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Citations de Benni Bødker (15)


Hors du ghetto, ils disent que ces orientaux sont des pauvres âmes qui nous envahissent par milliers. Nous devons les aider, mais il doit y avoir une limite. Nous serons noyés parmi eux si nous ne faisons rien. Les journaux disent que le sang étranger n’est pas un atout pour nous. Ils sont primitifs, ils manquent de culture et d’hygiène. Hors du ghetto, ils disent que je suis une Juive comme eux. Mais nous ne parlons même pas la même langue. Ces gens ne cherchent pas à apprendre le danois. Ils crient tout autour de moi, et je ne comprends rien. Ils parlent yiddish, allemand, polonais, russe, suédois. Un pandémonium de langages. Personne ne répond à mes questions. Ils voient bien que je ne suis pas comme eux. Hors du ghetto, ils disent que ces gens sont des Juifs comme moi. Mais ils ne sont pas comme moi. Ces gens n’ont rien à voir avec moi.
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Il y en a plus de dix mille à Copenhague. Entassés dans des appartements sordides et dans des cours insalubres que le soleil n’éclaire jamais. Ils viennent d’Odessa, de Minsk, de Varsovie, de Lituanie et d’Ukraine. Même la communauté hébraïque estime qu’il ne faut plus accueillir d’étrangers. Les gens disent qu’ils sont pauvres et nous sont manifestement inférieurs, aussi bien spirituellement que physiquement.
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Malkuth, ou le royaume, est le monde physique, sa sphère est la Terre. Netzach est l’éternité ou la victoire, et représente la cohérence de l’univers. Hod est la majesté, la force féminine passive, sa sphère est Mercure. Chokmah est la connaissance et la sagesse infinie de Dieu. Binah est la raison, et sa sphère est Saturne. Elle représente la puissance féminine.
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J’ai l’impression d’être celle qui est sur la table et que l’on découpe. Que c’est mon autopsie qu’on pratique. Et là, je réalise. La femme qui a été assassinée devant mes yeux et la femme sur la table d’autopsie. Il s’agit de la même personne.
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Le journal illustré raconte que la morgue de Paris dispose de cercueils en verre et de paillasse en marbre afin de maintenir les corps au frais avec de l’eau, et que la science y est au service des énigmes posées par la mort. Mais nous sommes à Øster Farimagsgade, et pas à Paris. À l’hôpital municipal, le visage de la mort n’est pas paisible, mais déformé par une douleur, une plainte éternelle.
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Les rats fuient les ruelles sombres, mais moi, je fais le chemin inverse.

Vers les ombres et l'obscurité.
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La ville est pleine d’enfants livrés à eux-mêmes. Ils dorment dans des caves humides sans lumière, ou se creusent des trous dans les terrains vagues et les décharges. Certains ont fui seuls vers la grande ville. D’autres ont quitté des parents qui ne pouvaient pas les nourrir. Les enfants du ghetto ne manquent à personne s’ils disparaissent. À ce stade, ce sont plus des animaux que des êtres humains. L’odeur du sang me frappe à plusieurs rues de distance. Lorsque j’atteins le ventre (le surnom de la place des bouchers), je peux à peine respirer. L’eau sale entre les pavés est noire de sang séché. Je ne suis pas la seule à chercher Jankel.
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Il dit : Aucun homme n’est bon. Il dit : Ce que tu as fait de mal, homme, cela seulement est ton propre destin. Il dit : Ne maudit pas, homme, ton propre destin. […] Il lance sur nous ses dogues. Il nous offre une tombe dans les airs. Il joue avec les serpents. Et il songe. Car quiconque pense avoir le destin d’un autre et non le sien, périra et sera condamné. Nous creusons une tombe dans les airs. Il a dit.
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Le pôle Nord, La maison de poupées, La petite pharmacie, La coup de sang, des bars et des caves où le verre de schnaps coûte cinq centimes dès six heures du matin, pour que les ivrognes puissent tenir toute la journée. À l’étage, des pensions de famille aux draps huileux qui ne sont changés que tous les mois au mieux. La vase se concentre au fond, et nulle part cela n’est plus évident que dans le ghetto. Des souteneurs, des joueurs, des mendiants professionnels et des filles facies. La puanteur suffit presque à elle seule, à me faire repartir. Les filles mortes venaient ici. C’est ici qu’elles trouvaient leurs clients. Et c’est peut-être ici qu’elles ont trouvé la mort. Les garçons bouchers contrôlent les filles et tout le reste dans le ghetto. Ils se battent à coups de poing, de couteau et de pot-de-vin.
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Vous ne comprenez pas qu’il lui reste un meurtre à commettre. Un meurtre avant l’accomplissement. Pour lui, il ne manque plus qu’un niveau : Kether, la couronne, le lieu de l’inspiration. Alors le voyage à travers l’arbre de vie s’achèvera. Vous comprenez ?
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Mame est une vraie commère. Papa est complètement perdu dans son monde, et Amalie se comporte en backfisch gâtée. Quand toute la famille est réunie autour de la table le vendredi soir, j’ai l’impression de suffoquer. Mais Mame avait raison comme toujours, j’aurais dû prendre le tram, au lieu de marcher là où les larges avenues laissent place aux rues sales, et où les rues deviennent des ruelles encore plus crasseuses. Je ne suis plus seule. Partout, j’entends leurs voix., leurs rires gras, leurs bruits d’animaux. Ils me crient après dans des langages que je ne comprends pas. Non loin de moi, quelqu’un appelle à l’aide. Et il y a du sang sur les pavés. Je cours d’arrière-cour en arrière-cour, jusqu’à ce que je ne puisse pas aller plus loin. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’issue.
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C’est tellement plus simple de ne pas croire à ce que la vérité révèle.
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Plus je découvre le ghetto, plus j’ai pitié de ceux qui vivent. Mais est-ce qu’on peut vraiment sauver tout le monde ?
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L’heure n’est pas aux sentiments. L’heure est une nouvelle humanité. Elle n’est pas plus faite de chair et de sang, mais de feu, de vapeur et d’acier !
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Que faire avec des gens sans morale, sans loi ? Comment peut-on contrôler ceux qui ont déjà connu l’enfer ? Les pogroms et la fuite les ont endurcis d’une manière inimaginable. Les règles de la société ne s’appliquent plus à eux.
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