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Citations de Jeanne Benameur (2373)


"Elle va avoir du mal à revenir, se dit Bastien, elle n'a pas un bon rythme. Elle est en train de s'épuiser." Et c'est très exactement ce qu'elle fait. Elle s'épuise. Elle cherche à se débarrasser de quelque chose qui est tout au fond d'elle. Et à nager derrière elle, Bastien sent aussi qu'il lâche toutes ses questions. Finalement, tout ce qu'il veut, c'est aimer. Aimer son grand-père, aimer sa mère, aimer cette fille qui nage comme une folle. (p.66)
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Il a sorti sans même y penser un bloc où il se met, lui aussi, à écrire, écrire en tempête tout ce qui le tourmente.
Il sait qu'il a raison de vouloir rester même si ça paraît fou. Mais comment ne pas faire de mal à celle qu'il aime tant ? Comment lui faire comprendre que sa place à lui est ici ? Pour combien de temps ? Le temps qu'il faudra pour que son grand-père redevienne celui qu'il a été, celui qui n'a jamais vacillé sur ses jambes de marin. C'est comme ça ! Il se l'est promis dans la cuisine, en lavant à grande eau le verre. Il s'est promis que son grand-père pouvait redevenir celui dont ni sa mère ni personne n'aurait plus jamais honte. Il ne savait pas ce matin que cela impliquerait que lui, Bastien, change de vie. Mais c'est comme ça. (p.58)
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Tu as bien raison. Pour choisir nos vies, il vaut mieux savoir où on va mettre les pieds. S'informer, lire, réfléchir.
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Dans ma tête j'avais émigré dans un autre monde, celui où la pensée avait droit de cité, celui où on pouvait imaginer un monde meilleur et où on luttait pour qu'il advienne.
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Elle pressent qu'il va falloir s'affronter aux chagrins, aux épreuves mais qu'elle sera sauvée, toujours, par la joie sauvage qui peut l'habiter, la joie la plus crue. C'est comme ça qu'elle veut vivre. C'est déjà ce qu'elle vit quand elle peint, elle touche cette liberté là.
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Ce qu'elle tente de dire, c'est dans les coeurs, l'arrachement du départ. Des prières pour les uns, des serments de retours pour les autres, pour d'autres encore la promesse de ne jamais revenir. Elle ne dit pas que Donato a soupiré et qu'elle a, elle a tourné son regard vers la proue parce que des larmes qu'elle n'attendait pas lui venaient.
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Pas question qu'on me colle n'importe qui pour s'occuper de ma carcasse quand il sera trop tard pour choisir. J'ai encore toutes mes facultés intellectuelles et physiques, même si le corps fatigue trop vite, regimbe et pousse trop la douleur dans les articulations. (…) Et moi je veux vivre. Pas en attendant. Pleinement.
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Pourquoi n'a-t-il rien senti de particulier la dernière fois, la dernière nuit? Pourquoi son corps ne lui a donné aucun signe? Est-ce que quelque chose sous la peau ne sait pas ces choses-là? Est-ce que les corps ne savent pas qu'ils vont être séparés pour toujours? Comment est-ce possible qu'il n'y ait rien, rien qui indique que le matin sera vide et tous les autres matins vides?
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Comment penser qu’un mot peut changer une vie ?...



Comment penser qu’un mot peut changer une vie ?
Il faut imaginer.
Il n’y a pire fou que celui qui n’imagine pas.
Celui qui conduit à la mort des cortèges d’êtres humains parce
  qu’il en a reçu l’ordre.
Celui qui peut ouvrir et fermer la porte d’une chambre à gaz.
Celui qui appuie sur le bouton qui envoie le missile.
Celui qui appuie le canon sur la tempe de l’autre.
Tous ceux-là n’imaginent pas.
Ils sont coupés de cette part humaine si profonde si fertile :
  l’imaginaire.
Il est beaucoup plus facile d’imposer lois et décrets iniques
à des êtres à qui on a retiré la faculté d’imaginer.
C’est un temps que les humains connaissent.
C’est ainsi que toutes les formes de pouvoir totalitaire
  se sont maintenues.
Partout.
Et de tout temps.
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Le poème nous émeut…



Le poème nous émeut.
L’émotion, cette force vive.
Celle qui, au sens étymologique du terme, nous met en
  mouvement.
Nous l’accueillons.
Nous la réfléchissons.
Dans le silence que génèrent les mots du poème, quelque chose
  a lieu.
Au plus profond de nous.
De ces plongées nos vies sortent changées.
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Laisser l’air vibrer…



Laisser l’air vibrer
entre notre visage et
les autres visages
offerts
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Il restait là où étaient enterrés son père et le père de son père, là où on avait aussi enterré sa fiancée morte trop tôt.Les liens les plus forts ne sont pas toujours avec les vivants. La peur est une bonne noueuse de liens.Et les morts font le reste.
Il voit que le femme de son désir, elle, portait ses morts dans les plis de sa jupe et qu'il aurait fallu pour cela la laisser marcher à grands pas et laisser le vent gonfler son cœur. Ses morts à elle étaient libres aussi. Elle ne les tenait pas enfermés dans deux mains jointes qui prient.
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Quand elle fait sa tournée dehors au grand air, elle rêve d'une autre façon.C'est l'enfance qui vient la chercher.Elle a tellement parcouru ces chemins, elle les connaît par cœur. Elle retrouve son pas de petite fille.
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Tu comprends.Tu comprends que tu es seul. Par tout ton être.Et c'est autre chose que de l'entendre dans les paroles des autres. Tu comprends que plus jamais ta mère ne sera là, son corps rassurant entre toi et le monde.Tu dis Plus jamais à voix haute.La terre t'entend.Les pierres t'entendent. Elle, non.
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On dit En avoir le cœur net.
Elle n'a jamais eu le cœur net
C'est là-bas ,dans le regard de sa mère ,dans son silence.
Le cœur net , il lui faut.
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Des mots ont été prononcés en anglais, la seule langue avec laquelle on s’est adressé à lui depuis tout ce temps. Il n’a pas reconnu la voix si singulière de celui qui venait lui parler parfois de leur juste combat. Et puis soudain, il y a eu le mot “libre” en français. Pour la première fois, en français. Il en aurait pleuré. Le mot et la langue, ensemble, dans sa poitrine quelque chose éclatait.
L’accent était si fort qu’il a eu peur de ne pas avoir bien compris, il a répété Libre? on lui a répondu Yes, libre, et le mot “France”.
Alors il a commencé à se répéter, en boucle, la France. Puis les deux mots sont venus : je rentre. Et il s’y est tenu.
Depuis, c’est l’entre-deux. Plus vraiment captif, mais libre, non. Il n’y arrive pas. Pas dedans.
Quand il a été enlevé, tout a basculé. On l’a fait passer, d’un coup, de libre à captif et c’était clair. La violence, c’était ça. Depuis, la violence est insidieuse. Elle ne vient plus seulement des autres. Il l’a incorporée.
La violence, c’est de ne plus se fier à rien. Même pas à ce qu’il ressent.
Se lancer dans la joie du mot libre, il ne peut pas. Suspendu.
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Il a de la chance. Il est vivant. Il rentre. Deux mots qui battent dans ses veines Je rentre.
Depuis qu’il a compris qu’on le libérait, vraiment, il s’est enfoui dans ces deux mots. Réfugié là pour tenir et le sang et les os ensemble.
Attendre. Ne pas se laisser aller. Pas encore.
L’euphorie déçue, c’est un ravage, il le sait. Il ne peut pas se le permettre, il le sait aussi. Alors il lutte. Comme il a lutté pour ne pas basculer dans la terreur des mois plus tôt quand des hommes l’ont littéralement “arraché” de son bord de trottoir dans une ville en folie, ceinturé, poussé vite, fort, dans une voiture, quand toute sa vie est devenue juste un petit caillou qu’on tient serré au fond d’une poche. Il se rappelle. Combien de mois exactement depuis ? il ne sait plus. Il l’a su il a compté mais là, il ne sait plus rien.
Ce matin, on l’a fait sortir de la pièce où il était enfermé, on lui a désentravé les pieds comme chaque matin et chaque soir quand on le conduit, les yeux bandés, à ce trou puant qui tient lieu de toilettes. Mais il n’a pas compté les dix-huit pas, comme d’habitude. Dix-neuf, vingt, vingt et un… il a cessé de compter, le cœur battant. On l’a conduit, les yeux toujours bandés, jusqu’à un avion.
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Je suis nue.
Lui aussi. Tout près de moi.
La tête sur son coude replié il me regarde.
Tout à l’heure il a enlevé ses petites lunettes rondes cerclées de métal et j’ai aimé voir ses yeux. Son vrai regard. Comme si les yeux aussi pouvaient être nus. Tout son visage offert.
J’ai pris son visage dans mes mains et je me suis sentie transportée d’amour. Pour ce visage, ce corps, l’odeur de sa peau, son épaule. Lui. Tout lui. Complètement présent pour moi. Rien que pour moi.
J’en avais tellement rêvé. Et je pensais tellement que c’était impossible.
C’est en l’écoutant que ça a eu lieu. Dans un amphi plein à craquer à la fac. C’est par sa voix par ses mots que c’est arrivé. Ce qui ne m’était jamais arrivé. Jamais. Au micro il parlait de grève de lutte et moi j’ai eu l’image de ce garçon nu contre moi et je l’ai voulu.
Ma peau contre sa peau.
Tout son corps contre le mien.
Moi qui à dix sept ans n’arrivait toujours pas à éprouver quoi que ce soit de ce côtélà.
J’ai eu cette envie si forte que j’en ai été arrachée à tout le reste. Plus de pensée. Plus rien. Juste l’envie, comme une falaise brute face à la mer. Tout l’océan devant moi. Immense. J’ai découvert cet horizon-là et tout mon corps c’est devenu un galet, plus aucune petite place à l’intérieur pour quoi que ce soit d’autre, tout serré, compact, prêt à être roulé par les vagues, altéré par le sel, blanchi. Prêt à tout. J’ai été totalement, absolument pleine de ce désir-là. Et rien n’aurait pu m’arrêter.
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Depuis j'ai eu le temps de réfléchir, de décider. Pas de pourriture dans le vivant, alors pas d'arrêt. C'est l'arrêt du désir qui fait le nid à tout ce qui crève. Plus d'élan, plus de vie.
Et moi je veux vivre. Pas en attendant. Pleinement.

J'ai trop vu comment ça se passait pour ceux qu'on appelle "les patients". C'est dans les chairs aussi, leur "patience". C'est cette "patience" que j'ai essayé d'extraire chaque fois que j'opérais. Cette patience-là n'est pas une vertu, quoi qu'on en dise. J'y ai mis toute ma science de bon chirurgien.
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J'ai quatre-vingt-dix ans. J'ai à nouveau besoin d'une équipe.
Il faut que ces quatre-là, si différents soient-ils, se tiennent. Pour mon temps à venir. Je m'embarque pour la partie de ma vie la plus précieuse, celle où chaque instant compte, vraiment. Et j'ai décidé de ne rien lâcher, rien.
Les quatre, là, derrière la porte, je les ai choisis avec soin, tant que ma conscience est aiguë. Pas question qu'on me colle n'importe qui pour s'occuper de ma carcasse quand il sera trop tard pour choisir. J'ai encore toutes mes facultés intellectuelles et physiques, même si le corps fatigue trop vite, regimbe et pousse trop la douleur dans les articulations. Je n'ai pas besoin d'eux aujourd'hui, mais j'ai toujours su anticiper.
C'est ce qui a fait de moi un bon chirurgien.
Un bon chasseur aussi.
Un paradoxe, oui, il a toujours fallu une once de mort dans ma vie.
Les bêtes tuées en plein élan, c'était mon tribut à payer. Juste "redonner la vie" à des patients, c'aurait été se prendre pour Dieu. La chasse, c'était ma façon de garder l'équilibre. Je n'y prenais pas vraiment de plaisir. Je buvais avec les autres après, je festoyais aussi. Et je retournais à la clinique.
J'ai arrêté la chasse le jour où je n'ai plus opéré.
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