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Citations de Hannah Arendt (524)


Quant à Himmler, l'homme le plus puissant d'Allemagne après 1936 [...], ce n'était pas un bohème comme Goebbels, ni un sadique comme Streicher, un illuminé comme Rosenberg, un fanatique comme Hitler ou un aventurier comme Goering. Il démontra sa capacité supérieure à organiser la domination totale des masses en assurant que la plupart des gens ne sont ni des bohèmes, ni des fanatiques, ni des aventuriers, ni des sadiques ou des illuminés, ni des ratés, mais d'abord et avant tout des employés consciencieux et de bons pères de famille. [...]
L'homme de la masse, que Himmler organisa pour lui faire commettre les crimes massifs les plus monstrueux de l'histoire, ressemblait au philistin plutôt qu'à l'homme de la populace, il n'était autre que le bourgeois qui, dans les décombres de son univers, se souciait avant tout de sa sécurité personnelle, qui était prêt à tout sacrifier - croyance, honneur, dignité - à la moindre provocation. Rien ne s'avéra plus facile à détruire que l'intimité et la moralité privée de gens qui ne pensaient qu'à sauvegarder leur vie privée. Après quelques années de pouvoir et de mise au pas systématique, les nazis pouvaient proclamer avec raison : "La seule personne qui soit encore un individu privé en Allemagne, c'est celui qui dort".

Edition Points/Essai, p65-66
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Le pouvoir jaillit parmi les hommes quand ils agissent ensemble.

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Ce livre important d'Hannah Arendt est depuis sa parution l'objet d'une polémique pas encore apaisée. Le sous-titre de l'ouvrage "la banalité du mal" en est le premier sujet. La responsabilité qu'elle attribue pour partie aux conseils juifs en est le second. Le grand intérêt de cet ouvrage n'est pas la relation du procès d'Adlf Eichmann, mais la pensée sur l'orgine du mal qu'elle construit à partir de ce moment. Elle a demandé à assister à ce projet, comme une façon de retourner à une partie de son histoire. Sa théorie sur le mal qui ne trouve pas sa racine dans la nature même de l'homme, mais plutôt dans l'absence de pensée, pour contestée qu'elle soit, ouvre un débat que l'histoire actuelle n'est pas près d'éteindre.
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Hannah Arendt
H.B. [HERMANN BROCH]

Survivre
Mais comment vivre avec les morts ? Dis,
où est la voix qui adoucit leur présence,
comme le mouvement qui initié par leur geste
ne fasse plus vouloir les sortir de nos vies.

Qui sait la plainte qui les éloigne de nous
et déroule un voile devant le regard vide ?
À quoi nous sert résignés croire qu'ils ne sont plus,
nos sens à rebours apprenant à survivre.

[Adaptation personnelle - ayant sans doute pris sensiblement plus de liberté (trop ?) par rapport à la littéralité originale du poème, ou en tout cas par rapport à la traduction déjà existante en français. Mes connaissances en allemand étant d’autre part plus que rudimentaires, je serai vraiment très reconnaissant de toutes critiques, remarques, éclaircissements, etc. provenant d’éventuels lecteurs germanophones /germanophiles qui auraient la patience de me lire et de s’y livrer (en sachant, je tiens à le préciser, que je ne considère jamais mes traductions personnelles de poèmes comme étant forcément meilleures que celles qui existent, et encore moins comme «achevées» une fois pour toutes, mais bien comme un exercice «in-progress» d'approche et d'intimité avec des auteurs qui me sont chers) Merci !]

Poème extrait de «Hannah Arendt, Heureux celui qui n’a pas de Patrie - Poèmes de Pensée », Payot, 2015». Traduit de l’allemand par François Mathieu. Édition établie, annotée et présentée par Karin Biro.

Ci-après, la version proposée par cet ouvrage :

H.B. [HERMANN BROCH]

Survivre
Mais comment vit-on avec les morts ? Dis,
où est la voix qui apaise leur présence,
comme le geste, quand il est guidé par eux,
nous souhaitons que leur voisinage même nous soit refusé.

Qui sait la plainte qui de nous les éloigne
et tire le voile devant les regards vides ?
À quoi sert de nous résigner à leur absence,
et le retournement de nos sens qui apprennent à survivre.


H.B. [HERMANN BROCH]

Überleben
Wie aber lebt man mit den Toten? Sag,
wo ist der Laut, der ihren Umgang schwichtet,
wie die Gebärde, wenn durch sie gerichtet,
wir wünschen, dass die Nähe selbst sich uns versagt.

Wer Weiss die Klage, die sie uns entfernt
und zieht den Schleier vor das leere Blicken?
Was hilft, dass wir uns in ihr Fort-sein schicken,
und dreht das Fühlen um, das Überleben lernt.
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"La principale caractéristique de l’homme de masse n’est pas la brutalité ou le retard mental, mais l’isolement et le manque de rapports sociaux normaux."
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Politiquement, la faiblesse de l'argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu'ils ont choisi le mal.
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Hannah Arendt
     
J'aime la terre, comme on aime en voyage
un endroit étranger
D'aucune autre manière
Ainsi la vie m'avance le long du fil qu'elle file
composant un dessin demeuré inconnu
jusqu'à ce que soudainement
comme l'adieu au voyage
le grand silence s'engouffre dans le cadre à tisser.
     
1943
-
     
Surgis des eaux dormantes de l'étang du passé
Qu'ils sont nombreux les souvenirs.
Silhouettes de brume traçant les cercles nostalgiques
de mon emprisonnement
Silhouettes passées, tentatrices, venues à leur but
     
O morts que voulez-vous ? N'avez-vous point votre place et patrie
aux Enfers ?
N'y avez-vous enfin la paix des profondeurs ?
La terre et l'eau, l'air et le feu vous sont soumis, comme si,
Puissant, un dieu vous possédait. II vous invoque des eaux, des étangs, des marais et des landes,
vous réunit et vous rassemble,
Luisant dans la pénombre, vous couvrez de brouillard le règne des
vivants, raillant l'obscur passé.
     
Nous aussi, nous voulons jouer, et saisir, et rire, et attraper
Les rêves du passé
Nous aussi sommes lassés des rues, des villes, des changements
brusques de la solitude
Parmi les barques chargées de couples amoureux qui passent
sur l'eau dormante des étangs dans les bois
nous pourrions nous aussi nous glisser
silencieux, lointains, dissimulés -
sur des nuages de brume qui bientôt
vont doucement vêtir la terre, la rive, le buisson, l'arbre
attendant que monte la tempête prochaine
attendant que monte des brouillards, des chimères, de la folie, du rêve,
le tourbillon de la tempête.
     
1946
-
     
La tristesse est une lumière allumée dans le coeur
L'obscurité une lueur qui sonde notre nuit
Il suffit d'allumer la petite flamme du deuil
Pour trouver, comme des ombres, dans la nuit longue et vaste,
le chemin de chez nous.
Les bois, la ville, les rues, l'arbre sont éclairés
Heureux qui n'a pas de patrie : il peut la voir en rêve.
     
1946
-
     
Je sais que les rues sont détruites.
Où brille des roues la trace, merveilleusement intacte,
entre les ruines antiques ?
     
Je sais que les maisons sont effondrées.
En elles nous entrâmes dans le monde, merveilleusement certains
qu'elles seraient plus durables que nous.
     
Et la lune, que cette fois nous avons oubliée,
dans sa lumière plus durable,
garde-t-elle encore les sabots des chevaux
comme un écho venu du fleuve au visage silencieux ?
     
1946
-
     
Seigneur des nuits
L'éclat de ton or sombre s'élève du fleuve
quand assoiffée, je cours de la colline me coucher
dans ta fraîcheur, le soir.
Seigneur des nuits
Pleine d'impatience
J'attends ton rêve, j'attends la nuit
Les jours s'alignent en une chaîne
mais chaque soir vient la briser.
     
Seigneur des nuits
jette la passerelle sur le fleuve
de rive à rive.
Ainsi quand assoiffée je courrai
pour me coucher dans ta fraîcheur
au dernier bond je pourrai me reprendre
sur la passerelle entre les rives, entre les jours
au-dessus de l'éclat de ton or.
     
1947
-
     
Deux lattes dans la clôture
deux racines dans le bois
deux arbres qui s'inclinent
devant la silhouette
     
Dans mon dos le fossé
A ma droite l'enclos
la clairière surgit
où tourne le chemin
     
Devant moi la prairie
devant moi la lumière
D'où vient mais d'où vient donc
ce lieu si familier ?
     
Deux lattes dans la clôture
deux racines dans le bois
deux arbres qui témoignent
de la force du rêve.
     
1947
-
     
Hélas comme le temps
se presse
et sans trêve
ajoute à sa chaîne
une année après l'autre.
Hélas comme les cheveux
sont vite devenus
chenus, ébouriffés.
     
Pourtant lorsque le temps
brusquement
se partage
et en jour et en nuit,
quand notre coeur s'attarde,
il ne joue pas
avec l'éternité du temps.
     
1951
-
     
Je ne suis qu'une chose
parmi les choses
peu de chose,
fruit d'un moment
d'excès
Clos tes mains autour de moi.
     
1951
-
     
Oui mais comment vit-on avec les morts ? Dis,
où est le son qui apaise les fantômes ?
Quel est le geste qui nous fera souhaiter,
par eux jugés, qu'ils ne nous hantent plus ?
Et qui connaît la plainte qui les tient loin de nous,
qui tirera un voile sur le vide des yeux ?
Quel moyen nous fera accepter leur absence,
et sous notre émotion découvrir la survie ?
     
1951
-
     
En traversant la France
La terre assemble en mosaïque tous les champs
y entrelace le liseré des arbres
elle nous laisse ourdir nos routes
autour des labours du monde
Les fleurs jubilent dans la brise
l'herbe pointe pour qu'elles s'y posent,
le ciel bleuit, fait signe à travers le tilleul
le soleil file de douces chaînes
Les hommes vont sans s'égarer
Terre, ciel, lumière et bois
à chaque printemps ils viennent, nouveaux-nés,
jouer sur la scène de la toute-puissance.
     
1952
     
Traduit de l'allemand par Anne-Sophie Astrup
     
Arendt Hannah. Poèmes inédits. Les Cahiers du GRIF, Hors-Série n°1, 1996. pp. 105-109.
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Hannah Arendt
Ce n'est que des poètes que nous attendons la vérité, et pas des philosophes, dont nous attendons de la réflexion.
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L'autorité implique une obéissance dans laquelle les hommes gardent leur liberté.
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Hannah Arendt
Afin de continuer à vivre, il faut essayer d’échapper à la mort contenue dans le perfectionnisme
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Eichmann n'était ni un Iago ni un Macbeth; et rien n'était plus éloigné de son esprit qu'une décision. comme chez Richard III, de faire le mal par principe.
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Seules la populace et l'élite peuvent être attirées par l'élan même du totalitarisme ; il faut gagner les masses par la propagande.
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[...] l’irréflexion (témérité insouciante, confusion sans espoir ou répétition complaisante de « vérités » devenues banales et vides) me parait une des principales caractéristiques de notre temps. Ce que je propose est donc très simple : rien de plus que penser ce que nous faisons.
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Hannah Arendt
Wohl dem, der keine Heimat hat ; er sieht sie noch im Traum (Bienheureux, celui qui n’a pas de patrie ; il la voit encore en rêve.)

Poèmes
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La principale caractéristique de l’homme de masse n’est pas la brutalité ou le retard mental, mais l’isolement et le manque de rapports sociaux normaux.
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Hannah Arendt
L'être humain ne doit jamais cesser de penser. C'est le seul rempart contre la barbarie. Action et parole sont les deux vecteurs de la liberté. S'il cesse de penser chaque être humain peut agir en barbare
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Mais quel but pourrait bien justifier, dans les circonstances présentes, les moyens capables d'anéantir l'humanité ?

NDL : on est en 1958 ou 1959, en pleine "guerre froide".
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Hannah Arendt
«L'éducation est le point où se décide si nous aimons assez le monde pour assumer la responsabilité (…). C'est également avec l'éducation que nous décidons si nous aimons assez nos enfants pour ne pas les (…) abandonner à eux-mêmes, (…) mais les préparer d'avance à la tâche de renouveler un monde commun.» Le contraire de notre société où la banalité de la violence s'étend de jour en jour !
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La Réforme parvint finalement à éloigner des Eglises tout ce qui était lié à l'éclat et à l'apparence, pour les transformer à nouveau en lieux de rassemblements pour ceux qui vivaient, conformément à l’Évangile, dans le retrait, le caractère public de ces espaces disparut également.
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Le peuple de l'union soviétique est sorti du cauchemar du règne totalitaire pour connaître les rigueurs, les dangers et les injustices multiples de la dictature du parti unique....
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