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Citations de Paul Celan (387)


Fugue de mort


Extrait 3

Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons midi la mort est un maître venu d’Allemagne
nous te buvons soir et matin nous buvons nous buvons
la mort est un maître venu d’Allemagne son œil est bleu
elle te frappe d’une balle de plomb précise elle te frappe
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
il lance sur nous ses dogues il nous offre une tombe dans les airs
il joue avec les serpents et il songe la mort est un maître venu d’Allemagne


tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith
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Deiner Mutter Seele schwebt voraus.
Deiner Mutter Seele hilft die Nacht umschiffen, Riff um Riff.
Deiner Mutter Seele peitscht die Haie vor dir her.

L’âme de ta mère flotte devant toi.
L’âme de ta mère t’aide à contourner la nuit, récif après récif.
L’âme de ta mère fouette les requins devant toi.
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Rester là, tenir, dans l'ombre
de la cicatrice en l'air.

Rester là, tenir pour-personne-et-pour-rien.
Non-connu de quiconque,
pour toi
seul.

Avec tout ce qui en cela possède de l'espace,
et même sans la
parole.
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Je me suis…moi-même rencontré.
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Que pourrait être ce toujours-encore sinon une parole ? Non pas la parole, non pas du langage, et on peut penser que ce n’est pas non plus une parole « qui correspondrait », par un pouvoir initial des mots.
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Mais le poème, il parle ! Il garde la mémoire de ses dates mais enfin –il parle. Certes, toujours et seulement en son nom propre, le plus propre.
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Soleils-filaments
au-dessus du désert gris-noir.
Une pensée haute comme un arbre
accroche le son de lumière : il y a
encore des chants à chanter au-delà
des hommes.
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PSAUME

Personne ne nous repétrira de terre et de limon,
personne ne bénira notre poussière.
Personne.

Loué sois-tu, Personne.
Pour l'amour de toi nous voulons
fleurir.
Contre
toi.

Un rien
nous étions, nous sommes, nous
resterons, en fleur :
la rose de rien, de
personne.

Avec
le style clair d'âme,
l'étamine désert-des-cieux,
la couronne rouge
du mot de pourpre que nous chantions
au-dessus, au-dessus de
l'épine.
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La raison devait gouverner, les mots, et donc les choses, créatures et événements, recevoir à nouveau leur sens authentique (primitif), une fois purifiés par l’eau régale de l’entendement. Un arbre devait redevenir un arbre, et se branche, à laquelle au cours de cent guerres ont avait pendu les révoltés, une branche en fleur quand viendrait le printemps.
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la poésie elle aussi, plus d'une fois nous devance. Brûle nos étapes.
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Dés 1952, l'Allemagne s'ouvre à lui, ou du moins de cette année commence le chapitre difficile de ses relations avec l'Allemagne. (...) un voyage le conduit en mai 1952, à Niendorf près de Hambourg où il prend part à une réunion du "Groupe 47", un groupe de jeunes écrivains allemands que réunit une même soif d'un nouveau commencement et où il lira des poèmes. La rencontre proprement dite se déroule mal. Non seulement le passé historique dont il est issu le sépare complètement des autres participants, mais sa manière de lire, douce et musicale, va tout à fait à contre-courant de leurs habitudes. L'un d'eux, comme il le confiera plus tard à Hermann Lenz, aura même l'impudence de lui dire que sa diction rappelle celle de Goebbels.
Présentation - Paul Celan, de John E. Jackson
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PARTIE DE NEIGE, droit cabrée jusqu'à la fin,
dans le vent ascendant, devant
les cabanes à jamais
défenêtrées :

faire ricocher des rêves plats
sur la
glace striée ;

dégager au pic
les ombres de mots, les empiler par toises
tout autour du fer
dans le trou d'eau.

SCHNEEPART, gebäumt, bis zuletzt,
im Aufwind, vor
den für immer entfensterten
Hütten ;

Flachträume schirken
übers
geriffelte Eis ;

die Wortschatten
heraushaun, sie klaftern
rings um den Krampen
im Kolk.
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ILLISIBILITÉ de ce
monde. Tout, double.

Les horloges fortes
donnent raison à l'heure scindée,
à voix rauque.

Toi, coincé dans tes tréfonds,
tu grimpes hors de toi
pour toujours.

UNLESBARKEIT dieser
Welt. Alles doppelt.

Die starken Uhren
geben der Spaltstunde recht,
heiser.

Du, in dein Tiefstes geklemmt,
entsteigst dir
für immer.
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NATURE MORTE

Bougies avec les bougies, scintillances avec les scintillances,
lueurs avec les lueurs.

Et ici en dessous, ceci : un œil,
dépareillé et clos,
frangeant de cils le Tard qu'on voyait poindre
sans être le soir.

Devant, le Non-connu, dont tu es l'hôte ici :
le chardon sans lumière
dont l'Obscur fait cadeau aux siens,
depuis le Lointain,
pour demeurer inoublié.

Et puis encore, ceci, porté disparu dans le Sourd :
la bouche,
pétrifiée et les crocs refermés sur des pierres,
hélée par la mer
qui toutes les années roule vers le haut ses glaces.

p.101
Extraits, de seuil en seuil (von schwelle zu schwelle), Gallimard 1998.
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MANDORLE

Dans l'amande — qu'est-ce qui est dans l'amande ?
Le néant.
C'est le néant qui est et se tient dans l'amande.
Il est là et continue d'être.

Dans le néant — qui donc est là et se tient ? Le roi.
C'est le roi qui est là, le roi.
Il est là et continue d'être.

Boucle de juif, tu ne seras pas grise.

Et ton œil — vers quoi se tient-il ton œil ?
Ton œil se tient et fait face à l'amande.
Ton œil, c'est au néant qu'il fait face.
Il se tient et reste du côté du roi.
C'est comme ça qu'il est, tient, continue d'être.

Boucle d'homme, tu ne seras pas grise.
Amande vide, bleu roi.

p.193
Extraits, LA ROSE DE PERSONNE (DIE NIEMANDSROSE), Gallimard 1998.
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- Tu sais. Tu sais et tu vois : La terre s'est plissée, ici en haut, s'est plissée une fois, deux fois, trois fois, et s'est ouverte au milieu, et au milieu s'étend une eau, et l'eau est verte, et le vert est blanc, et le blanc vient de plus haut encore, vient des glaciers...
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AU JOUR

Ciel peau-de-lapin. Et toujours
l'écriture d'une aile indéchiffrable.

Souviens-toi, couleur
poussière :
moi aussi je suis venu
comme une grue.

p.101
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DANS LA LANIERE DE PRIERE BLANCHE -- le
Seigneur de cette heure
était
une créature d'hiver, c'est
pour lui plaire
qu'est arrivé ce qui est arrivé--
ma bouche grimpante a mordu, s'est accrochée, une fois
encore,
quand elle t'a cherchée, trace de fumée
toi, là-haut,
silhouette de femme,
toi en voyage vers mes
pensées de feu dans le gravier noir
au-delà des mots de scission à travers
lesquels je t'ai vue partir, haute
perchée sur tes jambes et
ta propre
tête
aux lèvres lourdes
sur le corps vivant de mes
mains
mortellement exactes.
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TERRENOIRE, terre
noire toi, désespérance
mère
des heures:

quelque chose qui de la main
t'est né et de sa
blessure ferme
tes calices.
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Les soirs se creusent
sous ton oeil. Recueillies
avec la lèvre, des syllabes - beau
cercle en silence -
guident l'étoile qui rampe
vers le centre. La pierre
autrefois proche des temps, ici s'ouvre
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