Si l’espoir fait vivre, il n’accomplit pas souvent des miracles.
Chaque jour est un miracle qui me grise. J'en redemande. Me réveiller tous les matins est un plaisir nouveau. Pourtant je mesure à présent tous les artifices de la vie. S'habiller, se maquiller, rire, s'amuser, n'est-ce pas jouer un rôle? Ne suis je pas plus profonde, lestée de ces vingts ans où je n'ai "pas vécu" que tous ceux qui se sont agités en vain tout ce temps là ?
.... En prison ma vie intérieure a été mille fois plus riche que celle des autres et mes réflexions mille fois plus intenses.
La nuit c'était encore pire; ma vie passée me revenait par bouffées, mon présent n'était que néant et mon futur n'avait pas d'existence.
Tous les ans, je lui écrivais une lettre où je contrefaisais mon écriture. Nous prétendions que le Père Noel l'avait laissée exprès pour lui. Il ya cru jusqu'à l'âge de ses 14 ans.
Halima récupérait dans la cour un peu de terre avec laquelle maman dessinait des empreintes sur le sol de la cellule.
Abdellatif était alors l'enfant le plus heureux au monde et son bonheur nous réchauffait le coeur . p 217
En moi, l'Orient et l'Occident cohabitent enfin en paix.
J'ai vécu par procuration l'adultère, l'homosexualité, la trahison, le grand amour.
« (…) je suis une enfant, un nouveau-né dans un corps d’adulte. »
Avec la dignité, elle nous a insufflé le courage.
Nous étions ivres, étourdis par le ciel et l'air.
Nous marchions sans dire un mot, nous nous parlions des yeux, nous nous exprimions par gestes.
Je sentais que je butais contre un monde inconnu, souterrain, qui n'était pas le mien mais qui existait dans l'ombre.