Citations de Edgar Hilsenrath (401)
Déjà à l'époque, il était en quelque sorte évident pour moi que les autres langues ne seraient que des langues de remplacement, les béquilles d'un paralysé temporaire qui les rejette dès qu'il peut de nouveau marcher seul. (123)
Ceux qui assènent de pieuses paroles et prétendent aimer l'humanité tout entière, n'aiment en réalité personne. Quand on aime, on fait toujours des choix. Je ne peux pas aimer tout le monde, mais dans le cadre de mes possibilités, je peux faire en sorte qu'il ne soit fait de tort à personne. (115)
Je me battais tous les jours pour la langue allemande, je me battais contre un monde qui aurait bien voulu que je pense en anglais et que, comme la plupart des émigrants, je raccroche la langue allemande au clou. (88)
La diffusion du film [À l'ouest rien de nouveau] dans les cinémas d'Allemagne en 1930 provoque un scandale. Les nazis le font boycotter. Goebbels, alors Gauleiter de Berlin, envoie ses hommes de main dans tous les cinémas. Ils lancent des boules puantes et des souris dans le public. Le film est finalement interdit. Mais le scandale fait augmenter les tirages du livre. (49)
- J'étais le seul Juif de la classe, dit l'étranger. Mais je n'ai jamais chanté avec les autres. Tu te trompes. Je serrais les lèvres comme un vieux loup qui cache ses dents. Et je n'ai jamais braillé "Heil Hitler !". D'ailleurs je ne braille jamais. (28)
Remarque aime la musique. À vingt ans, il note dans son journal : « la musique est salvatrice, seule consolatrice ». Il est mobilisé en 1916.
Vous devriez lire « Arc de triomphe ». Souvenirs d'Erich Maria Remarque, p. 48
- "Shabbat est un moment joyeux" sourit Déborah. "Et il y a si peu de joie dans le monde ! C'est pourquoi j'ai pris une résolution."
- "Quelle résolution ?"
- "De préparer une fois par semaine plus de soupe que je ne peux en manger, et d'en donner à ceux qui en ont le plus besoin."
Moïshe acquiesca, tout en la regardant comme on regarde quelqu'un qui a perdu la raison.
- "J'ai mal à la tête... comme des coups de marteaux, très bizarres,,, si... si vous me donniez juste une toute petite lichette..."
- "Une toute petite lichette" rit-elle. "Et puis quoi encore ?"
-"Je tiens à peine sur mes jambes. "
- "Alors, rasseyez vous."
Quand Mandelbaum commença à préparer son dîner, Lopp s’aperçut qu’il était déjà neuf heures du soir, neuf heures dix pour être précis. Typique, pensa Lopp, ces fainéants dorment la moitié de la journée, prennent leur petit déjeuner tard, déjeunent tard et par conséquent dînent tard. Tout est un peu décalé.
Le Deutschnationale Partei Neofasciste envoya des bandes de casseurs pour perturber les lectures de Lesche. Une fois, ils vinrent avec un berger allemand qui grognait et montrait les crocs. (...) La police fut appelée. La police ne vint pas. "Quand il s'agit de gauchistes, ils sont tout de suite là, dit le libraire. En revanche ils prennent leur temps avec ceux de droite. On dit que la police n'y voit pas de l'oeil gauche."
Au lit, il ne fut question que de son mari.
"Une fois, il a failli tuer un de mes amants, dit-elle.
- Il ne faut pas lui révéler mon nom, dit Lesche.
- Il l'apprendra quand je rentrerai en retard. Il sait que j'ai assisté à une lecture et se doute que je suis au lit avec l'auteur."
Je dois conserver une saine méfiance à l'égard de toutes les promesses, de tous les flatteurs et de tous les prêcheurs, de toute forme d'Etat et de bureaucratie. Personne ne m'entraînera à croire aveuglément.
Un livre écrit en allemand qui paraît dans de nombreux pays, mais que personne ne veut éditer en Allemagne, c’est un précédent.
Je suis un écrivain allemand et j’ai besoin de la langue allemande. J’ai besoin de l’entendre, toujours et partout. Et puis de nos jours, l’Allemagne est une démocratie.
L’Amérique n’a pas reconnu ton génie. Tu n’as pas d’amis, enfin, pas de vrais, et les femmes font un grand détour pour t’éviter. Quelle merde, ce pays ! Le rêve américain, tu ne l’as jamais rêvé, et tu n’en as rien à faire.
Cher Itzig. Ceci n'est pas une lettre. Ou plutôt, ce ne sont pas des lettres. Je n'écris rien. Même pas dans mon journal intime. Je n'écris rien du tout. Je réfléchis, c'est tout. Ou je crois que je réfléchis. Je m'imagine que j'écris une lettre. A quoi? A toi! Au mort! Itzig. Viens. Parle moi. Ou laisse moi parler. Écoute moi. Voilà l'histoire. Voila, c'est comme ça. Viens avec moi à Jérusalem. Laisse moi t'emmener avec moi. Allez, viens! Écoute moi! p. 252
« Une nuit, ça peut être long. » (p. 286)
« Les morts pardonnent aux affamés, et ils pardonnent aux désespérés. » (p. 381)
« On essaie de rester humain… et après ? Qu’est-ce qu’on y gagne ? » (p. 370)
Madame Holle avait deux jambes. L'une aryenne, l'autre non. La non aryenne était en bois. Elle l'attachait le jour et la détachait tard le soir avant d'aller se coucher.