Kate Eberlen

Quand on parle de cancer, il est toujours question de se battre, de lutter, de se montrer courageux, comme s’il s’agissait d’une menace extérieure à vaincre. Mais s’il suffisait de prendre la bonne attitude, la plupart des gens survivraient, non ?
Je voyais plus le cancer comme une cellule dormante secrète que je devais déjouer. (Page 161)

- Tu crois qu’ils m’ont appréciée ?
Je ne savais même pas s’ils m’appréciaient, moi.
- Bien sûr. Mais ils ne sont pas du genre à exprimer leurs sentiments.
Je ne m’étais jamais posé la question. Peut-être que, enfants uniques tous les deux, ils n’en avaient jamais éprouvé le besoin. Ou alors, à l’instar des gens issus d’un milieu simple qui gravissent l’échelle sociale, ne savaient-ils as trop comment se comporter. (Page 148)

Cela faisait partie des questions que j’aurais dû lui poser. Quelle bêtise ! Tout ce temps passé ensemble sans que j’ose lui demander ce qu’elle voulait pour son enterrement. (Page 51)

Je pensais être préparée à sa disparition, mais quand j’ai pris conscience de sa mort, j’ai éprouvé un choc aussi violent que si c’était arrivé sans prévenir. Je suis restée à lui tenir la main jusqu’à ce que je me sente tenue de la partager aven les autres. (Page 49)

A la maison, maman dormait beaucoup à cause de la morphine. On pourrait supposer que, sachant quelqu’un sur le point de mourir, on se dirait tout ce qui est important, mais pas du tout. Presque comme si on refusait d’y croire tant que ce n’était pas arrivé et qu’on avait peur de tout préparer et ne plus avoir qu’à attendre. (Page 46)

Aujourd'hui est le premier jour du reste de ta vie.

La marée était basse et la mer très calme avec des vaguelettes qui venaient mourir telles de minuscules rides de soie sur le sable plat et mouillé.

Nous n'avions en commun que notre amour de l'art et des crèmes glacées.Cela aurait-il suffi?

Comment annoncer à sa petite amie qui partage votre vie depuis six ans que vous venez de vous fiancer inopinément avec une femme que vous avez mise enceinte sans le vouloir?

Je n'ai jamais su si mes parents étaient incapables de cacher leur préférence évidente ou si j'étais en réalité assez médiocre comparé à lui.

À quelle vitesse stupéfiante notre esprit s'adapte ! Une seconde, je me tenais dans la rue, accablé de me retrouver sans domicile ; la suivante j'escaladais ma maîtresse, envahi par l'incrédulité délirante que doit ressentir un gagnant de l'Euromillions.
Gagner le gros lot représente un conte de fées pour la plupart des gens, qui oublient que les contes cachent un côté sombre.