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Citations de Anne Lefèvre (15)


Winnicott situait la fantasmatisation du côté du rêve diurne, qui tourne à vide, n’est pas constructif, n’est pas source d’enrichissement. Il opposait « fantasmer » à rêver, à vivre réellement et à être en relation avec des objets réels. Les jeux vidéo peuvent revêtir un caractère de « rêverie diurne assistée par ordinateur ». Ils ont alors une fonction défensive, maniaque. À ce moment-là, on est loin de l’activité de jeu créatif de l’enfant dans son aire transitionnelle. Tandis que le rêve va de pair avec la relation d’objet dans le monde réel, la fantasmatisation reste un phénomène isolé. Le rêve ne coupe pas les liens ; il est lié au refoulement. Il maintient la relation avec l’objet. La fantasmatisation, elle, est liée à la dissociation qui est double, qui se produit entre le corps et l’esprit et à l’intérieur de l’esprit lui-même ; la conséquence en est l’inaccessibilité. (p. 173)
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Pour lui, c’est lorsqu’elle est niée ou banalisée que la haine est dangereuse. D’ailleurs ne dit-il pas que toute mère éprouve à un moment ou à l’autre – tout thérapeute de même – de la haine pour l’enfant qui la met à l’épreuve ? C’est là que la distinction entre le fantasme et la réalité est essentielle ; leur confusion engendre des risques de représailles. (p. 169)
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La guérison passe par la sortie du clivage et de la dissociation, lorsque cette dernière cesse d’être utile. Ce processus engendre le sentiment d’être réel et entier, de telle sorte que la personne éprouve le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue. Les deux clés de la guérison sont d’un côté la pulsion qui libère, et de l’autre le rêve qui relie ; ce sont deux moyens dont dispose le sujet pour sortir de la dissociation et retrouver son unité. (p. 163)
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l’éclosion d’une maladie psychosomatique ou d’une dépression grave – venant révéler un lien entre un passé en errance, non intégré, et le présent – peut représenter l’espoir de retrouver une unité psychosomatique. Il y a en effet, chez l’humain, une tendance naturelle à l’intégration. (p. 162)
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La santé psychique elle-même est étroitement liée à la capacité de l’individu à vivre dans une sphère intermédiaire entre le rêve et la réalité : travailler la journée et s’adonner à ses passions – cuisine, couture, dessin – en soirée par exemple, ce qui Winnicott appelle « vie culturelle ». Cela suppose une organisation adaptée du moi à l’environnement, ce qui est l’équivalent normal du faux self. Le faux self a une fonction positive très importante : il dissimule le vrai self, ce qu’il fait en se soumettant aux exigences de l’environnement. (p. 150)
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Les turbulences vécues par l’enfant se rejouent vivement chez l’adolescent qui, pour affirmer son identité, son individualité, sa force, sa puissance (comme le fait le tout-petit) ou pour mettre les codes familiaux et sociaux à l’épreuve, se heurte à son entourage comptant bien sur le fait que celui-ci va tenir, et même plus, tenir sans adresser de représailles. Si le développement de l’enfant s’est bien passé, l’adolescent a déjà accédé à la position dépressive que Winnicott préfère appeler phase de sollicitude pour mettre l’accent à la fois sur sa normalité et sur le fait que la personne se sent concernée par les conséquences de ses actes. Le jeune a acquis la capacité à se sentir coupable, qui est une acquisition essentielle de l’humain. Il se sent responsable, triste et désire réparer l’objet abîmé par sa violence pulsionnelle. (p. 131)
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La grande différence entre ces deux périodes, c’est que ce qui se passait chez des bambins de trois ans survient à présent chez des jeunes proches de leur maturité. L’adolescent aborde la puberté, nous dit Winnicott, avec des résidus de la cruauté du nourrisson impitoyable d’avant la sollicitude, c’est-à-dire sans culpabilité qui le freine, sans conscience de l’altérité. (…) Lorsque les adolescents apprennent les leçons qu’ils auraient du apprendre pendant l’enfance, cela s’avère plus difficile pour eux. Ainsi la problématique de l’illusion de la toute-puissance et de sa chute – si elle n’a pas été suffisamment bien solutionnée – peut-elle être à l’origine de catastrophes, d’échecs à retardement et de comportements antisociaux. Il en est de même de la gestion des pulsions. (p. 129)
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L’agressivité est inhérente à l’humain. Elle est présente dans la structure de l’enfant dès le début de son existence. C’est l’une des racines de l’élan vital, l’une des facettes de la pulsion de vie. Winnicott considère qu’une très grande part de la vie consiste en une agressivité constructive ; rappelons ici que le terme « agressivité » vient du verbe latin agredior qui signifie marcher vers, avancer. (p. 111)
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Le troisième moyen dont dispose l’enfant pour se défendre contre l’angoisse et composer avec ses conflits, c’est l’élaboration intellectuelle. Il fabrique des histoires et recrée le monde, il invente des jeux, il cherche à comprendre et se met à lire… Combler les lacunes par le travail de la pensée est un moyen que l’enfant normal utilise pour transformer un environnement défaillant en un environnement satisfaisant. (p. 110)
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Ainsi, la pulsion correspond à un besoin car l’enfant normal a besoin de se sentir réel. Lorsque le nourrisson se met en colère, il se sent réel ; il est une personne. (p. 110)
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Ce « suffisamment bonne » renvoie à la satisfaction qui, dans son essence, est toujours partielle, jamais totale, jamais plénière. « Suffisamment bone » renvoie aussi à la capacité d’un sujet à s’adapter, à créer, à transformer le monde, à l’embellir, à le rendre aimable, agréable autant qu’il se peut. (…) Ce « suffisamment bon » renvoie à un certain regard sur la vie, regard qui fait que je vais demander à la vie ce qu’elle peut me donner et accepter que ce ne soit pas tout. Regard qui me conduit à accepter que ce soit imparfait, qu’il en est ainsi pour tous. Mais corrélativement, je peux transformer, recréer ce qui m’est donné pour en faire quelque chose de bon, de vivant, source de joie et de force. (p. 58)
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Cependant, toute mère, à un moment ou l’autre, est amenée à éprouver de la haine pour son bébé impitoyable qui n’a cure de sa fatigue et l’empêche de vivre. Excellent observateur, Winnicott dit, de manière imagée, que le tout-petit éprouve pour sa mère un « amour de garde-manger de sorte que lorsqu’il a obtenu ce qu’il veut, il la rejette comme une pelure d’orange. » La mère fiable a la capacité d’éprouver cette haine – sur fond d’amour – à la tolérer, à l’intégrer sans en faire pâtir son bébé. Elle ne peut lui exprimer sa haine. (p. 54)
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La vie est changement ; la mère suffisamment bonne sait qu’elle doit doser ce qui change et ce qui ne change pas pour que l’enfant conserve son sentiment de sécurité, sa confiance. La mère trop longtemps absente – ou même malade – devient une mère méchante du fait de la projection de l’agressivité engendrée par l’angoisse. Ces temps d’absence ne doivent pas dépasser la capacité qu’a l’enfant de conserver vivante et amicale la représentation qu’il se fait de sa mère. (p. 51-52)
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Tout individu sain, toute personne heureuse de vivre, ayant le sentiment d’avoir sa place dans le monde, a une dette infinie envers une femme – sans doute sa mère – qui s’est dévouée à lui lorsqu’il était nourrisson. Reconnaître ce rôle et cette contribution d’une femme est essentiel car cela atténue en nous la peur de la dépendance. L’empreinte de la mère – aussi vivace qu’inconsciente – s’inscrit silencieusement dans la chair et la psyché de l’infans. Son féminin, qu’elle-même ignore en grande partie, le marque à jamais d’un sceau indélébile. Cette transmission, qui s’effectue à un niveau si basal, est peut-être, selon Winnicott, à l’origine de la peur ultérieure que beaucoup d’hommes ont de la femme, et des discriminations, ou même des persécutions, dont elles font souvent l’objet. (p. 38)
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Que de travail plus tard pour se sentir vivant, réel et aller activement vers le monde ! Ces expériences précoces modèlent la façon d’accueillir ce qui nous entoure ; elles déterminent si ultérieurement, dans sa vie, « l’individu » s’avancera avec confiance vers l’extérieur, ira au-devant des expériences et, ce faisant, éprouvera le sentiment d’exister et le sentiment d’être réel, ou bien s’il se retirera vers l’intérieur au moment où il aura besoin d’une « réassurance » pour savoir si la vie vaut la peine d’être vécue. Si les expériences d’empiétement se répètent, et ne peuvent pas être intégrées, des tendances paranoïdes commenceront à se mettre en place. Celles-ci vont se manifester, par exemple, par cette disposition particulière qui consiste à se sentir mal aimé ou persécuté, voire même à susciter la persécution de l’entourage. (p. 36)
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