La montagne s'obscurcit
prenant le pourpre éclat
des feuilles d'automne
Buson
Qui suis-je …
Qui suis-je, lorsqu’une pensée profonde me
visite et que je m’attarde sur elle, recueilli,
les yeux fermés ?
Ce point d’où part le sommeil en moi,
la perte de conscience :
cœur de toute création et du rêve,
comment le rejoindre autrement qu’en défaillant ?
Le soleil couchant
s'attarde sur la queue
du faisan doré
Buson
La goutte ne sait pas qu’elle est goutte…
La goutte ne sait pas qu’elle est goutte
puisqu’elle est dans la mer.
Mais, goutte, elle ne sait pas non plus la mer.
Qu’est-ce que j’ai déjà en moi et ne sais pas que j’ai déjà ?
Qui n’y sera plus de la même manière quand je le saurai …
Le papillon bat des ailes
comme s'il désespérait
de ce monde
Issa
p.74
Là où je vis
Il y a plus d'épouvantails
que d'humains
Chasei
De toutes choses, la lumière est la plus invisible.
p.36
Même poursuivi
Le papillon
jamais ne semble pressé
Garaku
Oh qu'ils sont verts
les filaments du saule
sur les eaux glissantes!
Onitsura
La feuille jaunie a déjà perdu de sa vigueur sur l'arbre.Mais c'est le soleil, l'or du soleil qui la dessèche et finalement la précipite.
Rien ne dit
Dans le chant de la cigale
qu'elle est près de sa fin
Bashô
Délice
De traverser la rivière d'été
sandales en main
Buson
La longue journée--
Mes yeux se sont usés
À contempler la mer
Taigi
Quand je me retournai
L'omme qui me croisait
s'était perdu dans le brouillard
Shiki
Au cœur du réel est une source, mince filet perdu ou force jaillissante, en sa joie bondissante, dont le murmure, la rumeur, parfois l’inoubliable chant m’invite. C’est le chant de Ce qui, pris dans le négatif, passe absolument le négatif auquel il s’est soumis. Le chant de la Force enclose dans le fini, l’emplissant, le comblant jusqu’au vertige, et qui l’emporte. Dans l’immobile de la forme, le chant de la Force disparue incessamment s’élève. Je suis là pour l’entendre. Il est l’origine, l’appel, l’impulsion de tout chant. L’instance toujours ouverte du rythme, la sourde trépidation d’un rythme englouti que mon propre chant libère, amplifie, célèbre. L’exultation muette qui m’attend[1]. »
Tant que tu peux revenir,
tu n'as pas vraiment fait le voyage.
On écoute les insectes
Et les voix humaines
d'une oreille différente
Wafû
Lire bien, ce n'est pas épuiser un texte, le laisser ne pas s'épuiser. Qu'il ne soit pas qu'un contenu, qu'on a tendance à vouloir épuiser.
Ne cherche pas qui tu es. Précède-toi.
p.19
Plus froide que la neige
La lune d'hiver
sur des cheveux blancs
Jôsô