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Citations de Anthéa Claux (33)


Jim était loin devant moi, nous guidant à travers cet étendu de sable et de cactus. Il faisait comme s'il savait où nous allions, mais en vérité, je suis sûre qu'il était aussi perdu que moi. Je le regardais avancer, en m'imaginant à quoi il ressemblerait, si je lui avais collé une balle dans la tête à Vegas. Le soleil me brûlait la peau et les yeux. J'aurais donné n'importe quoi contre un peu d'ombre, de l'eau, et une voiture. J'en commençais même à regretter Las Vegas.
Jim s'est arrêté soudainement.
Je me suis arrêtée à mon tour, gardant un espace de cinq mètres entre nous. Plissant les yeux, je l'ai regardé pour voir ce qu'il faisait. Le truc, c'est qu'il ne faisait rien. Il s'était simplement immobilisé, et s'était mis à regarder tout autour de lui, comme quelqu'un de perdu. Un guide ? Tu parles !
⸺ Me dis pas que tu sais pas où on est... ai-je lancé.
⸺ J'essaye de me repérer.
⸺ Te repérer ?! me suis-je exclamée avec un rire étouffé. Tu te fous de ma gueule ?! Tu veux te repérer dans le désert ?
Jim n'a pas répondu et a repris la route. Je l'ai suivi en rouspétant et l’injuriant à voix basse. Il a dit qu'il y aurait une ville bientôt. Je ne voyais aucune ville, moi, rien ; mis à part du sable et des cactus.
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-Quoi de neuf dans la Communauté ? me demanda Serena avec un sourire en coin.
Je ris et répondais avec sarcasme :
-Oh tu sais, pas grand-chose. Enfin, rien qui puisse t'étonner. Des Croyants arrivent, certains disparaissent et d'autres meurent. Une journée comme une autre je dois dire.
-Ouais... Le Paradis sur Terre...
Je répétai ses mots sur un ton léger :
-Le Paradis sur Terre... Si on m'avait dit que le Paradis ressemblait à ça, crois-moi que j'aurais tout fait pour mettre les pieds en Enfer plutôt qu'ici.
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Je suis restée longtemps, comme ça, à fixer l'arme sans rien dire. Je dois avouer que, pendant l'espace d'une seconde, je me suis demandé ce qui arriverait si je tirais sur Jim... ou sur moi. J'avais le doigt sur la détente et la petite voix en moi me disait de tirer. Vous savez, cette même petite voix qui vous dit lorsque vous êtes sur le bord d'une falaise de sauter pour voir ce qu'il arriverait. C'est tentant avouez-le. On a tous cette petite voix qui nous lance ce genre de défis à la con. Parfois, elle prend le dessus sur notre conscience et les gens font alors des choses regrettables : ils sautent dans le vide, ou tirent dans le tas. Alors quand cette petite voix me disait de tirer, c'était pour voir ce que ça faisait de tuer ou d'être blessé par balle. Hier j'avais tiré dans le vif de l'action, sans forcément me rendre compte de ce que tirer signifiait réellement. Je sais ce que vous devez penser au moment même où vous lisez ces lignes de mon journal : « Cette fille est folle, bien trop bercée par la télé. » Je voulais être aussi charismatique que Sigourney Weaver dans Alien. Et c'est cette impression que le flingue sur mes genoux reflétait.
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Parfois, il m’arrive d’imaginer ce qu’il se serait passé s’il n’y avait pas eu cette arme dans la boite à gants, ou si j’étais restée par terre à pleurer et à regarder Jim se faire tabasser. Ils m’auraient violée, ça c’est sûr.
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« Je ne sais pas si l'argent est la pire des drogues ; mais en tout cas, ça a bousillé notre vie. »
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Le désert n'a-t-il pas de fin ? Marcher et toujours marcher sans jamais pouvoir s'arrêter. Tout autour de nous, du sable, des cactus, des roches et encore du sable sans jamais savoir exactement où nous étions. Tout se ressemble dans le désert. L’endroit où vous étiez il y a dix minutes est le même que celui où vous êtes à présent, et le risque est de tourner en rond. Jim et moi tracions une ligne droite à travers le désert, en espérant qu'un jour, nous en verrions le bout, et qu'à ce bout se trouverait une petite ville. La civilisation... Comme j'en rêvais. Pour me motiver à continuer, j'imaginais une assiette pleine m'attendant dans le dîner à la limite de la ville. Je pouvais même imaginer l'odeur qui se dégageait de la cuisine. J'étais alors une sorte de mort-vivant, traînant les pieds dans le sable, animé par la seule pensée de nourriture. Je n'étais plus vraiment vivante ; mais je n'étais pas non plus complètement morte... du moins pas encore. Combien de temps ce supplice allait-il encore durer ?
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Le tambourinement contre la porte me donnait mal à la tête, et j'aurais fait n'importe quoi pour qu'il s'arrête ; y compris me flanquer une balle dans le crâne. Je regardai tour à tour l'arme et mon reflet dans le miroir, et me disais que c'était peut-être la meilleure chose à faire. J'ai pris l'arme, et me la suis flanquée sur la tempe. Ma main tremblait, je ne ressentais pas la force d'appuyer sur la détente. Pourquoi était-ce à moi de mourir ? Pourquoi pas Jim ? Jim mort, il n'y aurait plus de problème. J'ai baissé mon arme, me suis de nouveau regardé dans le miroir. Oui, Jim devait mourir. J'ai pris une grande inspiration, et suis sortie en trombe de la salle de bain, faisant valser Jim en arrière.
J'ai pointé mon arme vers lui.
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À Vegas, on vient pour jouer, bien sûr, mais aussi pour être vu et montrer toute l'étendue de sa richesse à travers ses vêtements et ses actions aux jeux. Ceux qui n'ont peur de rien sont ceux qui ont le moins à perdre. J'ai descendu les escaliers doré avec Jim, bras dessus, bras dessous. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en voyant toutes ces têtes inconnues penchées au-dessus des tables de jeux et des machines à sous, tremblant pour la moindre carte jouée, pour le dé jeté et pour la roue tournée.
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Pourquoi raconter notre histoire ? Et pourquoi maintenant ? Les médias s'en chargeaient déjà par ailleurs. Même s'il leur arrivait d'arranger la vérité à leur avantage, ils racontaient déjà notre histoire. J'ai ouvert le journal, et me suis mise à tourner les pages vides sans y voir un réel intérêt. Aujourd'hui, j'écris dans ce journal, et je commence doucement à comprendre l’intérêt derrière tout ça. Jim a senti que notre fin était proche et qu'il serait mieux de raconter nous-mêmes notre histoire ; au lieu de la voir écrite par un autre.
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Je suppose que, nous les femmes, sommes condamnées à être oubliées au détriment de nos semblables masculins. C'est amusant de voir qu'on ne connaît que très peu de hors-la-loi féminine, mais nous en connaissons des centaines masculins. Le sort qu'on a réservé à toutes ces femmes hors-la-loi et criminelles qu'on a oubliées semble me pendre au nez. Et si, à la fin, on ne se souvient que de Jim ? Et si, à la fin, le nom de Jim Warner resterait dans les annales, tandis que le mien serait oublié des mémoires communes ? Le nom de June Austin sera tombé dans l'oubli comme tous ceux de mes anciennes, et j'aurais alors fait tout ça pour rien, tous ces braquages, pour qu'au final, personne ne se souvienne de moi. C'est peut-être la raison pour laquelle j'écris ce journal après tout ; pour qu'on ne m'oublie pas. Et alors, ça me fait plaisir de savoir que des gens vont le lire, et auront mon nom gravé dans leur mémoire. Vous au moins, vous vous souviendrez de June Austin.
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Une fois qu'on a commencé, on peut plus s'arrêter. Dès qu'on a pris goût à l'argent, on ne peut plus s'en passer. Le fric est devenu pour Jim et moi notre drogue, et comme tous les camés, on a besoin de notre dose quotidienne. Les trois cents dollars qu'on s'était amassé lors de notre premier vrai braquage ont déclenché en nous cette attirance mortelle pour le fric. On en voulait toujours plus, encore et encore. On n'en avait jamais assez. Trois cents, c'était bien pour une première fois, pour une deuxième aussi, mais ensuite, on visait plus. Je ne sais pas si l'argent est la pire des drogues ; mais en tout cas, ça a bousillé notre vie. L'argent avait des bons côtés, je ne vais pas vous mentir, mais ça en avait aussi des mauvais. Après notre premier braquage, notre vie a changé. On était lancé sur l'autoroute infernale de notre auto-destruction.
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J'aurais aimé l'interroger davantage sur son enfance, mais Jim a augmenté le volume de la radio, comme s'il savait que j'allais lui poser une question qui allait le déranger. Jim ne parlait jamais ou presque de sa vie d'avant. C'était comme s'il avait fait table rase de son passé, et que sa nouvelle vie avait commencé quand il m'avait rencontré. « À présent c'est toi ma vie » qu'il a sorti un soir alors que je me reposais dans ses bras.
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Quand on braque, peu importe la grandeur du bâtiment ou son importance, on doit faire vite. On n'a pas le temps de parler, de négocier ou de s'éclater. On s'éclate une fois qu'on est à l'extérieur et avec le butin ; pas avant. Un braquage, c'est une sorte de course contre la montre. En vérité, ça peut se passer très vite, sans dégât ni rien. Mais parfois, ça peut dégénérer et tourner à la catastrophe et c'était ce qu'on devait éviter à tout prix. Je crois que je n'ai jamais autant stresser que ce jour-là. Les premières fois, c'est toujours quelque chose d'inoubliable, parce que justement, ce sont les premières fois. Maintenant, braquer devient une habitude et j'y ai pris des réflexes.
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Quand j'irai me coucher je penserai à ce paysage et je me dirai alors que la vie à l'extérieur est possible pour moi. Au-delà de ces grilles et de ces barbelés la chose que je désire depuis si longtemps m'attend : la liberté. Et le vent qui souffle sur mes joues emporte avec lui mon rêve d'évasion. Sur ce toit, j'aimerais être un oiseau pour m'envoler loin d'ici. Je déploierais mes ailes et partirais là où mon cœur me dirait d'aller. Je laisserais la Communauté derrière moi, commencerais une nouvelle vie avec Serena et je connaîtrais enfin un sentiment de bonheur absolu. Je serais alors heureuse et libre, et retrouverais ce dont la Communauté m'a privé : moi-même.
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Avant, j'étais comme lui. Je ne savais pas. Je ne comprenais pas. L'Histoire demande du recul. Et la compréhension des agissements de la Communauté aussi. J'ai compris longtemps après la véritable raison derrière cet autodafé : affirmer son pouvoir. Qui sait maîtriser le feu sait maîtriser les passions des Hommes. Qui sait maîtriser les passions des Hommes a le pouvoir. En brûlant des livres, la Communauté affirmait sa puissance derrière le prétexte de livres profanateurs. Je les comprends. Si moi aussi j'avais été un chef spirituel et que je voulais affirmer ma force sur un peuple, j'aurais brûlé des livres. Non pas pour prouver que je maîtrise le feu, mais pour réduire l'arme la plus discrète et puissante qui soit : la pensée. Les livres sont dangereux pour tout régime autoritaire. Hitler et Pinochet avaient déjà compris ça à l'époque. Dans les livres, il y a la pensée des Hommes. Et là où il y a de la pensée, il y a du jugement. Juger, c'est mauvais pour un régime autoritaire. « Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes. » a dit un jour Heinrich Heine dans Almansor. Il avait vu juste mais pas pour la Communauté. On ne brûle personne là-bas ; on les pend.
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Le convoi passa devant moi. C'était un camion qui passait tous les jours dans les rues et diffusait via des haut-parleurs le même message en boucle, le but étant que les mots s’imprègnent dans votre cerveau et résonnent comme une mélodie à vos oreilles. Chaque chanson avait son refrain et celui-ci était des plus lyriques : « Ceci est un message du Département sacré et de l'harmonie sociale : toute personne surprise en train de dire du mal du gouvernement et de la personne du Guide ou désobéissant à un ordre de l'Armée Suprême sera accusée de haute trahison et sera exécutée immédiatement. Que la lumière du Guide vous inonde. »
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─ Et l'Homme qui renaît est un Homme nouveau ! s'exclama de joie Elijah qui fut suivi par les autres personnes présentent à la Purification.
Je regardai autour de moi et vis que sur les quatre personnes qui étaient avec moi, l'une d'entre elles était morte et son corps avait disparu dans les profondeurs. Bientôt, il referait surface et il errerait éternellement, bercé par le courant.
On nous sortit de l'eau, en nous félicitant et en nous passant une serviette bien chaude autour des épaules. J'étais à présent l'une des leurs. Je faisais partie de leur famille et, entre les membres d'une même famille, on prend soin l'un de l'autre. Je n'étais plus Rose désormais, j'étais devenue une Croyante.
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Nous entrâmes dans ce bâtiment inconnu qui ressemblait à un vieil entrepôt. Au centre, il y avait une chaise ainsi que des ustensiles de torture; ou du moins c'est ce à quoi ils ressemblaient. Des Anges gardaient les entrées et les sorties du bâtiment et d'autres s'approchaient de nous et nous ordonnaient de nous mettre en rang rapidement. Un bruit provenant de derrière nous alerta et nous vîmes d'autres groupes arriver avec des Sœurs. C'étaient des hommes et des enfants. Ils se placèrent derrière nous, en file indienne, à la chaîne. C'était un entrepôt, ici, avant et nous étions devenus les marchandises.
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Les trois gardes positionnèrent les coupables sur une même ligne horizontale et les espacèrent les uns des autres par deux ou trois mètres pour que les cadavres ne puissent pas s'entrechoquer. La femme au pupitre fit un bref signe de la tête et les Anges tirèrent tous une balle simultanément, si bien qu'on ne crut entendre qu'une seule détonation. Les corps tombèrent à l’unisson dans un bruit sourd. Je n'avais pas cligné des yeux une seule fois, j'étais restée impassible devant la mort de ces Croyants. « Au moins ils étaient morts debout », me dis-je.
Tous finirent au Pont des Pendus comme exemple de ce qu'y arrivait à ceux qui dépassaient les limites. Ils n'étaient que des feuilles de plus accrochées à cet arbre. Des morts anonymes, des oubliés.
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Je pourrais m'enfuir, du moins essayer de trouver une sortie dans cet infernal dédale aux couloirs infinis. Je le pourrais. Mais je ne le ferais pas. Nous avons tous un rôle à jouer a dit un jour le Guide. Je crois avoir enfin compris le mien.
J'espère que tu profites bien de tes derniers instants Cyrus car dans très peu de temps tu vas rejoindre celui dont tu vénères le nom.
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