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Citations de Jean-Pierre Chrétien (18)


Aux catéchistes, aux instituteurs, aux maçons, aux commerçants, aux artisans, aux migrants riches d'expériences nouvelles, les autorités civiles et religieuses préféraient le paysan idéal, soumis et attaché à sa terre, présent aux corvées et à la messe, et, au-dessus de tout, l'aristocrate bien né, autoritaire avec ses gens et attentif aux injonctions des Blancs.
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Il est vrai que le colonisateur trouvait plus d'avantages à diviser et de plaisir à faire la morale que de raisons d'essayer de comprendre.
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Comme l'observe Agnès Lainé, des "anthropologues se croient fondés à réagencer des populations réelles en vue de reconstituer des populations ancestrales théoriques", alors que les historiens "recherchent la dynamique avec laquelle ces populations se sont organisées pour vivre ensemble dans un milieu donné et devenir ce qu'elles sont".
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Les idéologies de races, même si elles hantent le corpus africaniste, voire les culture politiques africaines contemporaines, n'ont rien d'un modèle exotique. C'est celui des "races historiques" en Europe, éclipsé ensuite par l'analyse sociale marxiste. Et surtout les discours du XXe siècle sur les Slaves et les Germains ou sur les Aryens et les Sémites relèvent d'une même obsession totalitaire, celle de la réduction des problèmes sociaux à des entités du sang et du sol, à des allégories communautaires. Or ces mots débouchent généralement sur des morts. Aussi, quand le danger de catastrophes majeures s'est manifesté dans cette région d'Afrique, il n'était hélas pas difficile d'en pressentir la nature.
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Être tutsi ou être hutu, dans le cas du Rwanda et du Burundi, n'a pas le même sens en 1994, au moment du génocide, en 1894, quand les Blancs arrivent, en 1794, quand les anciens royaumes sont presque à leur apogée, en 1594, quand ils commencent à se structurer... Et auparavant, depuis quand emploie-t-on ces deux termes? Quelle archéologie sociale pourrait nous apprendre le moment de leur inscription dans le paysage humain de la région, avant leur inscription sur des cartes d'identité?
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D'une manière générale, la "modernité" introduite par le colonialisme est très particulière, puisque les nouveaux maîtres distillent leur "civilisation" de manière utilitaire et méprisante, avec la volonté de transformer pour mieux exploiter, et de conserver les "traditions" pour mieux contrôler "les indigènes". La région illustre de manière fascinante cette ambiguïté.
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Les Anglais disent : "East Africa". Afrique des Grands Lacs nous paraît mieux convenir à ce coeur improbable de l'Afrique orientale, où l'on s'enfonce encore, comme Livingstone, Speke, Baker ou Stanley, délivrés de l'histoire et de la géographie.
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L'ouverture au monde, incarnée par les caravanes des traitants, déclenche aussi l'accès à un "marché commun" des microbes. Un véritable engrenage complexe entraîne une véritable crise écologique et démographique entre 1890 et 1930. [...]
Les effets démographiques de ces crises répétées ont été énormes : la maladie du sommeil a fait plus de deux cent mille morts en Ouganda, elle a sans doute emporté la moitié de la population de la plaine de la Rusizi (à l'ouest du Burundi) entre 1905 et 1914.
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C'est d'abord en Europe, dans les chancelleries et les ambassades, à des miliers de kilomètres, c'est-à-dire à trois mois de distance du terrain dans la circulation de l'information, que les experts en géopolitique africaine croient pouvoir maîtriser la situation à coups de crayons de couleur sur des cartes plus ou moins approximatives.
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Comme l'indiquent en particulier nombre d'écrits publiés par exemple dans les années 1920 par des essayistes plus ou moins connus, l'époque est en effet traversée par un pessimisme racial radical, au sein d'une culture hantée par l'idée de dégénérescence, cet envers du social-darwinisme. (Achille Mbembe)
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Entendons-nous : les Européens n'ont pas inventé les monarchies, les hiérarchies aristocratiques, les clivages entre hutu, tutsi, twa ou hima et iru, ni les structures claniques, d'ailleurs rès variées, du Buganda, des Bahaya de la Tanzanie actuelle, du Burundi, etc. Le problème est celui de la grille appliquée (en principe et en pratique) à ces réalités par les colonisateurs et adoptée ensuite bon gré mal gré par les colonisés.
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Là où l'Occident se cherche une bonne conscience et une légitimité dans son intervention, considérée par ses idéologues comme salvatrice pour le continent "noir", l'Afrique se positionne alors en victime de la violence esclavagiste et coloniale qui aurait ôté à ses sociétés "précoloniales" l'harmonie millénaire dans laquelle elles auraient vécu. (Ibrahima Thioub)
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Cette très faible représentation de l'Afrique dans l'enseignement en France a des retombées gravement néfastes. L'histoire du continent est peu connue ou inconnue, voire considérée comme inexistante. Le mythe de l'Afrique sans histoire, affiché sans complexe dans le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, est largement partagé par les Français, qui n'ont jamais pu réellement en connaître les réalités par l'enseignement. (Pierre Boilley)
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Mais ce déni d'histoire pour l'Afrique ne révèle-t-il pas un déni de réalité, face à notre propre situation au XXIe siècle, un déni de la place réelle de l'Europe dans le monde aujourd'hui ? En prétendant stigmatiser les pièges d'une Afrique éternelle, le discours présidentiel de Dakar peut aussi être le symptôme d'une marginalisation, piégé lui-même dans une vision caricaturale du monde dont nous serons toujours le centre, comme la terre dans l'univers d'avant Copernic. (Jean-Pierre Chrétien)
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L'essentiel dans le champ de l'histoire africaine, c'est l'identification de ce que cette domination produit sur son terrain d'application, de ce que le sociologue Georges Balandier appelait dès 1951 la "situation coloniale". Il soulignait qu'il ne s'agissait pas d'une simple juxtaposition, d'un simple contact, entre deux cultures, mais d'un processus spécifique, fait d'interactions, où l'Africain devenait autre et l'Européen aussi, dans un contexte d'inégalité sociale très particulier. (Jean-Pierre Chrétien)
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En Afrique on observe aussi la dialectique entre la guerre et les calamités dites naturelles, telles que les famines liées aux aléas climatiques... L'histoire des groupes est aussi celle des combats menés par tous les moyens, démographiques, économiques, militaires ou religieux, pour s'affirmer, voire pour survivre à une pression extérieure.. (Jean-Pierre Chrétien)
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décrypter ce que révèle le fait même que ce discours ait pu être tenu, et rappeler la dimension historique dans laquelle s'inscrit le destin, ancien et présent, des peuples africains.
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La "race" n'est pas sur le nez des victimes, mais dans la tête des bourreaux.
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