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Vous-même ou un proche êtes en difficulté avec l?alcool ? Vous vous demandez pourquoi vous avez tellement envie de boire ? Comment reprendre le contrôle de votre consommation et de votre vie ? Si vous devez vraiment changer ? Si c?est possible ? Vous ne comprenez pas pourquoi votre proche s?alcoolise alors qu?il en connaît les risques pour sa santé ? Vous ne savez pas comment communiquer avec lui ?
Ce guide présente des outils d?information et d?évaluation, des adresses utiles, des suggestions et des exercices concrets pour accompagner votre réflexion.
De nombreux exemples, cas types et témoignages, vous aideront à sortir de votre isolement. le ton bienveillant des auteurs vous mettra en confiance pour entamer le chemin vers un changement positif.
LUCIA ROMO est professeur de psychologie clinique à l?Université Paris Ouest Nanterre La Défense, psychologue clinicienne et psychothérapeute d?orientation cognitivo-comportementale.
PIERLUIGI GRAZIANI est professeur des universités en psychologie clinique et psychopathologie à l?Université de Nîmes et d?Aix-Marseille, psychologue clinicien et psychothérapeute en thérapie comportementale, cognitive et émotionnelle.
Avec S. BALESTER-MOURET, S. LE ROCHELEUIL, CH. DE SAINT AUBERT.
Préface de Marc Hautekèete
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Par essence, les arguments en faveur du changement ne peuvent donc venir que de la personne elle même. C'est à elle d'amener ses propres arguments que le thérapeute l'encourage à développer et à tester, même s'il existe par ailleurs des raisons évidentes et objectives de changer qu'elle ne perçoit parfois pas.
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Le thérapeute se présente comme une personne disponible, acceptant l'autre et son ambivalence et le guidant dans sa réflexion sur ses pratiques. Ce n'est que lorsque le patient a clairement décidé le changement qu'il reprend sa "casquette d'expert" et propose les aides nécessaires.
L'approche transactionnelle du stress permet de considérer les prises ou les abus de substances comme des stratégies de coping, c'est-à-dire des tentatives d'ajustement au stress, des comportements visant à faire face et à s'adapter à des situations jugées stressantes. [...] La consommation de substances psychoactives peut être considérée comme une stratégie de coping dysfonctionnelle.
Il faut souvent plusieurs tentatives à une personne avant de parvenir à changer durablement ses comportements et chaque tentative constitue un apport d'expériences et d'informations qui donnent à la tentative suivante de plus grandes chances de réussite.
[...] c'est la croyance du pouvoir de la substance qui joue sur le comportement [...] Ainsi, des hommes buvant une boisson, qu'ils croient être de l'alcool, alors qu'il s'agit d'une substance placebo sans alcool, rapportent des comportements d'excitation sexuelle et d'agressivité. Comportements culturellement stéréotypiques de l'alcoolisation dans notre société. A l'inverse, lorsque des hommes boivent une boisson, qu'ils croient ne pas contenir d'alcool, mais qui en était pourvue, ne présentent aucun des comportements évoqués ci-dessus.
Le craving active alors des pensées permissives (autorisant l'accès au produit) pour assouvir l'addiction, donnant lieu à des croyances "soulageantes" (attentes de réduction de la détresse engendrée par le manque). L'ensemble de ces croyances favorise et maintient l'addiction.
C'est le message que nous avons envie de transmettre tout au long de ce livre. Si vous avez appris l'alcoolodépendance, sachez qu'il est impossible de l'oublier totalement. Comme tout apprentissage, conduire la voiture, par exemple, l'alcoolisme a aussi été mémorisé et reste à disposition. Si vous ne conduisez pas pendant dix ans, le jour où vous allez reprendre la conduite, les automatismes reviendront vite. Pour cette raison, on ne guérit pas totalement de l'alcoolisme, il est impossible d'effacer ce qui a été appris. Nous vous recommandons donc un contre-apprentissage alternatif et efficace, c'est-à-dire un changement "sain" du style de vie incompatible avec un comportement d'alcoolisation massive.
Consommer est aussi un apprentissage par essais et erreurs. Le constat d’une exagération, du non-respect de la quantité attendue et des conséquences désagréables permet de renforcer la règle de comportement dans le sens d’une limitation de la quantité et d’une mise en garde future contre le risque de débordement. Les ivresses sont des expériences qui devraient alerter l’individu au sujet de sa consommation. « J’ai exagéré » est le résultat de l’interaction entre les règles intérieures, le comportement actuel et les conséquences des ivresses sur l’environnement social et physique (le corps).
Une femme qui abuse de l'alcool renvoie souvent une image très négative, une impression de déchéance morale et physique. Même si elle est très gaie et amusante en buvant, sa consommation est généralement mal perçue. Elle préfère alors se cacher pour consommer. C'est ainsi que l'alcoolisme féminin est plutôt solitaire, à l'abri du regard des autres. La souffrance reste secrète. Demander de l'aide, se découvrir, en somme, devient un pas souvent difficile à faire. L'image négative que l'alcoolisme véhicule devient un obstacle à la démarche de consultations dans le service d'alcoologie.
Un effet de tolérance
Ce phénomène souvent, de façon paradoxale, rassure : "Je tiens bien, donc ça va", alors qu'il devrait plutôt inquiéter car c'est le signe d'une habituation. Elle est variable selon les individus. La tolérance concerne les effets psychotropes de l'alcool. Elle n'existe pas pour les effets gustatifs. Le plaisir du goût ne nécessite pas d'augmenter les quantités pour se faire sentir. En cela, la recherche du plaisir gastronomique comporte moins de risque que la recherche d'un effet psychotrope.
l'objectif est d'aider le patient à devenir son propre thérapeute et à développer des compétences pour identifier et gérer efficacement les situations à haut risque de rechute.