Fermin Solis

C'est si calme ici qu'on sent presque tourner la Terre.

En Amérique, on disait que la préparation d'un bon martini dry doit rappeler la conception de l'enfant Jésus. La touche de vermouth doit être aussi subtile que l'Esprit Saint quand il a traversé l'hymen de Marie sans le rompre.

Ma grand-mère disait : suis un âne et il te conduira chez toi, suis une chèvre et tu finiras dans un ravin.

Ramón : - Je ne te vois pas faire un documentaire. Tu ne pourrais pas y montrer des yeux sectionnés ou des squelettes habillés en évêque... seulement la réalité.
Luis : - Pourquoi pas ? Je fais ce que je veux. D'ailleurs, la réalité peut être aussi surréaliste que l'imagination la plus débridée.

Tu te fais vieux Buñuel. Tu crois vraiment que tu vas être reconnu grâce à ce film ?
- Je ne cherche pas à être reconnu, mais à secouer les consciences.
- Le public ne veut pas voir la souffrance, il veut se distraire.

Est-ce que j’ai le choix ? C’est ça ou retrouver l’Amérique et me farcir leur conformisme et leur corruption stéréotypée du cinéma.

Tu dois être au courant du grabuge qu’il y a eu à la première de L’âge d’or. On aurait dit un champ de bataille, les chaises volaient dans tous les sens.
- Je n’arrive pas à comprendre que ton film ait pu choquer à ce point dans un pays de libertés comme la France.

Ah, mon ami, il faudra un jour que tu m’expliques pourquoi un petit-bourgeois comme toi a une telle soif de révolution.

Entrez, entrez. La maison l’est très modeste, mais nous demeurons là avec les bêtes, la femme et les trois enfants. Le quatrième, j’lai enterré.

En Amérique, on disait que la préparation d’un bon martini dry doit rappeler la conception de l’Enfant Jésus. La touche de vermouth doit être aussi subtile que l’Esprit Saint quand il a traversé l’hymen de Marie sans le rompre.

Chez moi, la première fois que j’ai dit que je voulais faire du cinéma, ma mère a failli avoir une attaque. Elle a éclaté en sanglots comme si je lui avais annoncé que j’étais pédé.

Après Terre sans pain, Luis Buñuel attendit dix-sept ans avant de réaliser son film suivant, Los olvidados.

Figure- toi qu'à Paris, j'ai rencontré le poète Pablo Neruda et il m'a expliqué que pour réussir il fallait être gros. Tous les lundis il se plantait devant la vitrine de la librairie du quai Voltaire, où sont exposées les oeuvres complètes de Victor Hugo, et se mesurait le bide: "j'arrive déjà au tome cinq" il disait...

Permettez-moi de vous présenter le cercle des baleines franches.

À force de se souffrir, on finit par s'aimer.