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Critiques de Charlotte McConaghy (71)
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Migrations

Franny Stone se passionne pour les oiseaux. Petite fille, elle apprivoisait déjà les corbeaux. Alors que la planète se voit perdre de nombreuses espèces à cause du réchauffement climatique et de la pêche à outrance, Franny décide de se donner un but ultime : suivre la dernière volée de sternes à travers l’océan depuis le Groenland. Elle convainc les membres de l’équipage du Saghani de sortir de leur zone de pêche pour l’aider à traverser l’océan en leur promettant de les mener vers des bancs de poissons plus denses mais leur confiance n’est pas totalement gagnée.



Anticiper ce qui pourrait se passer d’ici quelques années est audacieux en littérature. On met l’accent sur le tragique, et l’inévitable aussi d’une certaine manière. Alors oui, chaque auteur(e) aussi fataliste qu’il soit est audacieux de suggérer l’angoisse du lendemain à travers ses mots et d’attirer le lecteur vers cela. Migrations, c’est un peu ça. On entre dans la vie de cette passionnée de volatiles, touchée par ce monde qui se perd et brisée par une enfance perturbante. Elle communique ses émotions à travers cet amour pour les sternes et tente de survivre moralement à cette déchéance mondiale à laquelle elle assiste, impuissante.



C’est déroutant, touchant et inquiétant car ce récit n’est qu’un miroir d’une réalité qui nous pend au nez. Pourtant, sous ce que l’écriture de Charlotte McConaghy dénonce se trouve aussi une ode incroyable à la Terre, la nature ou ce qu’il en reste et la beauté du monde aérien. Un texte bien souvent poétique se révèle au lecteur sous ses accents de fin du monde qu’Anne-Sophie Bigot à su traduire avec beaucoup de justesse et d’émotions.



Ce roman est comme une dernière épopée marine qui raconte la culpabilité des hommes à travers les yeux d’une femme et son combat. La complexité des derniers instants qu’elle garde entre ses doigts laisse le lecteur très ému. Un Ulysse des temps modernes qui cherche en son périple à se remémorer le monde d’avant.
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Migrations

Ce que Thomas B. Reverdy n’avait pu réaliser dans son roman Climax, Charlotte McConaghy l’a accompli, réussissant à intégrer des personnages forts et crédibles dans leur quête du bonheur sur fond de changements climatiques. Son héroïne, Franny Stone, mi-irlandaise, mi-australienne, se définit elle-même comme un être impulsif, inconstant et continuellement tourmenté. On la retrouve, dès les premières pages, au Groenland, en train de baguer les dernières sternes arctiques avant leur migration annuelle. Son objectif : les pister jusqu’en Antarctique. Le hic : se dénicher un passage sur un navire dans une ère où les pêcheries sont désormais interdites. Les poissons se font rares et la plupart des espèces animales ont disparu, nous sommes dans une dystopie qui pourrait être la réalité d’ici quelques années.

J’ai beaucoup aimé ce premier roman de Charlotte McConaghy. Il contient tout ce qui fait une bonne fiction et bénéficie en outre d’une construction originale. Une lecture très agréable et la découverte d’une nouvelle autrice qu’il faudra suivre de près.

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Migrations

Franny est née sous l'étoile du tourment.

Sa vie entière n'est qu'une longue fuite en avant, aimantée par la mer.



Lorsque le récit commence, 80% de la faune sauvage a disparu de la surface de la terre.

Franny tente d'embarquer à bord d'un bateau de pêche pour suivre la migration des dernières sternes arctiques, puis mourir...



Un livre sombre, plein de colère et désespoir.

Une personnalité dont on découvre le triste parcours au fil des pages, terrassée par le chagrin et la culpabilité.

Heureusement, un final un brin plus optimiste.
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Migrations

BON j’ai terminé Migrations de Charlotte McConaghy eeeet c’était bien mais pas fou non plus. Forcément, en lisant que c’était super déprimant j’avais quelques attentes, et puis j’en ressors sans avoir versé une seule larme, c’est un peu raté.



C’est l’histoire de Franny, une femme pas très stable qui, dans un futur plus ou moins proche où les animaux sont quasi disparus, décide d’intégrer coûte que coûte un bateau de pêcheurs (détestés par la population pour leur implication dans la disparition des animaux) pour pouvoir suivre la dernière migration des Sternes arctiques.



Et a mesure que l’on constate la fragilité de la nature et des animaux, on se rend compte que Frannie, ce drôle d’oiseau, est également au bord de la rupture.



C’est un beau livre, un récit intéressant, au fur et à mesure on commence à comprendre Frannie et son histoire, ce qui l’a mené ici et c’est assez touchant mais ça reste un personnage assez complexe et je ne sais pas trop quoi en penser une fois le livre terminé. C’est un livre assez poétique et mélancolique, mais il m’a manqué un vrai attachement aux personnages pour un peu plus d’émotions !
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Migrations

Pas emballé par ce premier roman encensé par Le Monde notamment. Si l’extinction – en cours – des espèces sauvages est angoissante, car ici on en est au dernier stade, il ne reste quasiment plus d’oiseaux ni de poissons, la quête de Franny, ornithologue amateur n’arrive pas à me captiver.

Celle-ci a la volonté insensée de suivre des sternes dans leur migration, qui les conduit de l’océan Arctique à l’Antarctique, ce qui en font les oiseaux les plus résistants. S’il s’avère que cette jeune femme est d’une ténacité incroyable, qu’elle quitte tout, y compris son mari, pour accomplir son périple, c’est pour la comparer à ces sternes, ultimes résistants de cette Terre qui se délite par la faute de l’homme. Et Franny va jusqu’à s’embarquer avec l’ennemi – un équipage de pêcheurs – pour les convaincre de suivre ces oiseaux, capables de dénicher les derniers harengs.

Le passé complexe de Franny émergera par bribes, de l’Australie à l’Irlande, à la recherche d’une famille dont chaque membre semble disparaître pour fuir les autres, avec des épisodes obscurs évoquant l’héroïne comme une meurtrière instable.

Rien à dire de l’écriture, brillante, mais le très lent accouchement des dessous de l’intrigue fait que j’ai finalement eu hâte d’en terminer avec ce livre. Reste que c’est important de signaler, encore et encore, que nous sommes les deux pieds dans l’anthropocène, en embarquant dans notre naufrage une grosse part de la faune et de la flore, et que le futur proche décrit ici est plus probable de jour en jour.

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Migrations

Voilà un roman qui tranche agréablement avec toutes mes lectures actuelles et qui m’a apporté un vent de renouveau rafraîchissant aux odeurs d’embrun, aux clameurs des goélands et d’un océan déchaîné qui se brise sur la coque du chalutier. Pas seulement. Il y a aussi de ces nausées terribles provoquées par le bouillonnement des vagues, de la raideur de la collision avec ces icebergs. C’est un premier roman choc de l’auteure australienne Charlotte McConaghy, qui met au premier plan son attachement au monde animal, cette menace d’extinction qui pèse de plus en plus sur lui, ainsi que cette peur de tout voir basculer et disparaître irrémédiablement, tout en explorant le thème fort de l’ancrage familial à travers celui du voyage.



C’est un roman qui sonne comme un avertissement terrible avant que l’irréparable n’arrive, puisque l’auteure en a presque fait une dystopie : Nous sommes dans un monde ou presque tous les animaux sont sur le point de disparaître, le loup gris, par exemple, n’y est représenté que par un dernier individu miraculeusement découvert, les poissons ont été péchés massivement et ne sont guère visibles qu’à travers de rares bancs. C’est un monde, pas si dystopique au fond, qui s’apprête dangereusement à être le nôtre si nous continuons aveuglément dans la voie que nous avons prise. Charlotte McConaghy construit une histoire d’amour, celle de Franny et de son mari Niall, avec ses drames, les responsabilités de chacun au sein de ce monde en mauvaise posture. Et surtout, l’auteure australienne reconstitue une Franny, issue d’une famille déchirée entre Australie et Irlande, qui recherche désespérément des survivants, ce qui lui rester encore, car tous comme les oiseaux qu’elle va suivre, elle semble être la dernière représentante d’une famille anéantie par la vie et l’homme.



L’histoire de Franny est totalement liée à ces animaux qui disparaissent, mais encore plus aux oiseaux, car c’est à travers eux qu’elle a fait la connaissance de celui qui sera son mari, ornithologue de renom. Lui est un homme bien planté sur sa terre, sa nature à elle au contraire est semblable à ces oiseaux migrateurs, il faut qu’elle se déplace pour survivre, qu’elle voyage d’un bout à l’autre du monde, elle ne peut pas se fixer. Peut-être est-ce dû à son identité qu’elle partage entre ses ancêtres irlandais et cette Australie où elle a grandi, peut-être à l’éclatement de sa famille, Franny après la mort de sa mère est partie migrée à l’autre bout de la planète, peut-être est-ce sa nature profonde aussi. Comme ces Sternes arctiques qu’elle va poursuivre jusqu’en Antarctique.



C’est à rebours que nous prenons connaissance du drame de Franny, alors même qu’elle s’est mise en tête de poursuivre les déplacements migratoires des oiseaux, qu’elle a bagués en Arctique, au fur et à mesure de son périple en mer dans un bateau de pêche, ou elle a fini par se laisser accepter. Parmi les meilleures pages, on compte celles ou elle apprend à faire connaissance avec l’équipage de marins du Saghani, où elle s’initie à leur activité journalière sur le bateau, à nouer des relations presque intimes avec eux, à comprendre cet attachement avec la mer qui peut les pousser à prendre la semaine pendant de si longues semaines, et surtout elle qui combat contre l’extinction des animaux, ce qui les pousse eux à dépeupler les océans de ses derniers océans. Malgré une inimitié réciproque, Franny devient part entière de cet équipage en s’intégrant peu à peu dans cette drôle de vie de famille, l’intimité n’existe plus, ce qui pour une déracinée comme elle, est une nouvelle expérience.





Franny qui aime par-dessus tout bourlinguer, c’est un voyage initiatique qu’elle accomplit là, autant sur le plan physique que psychologique, s’initiant à une vie nouvelle. Celle qui prend la mer totalement éteinte est devenue une autre femme, assumant ses erreurs, en choisissant une direction dans sa vie, qui l’amène bien au-delà de ce qu’elle pensait arriver. En plus de vivre et respirer sur le pont du navire avec elle, nous nous prenons au jeu de cette course après les sternes arctiques, ou après cette pêche en or à laquelle rêve le Capitaine, qui portent finalement l’espoir d’un avenir encore possible pour le monde animal, pour l’humanité ou pour leur propre avenir.



Ce roman m’a apporté une bouffée d’oxygène salutaire, depuis ce Groenland glacial aux mers déchainées et solitaires, même si c’était là était tout sauf une croisière de plaisance qu’a effectué là la jeune femme irlandaise, qui a passé le filtre des tempêtes, icebergs et autres obstacles naturels, J’ai profité avec plaisir de ces paysages, de ces grands espaces, qu’a su décrire l’auteure, en même temps que j’ai appris à connaître Franny ainsi que les raisons profondes de sa propre migration. Même si les animaux sont en voie de disparition dans ce roman, tout n’est pas entièrement noir, et l’auteur nous laisse, ainsi que ses personnages, avec un dernier espoir, surement faible, néanmoins bien présent et tangible.
















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Migrations

Charlotte McConaghy nous offre à la fois une dystopie écologique et un conte adulte.

Dans Migrations, il n’y a plus d’oiseaux. Tous ont arrêté de chanter, les poissons se font très rares. Plus d’animaux sauvages, le parc des Yellowstone est l’une des dernières forêts de pin qui existe pourtant, tu n’entends plus aucun son. Pas de loup, plus d’ours, aucun cerf, toutes formes de vie ont été décimés.

Un temps inconnu, mais qui pourrait bien être proche de notre époque.

Un seul groupe d’oiseaux reste encore, ils vont effectuer leur dernière migration. Les sternes.

Franny veut les suivre à travers leur périple et peut-être les sauver.

80 % des espèces sauvages sont éteintes, les autres connaîtront la même destinée dans une décennie, il existe des refuges où on tente de préserver les espèces… utiles. Ceux qui pollinisent, ceux qui sont importants pour l’homme. Il reste le bétail évidemment, car il faut bien manger et puis les animaux de compagnie parce qu’ils nous permettent d’oublier que tous leurs congénères se meurent.



Sa nationalité fluctue comme les marées. Marée haute, australienne ; basses, irlandaise.



« Guette les indices. Les indices de quoi ? De la vie, ils sont partout ».



Ennis, loup de mer, chef de meute. La meute c’est son équipage. Tous dépendent de lui. S’il se trompe, si l’itinéraire n’est pas le bon pour ramener le poisson pas d’argent au retour.

Léa, Malachai, Dae, Samuel, Basil et Anik.

Chacun a leur histoire, leur raison pour travailler à bord de ce bateau, à ce moment-là. Un groupe homogène avec tous, le même point commun, le désir d’être en mer pour chercher ce qui leur manquait sur terre.

Ces exilés de la terre ferme adorent l’océan, leur navire. Chacun à leur façon vit le deuil de cette vie condamnée à disparaître. Un métier qui n’existera plus quand le dernier poisson aura été pêché.



Franny, 12 ans plus tôt, collectionne les sourires, car ils sont rares et un geste agréable à observer.



Elle refuse d’abandonner son but. Pas après tout ce qu’elle a vécu et survécu ! Son cœur sauvage en abrite un autre plus calme. Dans ce cœur plus calme, il y a la voix de son mari Niall.

Elle veut aller le plus au Sud pour suivre la migration naturelle la plus longue sur terre.

Pour cela, Franny, tu as besoin du bateau d’Ennis.

Ton âme a beau être vagabonde, tu es déterminée.

Ta place c’est là où mènent les murs aux reflets argent là où sont le sel et la mer et les bourrasques.



Les oiseaux, pour elle, incarnent la solitude absolue ou son contraire. Ils représentent au cœur de l’hiver, quand la nature est endormie, la manifestation physique de quelque chose de profond. Ils sont le temps, le monde, ils sont les distances. Les latitudes et les longitudes des distances qu’ils parcourent des endroits où Fran ne pourra jamais les suivre.



Pourquoi cette obsession ? Pourquoi ce besoin viscéral de se frotter au danger ? Fran est une énigme.

Elle a été enfermée 4 ans en prison, mais pourquoi ? Est-ce cela qu’elle fuit ou est-elle en quête d’elle-même ?

Arrivée à destination se transformera-t-elle en oiseau comme la légende qu’un garçon lui a raconté, un jour, longtemps auparavant ?

Retrouvera-t-elle sa mère qu’elle n’a eu de cesse de chercher ?



Les réponses se trouvent à bord du bateau et 12 ans plus tôt

Charlotte McConaghy choisit l’alternance de temps et de lieux pour que l’on comprenne toute la complexité de son héroïne.

Une héroïne en perpétuelle migration, constamment en mouvement. Une femme dotée de nombreuses facettes notamment une part sauvage, elle la dompte parfois, parfois cette part quasiment animale prend le dessus.



Dans ce livre, il y a du blanc neige, du bleu indigo, du noir corbeau, les becs vermeils des sternes.

Il y a les merveilles et les périls de la vie et comme parfois ils se confondent.

Il y a aussi une boîte de Pandore, un passé qu’on essaie de fuir, un futur impossible

Dans ce roman, il y a le regard des animaux plein de sagesse ancestrale

Des battements de cœur qui ressemble à des battements d’ailes de papillons pris dans la lumière des phares.



Je me souviens d’un jour où, grâce aux oiseaux, je suis revenue à la vie. Plus forte que jamais

Le doux devient amer et même le ciel aux airs d’infini te paraît parfois amer

Il te faut un horizon pour toi supporter les murs. Les murs intérieurs aussi. Ceux-ci sont très épais. Tu as entouré ton cœur d’une muraille infranchissable.



Le temps de ma lecture, je me suis sentie oiseau. Un oiseau survolant l’immensité de l’océan, me posant à terre pour écouter Fran me narrer son histoire bien plus complexe, sombre et triste que je ne le pensais. Très belle aussi.

Un conte pour adulte addictif avec ses moments angoissants, ses rebondissements, les révélations, surtout dans la seconde partie, qui te donnent envie de tourner et tourner encore les pages.



Poissons décimés, océans vidés, vous avez pris et encore pris maintenant il ne reste plus rien.



Une héroïne tourmentée, inconstante, cassée, impulsive et pourtant, tellement attachante. Quand tu auras assemblé les pièces qui composent le fil de sa vie, quand tu auras assemblé les rouages de son horloge biologique avec ce qu’il s’est passé auparavant, bien avant, puis 12 ans plus tôt puis 4 ans plus tôt ; tu comprendras toute la complexité de Franny et toutes les tempêtes qui ont décimé sa vie.

Libérée de ses chaînes là enfin elle restera tranquille.



Un conte magnifique, il faut le savourer pour comprendre le sens de cette fable. Les illusions allusions, le langage parfois imagé, et puis surtout prend le temps d’observer cette immensité de bleu et de blanc. La banquise, les icebergs qui se détachent. Je les ai entendus couler dans la mer là où aucun homme n’a encore pénétré. Un sanctuaire préservé.

Laisse-toi guider par la plume de Charlotte McConaghy et ressens. Tout. Intensément.



« Le sens de la vie : notre vie a un sens très simple : il réside dans notre capacité à prendre soin des choses et des êtres et à rendre la vie plus douce à ceux qui nous entourent. »



Contrairement à la plupart des autres dystopies environnementales, celle-ci n’est ni dans l’urgence ni trop moraliste. En fait, c’est un roman tranquille. Une histoire subtile et triste d’une femme et de son chagrin.

Et c’est une histoire d’amour aussi. Pour une personne et pour une planète.

Je ne peux pas vous dire à quel point j’ai aimé ce livre.

Le début peut sembler lent, mais il est nécessaire, crois-moi, une fois que tu as passé les 150 premières pages, tu voudras savoir. Il y a quelque chose dans le personnage de Franny. Quelque chose d’indéfinissable, de brut, solitaire et confus, qui te donnent envie de savoir d’où elle vient et où elle finira. Même son âge, au départ, est impossible à deviner.



L’atmosphère créée par l’écriture de Charlotte McConaghy m’a laissé un frisson qui n’a toujours pas disparu. Elle parvient à rendre cette histoire froide, le plus simple des événements et des actions comme une brise glacée sur la nuque. Froide et pourtant tellement bleue, tellement belle.

Bien que, plutôt prévisible, je dirais que cela semble inévitable. Comme si nous anticipions quelque chose, en sachant que cela ne pouvait pas être bon. J’ai vu le point culminant du roman venir, mais cela n’a rien changé à l’impact qu’il a eu pour moi.
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Migrations

« Les animaux meurent. Bientôt nous serons seuls ici-bas. » Ainsi s’ouvre « Migrations » de Charlotte McConaghy. Nous sommes bien sur terre, ou ce qu’il en reste. Peu à peu, celle-ci se vide de toutes les espèces animales qui la peuplaient autrefois. Une extinction de masse. Franny Stone est passionnée par les oiseaux, tout particulièrement les Sternes arctiques. Son objectif est de prouver que toutes les espèces animales ne sont pas éteintes et qu’il reste de l’espoir. « La Sterne est l’animal qui effectue la plus grande migration de tout le règne animal : elle fait l’aller-retour entre l’Arctique et l’Antarctique en moins d’un an. »



Franny embarque à bord du Saghani en persuadant son capitaine Ennis Malone de dévier de sa trajectoire pour suivre 3 Sternes qu’elle a précédemment baguées en lui promettant des bancs entiers de poissons à pêcher. Mais Franny n’est pas tout à fait la femme qu’elle laisse paraître. Au fond d’elle se cachent de lourds secrets que le lecteur découvre dans des apartés, sous forme de retour en arrière, 12 ans plus tôt, 4 ans plus tôt, sous d’autres cieux.



« Migrations » est un superbe voyage vers L’Antarctique, ce lieu un peu mythique qui ne s’atteint que par une solide volonté. Le voyage que propose l’auteur est semblable à un château de cartes qui s’écroulerait au gré de l’avancée. Le bateau fend les océans, et derrière lui, le monde s’effondre. Dans ce futur proche sans réelle datation, le réchauffement climatique a progressivement tué toute vie animale, transformant par extension celle des hommes. La plume de Charlotte McConaghy incarne à la fois ce monde en perdition, mais décrypte également une migration personnelle, un exode intime, une fuite introspective : celle de Franny. « Toute ma vie n’aura été qu’une longue migration sans destination, autant dire une migration qui n’avait aucun sens. Je pars toujours sans raison, juste pour être constamment en mouvement, et cela me brise le cœur en mille, dix mille morceaux. Quel soulagement d’avoir enfin un but. » Au gré des pages, Franny se raconte. Le lecteur sent bien qu’elle est en recherche de paix intérieure, mais pourquoi ? Sous sa mélancolie racontée lors des évènements du passé se cachent une forme d’acceptation, un renoncement assumé, une résignation qui touche à l’intime d’une vie et à l’intégralité de son existence sur terre. « Je m’étends sur le dos, plus perdue que jamais, parce que je n’ai pas le droit au mal du pays, je n’ai pas le droit de me languir des choses que j’ai si opiniâtrement laissées derrière moi. Ce n’est pas juste d’être parfaitement capable d’aimer, mais absolument incapable de rester. » Il y a entre Franny et la nature un attachement singulier. L’auteur décrit magistralement ce lien indéfectible qui la relie par exemple à l’océan ou à toute forme d’étendue d’eau en faisant d’elle une « selquie », une créature mi-humaine, mi-phoque capable de s’immerger dans les eaux les plus froides du globe, un rituel proche d’une purification de l’âme, dont les effets ralentissent les flux sanguins, et les pensées néfastes. Franny se cherche, Franny veut aller au bout du monde pour aller au bout d’elle-même, car Franny cherche la rédemption.



J’ai été profondément émue par cette femme résiliente, mais au fond si délicate, cherchant à faire la paix avec elle-même tout en déployant cette force tenace pour accepter son passé et ses démons, se raccrochant aux promesses qu’elle s’est faites à elle-même et aux autres. Malgré le maelstrom d’un monde qui s’écroule, elle conserve cette ardeur vitale pour arriver au bout du chemin fixé, au cœur d’une nature qui bataille pour préserver son aspect sauvage et indompté. « Pourtant, dans notre mégalomanie et notre quête obsessionnelle du “sens de la vie”, nous avons oublié l’essentiel : préserver la planète qui nous a tous vus naître. »



Sous le prétexte de suivre les Sternes arctiques, Charlotte McConaghy met en lumière quelque chose de plus viscéral, de plus instinctif, mais aussi de plus impérieux : « échapper à sa prison de peau pour enfin vivre libre. » Elle le fait remarquablement bien, en vaporisant, par petites touches, les combats et les émotions d’une femme qui fait le point sur sa vie. Happé par les émotions de Franny, l’avancée vers l’Antarctique et les digressions du passé, je n’ai pu qu’être réellement charmée par la force des mots et des idées qui sont développées ici. Malgré l’angoisse que peut représenter la thématique centrale, la disparition progressive de notre terre telle que nous l’avons connue, ce récit m’a apaisée, comme si, moi aussi, il m’avait été offert l’occasion de faire la paix avec moi-même. « Quand on se lance dans l’ultime migration, non seulement de sa vie, mais de toute son espèce, on ne rebrousse pas chemin au dernier obstacle. Peu importent la fatigue et la faim, peu importe que l’espoir ne soit plus qu’un vague souvenir. Il faut aller jusqu’au bout. »
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Migrations

Dans un monde qui ne semble pas si lointain, la plupart des animaux, des plantes ont disparu.

Franny, une jeune femme que l'ont perçoit vite comme écorchée de la vie, amoureuse des oiseaux, décide de suivre les dernières Sternes arctiques dans leur périple migratoire.

Pour réussir sa mission, elle se fait accepter à bord d'un navire de pêcheur... Les pêcheurs, ces êtres qui pillent la planète vivante, ces êtres responsables de la disparition de la faune aquatique... des êtres qu'elle déteste évidemment.

Tout au long de cette aventure maritime qui sent bon les embruns et la dangerosité de l'océan, nous découvrons le passé de Franny et les vrais raisons de son périple. Ce petit bout de femme ne pourra que vous toucher droit au cœur. Une superbe histoire, teintée d'écologie, de relation familiale, de culpabilité et de migration...
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Migrations

Suivre la dernière migration des sternes arctiques : c’est l’ultime but de Franny Stone. Dans ce monde ravagé par l’humain, il ne reste déjà presque plus d’animaux, tous ont disparu. Plus d’ours, plus de loup... même les poissons se font rares. Et ce sont pourtant les poissons qui vont lui permettre d’embarquer sur le bateau de pêche du capitaine Ennis. Désesperé par la rareté des poisson et voyant son métier de pêcheur à sa fin, il se laisse convaincre par Franny : en suivant le trajet des Sternes, ces dernières les conduiront directement aux poissons. Mais sur le trajet, c’est une véritable quête qui commence, entre souvenirs douloureux, et absence d’avenir, Franny se perd : elle ondule comme un oiseau solitaire, poursuivant sa quête à tout prix, et se noie en même temps dans les eaux profondes d’un passé qui la tourmente.



Ce livre est un diamant brut. Diamant par sa pureté presque indéfinissable, et brut par son étrange force. C’est l’air vif du matin, et la douceur de l’aube. On est plongé dans une atmosphère que l’auteur décrit dès les premières pages, le vent, la pluie, la solitude, l’océan, tout nous fouette en plein visage, et on sent déjà l’air pur nous envahir, on sent la perfection à chaque mot, chaque phrase, on entend l’importance du sujet, on comprend sa force par la cruauté de la disparition d’êtres vivants, et on aperçoit la fragilité d’une femme brisée qui, à l’inverse, est décrite par une plume à la fois glacée, sauvage, et à la fois sensible et poétique mais : incroyablement maîtrisée. On pressent la tourmente du personnage, elle nous entraîne avec elle, dans sa tourmente et sur ce bateau, et on tourne les pages avec avidité, curiosité, on sent le chagrin naître, le drame poindre à l’horizon, un poids dans le coeur, dans la gorge, on le sent s’approcher ce monde qui n’est pas le nôtre mais qui peut le devenir, ce monde qui ressemble pourtant étrangement à un futur proche.

Le voyage de Franny est aussi le nôtre, le mien en lisant ces pages, et on en ressort complètement bouleversé. Il ne se résume sinon qu’en deux mots : lisez-le.
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Migrations

Le roman Migrations de Charlotte McConaghy est une dystopie écologique qui pourrait bien devenir réalité dans un futur plus ou moins proche.



La plume de l’auteure m’a vraiment absorbée. Avec un récit superbe des migrations à la frontière de la poésie.

Durant ma lecture, j’ai eu le cœur si lourd mais à contrario j’ai aussi été émerveillée par la beauté des migrations.

Mais ce roman ne se focalise pas seulement sur l’avenir du réchauffement climatique. Dans Les migrations on suit Franny Stone qui part au Groenland pour trouver et suivre la dernière volée de Sternes arctiques. Cette femme est en réalité au bord de l’effondrement avec un passé marqué par la douleur et le chagrin.



Un roman profond et déchirant qui rend hommage à la nature et à tous ses habitants.

J’ai grandement apprécié que le roman ne se focalise pas seulement sur la situation écologique mais qu’on découvre au fur et à mesure des pages le personnage de Franny et de tous ses secrets.
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