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Citations de Camille Mauclair (102)


Un matin, Mademoiselle Duverger de Anges était arrêtée au bord d'une excavation nouvellement creusée, à l'extrémité du clos. Des ouvriers dégageaient une corniche de marbre jauni. On entrevoyait le haut d'une série de colonnettes qui s'enfonçaient sous la terre. Un arceau était distinct, un autre s'ébauchait. Devant l'ouverture, un jeune homme vêtu à l'européenne regardait avec curiosité. À un moment, il releva la tête et son regard rencontra celui de Mademoiselle Duverger des Anges. Ils se considérèrent.
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En quelques jours se développa pour nous une existence régénérée, pleine de force et de recueillement tout ensemble. Nous avions jusque-là surexcité nos âmes dans les fêtes de la foule et les mille événements bruyants et illusoires qui sont la parodie de la vraie vie : mais ici, abandonnées à elles-mêmes ou mises en présence d'un site composé, eût-on dit, par le seul choix du silence, elles se ressaisissaient avec une ferveur inespérée et devenaient presque matérielles.
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La vie, l'oeuvre, le caractère d'Ingres se présentent avec une parfaite cohérence, et à quatre-vingt-neuf ans, Ingres put mourir avec l'orgueilleuse certitude de ne s'être jamais contredit. Cependant, il a fallu la fin de la peinture romantique, la déchéance misérable de l'art académique et l'évolution de l'impressionnisme pour permettre à la critique contemporaine d'apercevoir nettement le sens et les conséquences de l'oeuvre d'Ingres.
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Une critique d'art, surtout lorsqu'elle prend les proportions d'un livre, n'a pas seulement pour but de donner au public l'idée complète des oeuvres et des intentions d'un artiste. Elle doit être profitable à lui-même, éclairer des recoins de son âme où il pénètre peu ou point, et faire en sorte qu'en fermant le livre il ait appris sur soi quelque chose qu'il n'avait point encore soupçonné.
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Il s'y adressait cependant avec une telle violence par la magie du coloris et la frénésie du mouvement qu'il déterminait une émotion physique. C'est un de plus beaux tableaux de début par lesquels un homme de génie se soit jamais révélé. Non-seulementil posait nettement une grave question esthétique en mettant la peinture au service d'une oeuvre d'imagination poétique et mystique, étrangère à l'antiquité, mais encore il posait une question technique en affirmant la résolution de dessiner par les plans colorés, d'échapper à la tyrannie de la ligne, de situer toutes choses dans une atmosphère réagissant sur la couleur de chacune d'elles, d'inféoder la beauté conventionelle à l'intensité du caractère expressif.
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Un des plus grands peintres de natures mortes qui ait existé, ce profond, ce grave, cet admirable Henri de Brackoleer, qu'on ignore à peu près en France, et qui fut un maître, montrait un jour à un ami un petit intérieur qu'il avait peint. Il lui en montra ensuite un autre. " Mais c'est exactement le même ! " Le même? Non, dit Henri de Braekeleer. Vous ne voyez pas que cette chaise, dans le coin, est un peu déplacée? " A ses yeux cela modifiait non seulement les rapports des lignes de sa composition, mais encore son âme, cela constituait tout un autre intérieur, sur lequel un poète eût écrit toute une autre histoire du souvenir et du silence. Je parlai jadis de ce propos à Georges Rodenhach. Il en comprenait toute la portée, lui qui a fait aussi, comme son compatriote, de merveilleuses natures mortes, et donné au Stilleben " toute sa valeur. Mais, parmi les innombrables peintres, qui se campent devant des objets groupés, combien s'inquiètent de tout cela? Tant de métaphysique spirite pour un pot de Heurs, des cuivres, des gibiers, des fruits sur une nappe? Allons donc! On peint ce qu'on voit,, des modèles complaisants qui ne remuent pas, et servent, comme le plâtre copié au collège, à étudier des lumières et des demi-teintes : résultat, de bons tableautins propres à garnir les salles à manger bourgeoises.
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La collection Caillebotte fut installée dans des conditions que du moins la mauvaise volonté administrative fit le plus déplorables que possible. Force fut au conservateur d'entasser les œuvres dans une petite salle mal éclairée, oli il est absolument impossible de les voir avec le recul que nécessite le procédé de la dissociation des tons, et la mesquinerie de l'opposition fut telle, que les toiles ayant été léguées sans cadres, le musée, dit-on, fut obligé d'en emprunter aux réserves du Louvre, parce qu'on refusait les crédits nécessaires pour en acheter. La collection reste cependant belle et intéressante. Elle ne représente pas l'impressionnisme dans tout son éclat, parce que les œuvres qui la composent avaient été achetées par Caillebotte à une époque où ses amis étaient encore loin d'être arrivés à l'épanouissement de leurs qualités. Mais on y trouve du moins de très belles choses. Renoir y est merveilleusement représenté par le Moulin de la Galette, qui est un de ses chefs-d'œuvre. Degas y compte sept beaux pastels, Monet quelques paysages de grand style : Sisley et Pissarro seuls n'apparaissent guère à leur avantage, et enfin on regrette que Manet n'y figure qu'avec une étude en noir de sa première manière, le Balcon qui n'est pas de ses meilleurs tableaux, et la fameuse Olympia dont l'importance est plutôt historique qu'intrinsèque. Séparément a été acquise par le musée une Jeune fille en robe de bal de Berthe Morisot qui est une délicate merveille de grâce et de fraîcheur. Et l'on voit, à la place d'honneur du musée, le grand tableau de Fantin-Latour, Hommage à Manet, où le peintre, assis à son chevalet, est entouré de ses amis, et cette toile est bien l'emblème du lent triomphe de l'impressionnisme, de la réparation d une grande injustice.
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We know nothing of Degas relation to any particular woman. That there was one in his youth we are led to believe by some poems of a sentimental nature. It is possible that this frustrated love-affair aggravated his natural misanthropy. He remained on friendly relations with his family and his many acts of kindness to his friends were so furtive that Forain, Boldini, Mary Cassatt and Zuloaga have carefully refrained from bearing witness to them.
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Ne méprise pas les demi- talents, ne méprise que le demi-effort, et ne fais point du talent une idolâtrie. On ne vit pas avec des talents mais avec des caractères. Une des pires défaillances morales aujourd'hui est de considérer que le talent couvre tout, d’en faire un blanc-seing, une traite à vue sur l’estime. Le hasard a de ces ironies : tu trouveras sous certains grands talents des hommes bas, et, sous de demi- talents, des coeurs généreux et profonds. Ceux-là, affectionne- les sans souci littéraire, pour adoucir la narquoise méchanceté du destin. Ils seront tes vrais recours dans la vie quotidienne, aux heures où l'on n’en peut plus.
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Je suis entré dans cette oeuvre comme au coeur d’une forêt dont on n’a entrevu que la lisière. J’en garde l’émerveillement. Si cette étude peut suggérer au lecteur l’attrait que j’ai éprouvé, alors elle n’aura pas été inutile ni pour lui, ni pour le peintre, ni pour moi. La seule critique valable est celle qui engage à aimer : et l’oeuvre de Gilsoul veut être aimée, parce qu’elle est saine et magnifique, parce qu’elle est salubre, parce qu’elle s’élève à la signification d’un grand exemple.
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L’amour est anormal, si l'on entend par là une dérogation à l'ordre naturel. Le thème fourni par la nature est en effet d’une absolue simplicité. Elle souhaite la continuation animale par reproduction. Elle dote les êtres de deux organes destinés à l’assurer par conjonction, soit à des époques fixes correspondant aux saisons et aux influences climatériques, soit constamment. Elle a associé à l’acte de la conjonction un plaisir très vif auquel participe tout le système sensoriel, afin d’engager les êtres à se rechercher.
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L'absurdité de la théorie religieuse de l'amour-péché, ayant engendré par réaction cette autre absurdité, l'excuse du plaisir physique par le sentimentalisme, m'a conduit peu à peu à formuler les diverses propositions de ce livre. J'ai touché ici à quelques préjugés que la plupart des hommes et des femmes éludent en secret, mais dont leur hypocrisie ne souffre guère qu'on parle librement et sans respect ni circonspection.
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De la vie elle-même de Monticelli, peu de choses seront à dire en ce son concerne son œuvre, car cette oeuvre est l’expression de ses rêves, et il y est tout entier ce qu'il ne put être dans sa vie matérielle. Que ce Marseillais, né en 1824, ait été authentiquement le descendant en croisé Godefroy Monticelli, ayant épousé en 1100 Aurea Castelli, fille du duc de Spolète, nous n’en retiendrons que deux traits: l’italianisme du peintre et son goût pour l’élégance somptueuse. Nous n’aurons rien à conclure en ceci, que sa peinture ne nous ait déjà démontré. Sa carrière est connue et peu intéressante.
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Le professeur Carus étant venu à Leipzig, Schumann fit chez lui la rencontre qui devait changer toute son existence, celle du pianiste Frédéric Wieck et de sa fille Clara qui, à l'âge de six ans, chantait, jouait du violon, et avait déjà, dans une série de concerts, révélé un talent de pianiste exceptionnel. Schumann, enthousiasmé, demanda des leçons à Wieck. Chez cet artiste remarquable, son culte ardent de la musique se raviva ; il composa un quatuor en mi mineur et des polonaises à quatre mains que nous ignorons. Il s'initia au génie formidable de J.-S. Bach qui devait laisser dans son art futur une trace si profonde et lui fournir toute la substruction de son style. A ce moment même mourait Schubert.
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Rabat, c'est, en arabe, "Ribad El Fath", c'est-à-dire le camp fortifié de la conquête. Salé, c'est "Sla".
Les deux villes sont inséparables dans l'histoire. Mais Salé a préexisté à Rabat, d'une centaine d'années peut-être. Ce n'était d'ailleurs, sur la rive droite de l'estuaire du Bou Regreg, qu'une faible bourgade, trois quartiers autour d'une mosquée que l'on voit encore, et qui date du XIe siècle.
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Il existe des milliers de types caractéristiques également éloignés des femmes en savon rose de Bouguereau et des femmes difformes et faisandées qu'on voit dans les toiles de trop de néo-impressionnistes. Un homme sain ne voudrait ni de ces fausses déesses ni de ces malheureuses.
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Le Courrier Français était souvent poursuivi pour outrages aux bonnes moeurs et se défendait en invoquant les grands truismes de la liberté, de l'amoralité du Beau, de l'horreur du vice inspirée par sa représentation.
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Pourtant le prestige de Rome était si grand qu'on s'habitua en France à accepter aveuglément tout ce qui venait d'Italie comme le code même de la beauté. Nos gothiques étaient depuis longtemps considérés comme des barbares tout au plus curieux. La sensibilité et le génie septentrionaux n'étaient pas même soupçonnés.
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Rodin devait sortir brusquement de l'obscurité à trente-sept ans, c'est-à-dire à une époque où beaucoup se croient irrémissiblement sacrifiés, et où il avait déjà beaucoup produit et beaucoup souffert, car on peut dire que toute son oeuvre de 1855 à 1875 est inconnue et perdue, et pourtant que de travail !
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Le peintre qu'étudiera ce livre est si fécond et si complexe qu'il m'a paru nécessaire, pour dénombrer avec clarté les multiples tendances de son oeuvre, de déroger à l'ordonnance habituelle des monographies.
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