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Citations de Asma Abdelkarim (18)


Même les plus grandes histoires d’amour ne sont pas en mesure d’infléchir ces règles ni d’y faire face. Il n’est pas commun, il est même impossible de voir un chrétien se convertir pour épouser sa bien-aimée musulmane, et vice versa. Sa famille, ses amis le renieraient, sa belle-famille ne l’accepterait jamais.
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En Occident, on parle encore du Liban comme d’un théâtre de violence et de guerre, et l’expression si chère au cœur des Français, « C’est Beyrouth ! », est le maître mot de toute conversation évoquant le chaos, quel que soit l’endroit où il se trouve.
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La réputation des Tunisiennes qui partent se prostituer dans les cabarets bas de gamme du Moyen-Orient me précède. Il n’est pas étonnant de constater qu’à la simple évocation du mot « Tunisie » les regards changent, je perçois le mépris dans les yeux, parfois des sourires sournois d’hommes affamés qui « cherchent à tirer un coup ». Une raison supplémentaire pour m’en éloigner le plus possible. Non seulement je n’éprouve aucune affinité, aucun sentiment d’appartenance à ce pays, mais aujourd’hui j’ai carrément honte de détenir ce passeport, il me pèse désormais comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
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Le maquillage est un art proprement libanais. Les jeunes filles excellent à redessiner leurs traits avec les multiples outils qui s’offrent à elles et qu’elles manient aisément, soulignant ainsi leur beauté. La nature a été spécialement généreuse au Sud-Liban. L’œil avide de beauté est assouvi par le spectacle qu’offre la fraîcheur des filles voilées, qui semblent abuser malicieusement de leurs attributs. Elles s’adonnent à un jeu de séduction qui consiste à jongler habilement entre exhibition et occultation. Un jeu de séduction capable d’allumer les ardeurs du plus pieux des cheikhs à la vue de ces magnifiques silhouettes, soigneusement mises en valeur, avec des vêtements qui épousent leurs jolis corps divinement sculptés.
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Toujours cette grosse bâche qui couvre les balcons, tantôt beige, tantôt marron, parfois orange ou vert. Elle a pour fonction d’atténuer la lumière du soleil mais surtout de protéger les femmes des regards indiscrets des voyeurs. Elles peuvent ainsi s’installer sur les balcons pour bavarder, étendre le linge, lingerie comprise — exposer leurs dessous intimes aux yeux des passants constituerait un affront à la pudeur. Il est vrai que l’islam incite à la pudeur, et même les moins religieux sont pudiques par tradition.
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Le mot « Liban » est seulement synonyme de massacres fratricides sanglants et de gloire bien trop lointaine.
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À l’école comme au lycée, les jeunes mordaient dans les sandwichs de leurs camarades, buvaient dans la même bouteille et voyaient d’un mauvais œil le fait que je sois à cheval sur ces règles rudimentaires d’hygiène, pourtant élémentaires à mes yeux. Je ne faisais que reproduire ce à quoi j’étais habituée chez moi : manger dans ma propre assiette, avec mes propres couverts et boire dans mon propre verre. Lorsque des camarades de classe me demandaient un bout de mon casse-croûte, je préférais donner le tout, parfois très contrariée. Il m’arrivait de refuser gentiment, mais il était hors de question que je reprenne mon sandwich après qu’un tiers eut mordu dedans.
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De toute manière, entre les amourettes d’adolescence, la plage, le bronzage, les soirées d’été, les fêtes de famille, le basket, l’école, les sorties et les excursions, il n’y avait pas de place pour songer à la politique.
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Ici, au Liban, comme dans les pays arabes voisins, on éprouve une fierté et un plaisir à s’exprimer au quotidien dans une langue étrangère, celle de l’ancien colonisateur en l’occurrence. Un jeune Oriental s’exprime fièrement en anglais ou en français, il affiche sans vergogne sa faible maîtrise de la langue arabe littéraire. Un complexe d’infériorité que ni l’histoire glorieuse, riche de savants et érudits arabes, ni plus d’un demi-siècle d’indépendance n’ont réussi à estomper. Au Liban, sanctuaire de liberté dans le bourbier des dictatures arabes, on a toujours le privilège de choisir et d’accéder à un iota de démocratie.
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La langue de Molière, vénérée au Liban, longtemps réservée à une élite chrétienne maronite, suscite le respect de l’interlocuteur. Telle était la consigne d’Abbas : « Exprime-toi en français, tu te feras mieux respecter. » Je ne voulais pas le croire et continuais à m’adresser en libanais aux commerçants, mais il avait raison. Avec le voile, au BHV, je dois m’exprimer en français pour qu’on ne me prenne pas pour « une villageoise inculte » qui n’a pas sa place dans cet endroit luxueux.
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Des obsèques de Bourguiba, les Tunisiens n’avaient vu que des bribes aux journaux télévisés des chaînes étrangères. Bourguiba avait été privé des obsèques populaires auxquelles un leader de son envergure aurait pu prétendre car, même s’il était incontestablement un despote, il restait adulé, surtout par ses contemporains qui avaient accompagné son combat contre le colonisateur. Sa bravoure le dédouanait de tous les actes atroces, comme l’élimination d’opposants, qu’il avait pu commettre et lui donnait un blanc-seing d’agir comme bon lui semblait. La Tunisie, Tunisiens compris, lui appartenait. Il régnait comme un maître absolu avec la bénédiction de la quasi-totalité de la population.
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Quant à Bourguiba lui-même, il avait disparu comme par magie. Il avait été évincé de tous les médias. Même l’hymne national, où son nom est cité, avait disparu.
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Au culte de la personnalité de Bourguiba s’était substitué le culte du chiffre « 7 », en référence au 7 novembre 1987, jour où Ben Ali avait perpétré un coup d’État pour destituer le premier président de l’histoire du pays. Depuis, tous les nouveaux bâtiments, à usage public ou commercial, avaient été baptisés « 7 novembre » : les papeteries, les boucheries, les écoles, les stades, mais aussi toutes les grandes artères de toutes les grandes, petites ou moyennes villes.
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On devinait leurs tendances dans leur manière de s’habiller, dans leur posture, dans leurs visages balafrés qui cachaient bien quelque chose de pas très légal, mais on n’en faisait jamais les frais. Bien au contraire, on se sentait protégés en croisant leur chemin car, en cas de pépin, ils n’auraient pas hésité à nous venir en aide. Mais, dans les années 90, alors que l’Algérie voisine sombrait dans la guerre civile et les actes terroristes perpétrés par les islamistes, il n’y avait pas de « pépin » en Tunisie, et encore moins à Saint-Germain.
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À vingt-cinq ans, elle était déjà une femme accomplie qui arrivait à l’école de la rue Lénine à Tunis au volant de sa Renault Dauphine, toujours tirée à quatre épingles. Rare femme dans un milieu à majorité masculine, elle avait réussi par son génie pédagogique et son travail passionné à se forger une place d’exception dans le cœur de ses élèves et de ses collègues, qui lui vouaient admiration et respect. Épouse responsable, elle jonglait entre son rôle de mère et celui de femme fringante.
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Ici, au Liban, comme dans les pays arabes voisins, on éprouve une fierté et un plaisir à s’exprimer au quotidien dans une langue étrangère, celle de l’ancien colonisateur en l’occurrence. Un jeune Oriental s’exprime fièrement en anglais ou en français, il affiche sans vergogne sa faible maîtrise de la langue arabe littéraire. Un complexe d’infériorité que ni l’histoire glorieuse, riche de savants et érudits arabes, ni plus d’un demi-siècle d’indépendance n’ont réussi à estomper. Au Liban, sanctuaire de liberté dans le bourbier des dictatures arabes, on a toujours le privilège de choisir et d’accéder à un iota de démocratie.
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Ce n’est pas une tare d’être pauvre, mais ces gens-là étaient envieux. Quand on leur donnait à manger ou qu’on leur offrait des vêtements, ils n’étaient jamais reconnaissants et répétaient en guise de remerciements : « S’ils ne possédaient pas autant de biens, ils n’auraient pas la possibilité d’en offrir. » Ces gens acceptaient l’aumône mais ils vous l’arrachaient des mains avec une avidité consternante, une ingratitude désespérante. Ils étaient toujours demandeurs, jamais satisfaits et se sentaient dans leur plein droit.
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Il est vrai qu’en Orient « le vrai moteur des relations, c’est le facteur sentimental et émotionnel. Tout est passionnel et tout est sujet à passion ». Les politiciens l’ont bien compris et savent jouer de cette émotivité pour gagner de nouveaux « fidèles » à leur cause. Le pragmatisme et la raison sont laissés aux Occidentaux.
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