Citations de Jacques Saussey (520)
Nous sommes tous les étrangers de ceux qui ne sont pas comme nous.
- Quoi ?? Tu parles ? Mais pourquoi tu ne nous a jamais rien dit ?
La Vieille pose un regard d'un gris blanc sur lui.
- Ce n'est pas parce qu'une armoire est fermée qu'elle est vide... (...)
- En tout cas, c'est pas souvent qu'une bonne femme ouvre la bouche pour dire quelque chose d'intelligent ! (...)
- C'est parce qu'on n'a pas souvent en face de nous quelqu'un qui l'est assez pour comprendre.
Y a-t-il un bon âge pour mourir ?
On a tendance à penser qu'on part toujours trop tôt. En fait, il n'y a pas de vérité. On part quand le cercle se rompt, quand les fils qui nous relient au vivant se nécrosent et pourrissent, nous abandonnent à la pesanteur d'un corps vidé de son essence.
C'est tout.
Elle l'a entendu sourire. Elle a songé que c'est ce qui arrive quand on écoute bien la personne qui partage notre silence.
Un amour d’adolescent est-il mort à jamais ? N’y a-t-il pas des flammèches qui courent encore, sous la surface de la peau et des sentiments refroidis, jusqu’à ce qu’un souffle les réveille de leur engourdissement ?
C'est curieux comme, quand on a manifestement la preuve que tout va au plus mal, on peut garder quand même au plus profond de soi un déni de la plus cinglante évidence.
On a parfois besoin d'écrire les paroles que tout le monde ne peut écouter.
À peine le portail ouvert, elle se jette dans mes bras et éclate en sanglots. Mon petit... J'ai dix-neuf ans et j'ai encore droit à des "mon petit". Je suppose que toutes les mères du monde ont du mal à couper le cordon...
Elle désigna du menton le couple d'adolescents qui descendait vers le métro en prenant tout le trottoir, forçant les passants à s'écarter de leur chemin.
- Charmants, hein ?
(…)
- C'est la génération qui veut ça. Ils ne croient plus en rien. C'est ce qui les rend agressifs...
La vie a parfois un humour féroce qui nous rend à notre triste condition de mortel, de simple pion sur un échiquier divin dont les règles du jeu nous dépassent.
Nous sommes tous les étrangers de ceux qui ne sont pas comme nous.
- David Courty était un solitaire. Je dirais même un farouche. Il ne s'entendait avec personne et, pour tout dire, il était même assez inquiétant parfois.
- De quelle manière ?
(…)
- Pour ses collègues féminines, notamment. Il avait souvent une attitude parfaitement équivoque, si vous voyez ce que je veux dire.
- Je vois très bien , merci, mais ce que je ne vois pas, c'est en quoi ça le différencie des trois quarts des mâles de cette planète.
Les morts n'appartiennent plus aux vivants. Seules les conséquences de leurs actes leur échoient.
Je ne savais pas si nous pourrions lui rendre visite à la prison, mais j'avais la certitude que ma mère ferait tout son possible, essaierait de jouer de toute son influence pour parler à sa sœur. Elle aussi la croirait innocente. C'était naturel de refuser d'instinct la culpabilité d'un membre de sa famille. De crier à l'erreur judiciaire, quitte à réfuter l'évidence. On n'accepte jamais facilement la chute de l'un des siens.
Il s’arrêta à l’angle de l’avenue du maréchal Norek. À sa droite, après un petit immeuble bourgeois de quatre étages, le boulevard Chattam s’enfonçait dans un quartier de maisons cossues en direction opposée à l’hôpital. De l’autre côté du carrefour, l’avenue Minier, plus étroite, offrait une densité d’habitations et de commerces plus propice aux interrogatoires de porte à porte.
Maman ne veut pas que je laisse la lumière allumée. Même pour mon anniversaire. Ça coûte cher, qu'elle dit. On n'a pas la fortune à Rothschild.
Je ne sais pas qui c'est, Rothschild, mais il a de la chance de pouvoir laisser sa lampe allumée, lui.
Il n’y a besoin ni de tombe ni de fleurs, pour garder avec soi ceux qu’on a chéris.
[Il] garda le silence et s'éloigna. A question à la con, aucune réponse n'est requise.
(p. 286)
Il n'en croyait pas ses yeux. Le bâtiment le plus renommé de la police de France était sale et vétuste comme un HLM de banlieue défavorisée.
Il sortit son portable et allait appeler le commissaire lorsque ses yeux se posèrent sur le téléphone de Taillard. Les traces de poudre étaient effacées. De son doigt ganté, Magne appuya sur la touche bis, et un numéro s'égrena, puis la sonnerie retentit au loin. Au bout de quelques minutes, un répondeur se mit en marche :
"Vous êtes bien chez Alain Marceau. Laissez votre message. Merci" Clic
- Quel abruti! dit Magne en reposant le combiné sur le socle.
Ce crétin n'avait pas pu s'empêcher d'appeler chez lui. Impossible, dès lors, de connaitre la destination du dernier appel passé par Taillard.
Marceau venait de lui déposer sa première boulette ....