Après avoir réadapté le célèbre récit “ils étaient dix” d’Agatha Cristie, Marine Carteron revient avec “Romy et Julius” qui adapte la célèbre pièce de théâtre “Roméo et Juliette” de William Shakespeare, en coécriture avec Coline Pierré. Une adaptation modernisée en lien avec des enjeux de la société actuelle : les questions autour de la consommation de viande, les relations entre ruraux et néo-ruraux et le nouveau rapport homme/femme. Le tout dans une histoire bien rythmée et touchante.
Je suis une grande fane du travail et de l’écriture de Marine Carteron. J’avais adoré sa version de “ils étaient dix” avec “dix” et sa trilogie “les autodaffeurs”. Hâte de découvrir ses autres univers. Je l’ai retrouvée avec plaisir dans “Romy et Julius”, et découvrais la plume de Coline Pierré. Il aborde des thématiques assez clivantes qui ne conviendront peut-être pas à tous même si, pour moi, les deux autrices (car c’est un travail à quatre mains) en parlent comme il faut pour ne froisser personne.
Romy et Julius
Romy et Julius sont des représentations plus modernes de Roméo et Juliette. Il semblerait que Marine Carteron ait rédigé la partie de Romy et Colline Pierré celle de Julius. Le fait que les prénoms soient inversés ne semblent pas anodin. Romy est une Juliette plus représentative de la femme d’aujourd’hui, moins romantique et douce (les qualités qu’on attendait d’une femme), et surtout, moins passive.
Quant à Julius il se fait remarquer car il a de belles bouclettes, il est tendre et doux, et il aime le théâtre et les claquettes. Il n’est pas efféminé, il est juste une autre représentation de la masculinité, moins romantique et dépressif que Roméo (je n’aime pas trop le personnage de Roméo qui a tendance à m’agacer. Pas Julius.)
Aucun suspens, les deux tombent amoureux l’un de l’autre. Et cet amour n’est pas évident pour des raisons extérieures à leur couple. Le final de cette histoire, d’ailleurs, m’a énormément plu. Bien sûr, je ne vais rien vous révéler. Je ne dirai qu’une seule chose : c’est une histoire qui fait du bien.
Des thématiques plus modernes
L’histoire de “Romy et Julius” est adaptée à notre époque. Nous avons donc un village où vivaient des familles. Le premier employeur du coin est un abattoir. Ils ont pour la plupart toujours vécu autour de la filiale de la viande. Mais ils le précisent bien, beaucoup font les choses correctement avec un respect de l’animal. D’ailleurs, la famille de Romy est dans l’univers de la boucherie. Son père espère bien qu’elle fasse des études adaptée pour reprendre la boucherie. Son frère est en BEP boucherie de son côté. Mais la jeune fille aimerait autre chose et ce n’est pas évident d’en parler à son père.
Dans ce village nous avons aussi des néo-ruraux qui sont venus s’installer au vert et qui n’aiment pas trop les odeurs ou le bruit. Leur arrivée apporte du changement à ce village, parfois pour le meilleur avec des avancées qui profitent à tous, parfois pour le pire quand ce n’est pas compatible avec une manière de vivre locale.
Des tensions naissent entre ces deux clans avec les uns qui espèrent protéger leurs traditions et qui revendiquent manger de la viande (si les choses sont bien faites, pourquoi le leur reprocher ?), et les autres qui veulent apporter du changement et lutter contre le commerce de la viande. Même si, au final, la viande est un des nombreux sujets de dissonances entre eux.
Romy et Julius se trouvent au milieu de tout ça. Et vous allez me dire : juste pour ça ils n’ont pas le droit de s’aimer ? C’est là où je trouve les choses bien faites car tout ceci n’est que le début de l’incendie. Ce sont des actions de certains, des répercutions de décisions d’autres, des contextes qui évoluent etc. qui font que leur relation devient compliquée.
Bref, je me rends compte que j’ai du mal à bien vous rendre compte de ce qui se passe dans “Romy et Julius”. Lisez-le et dites-moi ce que vous, vous en avez pensé.
Le conseil de la bibliothécaire : “Romy et Julius” s’adresse aux adolescents à partir de 13 ans. Avis à ceux qui aiment la romance et ceux qui ne la recherchent pas forcément, à ceux qui aiment le théâtre et à ceux qui le découvre… A ceux qui aiment les histoires qui font du bien et passer un bon moment. Je ne le qualifierai pas forcément de feel good mais il en a un petit quelque chose.
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