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EAN : 9782878271386
100 pages
Rackham (16/04/2011)
3.96/5   12 notes
Résumé :
Le récit de Solís s'articule autour du tournage de Terre sans pain, le film documentaire que Buñuel a réalisé en 1932 dans la région de Las Hurdes en Estremadure, Espagne. Cette œuvre, qui n'est pas forcement la plus connue de Buñuel, sauf peut-être par les spécialistes, est pourtant l'une des plus emblématiques de sa vaste filmographie. En effet, Terre sans pain marque le détachement de Buñuel de « l’orthodoxie » surréaliste et son engagement sur des thèmes plus so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Étonnant roman graphique édité chez Rackman en 2011 et que je ne découvre qu'aujourd'hui, Buñuel dans le labyrinthe des tortues est un magnifique album en noir et blanc racontant le tournage d'un documentaire à Aceitunilla, village lointain de Las Hurdes, en Extremadura, par cet immense réalisateur espagnol : Luis Buñuel (1900 – 1989).

Fermín Solís me désoriente un peu au début en situant l'action dans le Paris nocturne, en décembre 1932. Luis Buñuel (photo ci-contre) est en plein rêve virant au cauchemar car il a horreur des poules. Ramón Acín l'appelle depuis Huesca où il a gagné le gros lot ! Il peut financer un film…
Le voilà donc trois mois plus tôt, toujours à Paris, avec ce même Ramón, dans les bars. Ils débattent du surréalisme et boivent beaucoup.
Les dessins qui paraissent simplistes sont, en fait, très expressifs, rendant bien compte des tourments qui agitent l'artiste. Alors qu'ils sont ivres tous les deux, Ramón lui promet de financer son prochain film s'il gagne au loto ! C'est donc fait.
Ils se retrouvent l'année suivante en Extremadura, dans une vallée perdue où la misère est terrible, la faim omniprésente et la consanguinité évidente. Les relations avec les villageois ne sont pas simples car Buñuel veut mettre en scène le drame de la misère. Il filme les habitants, los Hordanos, et quelques cigarettes permettent d'entrer dans leurs masures dont les toits font penser à des carapaces de tortues.
Elí Lotar, Pierre Unik et, bien sûr, Ramón Acín sont ses fidèles compagnons et assistants. S'ils ne sont pas d'accord pour tourner telle scène, c'est Luis qui impose sa volonté et réaliser Terre sans pain (Las Hurdes ou Tierra sin pan), un moyen-métrage dénonçant la misère extrême de ce coin reculé d'Espagne, peu de temps avant le début de la guerre civile. le film, troisième de Buñuel après Un chien andalou et L'âge d'or, sortira en 1933 et sera suivi par une série impressionnante de longs métrages comme le journal d'une femme de chambre, Belle de jour, le charme discret de la bourgeoisie ou encore Cet obscur objet du désir, son dernier, sorti en 1977.

Si les dessins sont étonnants d'expressivité, j'ai beaucoup apprécié la qualité des textes traduits par Thomas Delooz et Alexandra Carrasco-Rahal. Ils sont très explicites et rendent bien compte de la mentalité de ce géant du cinéma que cette bande dessinée espagnole, véritable roman graphique, m'a permis de redécouvrir et de mieux connaître.
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Trois parties composent ce remarquable roman graphique.
La première est intitulée : Ne pas déranger, artiste en plein rêve, dans laquelle Luis (Buñuel) est tiré d'un rêve par le garçon d'hôtel venant le prévenir d'un appel téléphonique, son correspondant étant son ami Ramón (Acín). La scène se passe à l'hôtel Ronceray à Paris, fin décembre 1932.
La deuxième se nomme Paris ne nous aime plus et montre nos deux personnages déambulant dans la nuit parisienne en évoquant la première de "L'âge d'or", le surréalisme ou l'échec du coup d'état du général Sanjurjo dans sa tentative de renverser la jeune République espagnole.
La dernière, la plus importante : À dix heures de Paris, se situe à Las Hurdes dans l'Estrémadure et nous fait le récit du tournage de Terre sans pain dont Ramon sera le producteur grâce à un gros gain à la loterie.
Fermín Solís dessine et décrit de façon remarquable les déplacements de Buñuel et de ses compagnons dans cette région aride et pauvre de Las Hurdes, leurs rencontres avec Les hurdanos, ces paysans isolés, oubliés, vivant dans une misère totale.
En partie imaginaire, mais tout en se basant sur le film documentaire réalisé par Buñuel en 1932, Terre sans pain, l'auteur livre dans cette bande dessinée un portrait haut en couleurs du réalisateur espagnol, n'hésitant pas à le faire apparaître un jour, déguisé en nonne ou porteur d'un revolver pour tuer ânes ou chèvres. Pendant le tournage, Buñuel cherche à dramatiser certaines scènes pour accentuer la terrible misère de ces gens qui vivent dans le dénuement le plus total et dénoncer cet état de fait.
Avec le roman graphique Buñuel dans le labyrinthe des tortues, Fermín Solís brosse un portrait extrêmement riche et vivant du réalisateur engagé qui, à cette période, s'éloigne un peu du surréalisme.
Cette lecture m'a permis d'en savoir davantage sur la personnalité de Luis Buñuel et en particulier sur l'un des films de sa vaste filmographie.
Les dessins en noir et blanc représentent le plus souvent les personnages en mouvement et ceci apporte beaucoup de vie au récit. le trait est alerte et donne un rendu très réaliste.
En fin d'ouvrage, l'auteur nous offre un portrait des quatre personnages présents sur le tournage et nous dit en quelques mots ce qu'il est advenu de ces jeunes gens à la fin du film.
Des bonus nous sont également offerts dans lesquels j'ai notamment apprécié l'étude du personnage de Buñuel, la ressemblance étant particulièrement réussie.
Je remercie Eurozoom et les éditions Rackham qui m'ont permis cette belle découverte !

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Fermin Solis, l'auteur de ce roman graphique, est originaire d'Extramadure, en Espagne, c'est sans aucun doute ce qui l'a incité de retracer ici le tournage du documentaire de Luis Buñuel, Terre sans Pain, en 1932.
Buñuel y montre la misère extrême de cette région espagnole loin de tout, sans accès ni à l'éducation ni même au cimetière, à des kilomètres de là. le documentaire a été censuré par le gouvernement espagnol dès sa sortie, comme les films précédents de Buñuel.
Fermin Solis présente le réalisateur sous un angle controversé, à la fois issu de la bourgeoisie et réfractaire à tout ce qui y touche, aimant les animaux et pourtant prêt à les faire souffrir pour le film, excentrique, provocateur, un brin indifférent au peuple qu'il filme et à ses conditions de vie si ce n'est à travers la caméra.
Sans accès aux informations complémentaires qu'on peut trouver sur Internet, il est difficile de comprendre le roman graphique. Pour cela il faut déjà bien connaître Luis Bunuel et la région filmée car rien n'est expliquée. Je n'ai pas aimé non plus le dessin, grossier et en noir et blanc qui n'apporte aucun plaisir esthétique à la lecture déjà confuse.
Je n'ai pas compris l'intérêt de ce livre ni des planches supplémentaires offertes comme un cadeau.
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Discussion autour de la bédé « Buñuel dans le labyrinthe des tortues », entre un cinéphile n'ayant pas lu l'album en question et un bédéphile n'ayant vu aucun film de Buñuel :

«- Ah, Boustoune, tu tombes bien !
- Pourquoi, t'as ouvert une bonne bouteille ?
- Oui, aussi, mais tout en la dégustant, j'aimerais discuter un peu de Buñuel avec toi.
- Tu as abandonné tes p'tits mickeys et tes super-héros en collants pour te consacrer enfin aux monuments du septième art ?
- Heu… bah pas vraiment, en fait : le truc, c'est que je viens de lire une bédé sur Buñuel, et que je voudrais savoir si j'ai bien cerné le perso', savoir ce qui est avéré ou ce qui est de la pure fiction, à quel point l'auteur a été fidèle ou a romancé la vie du réalisateur… tout ça, quoi ?!
- Bon, même si tu ne te mets pas encore aux grands films, c'est déjà un bon début… et elle parle de quoi, donc, ta bédé ? Buñuel : sa vie, son oeuvre ?
- Non, pas « sa vie, son oeuvre », mais plutôt d'une de ses oeuvres en particulier : le documentaire Terre sans pain.
- Ah, grand documentaire. Une oeuvre charnière de sa carrière, qui plus est !
- Ah oui ?
- Oui, en fait Buñuel, même s'il venait lui-même d'un milieu assez aisé, avait horreur des petits bourgeois, supérieurs et élitistes. du coup, en devenant l'un des grands représentants du surréalisme, ce qu'il voulait, c'était choquer, frapper un grand coup et déranger ces fameux petits bourgeois.
- le surréalisme, c'est choquant ?
- Oui, il n'avait pas peur d'aller très loin dans sa façon de filmer : de la mise en scène au montage, il n'hésitait pas à se servir de son savoir-faire pour illustrer de façon très esthétique et imagée des sujets très durs, d'actualité et parfois tabous, et en profitait pour assener des attaques moyennement déguisées au gouvernement, à l'Eglise, et à la bourgeoisie elle-même… et parfois même avec une violence très extrême.
- Mais s'il était un esthète et s'en servait pour passer des messages, pourquoi en venir au documentaire ?
- Justement, l'aristocratie intello – bobo ne captait rien à ses messages : ils adoraient ses films parce qu'ils étaient beaux et audacieux visuellement, mais ne cherchaient même pas à comprendre quel fond se cachait derrière une forme si léchée ! Et à l'inverse, ceux qui ne s'intéressaient pas à ses qualités de réalisateur hors-normes restaient hermétiques à son oeuvre et le classaient automatiquement parmi ces mêmes intello – bobos qu'il détestait.
- D'accord, je comprends mieux, alors, pourquoi par deux fois dans le bouquin il hurle haut et fort qu'il chie sur les surréalistes.
- Voilà, du coup, il se dit que si il veut se détacher de cette aristocratie artistique et réussir à passer ses messages, le plus simple c'est de partir sur un documentaire.
- Donc, là, quand il part à Las Hurdes filmer ces laissés-pour-compte, abandonnés dans un coin d'Espagne où la terre est si aride et si peu fertile que rien n'y pousse, il s'attaque au gouvernement qui a envoyé ces miséreux crever entre eux dans ce coin d'enfer sur Terre…
- Oui, exactement : ce documentaire a été réalisé sous Franco, et ce que cherchait Buñuel, c'était montrer à tous que malgré les belles valeurs qu'il prônait – famille, morale, patrie – Franco n'hésitait pas à exiler des être humains dans un trou perdu et les condamner à y vivre comme des animaux.
- Et quand il s'exaspère sur le fait que les mendiants récoltant plus que les autres en viennent à prêter à usure à leurs voisins, c'est une charge contre qui ?
- Contre la bourgeoisie, contre le pouvoir de l'argent : il montre que même parmi les plus miséreux, un système de classes et de domination par les plus fortunés finira forcément par se mettre en place. Et je suis sûr que si tu cherches bien, quelque part, il doit aussi mettre un taquet à l'Eglise.
- Yep ! Il insiste bien sur le fait que tous ces gens vivent dans des taudis, sans confort ni aucune hygiène, mais que, par contre, le seul lieu convenable, propre, et dans lequel le gouvernement a bien voulu mettre un peu d'argent, bein, c'est l'église !
- Et voilà, forcément ! Et c'est en ça que le lascar n'a pas totalement réussi à se détacher du surréalisme : même s'il fait un documentaire, à la manière d'un Michael Moore, il choisira précisément ce qu'il veut filmer et quelle tournure il donnera à son montage final pour lui faire dire exactement ce que, lui, il voulait démontrer dès le départ.
- Héhé, dans le bouquin, on le voit même truquer des scènes pour illustrer ses propos !
- Et voilà : une réalité orientée et détournée, pour choquer, provoquer, dénoncer, secouer les petits bourgeois… on retombe en plein dans sa définition du surréalisme !
- Et qui justifie sa phrase comme quoi la réalité peut être aussi surréaliste que l'imagination la plus débridée !
- Après, moi, je l'ai pas lu, ta bédé, j'te dis ça comme je le ressens à travers sa filmographie.
- Mais justement, plus j'en parle avec toi, et plus je me dis que cet espèce de faux carnet de tournage n'est qu'un prétexte pour parler non pas du documentaire en question, mais bien de son réalisateur ! A la rigueur, on se fout de savoir ce qui est vrai ou romancé dans ces pages, le but, c'est de parler de Buñuel, de ses obsessions, de ses valeurs, de ses contradictions, de sa folie, de son utopie, de ses outrances artistiques, de sa volonté de faire la révolution avec les armes du scandale, de son côté incompris… pour au final, en faire un réel personnage de fiction, un héros de bédé, extravagant et fantasque, un fier Andalou au costume rayé et au torse bombé dans son p'tit costume rayé, une sorte de Gomez Addams qui se serait mis au cinéma !
- Ah, ouais, tout ça ?! Bein, tu t'es peut-être pas mis au grand cinéma, mais moi je me mettrai bien à la grande bédé… tu m'la prêtes ? »

Lien : http://www.anglesdevue.com/r..
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Chronique imaginaire du tournage du film « terre sans pain » de Luis Bunuel, seul film documentaire de Luis Buñuel, tourné en 1932 dans la région de Las Hurdes (Estrémadure en Espagne). L'obsession de Bunuel pour cette région où la misère rurale est à son comble aura raison de toutes les réticences et son ami Ramon finance le tournage suite à un pari d'ivrogne.
Le Bunuel fanfaron et ivre, dissertant sur le surréalisme dans les rues de Paris au début de l'album, se retrouve face à une énorme tortue après le tournage du film pour s'interroger encore : « le but ultime du surréalisme n'est-il pas de transformer le monde ? ».
En noir et blanc, un dessin enlevé, où les tourments du personnage apparaissent dans sa représentation même et celle de ses hallucinations. Public averti.
Auteur de « Des baleines et des puces » édition du Potager moderne.
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critiques presse (1)
Telerama
16 juin 2011
Un portrait en mouvement, bien plus évocateur que nombre des biographies consacrées à l'un des grands cinéastes du XXe siècle.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ramón : - Je ne te vois pas faire un documentaire. Tu ne pourrais pas y montrer des yeux sectionnés ou des squelettes habillés en évêque... seulement la réalité.
Luis : - Pourquoi pas ? Je fais ce que je veux. D'ailleurs, la réalité peut être aussi surréaliste que l'imagination la plus débridée.
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Tu dois être au courant du grabuge qu’il y a eu à la première de L’âge d’or. On aurait dit un champ de bataille, les chaises volaient dans tous les sens.
- Je n’arrive pas à comprendre que ton film ait pu choquer à ce point dans un pays de libertés comme la France.
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En Amérique, on disait que la préparation d'un bon martini dry doit rappeler la conception de l'enfant Jésus. La touche de vermouth doit être aussi subtile que l'Esprit Saint quand il a traversé l'hymen de Marie sans le rompre.
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Tu te fais vieux Buñuel. Tu crois vraiment que tu vas être reconnu grâce à ce film ?
- Je ne cherche pas à être reconnu, mais à secouer les consciences.
- Le public ne veut pas voir la souffrance, il veut se distraire.
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En Amérique, on disait que la préparation d’un bon martini dry doit rappeler la conception de l’Enfant Jésus. La touche de vermouth doit être aussi subtile que l’Esprit Saint quand il a traversé l’hymen de Marie sans le rompre.
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Bunuel après l'âge d'or - Bande annonce
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