Jeudi 20 juin à 19 heures, une émission exceptionnelle en direct avec Olivier Faure, Clémence Guetté et Marine Tondelier, ainsi que des militants qui se mobilisent dans les villes et les campagnes avant les élections législatives.
« Face à l'extrême droite, l'urgence de la mobilisation » : c'est une émission spéciale de Mediapart présentée par Mathieu Magnaudeix avec de nombreux invité·es :
Reda Azenkwed (@azenkweeed), créateur de contenus
Nadhéra Beletreche, militante féministe et antiraciste
Cécile Duflot, directrice générale Oxfam France
Olivier Faure, premier secrétaire du PS
Clémence Guetté, responsable du programme l'Avenir en commun
Lumir Lapray, activiste, ancienne candidate aux législatives dans l'Ain
Thibault Lhonneur, expert pour la Fondation Jean Jaurès, élu LFI dans le Cher
Achraf Manar, président de Destins liés
Corinne Masiero, actrice
Fatou N'Diaye (@blackbeautybag) créatrice de contenus
Juliette Rousseau, militante non encartée, autrice
Inès Seddiki, fondatrice de Ghett'up
Marine Tondelier, secrétaire nationale Les Écologistes EELV
Youlie Yamamoto, porte-parole d'Attac France
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Les années qui ont suivi ta mort, je les ai attendues le cœur serré. Tant qu'elles reviennent, ta mort est une absence, mais pas une rupture. Le retour des hirondelles, c'est la vie têtue. C'est toi ou moi à cinq ou six ans, qui tenons tête, ne lâchons pas. C'est toi qui n'es plus, et toi qui es encore là, différemment. Leur ballet facétieux au-dessus du petit étang, en bas du hameau, m'a ouvert le cœur comme personne d'autre. La joie des hirondelles au-dessus de l'eau, c'est toi qui ne m'as pas complètement quittée. Toi qui perdures, et toi qui gagnes, malgré la mort. Le retour des hirondelles, c'est une place au monde pour mon cœur contradictoire, la possibilité de n'avoir pas à y démêler la joie de la tristesse.
Faut-il encore chercher à faire justice, à réparer, dans un monde qui ne nous en laisse pas le temps ? Que valent nos histoires au regard de la détérioration des saisons ?
On se représente à tort la famille comme cette entité bien délimitée, immuable, soudée par un terreau biologique. Or c'est un terrain fluctuant, en partie instable, en recomposition permanente. Ou la biologie n'est que peu de chose, quoi qu'on en dise. La famille que tu as connue de ton vivant n'existe presque plus, et, aujourd'hui, d'autres nous sont venues qui ne t'ont pas connue. Ce qui fait notre commun peu à peu s'éloigne de toi.
Tout s’annulait lorsque tu éclatais de rire. Ton rire remontait de loin, d’avant les blessures. C’était un rire d’enfant qui peut tout, et que rien n’arrête. Ton rire, c’était la générosité.
Tous les jours, je vais marcher le long des surfaces nues qui abritaient les bosquets de notre enfance. Les chènes centenaires et les ruisseaux qui couraient en dessous ont disparu.
Je voudrais replanter les haies de force.
Je voudrais faire revenir les vieux arbres, et avec eux ce qu'ils ont emmené de la terre qui était la nôtre. Mais un arbre ne s'impose pas, il se laisse advenir.
La brutalité ne se conjugue qu'avec l'anéantissement, pas avec la création.
Peu importe que nos souvenirs divergent. Je n'écris pas pour rétablir la vérité. Faire son deuil de toi c'est, pour chacune, ancrer en nous une histoire qui apaise, aussi mensongère fût-elle. Les vivantes ne s'embarrassent pas de la vérité, ce n'est pas elle qui guérit. p. 89
Les années qui ont suivi ta mort, je les ai attendues le cœur serré. Tant qu'elles reviennent la mort est une absence, mais pas une rupture. Le retour des hirondelles, c'est la vie têtue. C'est toi ou moi à l'âge de cinq ou six ans, qui tenons tête, ne lâchons pas. C'est toi qui n'es plus, et toi qui es encore là, différemment. Leur ballet facétieux, au-dessus du petit étang, en as du hameau, m'a ouvert le cœur comme personne d'autre. La joie des hirondelles, au-dessus de l'eau, c'est toi qui ne m'as pas complètement quittée. Toi qui perdures, et toi qui gagnes, malgré la mort. Le retour des hirondelles, c'est une place au monde pour mon cœur contradictoire, la possibilité de n'avoir pas à y démêler la joie de la tristesse. (pages 33-34)
Je voudrais t'écrire un livre dont on entend les pages respirer quand on les tourne
Tu aimais infiniment les vieux arbres, et, pendant un temps, coller à eux ton corps meurtri, émietté, a suffi à ta survie. J’aime à penser qu’ailleurs, en d’autres temps, nous avons eu cette vie qui nous revenait, et que, quelque part, dans l’humeur délicate d’une fin de journée lumineuse, tu es encore en vie, et nous sommes réunies, toi, moi et la forêt.
![](/couv/cvt_Lutter-ensemble-pour-de-nouvelles-complicites-poli_6061.jpg)
Parler de systèmes d'oppression, de rapports de domination et de privilèges n'est pas chose facile. Quiconque tente de le faire dans son entourage prend rapidement la mesure de la virulence avec laquelle ce genre de discussion peut être accueillie. Questionner nos privilèges nous heurte. Nommer nos oppressions aussi, d'une autre façon. Lorsque quelqu'un·e pointe du doigt nos identités sociales, qu'elles soient dominantes ou dominées, nous pouvons avoir le sentiment d'être enfermé·es dans des cases de bourreaux ou de victimes. Nos réactions n'en sont que plus passionnées.
Une des questions qui se pose alors est : qui peut nommer qui ? Dominant·e, j'ai été socialisé·e pour nommer tou·tes les « autres » à l'exception de moi-même, qui suis la norme. Ce qui fait alors de moi et de mes paires le groupe social le plus inconscient de lui-même. Dominé·e, j'ai toujours été défini·e par celles et ceux qui m'oppriment, revendiquer de me nommer moi-même aux côtés de mes pair·es est une lutte en soi. Et pour avoir été contraint·e de leur ressembler sans jamais vraiment réussir à ce qu'iels m'acceptent (l'assimilation étant une fable), je connais celles et ceux qui me dominent mieux qu'elles et eux-mêmes. La question de la définition, de savoir à qui revient le pouvoir de définir, est intrinsèquement liée à celle de la domination. Défendre que ce pouvoir change de bord est un premier pas essentiel. (47)