Marc Meganck

L'échec du couple de Claudine et Kasper avait nourri leurs peurs, qui n'avaient fait que grandir, grandir, pour bientôt tout masquer , la lumière et les solutions, pour tout jeter dans l'ombre, pour tout livrer aux araignées du matin, au chagrin.

Demain je serai plus vieux que mon père. Il est mort à trente-trois ans. Je ne l'ai jamais connu. C'est un drôle de sentiment que de dépasser son père en âge, surtout au milieu de la trentaine, lorsqu'on n'a plus d'autre choix que d'aller de l'avant.

Peu importe la ville, le port, le pays, je reste toujours sur ma faim, frustré de voir ces contrées pour un temps strictement limité, structuré par des dates d'arrivée et de départ, par l'angoisse du retour. Apprécier une région, une ville, un paysage, c'est 's'y fondre'. Les inepties q'on peut entendre me désespèrent : 'J'ai fait le Maghreb', 'On a fait l'Asie du Sud-Est', 'Ils ont fait l'Amérique du Sud...en une semaine !' Faire, ne rien ressentir.

La peur s’inculque en contexte familial, comme le goût de la lecture ou la pratique d’un sport.

- Moi, c'est fini depuis les dernières élections. Je ne voterai plus jamais...
- Mais, c'est obligatoire !
- Qu'ils aillent tous se faire foutre !
- Voilà qui est clair.
- J'ai quand même gardé le carton d'invitation.
- Quel carton ?
- La convocation pour aller voter. Celle de juin 2010... On dirait un faire-part de mariage, l'annonce de l'union d'amis dont on connaît pourtant le goût pour l'adultère.
- Et pourquoi tu la gardes ?
- Dans quelques années, je susi convaincu qu'elle vaudra de l'or.

Acheter des babioles belges devenait tendance. Car tout le monde sentait la fin proche et même inéluctable. Il fallait investir maintenant... pour demain. Les exemples de l'ex-URSS ou de l'Allemagne de l'Est étaient sans doute les plus marquants.

- (...) J'ai tout de suite craqué pour son physique... Et surtout pour son accent flamand !
- C'est un point de vue comme un autre.
- Tu sais, Jean, j'ai toujours été fasciné par l'accent enfantin des gens qui pratiquent une autre langue que la leur. Il se dégage quelque chose d'à la fois fragile et inoffensif.

L’Amour est Bleu. Des mots pour décrire le plaisir et la douleur des sentiments en termes de couleurs, avec toutes les variantes du bleu, du vert, du gris…

L’amour est bleu. L’amour est bref – humain, en somme.

Dans la vie, il faut savoir partager.

Un nain sans jambes ! Pendu, de surcroît. Ça ressemblait à une mauvaise blague ou alors à ce fameux « jeu du pendu », quand le dessin n’est pas encore achevé, quand on n’a pas encore trouvé toutes les lettres qui composent le mot mystère.

Rien de ce qu’on peut dire ne rendra jamais heureux le type qui se sent dans une merde noire parce qu’il a perdu celle qu’il aime.

Les hommes trop cons laissent partir les femmes trop belles.

De l’amour ou, plus justement, un amour, sans doute perdu lui aussi. Un amour très fort, parti trop tôt… car ils s’en vont toujours prématurément, les amours.

La jeunesse d’aujourd’hui m’inquiétait. Les valeurs, le respect, rien de tout ça ne semblait plus les intéresser. Ils avaient visiblement décidé de me gâcher le début de soirée. On aurait dit des radicaux libres, des molécules instables, s’accouplant salement, se multipliant à l’infini, capables de détruire les cellules saines et de corrompre un organisme tout entier.