Citations de Hervé Collet (56)
quel bonheur
de traverser la rivière d'été
les sandales à la main !
(Buson)
Après quatre à cinq coupes
De saké d’offrande
Je suis ivre
Une fois ivre
J’en verse pour moi-même
Les fleurs du prunier
Consolent
Le cœur du vieil homme
L’ami d’autrefois
Aujourd’hui n’est plus là
(composé lors d’une visite à un ami, trouvant sa maison abandonnée)
Un sentier au milieu de dix mille arbres
Mille montagnes dans une brume opaque
L’automne est précoce, les feuilles tombent déjà
Pas la moindre pluie, pourtant les rochers restent sombres
J’ai pris un panier pour ramasser des champignons des bois
Et emporté une jarre pour puiser à la source au pied du rocher
Si ce n’est parce que son chemin s’est égaré,
Personne ne viendra jusqu’ici.
Pluie de printemps
la petite fille apprend
au chat à danser
Issa
J'habite dans une forêt profonde
d'année en année poussent les lianes vertes
en outre nulle affaire des hommes ne vient me harceler
de temps à autre j'entends un bûcheron chanter
au soleil je rapièce ma bure de moine
sous la lune je récite des vers bouddhiques
j'aimerais dire à ceux qui pratique la Voie,
pour se contenter on n'a pas besoin de beaucoup
j'habite au pied du mont Kugami
la porte ouvre sur la montagne d'émeraude
si la solitude ne te rebute pas,
viens donc frapper à ma porte au milieu de la forêt
Un sentier au milieu des pivoines, la mousse est rouge vif,
une fenêtre au coeur des montagnes, emplie de leur émeraude
je t'envie , ivre parmi les fleurs,
papillon voltigeant dans le rêve
Chian Chi
Vent d'automne
à ma manche s'accroche
un petit papillon
Issa
Sur le perron de jade se dépose la rosée blanche,
Imprégnant au profond de la nuit ses bas de soie
Elle déroule le store de cristal
Et par transparence contemple la lune d'automne.
Li Po
Les feuilles de lotus frémissent, la fraîcheur arrive sur le rivage,
Dans la nuit, les roseaux verts fredonnent doucement l'automne.
Toute ma vie, j'ai connu de près le goût des fleuves et des lacs.
Dès que j'entends les bruits de l'automne monte la nostalgie de mon village natal
Kiang Kui
la fragrance de l'orchidée
embaume les ailes du papillon
comme de l'encens
Le voleur, il a oublié de voler
la lune à la fenêtre.
Nous sommes tous, plus au moins, animés par la quête de l’absolu, de la vérité, de l’éveil, de l’illumination, de la compréhension ultime, etc.
Pour s’apercevoir, au bout du compte (si l’on y arrive), qu’il n’y a rien. « Fondamentalement rien », comme disait le maître ch’an chinois Feng-kan (IXe s.)
premier matin de l’année
un vent de jadis
souffle dans les pins
(Onitsura)
Naviguant sur le fleuve (Yu Hsuan-chi)
le grand fleuve ceinture la ville de Wu-chang
en face de l’île du Perroquet dix mille maisons
sur la barque peinte mon sommeil printanier ce matin n’est pas encore rassasié
rêvant que je suis un papillon, je pars à nouveau en quête des fleurs
aimer les livres est une grâce naturelle
mais sans talent aucune inspiration ne peut s'exprimer
d'humeur à écrire un poème, je congédie mes invités
j'ouvre les fenêtres de la bibliothèque et laisse entrer les montagnes
Réponse à Chang le magistrat (Wang Wei)
sur mes vieux jours je n'aime que la quiétude
les dix-mille choses ne m'encombrent plus le cœur
je me retrouve sans projet durable
je sais seulement que je retourne dans l'ancienne forêt
le vent souffle dans les pins, je dénoue ma ceinture
la lune éclaire la montagne, je joue du ch'in
tu demandes la vérité suprême?
le chant du pêcheur s'éloigne le long de la rive
à côté de mon ermitage
toutes les sortes de plantes
que j'ai semées et soignées
livrées
à l'humeur du vent
dans la rosée du matin
taché de boue
un melon frais
(Bashô)