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Critiques de Blaise Cendrars (426)
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Aventures de Johann August Suter, aventurier suisse (ça existe !) dont Cendrars s'est inspiré. Roman d'aventures, épique, exotique. Stuter quitte la Suisse en 1834 pour un long périple (se munir d'une carte car le parcours est parfois difficile à suivre) avant de se poser en Californie. Il y prospère et y fait même fortune dans l'agriculture. Hélas, la découverte d'or sur ses terres en 1848 le ruine car elle attise les convoitises et attire des prospecteurs avides de fortune facile venus du monde entier. " Sa vie, sa misère, son endurance, son travail, sa persévérance, ses espoirs, tout a été inutile". L'or ne profite pas à tous en ce milieu du XIXème siècle. On pense au film de Chaplin et à tous les miséreux qui tentèrent l'aventure de "la ruée vers l'or".
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Ce court roman se nourrit de l'histoire vraie et extravagante de Johann August Suter, un Suisse émigré en Amérique pour y faire fortune, avant de se retrouver ruiné au moment où la Californie est prise par la passion de l'or.

Il y a bien sûr du Blaise Cendrars dans ce personnage voyageur, aventurier et autodidacte. Dans les premiers chapitres, on semble assister à la fuite de Blaise Cendrars lui-même, la fuite d'un petit pays, la Suisse, dans lequel il étouffe, un pays où il se sent déjà étranger. Le style remarquablement ironique de Cendrars est hilarant lorsqu'il décrit l'attitude des villageois à l'égard de cet "étranger".

Et ce que décrit merveilleusement ce roman, c'est l'idée du citoyen-monde. Johann August Suter n'a pas de patrie. Il n'est ni suisse, ni mexicain, ni américain, ni français. Il est tout à la fois. C'est en toute logique qu'il se rend en Amérique, ce nouveau MONDE des apatrides.

Un roman que l'on devrait placer sur la table de chevet (encore faudrait-il qu'ils lisent?) des trop nombreux partisans de M. Trump.
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Moravagine

Moravagine c'est le côté obscur de Cendrars, le double littéraire dont il convient de se libérer au plus vite. Raymond la science, médecin, fait dans un asile de fous une rencontre décisive, celle de Moravagine, noble aux pulsions prédatrices. Il le fait évader et ainsi débute de folles péripéties à travers le monde, ponctuées d'homicides et de rencontres improbables. le style du livre est tantôt nerveux, tantôt soutenu, parfois onirique, toujours emprunt d'une grande poésie. Un roman à part, un vrai coup de cœur.
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L'Homme foudroyé

récit autobiographique , une période de la vie de Cendrars, c´est vrai il nous fait voyager , bouger avec lui , fréquenter ses amis , le monde gitan mais ...

récit qui date un peu , sans fil conducteur .

Belle écriture tout de même
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Joyeux Noël !

Trois poèmes et huit histoires qui racontent la période de Noël. Si je ne m’attarde pas sur les poèmes, je tiens à vous parler de chaque nouvelle car elles sont toutes différentes… l’esprit, le style, l’époque, les lieux. Je les lis et je vous raconte en direct…



A la vue d’un arbre de Noël, Charles Dickens est fasciné par les décorations, des guirlandes d’objets scintillants, un vrai bric à broc. « Il y avait de tout, et même davantage. » Il sombre alors dans ses souvenirs et crée des délires fantastiques dignes des Contes des Mille et une nuits ou dignes d’une parade de cirque avec chanteurs, fanfare et acrobates. Les images s’enchaînent par association, toutes bizarres et hétéroclites. Nous sommes dans une réalité fantasmée, presque cauchemardesque. Il se rappelle les arbres de son enfance… et les redécore de tout ce passé qui s’y bouscule ; le culbuteur menaçant, la tabatière d’où jaillissait un diablotin, le pantin qui gesticulait quand on tirait la ficelle, tous des êtres inquiétants, effrayants…

Plus qu’une nouvelle sur Noël, c’est une sorte d’exorcisme !



Sylvain Tesson nous régale avec l’histoire d’un repas de Noël. Ils sont en Bretagne et ses mots sont beaux quand il la décrit tourmentée par le temps… « La Bretagne était un oursin mauve et blanc, hérissé de glace. La houle torturait l’océan. Le vent sifflait, coupé par les aiguilles des pins. Les rafales froissaient la lande, battaient au carreau. Le ciel ? En haillons. Des cavaleries de nuages chargeaient devant la lune… ». C’est un auteur que je lis et relis toujours avec beaucoup de bonheur, juste pour la musique de ses mots… « La ferme était bâtie au bord d’un talus surplombant la plage de Lostmac’h. Sur le côté du chemin, un menhir montait la garde depuis six mile ans. Le jour, la mer emplissait les fenêtres percées vers l’ouest. La nuit, il faisait bon écouter le ressac à l’abri des murs de granit. La satisfaction de contempler la tempête par la fenêtre, assis auprès d’un poêle, est le sentiment qui caractérise le mieux l’homme sédentaire, qui a renoncé à ses rêves. Au-dessus de la porte, l’aphorisme de Pétrarque gravé dans le linteau renseignait le visiteur sur notre idée du bonheur : Si quis tota die currens, pervenit ad vesperam, sais est. »

Autour de la table, ils sont dix, tous, sauf un, racontent des anecdotes sur le monde des fées. C’est un soir où la magie s’installe légitimement. Il y a l’histoire des ombres des fées, les histoires sur ces bateaux qui en pleine tempête sont guidés par des lumières qu’on appelle le « halo des fées », l’histoire de ce pauvre fou à Plouharnel qui le soir du réveillon va jouer du violon dans la lande pour elles, l’histoire du curé qui… une lampée d’armagnac, une deuxième… Et Pierre, l’ami, le voisin, qui crie pitié pour ne plus entendre ces idioties ! Le monde de Merlin c’est foutaises et contes pour enfants. Il n’y croit pas et ça l’énerve !…

La nouvelle de Sylvain Tesson continue sur le lendemain. Lorsqu’il se réveille chez lui, Pierre est très perturbé et téléphone à ses amis pour qu’ils viennent. Il sait maintenant qu’il y a des choses qu’on ne pourra jamais expliquer, il y a des choses qui remettent tout en question…

Une excellente nouvelle parfaite pour être lue le soir de Noël. J’ai beaucoup aimé.



Francis Scott Fitzgerald nous transporte à Hollywood, dans l’industrie cinématographique. Ce n’est pas vers le rêve qu’il nous mène, mais vers un océan peuplé de requins. Le soir de Noël, Pat Hobby reçoit l’ordre de réécrire un script. Il sait que ce travail est sa dernière chance pour être titularisé et que le siège sur lequel il est assis est du genre éjectable. Une secrétaire qu’il ne connait pas vient taper son texte… Bien qu’elle soit jeune, il apprend qu’elle travaille depuis dix-huit ans pour le studio. Et à bien la regarder, belle mais prématurément vieillie, il devine toute la rancœur qu’elle a accumulée. Ce soir là, les bureaux sont vides et leurs solitudes, leurs désillusions, se rencontrent. Sous le sceau de la confidence, elle lui raconte un secret terrible concernant un homme puissant, qui pourrait faire trembler les fondations du studio. Un secret qui pourrait aussi leur ouvrir les portes de leurs rêves.

Le rêve de Patt ? Devenir producteur. Alors, est-ce que le Père Noël, Harry Gooddorf en l’occurrence, va accomplir ce souhait ?

Monde cruel ! et quelle avarice ! cette nouvelle a une triste morale. Mr. Scrooge me semble plus sympathique que ces hommes…



Anton Tchekhov raconte l’histoire de Vassilissa, une petite mère qui n’a pas vu sa fille depuis des années. Les lettres se font rares. A Igor l’aubergiste qui rédige sa lettre sous sa dictée, elle raconte le pays, elle lui envoie sa bénédiction et ses prières au Seigneur roi des Cieux. Que devient Iéfimia ? Mariée, a-t-elle maintenant des enfants ? Est-elle toujours à la ville ?…

Malheureuse histoire ! Je me demande pourquoi Tchekhov l’a écrite pour un conte de Noël. Iéfimia n’a pas oublié ses parents, elle ne peut simplement pas les revoir. Mais en cachette de son mari, elle raconte à ses trois enfants, ses parents, sa terre, la neige… en priant la Reine des Cieux, Mère Protectrice, de les emmener un jour là-bas.



Marcel Aymé envoie l’ange de Noël dans une garnison d’infanterie pour qu’il laisse les bonnes pensées sur la couche des soldats. L’adjudant Constantin va l’aider le temps de sa ronde et lui confier un présent pour la douce amie d’un soldat qu’il a fait mettre en prison pour insubordination.

Une nouvelle teintée de mélancolie, de féérie et d’un peu de bonheur.

« L’enfant de Noël prit de la hauteur, mais avant de filer dans le grand huit, il plongea la main dans sa hotte et fit neiger des fleurs du paradis sur le képi de l’adjudant Constantin qui se mit à rire dans le mois de décembre. »



Guy de Maupassant fait parler le docteur Bonenfant pour un souvenir de Noël. Après réflexion, il a un souvenir à narrer, mais pas le genre de souvenir qu’on s’attendrait à écouter ! Médecin de campagne, il fuit tout ce qui est obscurantisme et superstition, pourtant, un jour, il a vu un miracle la nuit de Noël.

Sur la route enneigée, le père Vatinel découvre un œuf étrange. Il le ramène à sa femme qui décide de se le préparer pour le repas. A peine l’œuf englouti que la pauvre femme est prise de contractions et de vomissements. Et toute la nuit, elle se débat et hurle de douleur, sans que le médecin puisse la calmer. C’est alors que le curé du village fait son entrée avec ses prières d’exorcisme… Mais rien n’apaise ses souffrances.

Prêtre et médecin se posent la question… et si on amenait la mère Vatinel à la messe le soir de Noël ?

Une nouvelle qui se lirait bien le soir d’Halloween !



Truman Capote a écrit un joli conte pour ce souvenir de Noël. L’histoire d’un petit garçon de sept ans qui suit la fantaisie de son amie… Ils décident de faire une trentaine de cake aux raisins, imbibés au whisky, et de les offrir aux personnes qu’ils aiment. Même Mr Roosevelt aura son gâteau ! A travers le regard de ce petit garçon, les scènes les plus extravagantes paraissent normales.

C’est beau, c’est magique et heureux, lorsqu’on est ce petit garçon… Le bonheur et la beauté de notre monde, seulement pour les enfants et les faibles d’esprit ? J’espère que non !



Blaise Cendras fête Noël à Rio. C’est l’exotisme !

Je n’ai pas aimé cette nouvelle. Elle vient juste après celle de Truman Capote, et j’étais encore imprégnée de douceur et de tristesse. Rio, je me le destine pour une autre fois !



Je vous recommande ce petit livre pour décembre. Comme je vous le dis précédemment, j’ai beaucoup aimé l’écriture de Sylvain Tesson et celle de Truman Capote. Leurs histoires sont vraiment dans l’ambiance Noël !



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La main coupée

Blaise Cendrars «La main coupée».

J’avais trouvé la référence tout à la fois dans l’ouvrage de Frédéric Rousseau et dans le récit publié par Gisèle Bienne (la ferme de Navarin). C’est un témoignage sur la guerre 1914-1918, écrit beaucoup plus tard (vers 1940-41), dans le contexte de la seconde grande tuerie, par un auteur qui a laissé son bras droit quelque part dans les tranchées de la Somme, qui a connu l’enfer des tranchées dans lequel ont survécu ou péri tant de nos arrière grands-pères. Ecrit sans pathos, au ras des faits.

Un témoignage indispensable sur la Première Grande Tuerie barbare qui ouvre le vingtième siècle.

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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

L'Or, récit épique d'un "self-made-man" Suisse, parti un beau dimanche à la rencontre de son destin, de l'autre côté de l'Atlantique. Dans un style résolument bref, rapide et concis, Cendrars nous transporte en Californie, en pleine ruée vers l'or. Loin des clichés cinématographiques actuels sur cette époque, c'est un roman d'aventure, qui fait la part belle aux passions humaines (aussi dévastatrices soient-elles). Héros d'une véritable tragédie grecque, le Capitaine Suter est confronté a une force qui le surpasse, et tente de l'anéantir, l'Or, la découverte de l'or, l'avidité humaine. "L' Antéchrist c'est l'Or"

En s'appuyant sur quelques documents d'archives mais aussi et surtout sur une écriture habile, Blaise Cendrars signe une biographie romancée (a retenir) d'un personnage marquant de l'histoire de la Californie.



C'est ma première lecture de Cendrars, qui en appellera surement d'autres !

Bonne lecture à vous.
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Moravagine

Le narrateur, médecin, rencontre Moravagine dans une cellule pour fou et dangereux. Fasciné par la personnalité de cet assassin, l'homme de science le fait évader. Alors, commence l'aventure à travers l'univers pour ces deux hommes, qui dura dix années.

Curieux, étrange, écriture pas simple. J'avais tenté déjà de le lire il y a 15 ans, sans le finir. J'ai bien fait d'attendre le moment. Histoire délirante, peu crédible, sans foi ni loi. La fin est étonnante et fascinante. Incontournable ! Paru en 1926.
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Une histoire hors du commun. Celle de l'homme qui pensait devenir "le plus riche du monde". Une histoire vraie, mais romancée par l'auteur, dans un style plus proche du rapport, du reportage que du roman, sauf bien sûr quand Cendrars s'éloigne de la stricte vérité historique. J'ai pourtant beaucoup aimé ce livre court qui se lit d'un traite avec l'envie de connaître l'issue finale de cette vie de combat d'un héros ambivalent, à la fois héroïque et pathétique. Une existence faite de parodoxes, de sommets et de gouffres, de gloire et de misère. En définitive, tous les errements de hommes plus assoiffés de richesses matérielles que de sens et de bienveillance pour leur semblables se trouvent décrits dans ce roman.
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La Prose du Transsibérien et de la petite Jeh..

A lire absolument, rien d'autre à dire!
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

L'or peut ruiner parfois!

Voilà, l'une des vérités qu'énonce Blaise Cendras, auteur suisse naturalisé français du XIX° siècle, dans L'or, (énième) roman d'aventure, écrit en 1925, qui a connu un succés mondial fulgurant. Blaise Cendras est par la suite devenu journaliste et grand reporter.

L'or nous conte le destin dramatique et cruel de Johann Auguste Suter, "banqueroutier,fuyard,rôdeur, vagabond, voleur,escroc" .

6 mai 1934.

Ce trentenaire,ambitieux, n'hésite pas à abandonner femme et enfants pour filer sur les routes, à pied, de Rünenberg à Paris, puis au Havre. Le bâteau des émigrants le mène à New York.Puis, c'est l'ouest, la patrie des grands bisons. Les caravannes. Honolulu où le rhum coule à flots. La baie californienne. Sacramento et sa vallée fertile où aidé d'une floppée de canaques, il va monter à mains nues son domaine agricole, nommé "La nouvelle Helvétie". C'est la richesse, son nom court sur toutes les lèvres.Il plante même des vignes du Rhin et achète un piano chez Pleyel à Paris....C'est dire!

Sa famille est restée quatorze ans sans nouvelles! Qu'importe! Il va les faire venir d'Europe.

1848.

Et là...le destin, ou plutot le malheur frappe à sa porte. C'est la ruée vers l'or et le filon trouvé sur ses terres fera qu'on se ruera chez lui pour se l'approprier.

Grandeur et décadence.Ruine.Révolte.Injustice.Découragement. Le mythe redevient triste réalité!

Un livre fort bien écrit dans un style journalistique, sorte de reportage vécu au jour le jour qui donne une idée de cette époque là. Un conte philosophique sur le bonheur qui nous démontre que dans la vie rien n'est acquis et qu'il suffit d'un grain.... d'or dans les rouages pour que tout parte à vau- l'eau!
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J'ai tué - J'ai saigné

"J'ai tué" est un très bref texte écrit en 1918 par Blaise Cendrars qui évoque, par une succession d'images et de flashs, l'assaut d'une tranchée adverse.

L'auteur emploi le "on" comme pour insister sur une masse informe qui bouge comme un seul homme en pleine confusion au moment de l'action.

C'est le chaos. le Chaos de la guerre, qui amène l'homme à tuer pour rester en vie.

Texte court, donc, mais intense de violence.



"J'ai saigné" est quant à lui, un récit de convalescence vécu par Blaise Cendrars après son amputation du bras en 1915. Il l'a écrit en 1938. Il lui a fallu laisser passer le temps pour prendre un certain "recul, l'oubli aussi...et le pardon!..."

Ces souvenirs sont emprunts d'émotions tant ce qu'il a traversé, subis et supporté a été traumatisant.

Il évoque son cas, mais aussi celui de certains de ses compagnons d'infortune dont il a été proche.



Pour ces deux récits, Blaise Cendrars utilise une écriture très réaliste, surtout pour "J'ai saigné" dans lequel il dépeint les douleurs et la souffrance de ces hommes meurtris par la guerre et la boucherie des médecins militaires (ces brutes en blouses blanches...déjà!).

Cendrars met en valeur le dévouement des infirmières dont le principal but était d'adoucir et apaiser les maux de ces hommes déchiquetés tant physiquement que moralement.

Ce sont des textes forts, poignants témoignant d'un vécu terrible, celui de la première guerre mondiale, il y a plus d'un siècle...mais toujours aussi actuels au regard des conflits qui font rage actuellement en Europe et plus loin.

A lire!

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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Afin d’échapper à ses créanciers et par goût de l’aventure, Johann August Suter, natif de Bâle (Suisse), s’embarque pour le Nouveau Monde. Fraîchement débarqué sur la côte Est des États-Unis, il a vent de la rumeur d’une terre à conquérir à l’Ouest : la Californie, alors sous mandat espagnol. Il débarque sur les côtes de ce qui sera plus tard la ville de San Francisco. Et obtient des espagnols le droit d’exploitation d’un lopin de terre, qu’il rebaptise « La petite Helvétie » et qu’il développe en faisant de l’agriculture. Peu après la rétrocession de la Californie aux États-Unis, de l’or est découvert sur ses terres. La découverte étant vite ébruitée, cela déclenche la première « ruée vers l’or ». Au lieu de faire fructifier son affaire, cette découverte va entraîner la ruine de Suter…



Premier roman de Blaise Cendrars, initialement connu comme poète, « l’Or » est la biographie romancée de Johann August Sutter : personnage méconnu parmi les pionniers du nouveau monde. L’écrivain baroudeur propose un récit court, volontairement avare en détails historiques afin de se recentrer sur l’essentiel : l’histoire d’une ascension et d’une chute, avec comme fil conducteur, l’obsession pour son personnage principal d’obtenir réparation.



Je découvre l’auteur avec ce livre. Le style n’est pas le plus flamboyant mais il est vif, concis et va droit à l’essentiel. Certains passages ont valeur d’aphorismes à la portée universelle et définitive. Pour certains lecteurs, je pense qu’il peut y avoir une sensation de « trop peu ». On est presque sous le format de la chronique journalistique. L’auteur n’extrapole pas, un mot, parfois une phrase, suffit à rendre compte de l’idée que l’auteur veut faire passer. Je me risquerai à le comparer à Albert Londres, écrivain journaliste, lui aussi grand voyageur, et qui avait un style vif et concis. Toutefois je ne crois pas que ce dernier versait, contrairement à Cendrars, dans la licence poétique.
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

En lisant ce livre de ce Neuchâtelois, je découvre d'une part un nouvel auteur suisse, d'autre part l'histoire d'un homme qui a profondément changé la destinée d'un continent



Cette biographie romancée est efficace, claire, précise. Elle nous entraîne petit à petit dans cette course enfiévrée du 79ème élément du tableau périodique des éléments de Mendeleïev. Tel Midas, tout son travail se transforme en argent dont il ne pourra jamais en profiter en vieillard déclinant
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Emmène-moi au bout du monde

Une langue argotique, qu'on peut apparenter à ses contemporains Queneau, peut-être Vian, voire Giono. Un Giono parigot.

Parce que le livre parle beaucoup du milieu théâtreux-artistique du Paris des années 50 voire avant. A travers les frasques d'une fantasque actrice de quasi 80 ans. La première frasque est une relation sexuelle endiablée avec un Légionnaire, qui la troublera tout au long de l'histoire. Qui est, au fond, une histoire à la fois tristissime et en même temps bah pourquoi ne pas vivre d'illusion.

Sinon y a un meurtre et d'autres rebondissements, mais qui ne font rien rebondir. Puis il y a un vol. Une tromperie.

Dure. Et puis tant pis.

Lisez si vous aimez l'argot et cette langue de Cendrars qui se tient de bout en bout et qui semble savoir ce qu'il écrit. Car moi lecteur, je ne sais rien de ce dont il parle, et je dois le croire, je dois croire à cette description du milieu et... j'y crois.

Cela dit, ce livre ne trouvera je le pense plus son public dans le public actuel. Il se perdra dans les limbes des livres oubliés. Dans les miennes aussi. De limbes.
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Du monde entier au coeur du monde

Dans les histoires de la littérature, on présente souvent Apollinaire comme le poète de la modernité, celui qui a dynamité les formes de la poésie et lui a donné un nouveau souffle. C’est vrai, il n’y a pas de doute là-dessus, même s’il se situe dans une longue tradition qui passe par Villon, Nerval, Baudelaire et Rimbaud. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que dans cette grande aventure de la modernité, l’ami Guillaume n’était pas seul : au moins deux grands poètes l’ont accompagné : Max Jacob (1876-1944) et Blaise Cendrars.

Blaise Cendrars est né en 1887 à La-Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel - Suisse). Vous ne connaissez pas La Chaux-de-Fonds ? C’est le lieu de naissance de plusieurs personnalités : les plus connues sont Cendrars (1887-1961) et Le Corbusier (1887-1965), mais on compte aussi les navigateurs Laurent et Yvon Bourgnon, les constructeurs automobiles Louis et Arthur Chevrolet, ou encore les dessinateurs Plonk et Replonk (si vous ne les connaissez pas, allez vite vous renseigner sur Internet et Youtube, vous ne le regretterez pas), et beaucoup d’autres personnes très estimables et très estimées.

Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric Sauser, est un de ces types qui ne tiennent pas en place : à 17 ans sa première équipée le conduit en Mandchourie (c’est un peu plus loin que le coin de la rue) puis les Etats-Unis, l’Afrique noire, le Brésil… Puis vint la 1ere Guerre mondiale où il perdit un bras, fait qu’il relata entre autres dans « L’Homme foudroyé » et « La main coupée ». Il délaissa un peu la poésie pour le roman et les récits autobiographiques. Il meurt à Paris en 1961.

La poésie de Blaise Cendrars est empirique. Elle ne se rattache pas aux mouvements littéraires, ni aux écoles poétiques qui font florès à l’époque, elle découle immédiatement de sa vie aventureuse, de ses voyages, de ses passions multiples. Le nouveau langage poétique, dont il est un des promoteurs (absence de ponctualité, liberté totale dans la rime ou le rythme, éclectisme de l’inspiration, prédominance de l’image) en fait un initiateur, un précurseur dont se souviendront les générations suivantes, à commencer par les surréalistes.

On pourrait croire que cette poésie du voyage le situe dans le sillage de Rimbaud, mais ce n’est pas le cas : les voyages de Rimbaud ne sont que des fugues (le grand voyage d’Abyssinie se situe hors de sa période poétique). Ceux de Cendrars sont une raison de vivre, un besoin impérieux. Et en même temps le terreau de son expression poétique.

Personnage complexe et attachant, Cendrars souffre un peu de cette réputation d’aventurier, qui minimise un peu son œuvre de poète, de romancier, d’essayiste. Bien à tort, car cette œuvre, extrêmement riche et novatrice a sa place parmi les grandes productions littéraires de l’époque. Le présent recueil réunit la totalité des œuvres poétiques de l’auteur incluant ses deux plus grands poèmes : « Les Pâques à New-York » et « Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France » ainsi qu’une multitude de poèmes, relatifs aux escales dans ses voyages, ou encore inspirés par la guerre.



En 1913, il disait au sujet de la « Prose du Transsibérien » : « Toute vie n’est qu’un poème, un mouvement. Je ne suis qu’un mot, un verbe, une profondeur, dans le sens le plus sauvage, le plus mystique, le plus vivant ».

C’est plus qu’une citation, c’est un auto-portrait.

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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Ce roman aurait aussi pu s'intituler "Ascension et déchéance de Johann August Suter".

Cet homme, parti pour l'Amérique sans un sou, réussit à force d'ingéniosité et de travail à devenir l'homme le plus riche du monde. Il fonde la Nouvelle Helvétie en Californie qui devient une terre prospère.

Jusqu'au jour ou un (mal)heureux coup de pioche d'un employé va tout faire basculer.

Sur la couverture du roman, il est inscrit "L'or l'a ruiné". Au premier abord, on peut se demander comment l'or peut ruiner quelqu'un ? Or, la vie de Johann August Suter en est la pleine illustration.

J'ai été frappée par la violence inouïe que la découverte de l'or va engendrer.

Il n'y a ni foi ni loi, c'est une folie destructrice, meurtrière qui s'installe.

Suter le dira lui-même "L'or est maudit".

Il est incroyable de se dire qu'une homme, riche propriétaire terrine, qui a fait prospérer la Californie malgré un contexte difficile avec des révoltes et des crises successives, fourni de la nourriture en abondance... va devenir un homme rabaissé, raillé, dépossédé non seulement de ses terres et de ses biens matériels mais aussi de sa famille, de son honneur, de lui-même. Quand Suter engage des procès contre tous ceux qui l'ont spolié (et ils sont très nombreux), il est intéressant de voir qu'il ne le fait pas tant pour l'argent et la réparation des préjudices que pour obtenir justice.

En effet, avec cette histoire que je qualifierais d'effarante tellement la vilénie des hommes est grande, tant tout cela inspire du dégoût, l'auteur oppose Johann August Suter qui ne demande qu'une chose : la justice.

Si la deuxième partie du roman est intense, elle contraste avec une début que j'ai trouvé plutôt fade. C'est ce qui fait que je reste un peu partagée sur cette lecture.
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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Dans un style vraiment épuré, l’auteur énumère les péripéties du général Suter (qui n’était pas général mais plutôt un lâche, un voleur, un escroc…) sans faire de sentiment. Un livre qui se lit vite car les chapitres sont courts. Si vous voulez beaucoup plus de détails concernant les faits marquants de ce début du dix-neuvième siècle dans cette Californie naissante, passez votre chemin.

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L'or : La merveilleuse histoire du général Jo..

Une belle épopée pour retracer , sans exagération, ce qui a forgé les Etats Unis d'Amérique. L'esprit de conquête, la volonté jusqueboutiste de réussir, quel qu'en sera le prix. Les illusions de certains, les sacrifices et les souffrances et, en filigrane, l'individualisme qui a servi d'oxygène à bon nombre de tous ceux qui ont pris un bateau pour chercher fortune et/ou effacer "certaines ardoises".
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Moravagine

"Et maintenant, appelez-moi assassin, démiurge ou sauvage, à votre choix, je m'en fous, car la vie est une chose vraiment idiote."



Chimère poétique, Moravagine métisse lyrisme halluciné, prose documentaire, confessions de divan et biographie dévoyée. Narrateur incertain de cette farce tératologique, Raymond la science rencontre Moravagine -tueur fou- dans un pavillon isolé de la clinique psychiatrique de Waldensee. La première vision du monstre est prémonitoire qui le présente nourrissant un poisson rouge de sa semence : onaniste frénétique, Moravagine éventre les femmes plutôt que les féconder. Sidéré, l'étudiant en médecine libère l'assassin et cette entité bicéphale parcourt le monde, semant meurtres bestiaux et attentats nihilistes : Moravagine (au nom programmatique pour un gynocide acharné : Mort, Ravage, Vagin...) gribouille en lettres de sang sa noire légende.



Cendrars a retracé l'histoire chaotique de son roman dans le Pro domo qui parachève ce dernier. Décousu, recousu, titubant, le récit égrène ses 26 chapitres alphabétiques de la Russie en ébullition de 1904 aux rives vénéneuses de l'Orénoque où croupissent les Indiens bleus en passant par les sierras basaltiques du Nouveau-Mexique. Alternant visions hypnotiques, suspense haletant et tunnels d'ennui, Cendrars dévide son cauchemar éveillé con fuoco.



Singulièrement fantasmatiques, les errances scélérates des deux ombres évoquent le burlesque d'un Chaplin, l'impétuosité des premiers Hergé (Tintin Moravagine chez les Soviets, en Amérique, et l'oreille cassée) ou les forfaitures du Raspoutine d'Hugo Pratt mais aussi les encres cinématographiques d'un Caligari, les hurlements muets d'Eisenstein ou les horreurs raffinées d'un Lautréamont : collisions dyschroniques !



Certains morceaux de bravoure sont d'une somptuosité rare (ainsi l'évocation de Moscou, le compte à rebours d'un attentat, les divagations hectiques sur l'Orénoque...). Cendrars pressure alors sa poétique pour nous en offrir l'essence. "Il neige de la plume et les toits sont de fumée" : une fulgurance parmi bien d'autres. Il joue aussi de ses craques habituelles de bonimenteur : enflures, gommages et amnésies, mixant le vrai et le mensonge dans ce grand chambardement. Il se met en scène, plagie, invente et se confesse dans un tohu-bohu magnétique.



L'ouverture et la fermeture -au noir- sur une cellule d'aliéné, celle où s'anéantit un idiot, marquent les parenthèses de ce délire horrifique qui flotte comme un mauvais rêve.



Perturbant... comme "une estampe de Goya".
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Cendrars

Quel est le vrai nom de Cendrars ?

Frédéric Louis Sauser
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