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Citations de Norma Dunning (16)


Le plus difficile, c’est de ne pas avoir le droit de parler à mes sœurs, sauf en français ou en anglais. Si une femme en robe longue m’entend leur parler dans la langue que j’ai toujours utilisée, je reçois des coups de ceinture de lui. Comme Papa qui battait les chiens quand ils manquaient de discipline.

(Mémoire d’encrier, p.146)
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Le lendemain de l’enterrement de Jimmy, je me suis rendu à la piscine pour la première fois après ma conversation avec le maire. La nage est devenue l’activité primordiale de mes journées. L’eau, c’est le seul endroit où je peux vivre mon deuil. Mon deuil à l’aube. L’étang de chlore où je peux remplir mes lunettes de natation de mes propres larmes. Il y a des jours où mes lunettes se remplissent vite. Et il y a des jours où les larmes que je verse à la mémoire de mon frère ne remplissent que très lentement les lunettes antibuée. La tête dans l’eau, je peux me permettre de gémir et de crier ma colère. Seul le fond de ciment de la piscine entend mes cris et voit mon visage crispé. Le fond de la piscine me regarde me tordre de douleur.
[Iniqtuiguti]
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Mais je sais que, peu importe ce qui se cache en chacune de nous, nos vraies natures ne nous quitteront jamais. On nous a appris à toujours savoir ce qui se trouve devant nous, ce qui se trouve derrière et ce qui se trouve juste à côté. On nous a appris à connaître le vent, la lune et les étoiles. On est Inuk. Ils ne peuvent pas nous enlever ça.

(Mémoire d’encrier, p.172)
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Le cancer n’a pas besoin d’être le centre d’intérêt de notre journée. On peut vivre et s’amuser et se chamailler et continuer à avoir une vie. Le cancer, après tout, n’est rien d’autre qu’un mot.
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On s’approche de la sortie du fond. Les rayons du soleil nous réchauffent à travers les fenêtres. C’est à ce moment-là que je le sens. C’est à ce moment-là que je sens le vertige de la liberté qui fait battre mon coeur et qui martèle jusque dans ma tête. La liberté, elle est partout en dedans de moi. Elle est dans mes yeux. Elle me chatouille le bout des doigts et je sens le rire qui cherche à surgir de ma gorge.
[Mes soeurs et moi]
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C’est aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est tout ce qu’on a. Aujourd’hui, c’est la seule chose qui compte. Penser à autre chose qu’à aujourd’hui, ça ne sert à rien.
[Mes sœurs et moi]
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Sedna, les mèches enroulées et nouées en amas de douleur, a ordonné aux autres Esprits de venir lui passer les doigts dans les cheveux. Ils se sont immédiatement exécutés. Leurs doigts, leurs pouces se perdaient dans sa crinière et la peignaient, c’était la meilleure manière de l’apaiser. Les Esprits le savaient bien. Elle s’est mise à gémir. Elle n’avait ni doigts ni pouce, ça ne rendait pas la vie facile.
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On n’avait aucun respect pour les aînés dans cet endroit. Ici, c’est eux qui avaient le dernier mot, pas lui. A la maison, les Vieux comprenaient tout. C’était simple. Ils savaient que le savoir des ancêtres avait été transmis aux Vieux par le lait maternel. Ça restait dans le sang. S’il était resté à la maison, on l’aurait traité avec pillurittitaq, avec le respect qu’on doit à celui qui mérite d’être choyé par les siens. Sa vie durant, il avait suivi la voix des esprits.
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On ne passe jamais vraiment à travers quoi que ce soit. On se contente d'aller de l'avant. Aller de l'avant pour pouvoir en rire. Aller de l'avant pour rester en vie. Aller de l'avant pour devenir vieux. Et quand il n'est pas là, tu peux te permettre de te souvenir pour de vrai, en sirotant un petit rouge de Kelowna et en fumant des clopes autant que tu veux. Après tout, c'est ça, être Inuit.
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On ne passe pas vraiment à travers quoi que ce soit. On se contente d’aller de l’avant. Aller de l’avant pour pouvoir en rire. Aller de l’avant pour rester en vie. Aller de l’avant pour devenir vieux. Et quand il n’est pas là, tu peux te permettre de te souvenir pour de vrai, en sirotant un petit rouge de Kelowna et en fumant autant de clopes que tu veux. Après tout, c’est ça être Inuit.

(Mémoire d’encrier, p.12)
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Ici, ils parlent français et anglais. Je ne sais pas ce que c’est, du « français ». je me contente de hocher la tête quand on me demande quelque chose.Puhuliak s’appelle désormais Suzanne. Hikwa s’appelle Margarite. Et moi, je suis Therese. Nus nous appelions Puhuliak, Hikwa et Angavidiak. Nous sommes maintenant trois filles différentes.
[Mes sœurs et moi]
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On s’arrête en même temps pour ramasser de la mousse et des brindilles. On n’entend que le son des oiseaux qui nous entourent. On ne voit que les buissons et les minuscules fleurs et le ciel le plus bleu qu’on puisse imaginer. On respire l’air frais de l’été et on se croirait millionnaires.
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Les jours se sont envolés. Les saisons changeaient peu à peu. Ici, sur l’île, les saisons semblaient plus lentes à céder leur place. Les feuilles prenaient leur temps pour changer de couleur. Les feuilles prenaient leur temps pour tomber. Les feuilles prenaient leur temps pour s’accumuler au sol et craquer quand on marchait dessus. La vie sur l’île était faite de cette humidité qui ne se pressait pas. (p.194).
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Annie s’est levé et lui a pris la main. […]. Deux Esquimaux en exil, le cœur brisé, flânant le long d’un quai en béton, une structure construite par des humains et non par la nature. Elle et lui, ils étaient la digue. (p.175).
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Suzanne, c’est le contraire. Elle est toujours assise bien droite. Elle sait comment faire bouger le bout de bois d’un côté à l’autre de la feuille blanche. C’est elle que les hommes en robe préfèrent. Ils lui disent qu’elle a un bel avenir devant elle, qu’elle ira loin. Mais pour aller où ? Ici, il y a trois étages. Il n’y a rien d’autre, nulle part où aller.
[Mes sœurs et moi]
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Je passe mon bras autour des épaules d’Elipsee et je dépose mon sourire dans ses yeux qui dansent.
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