Moi, Edmond Huot de Goncourt, sain d'esprit, réfléchissant à l'ébranlement de ma santé depuis la mort de mon frère, songeant à la servitude de la mort, à l'incertitude de son heure, et de peur d'être prévenu par elle ainsi que l'a dit mon maître le Duc de Saint-Simon, j'écris et je signe de ma main ce présent testament.
Considérant que je laisse les parents qui me sont affectionnés et chers dans un état de fortune tels qu'ils n'ont pas besoin de mon bien après ma mort, je dispose de ce que possède ainsi qu'il suit : je nomme pour exécuteur testamentaire, mon ami Alphonse Daudet, à la charge pour lui de constituer, dans l'année de mon décès, à perpétuité, une société littéraire dont la fondation a été, tout le temps de notre vie d'homme de lettres, la pensée de mon frère et la mienne et qui a pour objet la création ci-dessous :
1° - D'un prix annuel de 5.000 francs destiné à un ouvrage littéraire
2° - D'une rente de 6.000 francs au profit de chacun des membres de la société ....
L'annonce de leur victoire a parfois surpris les lauréats dans le tranquille accomplissement de leur tâche quotidienne.
Claude Farrère apprit le succès des "Civilisés", à bord du "Saint-Louis" en rade de Toulon. Il avait été nommé lieutenant le jour même. On déboucha une bouteille de plus dans le carré.
Henri Béraud, à Athènes, averti qu'il venait d'obtenir le Goncourt, continua son croquis du Parthénon.
Ernest Pérochon, qui pêchait, ne retira pas son bouchon de l'eau.
Lucien Fabre n'interrompit point le cours du conseil d'administration qu'il présidait.
Roger Vercel, professeur au collège de Dinan, ne donna point congé pour cela à ses élèves ...