AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Kim Thúy (413)


Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu'ils n'auront pas d'argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu'ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d'une grappe de glycine, la fragilité d'un mot, la force de l'émerveillement. Plus encore, ils nous ont offert des pieds pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini.
Commenter  J’apprécie          831
La vie est un combat où la tristesse entraîne la défaite.
Commenter  J’apprécie          521
"Je t'offre
La vie que je n'ai pas vécue
Le rêve dont je ne peux que rêver
Une âme que j'ai laissée vide
Pendant des nuits blanches d'attente

Vers toi je porte en offrande
Le poéme que je n'ai pas écrit
La douleur vers laquelle je me tends
La couleur du nuage que je n'ai pas connue
Les désirs du silence."
Commenter  J’apprécie          512
On oublie souvent l’existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leur dos pendant que leur mari et leurs fils portaient les armes sur les le leur. On les oublie parce que sous leur chapeau conique, elles ne regardaient pas le ciel. Elles attendaient seulement que le soleil tombe sur elles pour pouvoir s’évanouir plutôt que s’endormir. Si elles avaient pris le temps de laisser le sommeil venir à elles, elles se seraient imaginé leurs fils réduits en mille morceaux ou le corps de leur mari flottant sur une rivière telle une épave. Les esclaves d’Amérique savaient chanter leur peine dans les champs de coton. Ces femmes, elles, laissaient leur tristesse grandir dans les chambres de leur cœur. Elles s’alourdissaient tellement de toutes ces douleurs qu’elles ne pouvaient plus redresser leur échine arquée, ployée sous le poids de leur tristesse.

Commenter  J’apprécie          440
On oublie souvent l'existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leur dos pendant que leurs maris et leurs fils portaient leurs armes sur le leur.
Commenter  J’apprécie          420
Je n’ai pas crié ni pleuré quand on m’a annoncé que mon fils Henri était emprisonné dans son monde, quand on m’a confirmé qu’il est de ces enfants qui ne nous entendent pas, qui ne nous parlent pas, même s’ils ne sont ni sourds ni muets.
Il est aussi de ces enfants qu’il faut aimer de loin, sans les toucher, sans les embrasser, sans leur sourire parce que chacun de leurs sens serait violenté tour à tour par l’odeur de notre peau, par l’intensité de notre voix, par la texture de nos cheveux, par le bruit de notre cœur…..
……Il ne comprendra jamais pourquoi j’ai pleuré quand il m’a souri pour la première fois ……
Commenter  J’apprécie          404
Si une marque d'affection peut parfois être comprise comme une offense, peut-être que le geste d'aimer n'est pas universel : il doit être traduit d'une langue à l'autre, il doit être appris. Dans le cas du vietnamien, il est possible de classifier, de quantifier le geste d'aimer par des mots spécifiques : aimer par goût (thich), aimer sans être amoureux (thu'o'ng), aimer amoureusement (yêu), aimer avec ivresse (mê), aimer aveuglément (mù quang), aimer par gratitude (tinh nghia). Il est donc impossible d'aimer tout court, d'aimer dans sa tête.
Commenter  J’apprécie          340
Mes parents nous rappellent souvent à mes frères et à moi, qu’ils n’auront pas d’argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu’ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d’une grappe de glycine, la fragilité d’un mot, la force de l’émerveillement.
Plus encore, ils nous ont offerts des pieds pour marcher jusqu’à nos rêves, jusqu’à l’infini.
C’est peut-être suffisant comme bagage pour continuer notre voyage par nous-mêmes. Sinon, nous encombrerions inutilement notre trajet avec des biens à transporter, à assurer, à entretenir.
Un dicton vietnamien dit : « Seuls ceux qui ont des cheveux longs ont peur, car personne ne peut tirer les cheveux de celui qui n’en a pas ».
Alors j’essaie le plus possible de n’acquérir que des choses qui ne dépassent pas les limites de mon corps
Commenter  J’apprécie          312
C’est seulement à ce moment-là que j’ai saisi l’amour de cette mère assise en face de moi dans la cale de notre bateau, tenant dans ses bras un bébé dont la tête était couverte de croûtes de gale puantes.
La petite ampoule suspendue au bout d’un fil retenu par un clou rouillé diffusant dans la cale une faible lumière, toujours la même.
Au fond de ce bateau, le jour ne se distinguait plus de la nuit.
La constance de cet éclairage nous protégeait de l’immensité de la mer et du ciel qui nous entouraient.
Les gens assis sur le pont nous racontaient qu’il n’y avait plus de ligne de démarcation entre le bleu du ciel et le bleu de la mer. On ne savait donc pas si on se dirigeait vers le ciel ou si on s’enfonçait dans les profondeurs de l’eau.
Le paradis et l’enfer s’étaient enlacés dans le ventre de notre bateau.
Le paradis promettait un tournant dans notre vie, un nouvel avenir, une nouvelle histoire.
L’enfer lui, étalait nos peurs : peur des pirates, peur de mourir de faim, peur de s’intoxiquer avec les biscottes imbibées d’huile à moteur, peur de manquer d’eau, peur de ne pouvoir se remettre de bout, peur de devoir uriner dans ce pot rouge qui passait d’une main à l’autre, peur que cette tête d’enfant ne soir contagieuse, peur de ne plus jamais fouler la terre ferme, peur de ne plus revoir le visage de ses parents assis quelque part dans la pénombre au milieu de ces deux cents personnes.
Commenter  J’apprécie          290
Petite, je croyais que la guerre et la paix étaient deux antonymes.
Et pourtant, j’ai vécu dans la paix pendant que le Vietnam était en feu, et j’ai eu connaissance de la guerre après que le Vietnam eut rangé ses armes.

Je crois que la guerre et la paix sont en fait des amies et qu’elles se moquent de nous. Elles nous traitent en ennemis quand ça leur plait, comme ça leur convient, sans se soucier de la définition ou du rôle que nous leur donnons. Il ne faut donc peut-être pas se fier à l’apparence de l’une ou de l’autre pour choisir la direction de notre regard.
Commenter  J’apprécie          282
Je ne quitte jamais un endroit avec plus d'une valise. J'emporte des livres avec moi. Le reste ne réussit jamais à devenir véritablement mien. Je dors aussi bien dans le lit d'un hôtel, d'une chambre d'amis ou d'un inconnu que dans mon propre lit. En fait je suis toujours heureuse de déménager, ainsi j'ai l'occasion de délaisser mes biens, de délaisser certains objets afin que ma mémoire puisse devenir réellement sélective, qu'elle puisse se souvenir uniquement des images qui restent lumineuses derrière les paupières fermées.
Commenter  J’apprécie          270
Les Américains parlent de « guerre du Vietnam », les Vietnamiens, de « guerre américaine ». Dans cette différence se trouve peut-être la cause de cette guerre.
Commenter  J’apprécie          230
Mais je possède encore la première faculté des survivants, celle de ne jamais demander pourquoi, celle de faire avec ce qu'il y a, d'exister, sans plus.
Commenter  J’apprécie          230
On a parfois besoin d'un chat, de quelque chose de furtif, qui fasse irruption. (Pascal)
Commenter  J’apprécie          220
(...) elle ne se souvient du visage d'aucun soldat. Peut-être que les machines de guerre n'ont pas de visage humain.
Commenter  J’apprécie          210
Elle était très vieille, tellement vieille que la sueur coulait dans ses rides comme un ru qui trace un sillon dans la terre. Elle avait le dos courbé, tellement courbé qu'elle était obligée de descendre les marches à reculons pour ne pas perdre l’équilibre et débouler la tête la première.
Commenter  J’apprécie          211
Mon père, lui, n'a pas eu à se réinventer. Il est de ceux qui ne vivent que dans l'instant, sans attachement au passé. Il savoure chaque moment de son présent comme s'il était toujours le meilleur et le seul, sans le comparer, sans le mesurer. C'est pourquoi il inspirait toujours le plus grand, le plus beau bonheur, qu'il fût sur les marches d'un hotel avec une serpillère dans les mains ou assis dans une limousine en réunion stratégique avec un ministre.
Commenter  J’apprécie          200
Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu’ils n’auront pas d’argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu’ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d’une grappe de glycine, la fragilité d’un mot, la force de l’émerveillement. Plus encore, ils nous ont offert des pieds pour marcher jusqu’à nos rêves, jusqu’à l’infini.
Commenter  J’apprécie          190
Ce coup de foudre devenu amour entre Mai et Alexandre allait fragmenter dans le temps leur entourage. Les rêveurs idéalistes et romantiques aimeraient y voir la possibilité d'un monde meilleur, fusionnel, implexe. Les réalistes et les engagés en condamneraient l'insouciance, voire l'imprudence qu'il y a à brouiller les limites en inversant les rôles.
Commenter  J’apprécie          180
Dès l’arrivée des premiers chars d’assaut communistes à Saigon, mon grand-père nous a ordonné de brûler les livres à caractère politique. Les semaines suivantes, nous déchirions aussi les livres d’histoire, les romans et les recueils de poésie afin d’éliminer au moins une accusation de trahison par la possession d’instruments antirévolutionnaires. En temps de chaos, il et préférable d’être concierge que philosophe, menuisier que juge.
Commenter  J’apprécie          180



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Kim Thúy (2348)Voir plus

Quiz Voir plus

CYRANO DE BERGERAC (Rostand)

Quel est l'autre prénom de Cyrano?

Séraphin
Saturnin
Savinien

12 questions
1694 lecteurs ont répondu
Thème : Cyrano de Bergerac de Edmond RostandCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..