Francois Heisbourg vous présente son ouvrage "
Les leçons d'une guerre : l'Ukraine, la Russie, l'Asie, les Etats-Unis... et nous" aux éditions
Odile Jacob. Entretien avec
Jean Petaux.
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Je découvre que le silence n'est silencieux qu'en apparence, qu'il parle souvent plus fort et mieux que les mots, qui visent souvent à camoufler les convictions et les intentions. J'apprendrai plus tard que les Anciens disaient que la parole est d'argent mais que le silence est d'or : ils n'avaient cependant pas tout à fait raison [...]. Le silence peut aussi être de sang et de souffrance, et parfois de l'innommable. Le silence est pluriel.
Contrairement à une idée largement répandue, le réchauffement n'est pas pour l'essentiel un héritage de la Révolution industrielle à partir de la fin du XVIIIème siècle, donc fondamentalement imputable de longue date aux pays occidentaux industrialisés. En somme, les pays émergents seraient priés de modérer leurs rejets, payant ainsi le prix des péchés commis par les Occidentaux. En fait, l'essentiel des émissions de gaz à effet de serre a eu lieu à partir du milieu du XXème siècle, passant d'un stock de 5 milliards de tonnes à 36 milliards à la veille de la pandémie, soit une multiplication par plus de 7, correspondant en grande partie à l'industrialisation de l'URSS puis de la Chine et de l'Inde.
Robinson Crusoé découvre qu'il n'est pas seul quand il tombe sur la trace des pieds d'un autre homme, que le naufragé nommera Vendredi. Hoiningen, c'est le contraire : sur la plage de la vue, exposée au regard de chacun, il est un Vendredi dont le passage ne laisse pas de trace. Ce n'est pas simplement quelqu'un qui se tait. Il se vit comme le silence.
Un conservateur luxembourgeois, c’est d’abord quelqu’un qui soutient l’existence même du grand-duché et de la dynastie grand-ducale. Nonobstant l’influence culturelle allemande et la langue allemande dans le pays, et spécialement à travers une église alors puissante, ce nationalisme est davantage antiprussien et antiallemand qu’antifrançais ou qu’antibelge. L’épisode de 1914⁄1918 avait eu pour effet de conforter ce positionnement. Mon père avait par ailleurs pris goût pour la culture et la langue françaises, d’où son choix d’entamer ses études supérieures à Grenoble et à la Sorbonne, à à l’époque, il n’y avait pas d’université au grand-duché, et les bacheliers pouvaient choisir de poursuivre leurs études en Belgique, en France ou en Allemagne. Réactionnaire, il l’était, mais démocrate aussi et affichera donc ses sentiments pro-Alliés pendant la drôle de guerre.
Ainsi la France aligne aujourd'hui une armée de terre de 114 000 soldats d'active, soit le tiers seulement des effectifs d'il y a quarante ans. L'Allemagne, qui déployait à la même époque 3 700 chars d'assaut, n'en compte plus que 245. La Royal Navy britannique ne possède que 20 navires de combat de premier rang contre 70 en 1981, et la RAF est passée de 713 avions de combat à 222. Et il s'agit là des pays les mieux dotés d'Europe. Certes, la fin de l'Empire soviétique a précipité cette tendance, mais le processus dépasse ce seul facteur explicatif, car l'environnement stratégique n'est vraiment plus celui des années 1990 : la Russie est redevenue une grande puissance militaire, la Chine est désormais une superpuissance et l'Afrique sahélienne, la Méditerranée et le Moyen-Orient ne sont pas des zones de paix.
Il y a une immense noblesse à faire le bien, surtout si cela implique de tourner le dos au système de croyances de son clan, de sa tribu. Cependant, l’action doit être prolongée par sa narration. Le taiseux baron, mais pas seulement lui, n’y était pas porté. Il est temps d’en parler. Et, en parlant, peut-être susciterons- nous d’autres vocations : des langues de proches se délieront, des archives familiales ou publiques s’ouvriront. En d’autres mots, et en retournant l’adage familier : pas seulement des actes mais aussi des paroles. Telle est la condition d’une transmission durable.
Homère, pour autant qu’il est réellement existé, paraît avoir été de cet avis. Qui lui donnerait tort trois mille ans plus tard ?
La Chine est un pays vulnérable, à la population vieillissante, aux côtes surpeuplées, livrées aux ravages du changement climatique, stratégiquement à la fois enserrée et exposée. Mais elle est animée aussi par le puissant sentiment de fierté d'incarner une civilisation plurimillénaire et d'avoir été jusqu'à l'orée du xix° siècle le pays le plus peuplé avec l'économie la plus importante de la planète. Ce mélange-là est assurément volatil : l'analogie a été faite plus haut avec l'Allemagne de Guillaume II ; c'est aussi le Japon impérial des années 1930 qui vient à l'esprit ; dans les deux cas, cela ne s'est pas très bien passé.
En termes géopolitiques, il y aura ainsi tension entre la démondialisation gage de résilience et la nécessaire gestion multilatérale des défis mondiaux, tels les pandémies mais aussi le changement climatique.
Pourtant, ils sont mis par une combinaison assez similaire d’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction. Ce ne sont pas des cyniques. La formule « noblesse oblige » ne s’applique pas au pied de la lettre, puisque seul Hoiningen fait partie de cette confrérie là : pourtant elle paraît résumer leur approche de la situation exceptionnelle dans ces années de feu. Aussi, on ne manquera pas de souligner l’importance capitale de la transmission éthique dans nos sociétés, transmission qui implique aussi une certaine compréhension de notre passé.
À l'épreuve de ce stress test in vivo que constitue la pandémie, l'Union européenne a malheureusement montré qu'elle n'a ni l'unité politique ni la cohérence institutionnelle pour agir à la fois efficacement et vite. Dans la conception et la mise en œuvre de la stratégie vaccinale, elle n'a pas su acquérir la légitimité que confère la réussite face à l'adversité. Pour le meilleur comme pour le pire, l'action décisive est et restera l'apanage des États, pris individuellement ou opérant collectivement.