Citations de Pelham Grenville Wodehouse (415)
-- Quelle est la probabilité pour qu'un cobra morde Harold, Jeeves ?
-- Faible, j'imagine, Monsieur. Et si cela se produisait, connaissant ce garçon comme je le connais, c'est uniquement pour le serpent que je me ferais du souci.
-- Cependant, restons vigilants, Jeeves.
-- Très certainement, Monsieur.
Il est ce qu’il est. Voilà tout. Un individu sans menton, avec des yeux exorbités derrière ses lunettes et élevant des tritons dans sa chambre. On peut comprendre les sentiments d’Oncle Watkyn. Sa fille lui annonce qu’elle va se marier. « Ah, oui ? dit-il, eh bien ! jetons un coup d’œil sur le gars. » Et voilà Gussie qui s’amène : un coup dur pour un père !
-Un télégrame, Monsieur, annonça Jeeves en s'inclinant devant mon auguste présence.
-Ouvrez-le, Jeeves, et lisez-m'en le contenu. De qui est-il?
-Il est anonyme, Monsieur.
-Vous voulez dire qu'il ne porte pas de signature?
-C'est là précisément ce que je m'efforçais de faire comprendre à Monsieur.
Elle va fondre en larmes et vouloir m'embrasser. Une opération humide et désagréable, croyez-moi. Je peux comprendre que quelqu'un éclate en sanglots en me voyant. Je peux même admettre que quelqu'un excentrique puisse vouloir m'embrasser. Mais pas les deux en même temps. C'est contradictoire.
Je me rappelle encore l'époque où, si l'on avait demandé à Kid Beef (l'assassin de Hoboken) ce qu'il pensait de ses chances dans son combat imminent contre Boko Swat (la réponse du Bronx à la civilisation), il vous aurait déclaré: "C'con là, j'vais l'massacrer." Aujourd'hui, ce serait plutôt: "La question que vous me soumettez n'est en aucune façon de celles auxquelles on peut répondre facilement, car il faut prendre en considération un grand nombre d'impondérables. Il est, je me permets de le souligner, toujours malaisé de prédire, avant leur entrée dans l'arène, l'issue d'une rencontre entre deux poids welters parfaitement entraînés et fins techniciens. Permettez-moi d'affirmer, toutefois -mais il vous est, cela vous va sans dire, toujours loisible de rectifier mon opinion -que je crois pouvoir affirmer ma supériorité le vingt-quatre de ce mois. Mon entraîneur qui, et je le déplore amèrement, utilise volonté l'argot de notre profession m'assure que je vais casser la gueule à cet enfoiré."
Et la discussion reprit.
- Hein ! fit Orlando Flower.
- Hein ! contra Tommy Murphy.
- Hein ! réitéra Orlando Flower.
Il y eut un moment de silence, puis Tommy Murphy parla.
- Hein ! dit-il comme s'il venait de trouver une répartie nouvelle et originale.
La psychologie de ces deux jeunes furoncles était, pour moi, un livre scellé. Je ne pouvais suivre leur cheminement mental. Il me semblait que rien, absolument rien, dans ce dernier "hein !" ne différait des "hein !" qui l'avaient précédé. Mais ce ne devait pas être le cas car son effet sur le petit Flower fut immédiat. Rougissant sous ses taches, il se jeta sur Tommy Murphy, et ils roulèrent en une masse grouillante sur le sol.
Mon expérience m'a appris que, quand tante Agatha veut que l'on fasse quelque chose, on s'exécute, sinon on se retrouve à se demander pourquoi ces types des temps jadis ont fait tant d'histoires quand ils ont eu des ennuis avec l'Inquisition espagnole.
On m'a plus d'une fois laissé entendre, en effet, que je devrais bien me risquer à consigner mes souvenirs par écrit. "vous avez eu une longue existence, me dit-on. Vous avez l'air d'avoir au moins cent quatre ans.Vous pourriez sûrement en tirer un livre et vous remplir les poches".
Evidemment, c'est une idée, mais je ne vois vraiment pas comment la mettre en pratique. Il y a , en effet, trois conditions indispensables à l'autobiographie : l'auteur doit avoir eu un père excentrique, une jeunesse lamentable d'enfant incompris et avoir connu un véritable enfer au pensionnat.
Elle me regardait avec une pitié attendrie, comme si j’avais été un escargot qu’elle eût écrasé par mégarde.
-Mesdames, mesdames! intervins-je. Allons, allons, mesdames!
C'était là fort imprudent de ma part. Je m'en rends compte à présent. Dans ces occasions d'échanges d'amabilité venant de la fine fleur des salons, un homme devrait se fondre dans le décor, se rouler en boule et imiter la prudente tactique de l'opossum, qui, lorsqu'il y a du danger dans l'air, feint d'être mort, allant fréquemment jusqu'à suspendre du crêpe et demander à ses amis de faire cercle autour de lui en soupirant que tout cela est bien triste, mon pauvre monsieur.
"Eh bien, je...heu...", commença le comte. Il s'arrêta. En un éclair, comme quelqu'un qui vient d'avoir une vision, il s'était vu tel qu'il était vraiment -le descendant veule et désespérément indigne d'ancêtres qui, malgré tous leurs défauts, avait su en tout cas se faire obéir des domestiques. Du temps des précédents comtes d'Emsworth, on ne ménageait pas les "Tu murmures, manant?" et les "Arrive ici à l'instant, misérable valet!" Cela dit, ces gens-là possédaient certains avantages qui faisaient défaut au comte actuel. Indéniablement, dans les démêlés avec le petit personnel, il était fort commode pour un homme d'être le seigneur de droit divin ce qui, en gros, voulait dire que si votre jardinier en chef vous embêtait, vous aviez tout le loisir de le partager immédiatement en quatre jardiniers en chef avec votre hache de guerre sans que quiconque se mélât d'y trouver à redire.
Il arrive que les oncles trouvent leurs neveux difficiles à vivre et soient tentés de les comparer ( au désavantage des neveux) à ces jeunes hommes qu'ils connaissaient quand eux-mêmes étaient jeunes, mais rares sont les oncles qui ne peuvent fraterniser avec leurs nièces.
_ Mortimer, il faut que tu choisisses entre le golf et moi.
_ Mais, chérie, j'ai fait le parcours en cent un coups hier. Tu ne peux pas attendre d'un homme qu'il abandonne le golf quand il est au sommet de son jeu.
_Très bien. Je n'ai rien de plus à dire. Nos fiançailles sont rompues.
_Ne me laisse pas tomber, Betty, invoqua Mortimer, et il y avait dans sa voix un accent qui me fendit le coeur. Tu me rendrais tellement malheureux. Et, quand j'ai du chagrin, je slice toujours mes coups d'approche.
“I'm much too much the popular pet ever since I sang 'Every Nice Girl Loves A Sailor' at the village concert last year. I had them rolling in the aisles. Three encores, and so many bows that I got a crick in the back."
"Spare me the tale of your excesses," I said distantly.
"I wore a sailor suit."
"Please," I said, revolted.”
En rédigeant ce récit réservé à la consommation familiale, j'ai toujours eu pour but d'employer le mot juste à la juste place et d'éviter à mes lecteurs les phrases faibles et inexpressives quand ils sont en droit d'attendre une tournure énergique.
Je vais, à cette fin, reprendre la fin du chapitre précédent et corriger "apparut à la porte" en "se rua dans ma chambre". Donc, dans un éclair rouge, Esmond Haddock se rua dans ma chambre. Je ne sais pas si vous avez déjà vu un type se ruer. C'est en général l'apanage des chevaux de bataille, mais Esmond Haddock n'en était pas loin. Ses pieds bottés frappaient le tapis dans une sorte de danse rythmique, assez proche de celle de Poppy Kegley-Bassington, et il avait à peine besoin des cris de chasse dont il m'assourdit pour me dire que j'avais devant moi un oiseau aussi exultant qu'un oiseau peut exulter.
- Vous savez, Bertie, on devrait prendre certaines mesures à votre égard.
- Hein?
- Vous devriez être dans un certain genre de maison!
- J'y suis, répliquai-je avec froideur et non sans esprit, et c'est la mienne. Le point sur lequel je tiens à insister est le suivant : pourquoi vous y trouvez vous?
En femme elle évita la question.
-Qu'est-il arrivé? Êtes-vous tombé amoureux immédiatement?
-Oui.
-C'est arrivé comme un coup de foudre ?
-Oui.
-En un éclair ?
-Oui.
-Eh bien, c'est le meilleur moyen, n'est-ce pas ?
-Oui.
-Et vous avez gardé cela secret ?
-Oui.
-C'était son idée à elle, peut-être ?
-Oui.
-Elle voulait que vous ayez le temps de vous battre avec le monde et de lui arracher une fortune ?
-Oui.
-Et puis son noble père vous a découvert ?
-Oui.
-Et il vous court après avec une cravache ?
-Oui.
-Mrs. Shepley a été dérangée par les pigeons.
-Qu'est-ce qu'ils lui ont fait?
-Ils roucoulent sous sa fenêtre le matin.
-Eh bien, je ne vois pas ce qu'elle voudrait que j'y fasse. Je ne peux pas leur mettre des silencieux, n'est-ce pas? Quelque chose d'autre?
-Mr. Waugh-Bonner croit qu'il y a une souris dans sa chambre.
-Dites-lui de miauler.
Tuppy était affligé d'une de ces voix criardes qui prennent aisément les accents d'un couac de ténor de chorale paroissiale qui vient de rater son crescendo. Celle-ci se situait à mi-chemin entre la trompette du Jugement dernier et le rugissement du tigre réclamant son petit-déjeuner au lendemain de deux jours de jeûne.
Le jeune Bingo, voyez-vous, est de ces énergumènes qui, dès que leurs doigts se referment sur un manche de raquette, s'abîment dans une sorte de transe où leur horizon se borne au rectangle du cours. Si vous deviez annoncer à Bingo au beau milieu d'un set que des panthères dévorent son meilleur ami dans le potager, il se contenterait d'un "ah bon?" ou de quelque formule du même type.