Vidéo de Jean-François Gomez
Ce qui caractérise le processus de l'abattoir, c'est que personne n'est responsable de la mort des bêtes. La division du travail séparant la saignée de l'abattage et du découpage crée une responsabilité diluée où chacun peut se protéger d'avoir donné la mort. p119
C'est dans le désintéressement que se niche une éthique du travail social. [...] C'est refuser obstinément qu'une vie, puisse-t-elle être la plus humble ou la plus démunie soit sans valeur. C'est se mêler de ce qui ne le regarde pas. p112
Pour Emmanuel Levinas, le XX ème siècle a été le siècle de l'Holocauste. Il est donc l'échec de la pensée occidentale et sans doute l'échec d'une certaine pensée de l'humanisme. p109
C'est refuser obstinément qu'une vie, puisse-t-elle être la plus humble ou la plus démunie soit sans valeur. C'est se mêler de ce qui ne le regarde pas _ définition que je donne de l'éducateur dans mon dernier livre_ c'est être à une place où l'on peut encore parler du désir humain.
Le travail est l'amour rendu visible. Et si tu ne peux travailler avec amour, mais uniquement avec dégoût, mieux vaut quitter son travail pour aller t'asseoir à la porte du temps et recevoir l'aumône de ceux qui travaillent avec joie. Khalil Gibran p 191
Ce qui peut sauver l'homme nous dit Levinas, c'est la rencontre de l'infini. p110
À l'autre je laisse du temps. J'accepte qu'il soit dans une durée qui ne soit pas la mienne, je donne à l'autre un statut d'apprenant parce que j'ai compris qu'une vie, toute vie, même et surtout la vie d'un grand psychotique déficitaire par exemple, est un perpétuel échange d'un sujet avec son environnement. Sans cet échange il n'y aurait pas de vie. Il faut tant d'efforts, tant d'énergie pour rester en équilibre. C'est la raison pour laquelle les personnes handicapées développent souvent face à notre surdité des stratégies élaborées face aux impasses qu'on leur propose.
Peut-être parlait-il de l'éducateur, l'un de ces métiers impossibles. p 96
Aussi bien le quotidien, n'est rien en soi, s'il n'est pas mis pour chacun en perspective, si ne s'y tricote pas du sens. il existe par exemple une idée fort répandue suivant laquelle la personne fragile ou supposée telle ne doit pas faire le deuil, doit les éviter ou en être protégée, doit pouvoir être éloignée des cérémonies qui permettent l'élaboration psychique des vivants. Face à cette idée reçue il faut réserver la place des rituels, les fêtes, les cérémonies, leur importance si considérable pour faire des nœuds du temps, démarche si essentielle à l'accompagnement des personnes handicapées mentales. Une pensée trop axée sur le quotidien, sans un travail de construction, sans la production d'actes de passages qui donnent à chaque vie une voie singulière d'accès au symbolique ne peut conduire qu'à un grave déficit de sens. p 5
Etre à l'écoute du consentement suppose qu'on n'ait pas pris possession de l'autre, qu'on accepte de ne pas lire dans sa conscience, ni dans son regard, qu'on ne se contente pas d'un dossier et de ses indications pour apprécier ses capacités de jugement. Qu'on accepte de l'autre son opacité. p 138