds, à savoir poursuivre sa quête de vengeance et de justice, du moins telle qu'il la voit.



L'auteur joue toujours autant sur la figure du héros qui n'est un héros que selon la personne qui le regarde. On découvre ainsi que Corwin n'est pas très apprécié dans les autres réalités où il passe. On découvre qu'Eric n'est pas tellement détesté par les autres membres de sa famille puisqu'il protège leur royaume. Tout est question de point de vue et j'aime cette subtilité dans l'écriture des membres de cette famille où aucun n'est celui qu'on croit au début mais se révèle bien plus complexe.



Il y a aussi de la part de Zelazny une facilité fascinante dans son écriture du système de magie qui a cours dans la saga. Lors des pages et des pages où l'on suit Corwin qui traverse ou manipule les Ombres, je suis à chaque fois scotchée. J'ai presque l'impression qu'il froisse et défroisse les ombres comme je le ferai avec les pages de ce livre et qu'il les dessine et refaçonne comme il le ferait avec de la glaise. C'est bluffant. C'est la même chose avec la partie chevaleresque du récit. Les scènes de disputes et d'affrontement, voire de guerre et de bataille, sont hyper percutantes sans que l'auteur ait besoin d'en faire des tonnes et de s'étaler. Il va à l'essentiel et ça nous scotche comme devant un très bon film d'époque.



Mon voyage auprès des Princes d'Ambre n'en finit pas de me fasciner et de me passionner. Impossible de cerner ce héros qui a tout de l'anti-héros dans sa quête de vengeance qui peut l'emmener très loin. Impossible de cerner cette famille qui s'aime et s'entre-déchire sans arrêt. Impossible de cerner cette magie tellement changeante mais toujours fascinante. J'adore cet univers et je suis scotchée par ce que l'auteur arrive à faire à chaque en terme de densité de récit et intensité d'émotions en si peu de pages !
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Route 666 (Les Culbuteurs de l'enfer)

Un titre pareil fleure bon l'horreur satanique à deux ronds cinquante. C'est déjà mieux que la première édition française de 1974, Les culbuteurs de l'enfer, qui, elle, sentait la nique tout court.

Perdu (ou dommage, c'est selon), ni épouvante ni classé XXX. Mister Z nous embarque dans du post-apo “à la Mad Max”. Guillemets de rigueur, Route 666 est sorti dix ans avant que Mel Gibson ne taille la route à l'écran.





Damnation Alley paraît en 1967 sous forme de novella (machin flou quelque part entre la très longue nouvelle et le très court roman), avant de devenir un roman deux ans plus tard. de l'aveu de Zelazny, la première version est meilleure que la seconde.

Le bouquin a été adapté au cinéma en 1977 (Damnation Alley en VO, Les survivants de la fin du monde en VF, gros nanar dans toutes les langues), violé et transformé en film de zombie pourri en 2001 (Road 666) – faudrait être aveugle et débile pour ne pas capter où le scénariste est allé piocher son pitch…

Sans constituer un titre majeur de la biblio de Roger “Princes d'Ambre” Zelazny ni une oeuvre fondatrice du genre – on trouve déjà de l'holocauste nucléaire, de la peste et des pérégrinations routières chez Wilson Tucker dans The Long Loud Silence (1952) – Damnation Alley a marqué les esprits et la science-fiction. En vrac, la série de romans câblé de Walter Jon Williams, Fallout dans le domaine du jeu vidéo, le personnage de Snake Plissken, ainsi qu'une franchise de films qui a eu son petit succès : Mad Max. Sans parler des hordes de pillards venus picorer des idées en loucedé pour leurs romans/films/séries. On a vu pire destinée.





Le roman n'est pas exempt de défauts, à commencer par son titre français. Allusion à la route 66 qui traversait les trois quarts de l'Américanie de Santa Monica à Chicago et vice-versa, parsemée d'embûches infernales dans cet univers d'apocalypse : une highway to hell qui ferait plaisir à AC/DC. de 66 au chiffre de la Bête, il n'y a que six pas. Sauf que la traduction ne me paraît pas judicieuse et source de contresens. A l'époque où Zelazny a écrit son roman, il existait une vraie route 666 qui reliait l'Arizona, le Colorado, le Nouveau-Mexique et l'Utah. Elle a changé de nom depuis à cause de sa numérotation connotée mauvais genre. En attendant, Zelazny n'aurait pas (et n'a pas, si j'en crois le texte en VO) employé ce chiffre, qui eût été source d'erreur. Perso, quand j'ai lu la quatrième, je me suis demandé comment Hell Tanner comptait aller d'ouest en est en suivant une route orientée sud-nord.





Hell Tanner, tant qu'on en parle… Anti-héros par excellence, bad guy qui pourrait attirer la sympathie s'il n'était pas un criminel violent, trafiquant, meurtrier, violeur, tout content de posséder un poignard SS… Un CV et un casier longs comme l'organe de Siffredi. Au bout d'un moment, plus moyen de jouer sur le romantisme du Hell's Angel, motard et brigand libre comme l'air. le type est un tel fumier qu'on a envie de le voir crever au bout de dix pages… et il va falloir le supporter encore deux cents autres.

Même si on se doute que le trajet aura valeur de quête rédemptrice, comment veux-tu racheter un type pareil ? Zelazny a tellement chargé la barque d'entrée qu'il est impossible de s'identifier à Tanner. Même s'il essaye de corriger le tir et d'humaniser le personnage par la suite – thème classique de la quête, du voyage et de la route qui te transforment –, non, je n'ai jamais réussi à oublier qui il était au départ (viol et torture, hein, pas le petit délinquant au coeur d'or sous sa carapace de gros dur).





Reste enfin le cas des inserts destinés à gonfler la novella en roman. Après coup, Zelazny reconnaîtra qu'ils n'ont pas été la meilleure trouvaille de sa carrière. Il a raison, l'animal.

Ces passages situés dans la ville de destination, Boston, sont censés servir à augmenter la tension. La situation part en vrille, restera-t-il quelque chose ou quelqu'un debout quand Tanner pointera le bout du nez ? C'était la théorie… En pratique, des flashes pas utiles voire contre-productifs. D'une part, l'épopée de Tanner en devient hachée et perd en tension dramatique. D'autre part, il ne sait rien de ce qui se passe à Boston (le texte insiste assez sur l'impossibilité de communiquer à longue distance) et il aurait été plus malin de laisser le lecteur dans la même situation. L'inconnu aurait mieux valu que la dilution.





Route 666 mérite pourtant le coup d'oeil. Entre aventure et monde aussi hallucinant qu'halluciné, les qualités du texte rattrapent ses défauts. de l'action, du vroum-vroum, du pan-pan, de l'humain aussi, quelque part entre le salaire de la peur et Au coeur des ténèbres, les radiations en plus.

Le roman retranscrit la hantise nucléaire des années 50-60, époque où tout pouvait péter du jour au lendemain. le coup de gueule de trop entre Soviétiques et Américains et paf ! ça partait. Quand Zelazny écrit Damnation Alley, la crise des missiles de Cuba est encore dans toutes les mémoires (excepté celle de JFK, étalée sur le capot de sa voiture).

La thématique a nourri beaucoup d'auteurs. Il est amusant de constater avec le recul que ce qui les chagrine n'est pas tant la disparition possible de l'humanité que la fin de la civilisation organisée. La mort est moins grave que le bazar… L'humanité et son sens des priorités… C'est d'ailleurs ce qui motivera Tanner. Il n'a pas sa place parmi la société des hommes… mais encore moins parmi les chauve-souris mutantes qui peuplent les villes mortes qu'il traverse. Mû par la préservation de son petit univers à lui, du monde qu'il connaît, même s'il le déteste, vive l'altruisme…





Récit estampillé guerre froide mais pas que. Route 666 emprunte au roman de chevalerie. Tanner, chevalier noir qui aurait troqué l'armure et le palefroi pour un blouson de cuir et une moto. Un chevalier et sa monture, comme ils disent dans K2000… et “l'enfer le suivait” (ça, c'est dans la Bible, passage des Quatre Cavaliers), il ne se prénomme pas Hell pour rien. le road-trip tient de la quête arthurienne. A défaut d'apporter la lumière divine par le biais du Graal, le triste sire Tanner a pour mission de sauver, gagnant au passage le pardon pour ses crimes (au moins sur le papier).

Western aussi, avec ses grands espaces sauvages, sa version post-apo de l'attaque de diligence et son cow-boy solitaire. On retrouve le même phénomène d'inversion qu'avec le roman de chevalerie : ici, Tanner se dirige vers l'est. Western d'un nouveau genre, comme le spaghetti qui émerge à la même époque au cinéma, où il n'est plus question que le gentil shérif aux bottes immaculées fasse triompher l'ordre et la loi pour le bien commun. Tanner incarne la violence, l'amoralité, les motivations individualistes, l'absence d'attaches, la marginalité. Bref un héritier du Conan de Robert Howard, lequel n'a pas seulement fondé l'heroic-fantasy mais a aussi marqué en profondeur la notion d'anti-héros.

Héritage enfin des épopées classiques, L'Odyssée et L'Enéide, road-trips post-apo avant l'heure (des histoires de vadrouilles après la destruction totale d'une cité, ça colle à la définition). Tempêtes, tornades, pluies de rochers, zones irradiées, monstres mutants géants, char d'assaut en guise de cyclope, le menu de Route 666 n'est pas sans rappeler celui des grands chefs Homère et Virgile.





Court et pêchu, Route 666 vaut surtout pour ce qu'il y a sous le texte et en dehors. En dessous, une définition du post-apo qui ne se limite pas à la science-fiction où on a coutume de le cantonner. Genre transversal et touche-à-tout, qui tient ici autant à la SF qu'à la fantasy, au western, à l'épopée, au roman de chevalerie : une chanson de geste moderne.

En dehors, une postérité assez conséquente pour que le bouquin ait donné l'impression de fonder un genre, celui du road-trip post-apo. S'il existe des précédents qui battent cette idée en brèche, il n'en reste pas moins que Damnation Alley en est devenu le canon, donc un incontournable.
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Le songe d'une nuit d'octobre

Feu Roger Zelazny à fait publier son roman en 1993 et la traduction française à suivi de peu, en 1995. Peut-on alors s'avancer en parlant de modernité? le roman semble en effet avoir était écrit en 2017 alors que la vague du stream punk, des animaux de compagnies sont en vogues et le roman semble refléter une soirée enquête comme pourrait les pratiquer les rôlistes d'aujourd'hui. De plus le vocabulaire employé n'est pas très riche (mais on en reviendra un peu plus tard car il y a selon moi une raison à cela).

Le topo: Des animaux de compagnie, tous différents les uns des autres, secondent leurs maîtres (qui appartiennent à la culture littéraire de la fin XIXème, au début XXème en passant par des films du début du cinéma d'épouvante) dans le plus étrange des jeux: ouvrir ou fermer un portail sur une créature des plus abominable qui soit (Voyons ici une référence à H.P. Lovecraft). Seulement au début du jeu, aucun ne sait le nombre des participants, leurs emplacement géographique et si ces derniers sont ouvreur ou fermeur. Seul est connu la date le 31 octobre (jour d'Halloween) et les objets qu'ils faut rapporter.

Ce roman est un peu pauvre à mon goût, l'auteur n'a fait que survoler l'idée et des choses mérite d'être approfondie. Les références sont quelques fois pas assez pousser. Et le vocabulaire assez pauvre pourrait rebouter ceux qui possède une culture littéraire (sans prétention aucune). Il y a quand même du bon dans tout cela, le vocabulaire peut se justifier car celui-ci est prononcer par des animaux de compagnie (un animal ne connaît pas beaucoup de vocabulaire). J'ai aussi apprécier la certaine nonchalance des personnages qui parfois est tourner à l'absurde selon les conversations.

Pour conclure, le roman reste à lire avec plaisir mais si vous voulez du littéraire passer votre chemin ...
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Le Cycle des Princes d'Ambre tome 1 : Les n..

Un homme se réveille séquestré dans un hôpital psychiatrique. Il a perdu la mémoire, et ne sait ni sur quels ordres il est emprisonné, ni pourquoi. C'est la ruse qui l'aidera à retrouver le nom et l'adresse de sa sœur, celle qui l'a fait interner, et à s'évader... Les souvenirs vont commencer petit à petit à refaire surface lorsqu'il se retrouvera face à elle... Il s'appelle Corwin, il est l'un des neuf princes d'Ambre qui se battent depuis des siècles pour le trône laissé vacant à la mort de leur père, Oberon. Et c'est son frère Éric qui l'a exilé en Ombre-Terre, dans le but de se débarrasser de son concurrent le plus sérieux...



Le premier mot qui me vient à l'esprit lorsque je repense à cette lecture, c'est ORIGINALITÉ. Pour moi, dans ma modeste vie de lectrice avide, beaucoup de choses dans ce premier tome du Cycle des Princes d'Ambre sont du jamais vu. Que ce soit la ville d'Ambre , terre réelle dont tous les autres univers parallèles découlent et n'en sont que l'Ombre, ou bien la magie qu'ils utilisent à travers les Atouts, ou encore l'existence de cette ville-miroir, Rebma, dans laquelle chaque événement a une incidence sur Ambre... Nous découvrons une famille digne de Game of Thrones, aussi cruelle, sans cœur et sans pitié, et aussi fins stratèges... Et nous découvrons tout ceci petit à petit, au fil des souvenirs retrouvés de Corwin, qui est loin d'être le seul personnage auquel on s'est attaché tout au long de l'ouvrage...



Ce premier tome a tout pour plaire, il est original, ça je l'ai déjà dit, mais bourré d'action, et tellement surprenant qu'on a du mal à le lâcher, on veut absolument savoir quelle découverte, quel souvenir nous pourrons lire à la page suivante. Et là je peux vous dire que j'ai hâte de parcourir la suite du cycle !
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L'oeil de chat

J'ai du mal à savoir ce qui est le plus fascinant dans ce livre : son héros, ou la manière qu'a l'auteur de traiter son histoire. En fait, les deux sont en telle résonance que la question me paraît stupide au moment même de l'écrire (soupir).



Tiraillé entre héritage navajo et pensée moderne, pâtre des collines de l'Arizona, un peu chamane, chasseur interstellaire impitoyable, dernier de son clan, étranger parmi les siens, solitaire, voeuf, Billy Black Horse Singer a tout vécu, mais n'a rien résolu. Ce roman apparaît comme la résolution de Billy Singer, intérieure.



C'est aussi un thriller plein de suspens, une course-poursuite tant géographique que mentale, qui finit en terre et imaginaire Navajos (l'occasion rêvée de me documenter un peu sur l'histoire et les mythes – moi qui croyais qu'ils étaient les descendants culturels des peuples des Pueblos – ça m'a donné aussi envie de visiter le canyon de Chelly). Mais Cat, la némésis, le métamorphe impitoyable et joueur, qui apparaît comme un double de Singer, et comme l'incarnation d'une culpabilité, est-il son véritable ennemi, son « chindi » ? (eh bien, vous le saurez en lisant ce livre, etc.)



Sur la forme, Zelazny intercale dans une narration classique au style épuré, avec des dialogues ciselés, des légendes navajos, des extraits d'actualités, des petits poèmes ou des expériences télépathiques rendues en prose. Mais cela se semble jamais gratuit. Les expériences stylistiques ont chacune un rôle bien particulier. Les différents éléments se répondent, de manière subtile parfois (j'ai du passer à côté de beaucoup de choses – le livre doit mériter une relecture). Il y a toujours des éléments qui contribuent à l'histoire. Et beaucoup d'humour.



D'ailleurs peu à peu s'opère une sorte de fusion entre les légendes navajos et les événements du roman, assez déconcertante au début, et à tous les niveaux : stylistique, narratif, psychologique, symbolique, à mesure que le personnage se transforme intérieurement et qu'on entre avec lui dans une sorte de « transe ».



C'est aussi une histoire de science-fiction, avec le monstre cyclope qui donne son titre au roman, des télépathes, une projection dans l'avenir qui date du début des années 1980.



A lire avec un esprit très attentif, et ouvert sans doute (« non plein »). Et oui, définitivement, il mérite une relecture. le dialogue avec Margaret au début est épatant. La rencontre avec l'Indien aussi.
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Le Cycle des Princes d'Ambre, tome 5 : Les ..

Un tome qui clôt fort bien le premier cycle des Princes d'Ambre !

Hormis les problèmes de noms qui sont toujours là, j'aime beaucoup le style, à la fois de Zelazny et de la traduction !



L'humour qui avait commencé à être bien présent dans le tome 4 l'est toujours ici, malgré le fait que ce soit un tome "apocalyptique". Hugi l'oiseau bavard m'a bien fait rire ! Surtout ce que Corwin en fait, finalement...

L'apocalypse est magnifique dans les descriptions, les niveaux de gris remplaçant les couleurs et des paysages plus uniformes ceux riches des tomes précédents.



Les personnages, pères, frères et soeurs, fils, petite fille etc forment une famille attachante, finalement, et Corwin, d'assez odieux qu'il était en début de saga, devient ce qu'au fond il était déjà, un type bien. J'ai bien aimé comment il explique pourquoi il voulait le trône, d'ailleurs, cette sale bête !



Zelazny a un don pour mélanger philosophies, psychologie, fantasy, histoire, il donne l'impression de savoir énormément de choses. Une saga foisonnante sortant d'un esprit foisonnant et qui monte en puissance au fil des tomes, c'est vraiment que du bon !

Même si l'on se retrouve à la fin de ce tome aux cours du Chaos, on peut s'arrêter là. Bon étant donné que la bibliothèque m'a fourni les 10 tomes je vais les lire, mais si j'avais eu le choix, c'est peut-être ce que j'aurais fait.
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Seigneur de Lumière

[...]Un livre palpitant, foisonnant, riche en citations tirées des grands ouvrages fondateurs de la culture indienne, où l’on ne peut que prendre fait et cause pour ce héros particulier, ancien conquérant sous le nom de Siddharta, respecté sous le nom du Bouddha, adoré sous celui de Mahasamatman mais qui préfère désormais se faire appeler Sam. A la manière d’un Prométhée équivoque, il va provoquer le Panthéon, persuadé que sa chute sera la condition pour qu’une vie meilleure s’installe chez les humains. Certains vont le suivre, mais il lui faudra déployer des trésors d’ingéniosité et de persévérance pour espérer vaincre ses anciens pairs qui tiennent toujours à leur statut de dieux, enfermés dans le vaisseau qui leur sert d’Olympe inviolable. Intrigues retorses, alliances contre-nature, combats dantesques où les pouvoirs divins des Attributs se déchaînent, ce roman de fantasy sur fond de SF est une fresque baroque et passionnante qui demande tout de même un gros appétit de lecture (Zelazny, spécialiste des mythologies, n’est pas avare de phrases alambiquées). Mais le tout procure des moments d’une rare intensité, où les amours et les haines de ces super-héros cosmiques servent de toile de fond à une épopée élégante et maîtrisée. Sam, à l’instar du Richard Francis Burton dépeint par Farmer dans le Monde du Fleuve, devient instantanément un héros moderne, puissant mais vulnérable, mû par une volonté inébranlable et doué d’un charme irrésistible. Prix Hugo en 1968.[...]
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Le Cycle des Princes d'Ambre, tome 8 : Le s..

C'est dur pour moi de l'écrire mais je m'arrête là dans cette relecture bien trop poussive des Princes d'Ambre. Après un nouveau tome qui ne tient pas ses promesses et un arc qui s'est bien trop éloigné de la qualité de celui-ci d'origine, c'est trop pour moi. J'abandonne.



Quand on m'annonce un tome qui se passe dans l'univers pastiché d'Alice au pays des merveilles, je m'attends au moins à ce que cela tienne plus de 50 pages, or ici ce n'est pas le cas. Avec un début à grand renfort de personnages et créatures mythiques de ce livre et de situations absurdes, j'avais espoir mais non. Et c'était vraiment ce qui m'avait poussé à poursuivre l'aventure que je trouvais déjà poussive depuis deux tomes, alors j'ai eu un sentiment de trahison, d'arnaque, que l'intégration qu'un gloubiboulga d'héroïc fantasy à coup de donjon n'a pas suffit à faire passer ^^!



La suite n'est pas mauvaise en soi, elle est juste très très loin de la qualité des débuts. L'auteur se contente de reprendre des gimmicks connus et reconnus avec un héros qui ne sait plus sur quel pied danser pour faire confiance à ceux qui l'entourent. Qui est avec lui, qui va le trahir, c'est la grande question, mais comme les échanges sont on ne peut plus légers et pauvre donc ça ne fonctionne pas. Cela donne plutôt l'impression que le titre a perdu plusieurs degrés de maturité depuis le début...



Je me suis donc laissée portée par l'histoire pour tout de même finir ce chapitre et voir quelles nouvelles tuiles allaient tomber sur ce pauvre Merlin et son ami Luke, ce que les nouveaux personnages croisés allaient leur réserver et le rôle qu'allait jouer son invention, la Roue Spectrale. J'ai réussi à le faire sans déplaisir, suivant ses péripéties, ses mini-voyages, ses discussions autour de sa famille, des Marelles... Mais je referme le tome avec un grand sentiment de vide et vacuité, où je cherche encore et toujours l'intérêt de tout ça.



Définitivement, cette suite n'est pas pour moi. Je m'arrête donc là dans ses aventure Ambriennes.
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Le Cycle des Princes d'Ambre, tome 6 : Les ..

Les atouts de la vengeance constitue le premier tome de la seconde partie du Cycle des Princes d'Ambre.

On garde le décor et on change les personnages, tout en en conservant quelques uns.

C'est donc Merlin, le fils de Corwin, héros de la première partie qui est ici narrateur et une nouvelle intrigue débute.

Et l'on peut dire que cette histoire commence sur les chapeaux de roue puisque le personnage principal voit sa vie mise en danger chaque 30 avril tous les ans. D'abord un accident banal, puis de plus en plus, les coïncidences n'en étant plus, Merlin se pose des questions et finit par découvrir que quelqu'un lui en veut et projette de le tuer chaque année.

On suit donc ses pas dans ce qui peut s'apparenter à une enquête, dans laquelle il court lui même après son assassin, mais surtout après des réponses à la question principale: pourquoi veut t'on le tuer?

Toute la première partie du livre, concernant donc l'enquête, est plutôt passionnante. Mon intérêt retombera ensuite lorsque le suspect sera connu jusqu'à la dernière partie, où l'on reviendra enfin à la place d'un artefact qui semblait inoffensif et sans grand intérêt jusque là, mais qui se révèle être le centre de l'intrigue.

Ces objets si particuliers occupent une place essentielle dans le monde d'Ambre et pour la famille régente. En effet que ce soit les Atouts, la Marelle ou d'autres armes comme celle de Corwin dans le premier cycle, et ici l'objet en question, ceux ci joue un rôle important à la fois dans l'intrigue, mais également dans la constitution de l'univers d'Ambre. Ils en font intégralement partie et en définissent même certains principes.

Il n'est donc pas étonnant de voir le protagoniste, intimement lié à l'un d'entre eux.

Un bon tome, qui explore encore plus loin la mythologie d'Ambre tout en en proposant des aspects nouveaux, un attrait renouvelé par le biais de son personnage principal, et qui donne envie de découvrir la suite.

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Le Cycle des Princes d'Ambre tome 1 : Les n..

Classique parmi les classiques, les neuf princes d’Ambre de Roger Zelazny fait partie des piliers de la fantasy des années 70. Famille royale, quête et vengeance… Le résumé a tout pour séduire ! C’est d’autant plus appréciable qu’il est, contrairement à beaucoup d’autres œuvres du même acabit et de la même époque, remarquablement court.



Le récit repose sur des mécaniques somme toutes bien connues mais fort efficaces ! Nous commençons de manière très mystérieuse l’histoire. Un amnésique tente de s’échapper de l’hôpital où il est enfermé. Il y parvient et le seul indice de sa vie passée est la personne qui l’a mis sous les verrous : sa sœur. Nous suivons donc Corwin, dont le parcours sera ponctué par le retour de sa mémoire. On découvre qu’il a ni plus ni moins laissé une quête en cours, et pas n’importe laquelle. La quête de son identité se mue petit à petit aussi bien en quête de pouvoir qu’en quête de vengeance. En effet, Corwin appartient à une auguste famille qui règne sur le Royaume d’Ambre. Composée de beaucoup de membres, notamment les 9 princes qui donnent le titre du roman.



On découvre ainsi la formidable énergie qui anime notre personnage principal. De SDF, il passe à chef de guerre. Son objectif : affronter son frère, Eric, qui tente de s’accaparer la couronne de la Cité d’Ambre, le seul monde stable face à des milliers de copies appelées Ombres. On apprécie la grande détermination de Corwin, qui parvient à convaincre quelques membres de sa vaste et colorée fratrie de l’aider dans sa quête (mal entamée). C’est un héros désabusé et qui fomente beaucoup auquel nous avons affaire. Mais il est aussi profondément cynique et désabusé, avec un zeste de compassion. En bref, un personnage remarquablement bien construit et nuancé qui éloigne ce roman des grands classiques du genre pour lui donner un goût particulier.



Ce premier tome réussit l’incroyable exploit de révéler beaucoup de choses et en même temps très peu. Que sont les Princes d’Ambre ? Pourquoi sont-ils dotés de capacités extraordinaires ? Pourquoi diable se lancent-ils en quête du trône car le pouvoir ne semble pas être la motivation première ? A vrai dire, on a juste quelques indices qui trainent de ça de là mais rien de bien définitif. Du coup, on a bien envie de savoir la suite. Ceci dit, l’auteur pose très bien les bases de son univers et lui construit une diégèse captivante. Il y a pas mal d’ésotérisme et de la magie au fonctionnement unique en son genre. Par exemple, chaque membre de la fratrie possède un jeu de tarot à l’effigie des membres de leur famille, ce qui leur donne un aspect cérémonieux et leur accorde des capacités spéciales. Le passage entre les différents mondes est très travaillé. C’est qu’on fait dans le multivers, ma bonne dame. Il y a beaucoup de détails, étrangement vagues, qui donnent à cet univers littéraire un goût particulier.



Le tout est bien ficelé dans un roman court au rythme haletant. Roger Zelazny fait dans la générosité, pas forcément dans la subtilité. On a finalement des épreuves assez classiques du roman de fantasy des années 70 : un héros amnésique, des batailles, des querelles politiques et familiales, de la magie fort mystérieuse, des couteaux dans le dos… Mais des éléments accrocheurs et menés tambour battant ! C’est simple, le roman est prenant et ne nous laisse pas une seconde de répit. L’écriture est globalement directe, mais peut se faire plus poétique dans des moments de contemplation ou d’émotions. Car oui, Corwin le cynique passe de mauvaises périodes. Notamment lors d’un choix scénaristique audacieux qui ne manque pas de piquer la curiosité. Mon regret dans ce rythme haletant : le peu de place accordé aux personnages secondaires, qui même s’ils sont bien définis, auraient besoin de quelques pages en plus pour gagner du corps.



Malgré une narration particulière, Les neuf princes d’ambre nous plonge dans une histoire envoûtante. Ésotérique et imprécise, la saga ne plaira pas aux amateurs de systèmes de magie calculés au millimètre ! Au contraire, Roger Zelazny propose un monde qui suit des règles qui lui sont vraiment propres et semblent opaques. Le rythme est tambour battant, porté par une première personne qui permet d’être aussi direct qu’immersif. C’est un récit à la fois vieux, avec des points d’intrigue conventionnels (amnésie, quête de pouvoir, magie…) et des idées plus originales (magie étrange et poétique, personnages à la moralité grise…).
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Le Cycle des Princes d'Ambre, tome 4 : La m..

Comme à chaque tome, intrigue et affaires familiales vont venir dynamiter cette lecture et la rendre ultra addictive, même s'il faut reconnaître aussi quelques longueurs qui à force se font sentir dans ce récit qui commence à être aussi long que les intrigues imaginées par les uns et les autres pour prendre le pouvoir.



Zelazny pense à ses lecteurs qui ne vont pas lire son histoire d'un trait et prend le temps à nouveau dans ce tome à plusieurs reprise de resituer les nombreuses ramifications de son histoire. Nécessaire car à force de suivre les multiples plans des uns et des autres, leurs retournements de vestes, leurs disparations et réapparitions, il y a de quoi se perdre. C'est passionnant mais parfois un peu trop alambiqué pour pas grand-chose.



Cependant, on ne peut que reconnaître au monsieur un véritable talent pour nous embarquer sur les multiples chemins d'Ambre et rendre la conception de cet univers de plus en plus fascinante au fur et à mesure qu'elle devient plus labyrinthique. Dans ce tome, c'est la fameuse Marelle qui intéresse notre petit monde et à travers elle Ambre. J'ai beaucoup aimé suivre notre héros, Corwyn, sur les chemins tortueux de la vérité, à la recherche de la compréhension de ce qui se passe. Il va ainsi nous en apprendre de bonnes sur cet univers et ce qui se cache derrière certains accrocs et personnages présumés disparus. Passionnant.



L'intrigue est en plus fort dynamique car le héros, en plus de ses recherches, doit toujours tenter d'échapper à ses frères et soeurs qui cherchent à l'éliminer et à passer devant lui pour récupérer un certain joyau afin de contrôler Ambre et la Marelle. J'ai adoré ce jeu de chat de la souris qui s'opère entre eux et la découverte de nouveaux opérateurs : Martin et Dara. L'auteur met toujours au coeur de l'histoire la nombreuse famille de Corwyn mais avec un beau focus sur Brand et quelques pages bien senties à nouveau sur Benedict. Il y a ainsi toujours un sentiment de mythe arthurien avec ces personnages et leurs trahisons, tel l'entourage d'Arthur et sa célèbre table, nous faisant bien tourner en bourrique autour de cette figure fantomatique d'Oberon, main cachée dirigeant tout à la Merlin. C'est assez fascinant.



On ne voit donc pas défiler les pages entre la mission que s'est fixée Corwyn, les révélations qu'il fait, les menaces qu'il cherche sans cesse à éviter et cet univers qui continue de déployer ses mystères. Ainsi, même si au final, l'intrigue avance assez lentement dans ses résolutions et est surtout constituée de petits faits anecdotiques, on sent une vaste toile se former à partir d'eux, ce qui fait que notre esprit bouillonne.



Zelazny a vraiment le petit truc pour nous passionner avec cette intrigue politique et familiale dans l'univers atypique d'Ambre et ses règles tellement contre intuitives parfois. La magie du lieu, ses règles, fascinent et ont probablement inspiré bien des lecteurs et des auteurs, à l'image de J.K. Rowling dont je suis sûre qu'elle a piqué ici la scène du jeu d'échec, tant ce qui se passe sur la Marelle rappelle une célèbre scène du premier tome de sa saga ^^ Ambre est et fascine toujours même plus de 20 ans après sa découverte en ce qui me concerne !
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24 vues du mont Fuji, par Hokusai

Une novella d’un auteur que je découvre par la même occasion, parue en 85 et rééditée au Belial, avec une très belle couverture d'Aurélien Police.



On suit la promenade philosophique et artistique d’une femme, engagée dans une marche autour du Mont Fuji, sur les traces de son mari décédé.

Au gré de 24 estampes d’Hokusai, elle retrouve les endroits où ont été réalisées chacune d’entre elles, et par la même occasion elle se rapproche de son mari.

Que cherche t-elle ? Des souvenirs ? Des voix ? Une intuition ? Le retrouver ?



Je vous conseille de savourer cette novella avec les estampes à côté de vous. C’est une promenade artistique et mélancolique qui se lit ici, avec un va et vient constant entre estampe et réalité, qui redonne vie aux estampes. C'est comme si vous les voyiez se mouvoir devant vos yeux et devenir un décor réel. Une sorte de métaphore de l'art qui sort du cadre…



24 vues, pour les 24 saisons japonaises, peut-être; c’est une plongée dans l’âme et la culture japonaises qui s’offre au lecteur. Beaucoup de références littéraires aussi, et un attachement viscéral à l’environnement naturel qui nous entoure.



Peu à peu la promenade devient fantastique et cyberpunk : on comprend alors le sens de la quête menée par le personnage principal, qui donne à la seconde moitié du texte une tonalité plus macabre et dangereuse, que je vous laisse découvrir…



Une lecture qui m’a plu, malgré un ennui qui commençait à se faire sentir à la fin de la première partie. Toutefois, la seconde redynamise la novella et lui donne une tonalité fantastique que j'ai bien aimée et qui m'a tenue en haleine.

Cette novella m'a donné envie de lire d’autres romans de l’auteur, plus connu pour ses grands cycles romanesques. Je ne regrette pas d’avoir commencé par ce petit texte poétique et plein de secrets.
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La pierre des étoiles

Ce petit roman est dans la veine humoristique de Zelazny . L'aventure de Fred Cassidy ,étudiant éternel et acrophile ,qui se voit poursuivi par des tueurs , le FBI ,des ET pour une raison mystérieuse (un artefact extraterrestre de grande importance diplomatique) est assez réjouissante . L'auteur s'y entend à merveille pour embrouiller le lecteur et le surprendre (la bière inversée change de qoût ,le saviez-vous?) . Ce n'est pas toujours d'une cohérence extrême mais plaisant à suivre . Les ET "déguisés" en wombat ,kangourou,âne ,etc m'ont rappelé ceux de "Men in black" .
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Route 666 (Les Culbuteurs de l'enfer)

J'ai eu du mal à rentrer dans ce roman de SF post-apocalypse.

Le héros est un gros antipathique - Hell's Angel badass en prison pour viols, meurtres, etc mais prêt à risquer sa vie pour sortir de prison et parcourir la route 666, de L.A. à Boston, dans un monde ravagé par une guerre nucléaire. Route où peu survivent, car remplie de dangers en tous genres, un vrai catalogue :))

Et puis j'ai essayé d'évacuer tout ce que cela m'évoquait (l'armée des 12 singes, Mad Max et autres) et j'ai suivi l'histoire avec de plus en plus de plaisir, malgré le côté 1er degré un peu trop présent, et quelques exagérations.

Et j'ai souri avec le dernier paragraphe (la statue).

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Le Cycle des Princes d'Ambre tome 1 : Les n..

Œuvre la plus célèbre et ambitieuse de Zelazny, la vaste saga d’Ambre se compose de dix tomes (quatre autres furent ajoutés par divers auteurs après le décès de l’écrivain qui avait envisagé trois cycles romanesques) divisés en deux cycles de cinq volumes chacun. Le premier, entamé en 1975, s’est poursuivi jusque 1980 sous l’intitulé de « Cycle de Corwin ». En 1986 Zelzany débuta un second cycle dit « de Merlin » moins réputé.

Ambre constitue le seul monde authentique, dont tous les autres, dont la Terre, ne sont que le pâle reflet. Ambre est dominée depuis des éternités par une famille royale toute puissante sous l’autorité d’Obéron, aujourd’hui disparu. Un amnésique, Carl Corey, se réveille dans une clinique privée. Il s’enfuit et trouve refuge chez sa sœur qui lui apprend qu’il est en réalité un des neuf princes du royaume magique d’Ambre. Tous s’affrontent afin de s’emparer du trône.

En 200 pages très denses Zelazny ne laisse aucunement le temps de souffler au lecteur et démontre l’évolution de la Fantasy : aujourd’hui un écrivain tirerait (à la ligne) surement un bon millier de pages de cette histoire touffue. Mais ici pas de temps morts, pas de description et peu d’explications : le lecteur se trouve plongé dans un univers radicalement différent qu’il va explorer avec le héros (l’amnésie constituant le prétexte pour dévoiler Ambre au principal protagoniste). Bien des clichés de la Fantasy sont également instaurés ici : les combats entre différents héritiers royaux, le jeu de Tarot aux propriétés mystérieuses, la vengeance façon Monte Christo des derniers chapitres, les univers multiples.

Certains passages paraissent étranges, le lecteur sera parfois dérouté, il devra s’accrocher lors de la présentation, très succincte, des différents princes mais, dans l’ensemble, LES 9 PRINCES D’AMBRE constitue une lecture aisée, prenante, très abordable (y compris pour les néophytes en Fantasy) qui pose agréablement la situation et se termine par un cliffhanger donnant immédiatement envie de poursuivre la saga.


Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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