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Citations de Max Jacob (166)


Avant l'aube,un chien aboie, les anges commencent à chuchoter.
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Plaintes d’un prisonnier
...
La muse est un oiseau qui passe
Par les barreaux de ma prison
J’ai vu son sourire et sa grâce
Mais n’ai pu suivre son sillon.

Adieu, muse, va dire aux hommes
Ce soir de fête en la cité
Que dans les prisons où nous sommes
On meurt de les avoir aimés.

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Le temps de l'éducation est bien court, puisque avant sept ans on n'a pas d'intelligence et qu'après quatorze ans ce qu'on en a est troublé par les passions.
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Max Jacob
Jardin mystérieux

Coquilles d'ailes ! feuilles mortes
entr'ouvrez-vous, lèvres d'insectes roux,
ce n'était pas des feuilles au pas de la porte,
c'est des insectes couleur d'acajou
parleront-ils ? s'élèveront-ils de la terre
et sur des briques vont-ils monter ?
Il a plu ! il a plu autour du presbytère,
J'attends ! j'entends le pas des cavaliers.

J'attends ! j'entends croasser les grenouilles,
J'attends ! j'entends le sifflet des crapauds
on a rampé sur les larges feuilles de citrouilles.
J'attends! j'entends tomber des goutes d'eau.

Le palmier nain défend avec ses lances
au jour trop clair d'approcher deux poiriers.
Qui donc a ri dans le soir qui s'offense ?
On a chanté. Ce doit être les menuisiers.
O vie ! ô mort ! O mystérieuse terre
Que caches-tu, que révèlent les soirs.
De quel trésor es-tu la trésorière ?
O vie ! ô mort ! ou sont tes réservoirs ?
On a chanté ! autour du petit orgue,
des filles chantres du chant grégorien
qui tous les soirs au milieu du pré d'orge
mêlent leur âme au poème chrétien.
L'une a le livre et l'autre la pédale.
J'attends! j'entends que la plante me parle.
J'attends un regard des fleurs qui vont mourir.
Pétale ! j'attends un œil sur votre perle
que l'ombre ne peut assombrir.

(in Les Pénitents en maillot rose)
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LE MARIAGE


Si vous avez du goût pour le mariage
plantez trois plantes dans le jardin
jalousie, enfants et chagrin.
Arrosez-les chaque matin
avec de l’eau de patience.

Levez-vous la nuit pour recompter la dot
et regardez le bail des quatre métairies
mais si votre femme veut vous plaire
qu’elle aille en terre
et vous danserez sur la tombe
pour égaliser les cailloux

Un meunier amoureux d’une noble
n’a qu’à faire porter le deuil aux oiseaux
ruban rouge pour les coqs
pour les poules rubans noirs
et jaune et blanc pour les canards.
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Le paradis est une ligne de craie sur le tableau noir de ta vie, vas-tu l'effacer avec les diables de ce temps?

(Folklore 1943)

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On a beaucoup écrit sur le cas de Latude, on n’a pas écrit la vérité. C’est pour se défendre contre son propre cœur que Mme de Pompadour, ce gracieux Napoléon de l’amour, fit enfermer à la Bastille le petit officier bleu et blanc.
Latude s’évade ! Où va-t-il ? Au pays de Spinoza. Mais il comprit que le goût de la méditation ne se satisfait que dans les tours et il revint à son écrin d’amour.

LATUDE- L’ETUDE
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Mon cheval a buté dans les doubles croches! Les notes éclaboussent jusqu'au ciel vert de mon âme : le huitième Ciel!

Apollon fut docteur et moi je suis pianiste de cœur, sinon de fait. Il faudrait, avec les bémols et les groupes de barres, décharger des steamers griffonnés, ramasser les étendards minuscules pour composer des cantiques.

Le minuscule, c’est l’énorme! celui qui a conçu Napoléon comme un insecte entre deux branches d’arbre, qui lui a peint un nez trop grand à l’aquarelle, qui a figuré sa cour avec des couleurs trop tendres, n’était-il pas plus grand que Napoléon lui-même, ô Ataman Praiapati!

Le minuscule, c’est la note!
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Première partie
POÈME DE LA LUNE


 Il y a sur la nuit trois champignons qui sont la lune.
Aussi brusquement que chante le coucou d'une hor-
loge, ils se disposent autrement à minuit chaque mois.
Il y a dans le jardin des fleurs rares qui sont de petits
hommes couchés, cent, c'est les reflets d'un miroir.
Il y a dans ma chambre obscure une navette lumineuse
qui rôde, puis deux… des aérostats phosphorescents,
c'est les reflets d'un miroir. Il y a dans ma tête une abeille
qui parle.

p.76
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KALÉÏDOSCOPE


Tout avait l’air en mosaïque : les animaux marchaient les pattes vers le ciel sauf l’âne dont le ventre blanc portait des mots écrits et qui changeaient. La tour était une jumelle de théâtre ; il y avait des tapisseries dorées avec des vaches noires ; et la petite princesse en robe noire, on ne savait pas si sa robe avait des soleils verts ou si on la voyait par des trous de haillons.
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SERRES CHAUDES

Sur la margelle du puits
la main se pose, le cadran
solaire marque l'heure.
La main porte un anneau de buis
quelle heure est-il ? J'ai peur.
On a marché dans les feuillages tropicaux
Un vaisseau entre au port
la princesse revient de l'hôpital.
L'ombre dans le jardin couvre la pâleur
du jet d'eau. On a marché dans les feuillages.
Ce sont les troupeaux de brebis
qui reviennent du palais royal.
Sur la margelle du puits
la main n'est plus seule,
l'ombre du saule frémit sur le voilier dans le port.
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Agonie


Mon Dieu ! que je suis las d’être sans espérance,
de rouler le tonneau lourd de ma déchéance
et sans moyens d’en finir avec la terre.
Je transporte Satan comme un intermédiaire,
j’écorne mon blason avec mes haut-le-corps,
je tourne chaque nuit mes visions vers les morts,
je frappe avec mon crâne aux rochers de l’enfer,
et les draps de mon lit sont en paille de fer.
Souvent dans mon sommeil la même île électrique
marque en couteau de sang mes noms patronymiques
sur ma peau. Membres, paquets d’anguilles
qu’avec un gai rictus les diables échenilles.
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Il est bien dur d'être en enfer pour avoir péché,mais c'est encore plus dur d'y être pour avoir péché mal à propos.

(Extrait de Le jeune clerc/Max Jacob)
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Max Jacob
Je garde dans la solitude comme un pressentiment de toi.
Tu viens ! Et le ciel se déploie, la forêt, l'océan reculent.

Tous deux le soleil nous désigne par-dessus la ville et les toits les fenêtres renvoient ses lignes les fleurs éclatent comme des voix.

Lorsque ton jardin nous reçoit, ta maison prend un air étrange : comme un reflet, la véranda nous accueille, sourit et change.



Les arbres ont de grands coups d'ailes derrière et devant les buissons.
La vague, au loin, parallèle, se met à briller par frissons.

Je garde dans la solitude comme un pressentiment de toi.
Tu viens ! Et le ciel se déploie, la forêt, l'océan reculent.
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Max Jacob
Il ne s'agit pas dans la méditation de trouver des idées d'hommes de lettres, mais de se convaincre de ce qui est élémentaire, d'en dégager l'émotion, de cultiver cette émotion comme un acteur, de sentir l'émotion descendre vers les côtés, surtout celles qui sont voisines du ventre. Là est le siège de l'âme, le plexus solaire.
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Après la catastrophe en Italie

On a retrouvé le cadavre d'un des laquais du palais Spagati, les laquais de l'escalier, du palier de l'escalier au premier étage.
On a retrouvé dans une poche le carnet d'un des laquais et sur ce carnet des notes à peu près illisibles :
1° Ne pas apporter de beurre dans les salons ;
2° Ne pas tourner autour des vitrines d'objets d'art en cherchant une serrure ;
3° Mettre sa livrée avant d'entrer dans les salons même vides ;
4° Ne pas porter de lunettes, ou binocles ;
5° Ne pas prendre de notes sur des calepins ;
6° Ne pas sourire pendant que parlent les invités de M. le Comte Spagati ;
7° Ne pas oublier de rimer "tragédie" avec "j'ai dit" et "congédie" ;
8° Ne pas prendre parti pour Mme la Comtesse ou M. le comte ou M. le Vicomte même quand on ne nous entend pas ;
9° Ne pas donner à manger au chien en cachette par pitié ;
10° Ne pas regarder le personnel du sexe féminin à l'office ou ailleurs ;
11° Ne pas parler de la famille de M. le Comte les jours de sortie ;
12° Ne pas avoir de journal dans les poches même ceux de M. le Comte.
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De qui parle-t-elle bien d’ailleurs ? elle déchire les réputations de ses amies, accuse les domestiques des pires noirceurs, les livres, les journaux, les pièces de théâtre, les tableaux d’être « à faire frémir » (...) Elle est d’une injustice absurde envers son mari, s’entête à le trouver stupide bien qu’il lui ait gagné une fortune, se fâche de tout ce qu’il lui dit, et juge bien naturel qu’il n’ait travaillé toute sa vie que pour elle. Elle est incapable de sacrifier une minute de sa vie pour lui faire plaisir, une seule de ses opinions pour lui donner raison et ne se gêne pas pour lui éclater de rire au nez quand elle le croit ridicule. Elle n’a rien compris au caractère de cet homme, elle qui comprend tout.
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REBATISSONS

Il suffit qu'un enfant de cinq ans, en sa blouse bleue pâle, dessinât sur un album, pour qu'une porte s'ouvrît dans la lumière, pour que le château se rebâtît et que l'ocre de la colline se couvrît de fleurs.
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Max Jacob
Le propre du lyrisme est l'inconscience, mais une inconscience surveillée.
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On me dit là-dessus : oui, mais vous êtes d'une époque qui a sa couleur. Si vous ne parlez pas, un autre parlera avant vous. Or je prétends que c'est justement cette couleur de l'époque, c'est à dire la mode, qui est mauvaise. Ce qui est bon en vous, c'est ce qui est éternel, vous avez le temps de le dire.
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