Citations de Barry Eisler (21)
[ …] qui ne prenait pas de risque n’obtenait pas de récompense.
Avant même de devenir flic , elle savait qu'on s'exposait beaucoup plus en ouvrant la bouche qu'en écoutant ce que les autres avaient à dire.
Nom de Dieu ! me dis-je en entendant son nom. Je n’arrivais pas à me débarrasser de ces gens-là. C’était comme un cancer. On croit s’en être sorti, mais ça revient toujours.
Je comprenais très bien l’intérêt de l’Oncle Sam. Il n’était pas indispensable de vivre au Japon pour savoir que les politiciens passaient plus de temps à se démener pour toucher leur part de pots-de-vin sur les travaux publics d’équipement et les commissions réservées aux yakuzas qu’à ressusciter l’économie moribonde. La pourriture se flaire de loin.
« Une tortue ne pourra jamais grimper seule sur une étagère. » (proverbe)
Les pièces semblaient décorées dans des thèmes différents : ambiance grecque ou romaine par ci, Michel Ange sous acide par là, Louis XIV priapique dans un troisième salon…
Je préfère t'énerver un bon coup plutôt que de te laisser courir des risques inutiles.
- N'oublie pas que je connais ce type par coeur, reprit Horton en décrochant du mur un M4 qu'il accrocha à son cou. C'est moi qui l'ai formé. Il se déplace comme un chat, entend comme un chien et se cache comme un lapin. Et il attrape ses proies comme un putain de serpent à sonnette. Ils ne le verront pas tant qu'ils ne lui auront pas marché dessus.
Tous les gumi traditionnels faisaient appel à ses services. La légitimité que leur garantissait ce système les rendait moins exposés aux poursuites judiciaires, et plus influents en politique ou dans les salles de conseil. Et donc plus influents dans la société en général. L’une de nos connaissances communes, Toshi Yamaoto, était devenue particulièrement dépendante des opérations de l’haltérophile.
Sans un mental solide, le corps ne servait à rien.
Elle était redevenue une simple citoyenne honnête, une motarde responsable. Le genre qui rassure les flics. Le genre qu'ils ont tendance à ignorer.
-Non, vous vous trompez ! s’écria-t-elle subitement, le doigt pointé tout près de mon visage.
-Si c’était vrai, vous ne réagiriez pas ainsi, répliquai-je sans la quitter des yeux.
Éprouver le besoin d’aller faire de tels adieux pouvait sembler étrange. Après tout, je n’avais jamais vécu dans aucun de ces lieux. Enfant déjà, j’avais compris qu’être à moitié japonais signifie être à moitié autre chose, et qu’être autre chose c’est être… chigatte. Un mot qui signifie à la fois « être différent » et « avoir tort ». La langue, comme la culture, ne fait pas de distinction.
À l’entendre, l’avancée inexorable de la technologie allait m’obliger à reprendre l’existence nomade que j’avais adoptée entre le Vietnam et mon retour au Japon, à l’époque où j’avais arpenté le monde sans avoir d’identité, passant d’un conflit à l’autre en jouant les mercenaires. L’idée était loin de m’enchanter. J’avais déjà fait pénitence pour Crazy Jake et n’avais aucune envie de renouveler l’expérience.
Il n’était pas indispensable de vivre au Japon pour savoir que les politiciens passaient plus de temps à se démener pour toucher leur part de pots-de-vin sur les travaux publics d’équipement et les commissions reversées aux yakuzas qu’à ressusciter l’économie moribonde. La pourriture se flaire de loin.
Contrairement à la capitale, où le centre de gravité financier, culturel et politique est si fort qu’il se dégage parfois d’elle une impression d’autosatisfaction proche du solipsisme, Osaka ne cesse de se comparer à d’autres villes, à commencer par sa grande cousine du Nord-Est, et s’en sort naturellement gagnante dans le domaine de la cuisine, de la sagacité financière et de la bonté humaine en général. Je trouvais quelque chose d’attachant dans cette course à la suprématie ouvertement pugnace.
Pour moi, garder l’anonymat au Japon n’était guère facile, vu que mes origines étaient de notoriété publique et m’avaient valu des moqueries dès le jardin d’enfants. Mais aujourd’hui, à moins de le savoir, vous auriez du mal à déceler la moindre origine caucasienne sur mon visage. Ma mère, américaine, ne s’en serait nullement offusquée. Elle avait toujours voulu que je m’intègre dans ce pays et était enchantée que les traits japonais de mon père l’aient emporté dès le départ, dans la lutte que les gènes se livrent pour la domination
Les gens émettent des signaux – langage du corps, démarche, vêtements, expression du visage, posture, attitude, discours, manières – qui disent d’où ils viennent, ce qu’ils font, qui ils sont. Et, plus important, s’ils se fondent dans le paysage.
Au Japon, où changer de tenue constitue un passe-temps national, il ne viendrait pas plus à l’idée d’un haltérophile de soulever de la fonte sans enfiler de beaux gants rembourrés qu’à un politicien d’empocher un pot-de-vin en caleçon. En ce doux printemps précoce pour Tokyo – annonciateur, disait-on, d’une superbe saison pour les cerisiers en fleur –, où d’autre que dans une salle de gym un homme portant des gants serait-il passé inaperçu ?
Livia était trop épuisée pour répondre. Mais au milieu de l’horreur et de la révulsion, elle sentit naître en elle un espoir minuscule. Elle avait protégé Nason. Elle était capable de recommencer, s’il le fallait. Elle était prête à tout pour protéger Nason.
Elle ignorait encore qu’au bout du compte, même cela ne suffirait pas.