Louis Corman

Pour comprendre la signification psychologique de la rétraction latéro-nasale, il est indispensable de ne pas considérer celle-ci isolément, mais de l'intégrer dans la structure d'ensemble du visage, le refoulement affectif ayant un destin différent selon les possibilités de réalisation offertes par les autres zones? Lorsque le défaut de tonicité empêche l'extériorisation active des tendances, la rétraction a une influence inhibante, ce qui engendre un certain malaise de vivre, une paralyse de l'action, déterminant souvent de l'angoisse.

L'aspect positif de cette structure [cérébro-instinctive] est manifeste dans certaines professions, quand les actions à réaliser ne pourraient qu'être entravées par l'intervention de l'affectivité, et bénéficient donc de la réduction de celle-ci. Ainsi, chez des chefs ou des hommes d'Etat, dont on peut s'expliquer par là les attitudes en apparence inspirées par un manque total de sentiment, qu'on qualifie parfois de cynique, mais qui sont dues essentiellement à la nécessité de faire prévaloir à tout prix une idée ou un but.

La prédominance cérébro-instinctive est fréquente chez les hommes d'Etat.

Quand l'étage affectif est réduit, c'est le signe que, dans la personnalité, c'est soit la pensée, soit l'instinct d'action qui dirige la conduite, non les sentiments.

Les Types affectifs-cérébraux.
La double prédominance de l'étage moyen et de l'étage supérieur est une association fréquent elle aussi. Le Dr Jung se trompe quand il affirme le contraire, quand il déclare que la fonction pensée et la fonction sentiment sont incompatibles.

... on observe fréquemment la névrose de scrupule chez ces Types d'expansion instinctive-affectve, avec en conséquence des comportements qui sont à l'opposé de ce qu'on attendait.

... au demeurant, plus on s'engage dans la complexité des Types morphopsychologiques, plus on rejoint les personnages vivants que l'on rencontre tous les jours, et plus la description doit cerner de près la réalité authentique.

... au demeurant, plus on s'engage dans la complexité des Types morphopsychologiques, plus on rejoint les personnages vivants que l'on rencontre tous les jours, et plus la description doit cerner de près la réalité authentique.

Quand par contre les deux étages inférieurs, quoique subordonnés à l'étage cérébral, ont un développement suffisant pour qu'un équilibre se réalise entre la pensée, le sentiment et l'instinct, l'imagination est vivifiée par cet apport général et est alors beaucoup plus riche. Lorsqu'on étudie la morphologie des grands hommes, on ne doit donc pas se borner, comme on tendait à le faire dans le passé, à l'étude de leur front considéré comme la seule partie noble du visage, mais s'attacher aussi à celle des autres parties.

.. en cas de dysharmonie, on ne sera pas autorisé à conclure de la grandeur d'un front à la valeur de l'intelligence.

La zone supérieure [du visage] indique les aptitudes imaginatives, il convient de souligner l'importance de cette zone imaginative. Elle représente en quelque sorte ce qui persiste chez l'adulte du front de l'enfant (qui est, comme on le sait, d'une rondeur presque uniforme). Elle garde donc chez l'homme mûr les aptitudes du très jeune âge : la pensée primaire en images et la communication cosmique par la voie de l'inconscient, ce qui fait que, quand cette zone est très développée, cela nous indique la prévalence de la pensée enfantine, vers laquelle le sujet tendra toujours à se reporter. Beaucoup de créateurs estiment d'ailleurs que leur pouvoir de création artistique ou littéraire repose en grande part sur ce retour aux sources premières de la vie.

Il importe de souligner que la valeur intellectuelle est plus grande dans l'expansion contrôlée puisque la pensée n'est vraiment pensée organisée qu'à ce stade.

La différenciation et l'harmonie du front ont une importance essentielle pour l'appréciation de la valeur intellectuelle.

L'anthrolopologiste Broca, comparant un groupe de travailleurs manuels et un groupe d'intellectuels, a montré que statistiquement le périmètre crânien des premiers est inférieur à celui des seconds.

... si, statistiquement, il y a chez les hommes de pensée, et tout particulièrement chez les grands créateurs, une proportion importante de type d'expansion cérébrale, ce serait s'exposer à de grossières erreurs que de vouloir en tirer une conclusion pour un individu particulier.

S'ils créent, [les types d'expansion affective], ce n'est pas dans le domaine des idées, des systèmes, des formes d'art. Ils oeuvrent uniquement dans les problèmes humains et veulent promouvoir de nouvelles manières concrètes d'agir pour le bien des hommes. Ils n'écrivent pas ; ils vivent, et s'ils leur advient d'écrire, c'est après coup, pour relater l'oeuvre accomplie et susciter des adeptes.

J'ai montré avec Marielle Clavel, dans une étude consacrée aux Créateurs sociaux, que la plupart des fondateurs d'oeuvres sociales de dévouement ont été en partie déterminée dans leur vocation par leur forte expansion affective. Parmi bien d'autres, voici les exemples du Dr Schweitzer et de Soeur Teresa, l'un et l'autre, remarquable par l'ampleur de leur étage affectif : leurs larges pommettes et leur nez grand et charnu, aux ailes vibrantes de passion.

Chez ceux [des types d'expansion affective] en qui la passivité domine, la vie affective est surtout faite de tendresse, du besoin d'être aimé et de recevoir d'autrui (type habituel de l'enfant).

Psychologiquement, [les types d'expansion affectifve] se caractérisent par la grande importance qu'ont dans leur vie les sentiments. Ils ont un besoin constant de contacts affectifs, donc de présence humaine et d'échanges sociaux. Et c'est aussi par les sentiments, non par la logique, qu'on a prise sur eux. J'ajoute que les souvenirs affectifs ont chez eu la prédominance sur les autres souvenirs. L'écrivain Marcel Proust en est un très remarquable exemple.

... erreurs auxquelles notre science est exposée ; mais c'est une erreur instructive en ce que quand on se trouve la commettre, on peut affirmer à coup sûr que la conduite du sujet n'est pas conforme à ses tendances naturelles, qu'elle a subi une transformation par la névrose et qu'il se pourra qu'un jour le sujet, se libérant, en vienne à manifester son véritable caractère, celui que le morphopsychologue décelait dans les traits de son visage.