Francis Scott Fitzgerald

[…] elle allait avoir dix-huit ans, et atteindre sa plénitude, mais on voyait encore sur elle des traces de rosée.

C'est comme cela que se développe une intimité. On commence par dresser de soi-même un portrait favorable, en retouchant le produit fini, bien léché, par de la vantardise, des mensonges et de l'humour. Puis il faut ajouter des détails, et l'on brosse un nouveau portrait, puis un troisième, et le secret finit par éclater au grand jour. Les plans du tableau se sont entremêlés et nous trahissent, et nous avons beau peindre et repeindre, notre tableau ne trouve plus acquéreur.

Toute tragédie a ce côté grotesque et sordide, vain, futile.. on meurt comme les bêtes.

You may fool me, but you can’t fool God!

When there had been her mother and a French nurse, he had been inclined to be strict; now he extended himself, reached out for a new tolerance; he must be both parents to her and not shut any of her out of communication.
"I want to get to know you," he said gravely. "First let me introduce myself. My name is Charles J. Wales, of Prague."
"Oh, Daddy!" her voice cracked with laughter.
"And who are you, please?" he persisted, and she accepted a role immediately: "Honoria Wales, Rue Palatine, Paris."
"Married or single?"
"No, not married. Single."
He indicated the doll. "But I see you have a child, Madame."
Unwilling to disinherit it, she took it to her heart and thought quickly: "Yes, I've been married, but I'm not married now. My husband is dead."
He went on quickly, "And the child's name?"
"Simone. That's after my best friend at school."
"I'm very pleased that you're doing so well at school."
"I'm third this month," she boasted. "Elsie" -that was her cousin- "is only about eighteenth, and Richard is about at the bottom."
"You like Richard and Elsie, don't you?"
"Oh, yes. I like Richard quite well and I like her all right."
Cautiously and casually he asked: "And Aunt Marion and Uncle Lincoln - which do you like best?"
"Oh, Uncle Lincoln, I guess."
He was increasingly aware of her presence. As they came in, a murmur of "...adorable" followed them, and now the people at the next table bent all their silences upon her, staring as if she were something no more conscious than a flower.

Il prit l'un des cigares que lui offrait Abercrombie, en tira une longue bouffée, puis regarda se faner l'or du ciel, se déployer le rideau gris du crépuscule - et son visage fatigué laissait croire qu'il était plongé dans de profondes réflexions. Ils étaient tous partis : le petit garçon et sa bicyclette, la petite Noire, le bébé, le chaton. Du fond des misérables bungalows, on entendait les notes graves des pianos, qui poussaient les grillons à leur faire concurrence. Des gramophones aigrelets y mêlaient par à-coups des fragments de rag-times plaintifs - et c'était comme si chaque maison de la rue s'était ouverte sur la nuit.

Il avait quarante-six ans. Il travaillait dur. Il était marié à une femme qui avait vécu ses meilleures années dans sa prime jeunesse, ce qui est sans doute, dans une démocratie, la définition même de la misère.

"Je vis que pendant longtemps je n'avais aimé ni les gens ni les choses, mais que j'avais seulement bon an mal an fait comme si, selon la bonne vieille pratique."

Le processus continuait. Il n'y avait aucun doute - il paraissait maintenant trente ans. Au lieu de s'en réjouit, il éprouva une sensation de malaise - il rajeunissait de jour en jour. Il avait jusqu'alors espéré que, lorsque son apparence physique coïnciderait avec son âge réel, le phénomène aberrant dont il était victime depuis sa naissance s'arrêterait de lui-même.

Il avait alors espéré que, lorsque son apparence physique coïnciderait avec son âge réel, le phénomène aberrant dont il était victime depuis sa naissance s'arrêterait de lui-même. Il frémit de tout son corps. Son destin lui semblait incroyable et affreux.

Réserver son jugement implique un espoir infini.

Dans la nuit noire de l'âme, il est toujours trois heures du matin.

Le peuple américain commence juste à prendre conscience du fait que le succès s’obtient avec peine. Il a été facile dans le passé. Mais c’est une erreur de croire que l’intérêt croissant des auteurs pour les difficultés économiques de leurs personnages est chose nouvelle dans la littérature américaine. Nous l’avons déjà connu avant-guerre chez Jack London, Edna Ferber, Fannie Hurst et Ida Tarbell avec son histoire de la Standard Oil. L’un des effets de la Dépression, c’est que les jeunes auteurs débutants n’ont qu’une chance sur cent d’obtenir un public ; les éditeurs n’ont pas seulement réduit les offres, mais ils ne s’intéressent qu’au gros gibier.

Avant trente ans, un homme est un “contemporain”, mais après cela il y a quelque chose de fort peu satisfaisant à solliciter son opinion sur la jeune génération, à la nature toujours mouvante.

Il est assez futile d’analyser les flappers. Ce ne sont que des filles – toutes sortes de filles. Leur seul trait commun est d’avoir un splendide appétit de vivre.

L’imagination est la puissance prédominante derrière la plume de Scott Fitzgerald. Il s’enchante d’une bonne métaphore comme une femme d’un joyau sans prix. Il adore faire rouler des expressions splendides sur sa langue. Son enthousiasme pour la beauté des mots est sensuel.

 J’aurais aimé être un jeune Espagnol autour de 1550 à l’apogée de l’Armada. J’aurais détesté être un Romain ou un Grec à quelque période que ce soit. J’aurais aimé être un jeune Vénitien quand Venise était le carrefour du monde civilisé et que tous les croisés en franchissaient les portes.

Bien sûr, c’est une jeune personne qui en impose. Je ne l’apprécie pas du tout, en règle générale – à moins qu’elle ne soit très jolie, qu’elle ait un charme véritable – ou d’un autre côté, à moins qu’elle soit assez intelligente pour se conduire avec bon sens et discrétion. La plupart d’entre elles font un tel gâchis de leurs amours !

on trouvait la richesse sans milieu, tradition ni manières, au sens large du mot. Il va de soi que, disposant de cette ressource neuve et puissante qui leur permettait d’agir à leur gré, un grand nombre des plus jeunes filles ne pouvaient consacrer leur temps libre et leur vitalité exubérante qu’à tel ou tel excès.

Je ne veux pas dire que l’argent amène forcément le bonheur. Mais avoir des choses, rien que des choses, des objets, rend une femme heureuse. La bonne sorte de parfum, une paire de souliers élégants. Ce sont de grandes consolations pour l’âme féminine.